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Atlantis
The lost empire
USA / 2001
Sortie en France Noël 2001

Fiche technique :
Production : Walt Disney Réalisation : Gary Trousdale, Kirk Wise
(La belle et la bête, Le bossu de ND)
Scénario : Tab Murphy
Musique : James Newton Howard
Montage : Ellen Keneshea
Direction artistique : David Goetz
durée : 95 mn

CASTING :

- Michael J. Fox (Milo Thatch) - James Garner (Cdt Lyle Rourke) - Cree Summer (Princesse Kidagakash) - John Mahoney (Preston B. Whitmore) - Leonard Nimoy (Roi Nedakh)

Quelquepart, il y a très longtemps, une civilisation si avancée qu'elle rendit les dieux jaloux, fut anéantie par un raz de marée sans précédent. Mais l'Atlantide ne disparu pas. En effet, la mère de Kida et femme du Roi, fut l'élue et sacrifia sa vie pour sauver ce qu'il restait de son monde... Washington 1914. Milo James Thatch rêve de devenir un explorateur de légende, comme son grand père. Il poursuit son idél : découvrir l'Atlantide. Pour cela, le compagnon de route de son papy lui finance une expédition incroyable, avec un matériel unique à bord d'un immense sous marin. Direction : la mer d'Islande.
Son équipe est cosmopolite. Il y a bien sûr l'inquiétant Commandant Rourke et la fatale femme à flingue Helga Sinclair. A cela s'ajoute un rital dynamiteur, un frenchy creuseur de trous, une latino mécano, une mammie qui clope et qui "radiote", un cuistot spécialiste en trucs inbouffables... Le parcours est semé d'embûches.
Mais ils arrivent à destination, sous l'océan. Là ils découvrent un endroit paradisiaque... et habité.
L'Atlantide a toujours fasciné, depuis que Platon a chroniqué sa fatale issue. Civilisation alimentant les fantasmes, on ne sait pas où elle se situait : Sahara, Antarctique, Bermudes, Polynésie, mer Egée... Le dessin animé a choisi la théorie de l'Islande, proche de l'Arctique. De nombreux films plutôt médiocres ont été faits sur le sujet. Récemment, Uderzo en a fait une destination insolite des aventures d'Astérix et Obélix. Disney n'a pas pu résister pour en faire son dessin animé du moment. Le projet est dans les esprits depuis 92. Il était motivé par l'envie de renouer avec les grands classiques comme 20 000 lieues sous les mers, La Famille Robinson, et le goût des enfants pour des séries TV comme Indiana Jones. Les références sont nombreuses : The Island at the top of the world est la plus explicite.
Dans le jeu de l'alternance des équipes, le studio a fait appel aux réalisateurs de la Belle et la bête (nominé à l'Oscar du meilleur film) et du Bossu de Notre Dame (un des moins bons dessin animé de la décennie). Il fallait aussi des stars pour le casting. Michael J. Fox, nerveux et grand enfant, comme son personnage, a la voix principale de Milo. L'acteur a quitté les plateaux de tournage pour soigner sa maladie. On l'a vu récemment dans Spin City, sitcom créée pour lui, mais aussi dans Mars Attacks! de Burton. A ses côtés, James Garner (Maverick, Space Cowboys), Claudia Christian (Babylon 5), Leonard Nimoy (inoubliable Spock dans Star Trek), et John Mahoney (Fraisier, The Russia House). On ajoute à cela le scénariste de Tarzan, une direction artistique "labellisée" et un format cinemascope (les plans sont en effet très "grandeur nature"), et vous obtenez un grand Disney... sur le papier.
On notera que le cinémascope est un format rare pour Disney; il a été utilisé pour La belle et le clochard, La belle au bois dormant, et 1001 Pattes.
La direction artistique nécessitait un mélange des genres entre la vision paradisiaque, proche des paysages insulaires d'Asie du sud est, et l'ère industrielle, inspirée de l'auteur de la BD Bram Stocker's Dracula. Le langage des Atlantes, dans ce film, est construit à partir de 29 lettres de l'alphabet, à partir de racines indo-euorpéennes. C'est l'expert Mark Okrand qui l'a imaginé, après avoir inventé le Vulcain et le Klingon (Star Trek).

Atlantis a commencé à être produit en 97, entre les équipes de Californie et celles de Paris. Ces dernières sont notamment responsables de Helga Sinclair (élément peu convainquant du film), et de certains décors et effets. Le budget total est de 90 millions de $.
Malgré tout ce beau monde, Disney prend un pari risqué : le dessin animé est le premier du genre (action/aventures) dans l'histoire du studio a montré des scènes d'armes à feu tuant des gens. De plus, en éliminant tout repère "affectueux" ou "distrayant" (comprendre animal, objet, chanson...), Disney vise un public peu enclin à aller voir de l'animation, c'est à dire les ados. Et rien ne dit que les familles y trouveront leur compte, d'autant plus avec la concurrence inattendue et monstrueuse de Shrek. Lorsque le film sortira à l'automne en Europe, la compétition sera moins féroce qu'aux USA. Mais l'échec commercial d'Atlantis (il rapportera moins de 100 millions de $, une première en 10 ans) pourrait être dommageable pour sa carrière transatlantique. Même si les Disney marchent mieux en Europe, le sujet, le style d'animation, devraient ne pas en faire un "classique".
Atlantis aura sonné le glas du directeur cinéma du groupe Walt Disney, qui traverse un mauvais été 2001. Le groupe est obligé de se repositionner. Il y aura bien sûr le co-produit Pixar, Monster Inc en novembre prochain. Mais avec Shrek (DreamWorks) et Ice Age (Fox), le studio de Mickey va devoir revoir sa copie. Les bons créatifs semblent partis ailleurs.
Les scripts manquent d'impertinence, d'insolence. Les personnages sont trop peu originaux. Bref, Disney est prisonnier de son image, de son système, d'un certain schéma de pensée. On peut donc croire qu'Atlantis, ni musical ni infantile, soit un film de transition. Pour le moment, Disney n'a pas retrouvé la "touch" de Katzenberg (associé DreamWorks) et repose trop sur les talents de Pixar (Toy Story).
En pleine mutation de l'animation (aardman, web, mangas, images de synthèse), Atlantis montre à quel point son producteur représente un ancien monde, qui recyle plus qu'il ne créé. Déjà avec Dinosaure, Disney ne savait plus comment équilibrer ses histoires entre la modernité (souvent ultra-violentes) et la tradition (bien trop moraliste).

AUX OMBRES, HEROS DE L'AMER

Atlantis pourrait être la métaphore de l'empire de Disney : un monde englouti, perdu, dévasté par des hommes sans scrupules, cupides. Il y a là un malaise qui dérange et fait de ce dessin animé, l'un des plus oubliables de l'histoire du studio.
Pas qu'il soit mauvais. Les enfants y trouveront de l'action en pagaille, les rêveurs apprécieront ce monde fantaisiste, les adultes replongeront dans les contes et légendes qui remplissaient leur imaginaire. Le scénario plagie dangereusement Jules Verne. Disney ne peut pas s'empêcher de piller ses références sans les assumer dans le générique. Pourtant ce script est l'un des meilleurs depuis longtemps. Même s'il est prévisible de bout en bout, même si les personnages sont complètement caricaturaux, Atlantis est plutôt agréable à suivre, et distrait comme il le faut. On dénote même quelques traces d'humour bon enfant.
Mais, hélas, tout n'est pas aboutit.
Il est étrange de voir à quel point, artistiquement, ce dessin animé ressemble à tout et à rien, aux concurrents de Disney, pourtant très décriés, et surtout pas à un Disney. Disney s'est mis au niveau de la Fox et de la Warner, qualitativement parlant. Atlantis a des équivalents : Titan A.E. (les machines, les explosions), Anastasia (les scènes de ville), les cartoons télé du samedi matin (l'intrigue mystique, les Atlantes) ... Le premier grave défaut du film tient dans les personnages. Mal dessinés, baclés même, on ressent un manque de perfectionnisme, qui est fatal à l'impression d'ensemble. Leurs mouvements sont même souvent ratés. L'équipe de mercenaires est complètement anachronique et grotesque : à force de vouloir respecter les quotas, on se croierait dans une société contemporaine!
La direction artistique pêche par manque d'originalité. On aurait aimé voir plus de folies, plus d'inventions. Pire, le mélange des genres produit une absence d'esthétisme : certains personnages héritent d'un look période Les Aristochats, d'autres de l'époque Beranrd et Bianca, et le tout cotoie un environnement digne d'Hercule. Y avait-il si peu de créatifs pour nous recréer le robot du Géant de Fer (excellent cartoon made in Warner)? Cependant, on remarquera l'absence de chansons et de séquences musicales; Disney voulait-il cibler les ados?
Si la réalisation n'apporte rien de spécial et "téléphone" trop les situations à venir, reconnaissons que le rythme est bien soutenu et qu'on est diverti de bout en bout. On est - malgré tout - loin de la qualité d'un Tarzan ou d'un Aladdin, respectivement beaucoup plus virtuose et délirant. Atlantis nous laisse en position de spectateurs d'un dessin animé trop humain et pas assez fantastique.
On s'interroge sur les réels motifs de Disney d'avoir gaché un tel sujet. Le dessin animé bride l'action et le romantisme. Là où l'illustration peut permettre de s'évader dans un univers unique, Atlantis reflète trop une réalité que des films comme Final Fantasy ou les "pixars" transcendent allègrement. Il manque du surréalisme, du second degré, de la nuance pour qu'Atlantis nous emmène 20 000 lieues sous la mer.
Ce n'est pas le plus mauvais ni le meilleur Disney. Celui là décevra d'autant que rien ne peut nous attacher affectivement à lui. Il n'y a pas de personnages digne de la famille Disney. Avec une si belle histoire et les effets spéciaux d'aujourd'hui, on peut se demander si le studio n'aurait pas mieux fait de réaliser Atlantis sous forme de film. Ou d'en faire une série pour la télé, à la manière des Merveilleuses Cités d'or.

- Vincy 

 (C) Ecran Noir 2001