Deauville Asia 2012 : le prix Action Asia attribué à Wu Xia

Posté par kristofy, le 12 mars 2012

Depuis 2004, le Festival Asiatique de Deauville s’est attaché (en plus de la compétition officielle) au genre "film d’action" au sens large (polar, combats, guerre…) avec la compétition Action Asia.

Jusque-là, le jury "Action asia" comptait dans ses rangs des personnalités réputées pour leur proximité avec les films d’action (Xavier Gens, Jan Kounen, Marc Caro, Eric Serra, Franck Vestiel, Fred Cavayé, Cut Killer …), et presque chaque année, c’est naturellement le film le plus spectaculaire et le plus novateur qui s’imposait comme lauréat : Ong-Bak de Prachya Pinkaew, Arahan de Ryoo Seung-wan, A bittersweet life de Kim Jee-woon, Dog bite dog de Cheang Soi, The chaser de Na Hong-jin...

Toutefois, cette année, le jury Action Asia composé d'Isabelle Nanty, Arié Elmaleh, Didier Long, Fabienne Babe et Bruno Wolkowitch a choisi Wu Xia de Peter Ho-Sun Chan qui n’est pas tellement original, aux dépends du film favori The Raid de l’Indonésien Gareth Huw Evans qui sera parmi les films les plus frappants de l’année...

Retour sur une sélection Action Asia 2012 qui se partage entre grands noms qui déçoivent quelque peu et premières œuvres plutôt impressionnantes.

Dans les espoirs déçus, il y a les combats dérivés du kung-fu :

Wu Xia (déjà découvert à Cannes) de Peter Ho-Sun Chan avec Donnie Yen, avec une histoire calquée sur History of violence de David Cronenberg, n’offre jamais les étincelles que l’on pouvait attendre de la réunion de ses deux experts en film d’action. Le duo avait d'ailleurs déjà collaboré ensemble sur Bodyguards and Assassins (d’ailleurs sélectionné à Deauville en 2010). Au regard des productions respectives de Peter Ho-Sun Chan et de Donnie Yen, Wu Xia apparaît comme un film mineur de leur filmographie.

De la même façon, The sorcerer and the white snake avec Jet Li est un film assez convenu de fantasy, où un moine va tenter d’empêcher les conséquences néfastes d’une romance entre un démon-serpent ayant l’apparence d’une femme et un humain. Force est de constater que les effets spéciaux modernes ne se conjuguent pas très bien avec ce style de récit tombé un peu en désuétude...


The sword identity de Xu Haogeng évoque deux guerriers au sabre non-conventionnel défiés par les gardiens des traditions de quatre écoles de kung-fu sur le thème ‘les arts martiaux et les arts militaires sont deux choses différentes’. The sword identity ne propose aucun enjeu et le film peine à trouver son identité…

Les films de guerre ont fait meilleure impression avec un savoir-faire indéniable pour les batailles :

War of the arrows fait s’affronter les coréens Joseon et leurs ennemis de Mandchourie en 1636. Ces derniers déportent un groupe de prisonniers dont une femme tout juste mariée, dont le frère est un archer particulièrement adroit à l’arc qui va les contrecarrer. C’est un film de divertissement spectaculaire avec beaucoup de qualités (des poursuites, des duels, de la romance…) mais pas assez d’originalité au vu des nombreuses productions coréennes de ce type...

Le taïwanais Wei Te-Sheng fait quant à lui très fort avec une (très) longue épopée guerrière qui tient autant de Braveheart que de Avatar : il s’agit du soulèvement de tribus de Taïwan en 1930 contre l’occupant japonais. Warriors of the rainbow – Seediq Bale est un film d’action qui parle de résistance face à un pays colonisateur, thème très fédérateur. Ici, une tirade contre les ‘bienfaits civilisateurs’ des japonais fait écho aux différentes brimades subies par les autochtones qui sont obligés de travailler dur à déplacer des rondins d’arbre.

Ceux qui étaient considérés comme des sauvages vont se révolter contre les japonais, et quelque 300 guerriers insaisissables vont mettre en déroute les armées du Soleil Levant. Les japonais organisent leur riposte avec des bombes quand les tribus avec leurs flèches se préparent au sacrifice… Warriors of the rainbow – Seediq Bale est une grande épopée guerrière inspirée d’évènements réels avec beaucoup de séquences épiques. Ce film de Wei Te-Sheng est devenu l'un des plus gros succès taïwanais (il est sorti en 2 parties, le film dure 4h30), il devrait nous arriver directement en dvd (en version réduite de 2h35) à l’automne 2012.

Le grand favori était le film The Raid, et la première projection a fait applaudir plusieurs fois le public habituellement très silencieux. Un groupe de policiers se lance à l’assaut de l’immeuble réputé intouchable d’un trafiquant de drogue. Ils sont une petite vingtaine à investir les lieux défendus par une centaine de résidents organisés et armés… Les policiers se retrouvent bloqués et encerclés dans un piège où à chaque étage des tueurs ont pour mission de les éliminer. Des exécutions brutales en guise d’introduction indiquent que The Raid sera plutôt brutal, puis il y aura une succession de combats violents avec beaucoup de ‘pencak silat’ (art martial indonésien).

The Raid aligne les séquences de bravoure (par exemple un policier avec une matraque seul dans un couloir contre une quinzaine de tueurs armés de machettes) où le côté "bourrin" des combats est contrebalancé par la réalisation de l’ensemble très fluide. La force de The Raid est d’assumer de façon volontaire son côté film d’exploitation avec beaucoup de combats sauvages et une mise en scène digne des meilleurs polars. Le réalisateur Gareth Huw Evans a réussi à réaliser le genre de film que de nombreux réalisateurs d’action fantasmaient de faire, nul doute que The Raid va devenir une nouvelle référence.

Cannes 2011 : Qui est Donnie Yen ?

Posté par MpM, le 14 mai 2011

Les amateurs de films d'action asiatiques connaissent déjà la réponse : Donnie Yen est l'un des meilleurs acteurs et chorégraphes de combats d'arts martiaux du monde, dont la passion pour le kung fu semble presque inscrite dans les gènes.

C'est en effet dès l'âge de 4 ans qu'il apprend le tai-chi avec sa mère, experte en arts martiaux, avant de se familiariser avec le taekwondo et le wushu. Une partie de son enfance se déroule à Hong Kong, puis à Boston, où sa mère dirige le fameux institut de recherche chinois du Wushu. Mais c'est lorsqu'il s'installe à Pékin pour parfaire son apprentissage à l'âge de 18 ans qu'il fait une rencontre déterminante, celle du chorégraphe de combats Yuen Woo-ping.

Après l'avoir initié aux spécificités du cinéma d'action hongkongais, ce dernier lui offre son premier rôle au cinéma dans Drunken Tai-Chi. On est en 1984, dès lors, Donnie Yen ne cessera quasiment plus de tourner. Il alterne films en costumes et films plus actuels, s'essaye à tous les arts martiaux, même occidentaux, et ne cesse jamais de développer sa technique de combat. Il apparaît dans la série Tiger Cage, Il était une fois en Chine 2 : la secte du lotus blanc (de Tsui Hark), Iron Monkey, The kung fu master, L'auberge du dragon, Shanghai affairs… En 2000, il interprète l'un des immortels de la saga Highlander (Endgame), ce qui marque ses débuts dans un film américain. Suivront notamment Shanghaï kid II et Blade II.

Peu à peu, Donnie Yen ne se contente plus de jouer. Il passe de l'autre côté de la caméra en tant que chorégraphe de combats (notamment sur Blade II ou Tiger cage II), puis en tant que réalisateur (Legend of the wolf, Balistic kiss…).

La première décennie du troisième millénaire lui permet de s'imposer au niveau mondial. Il fait partie de l'incroyable casting de Hero de Zhang Yimou aux côtés de Jet Li et Maggie Cheung (2002), retrouve Tsui Hark (Seven swords) et Wilson Yip avec qui il tourne SPL, Dragon tiger gate, Flash point et surtout Ip Man, du nom du grand maître de wing chun qui eut pour élève Bruce Lee.

Bruce Lee plane d'ailleurs sur toute sa carrière, à la fois comme source d'inspiration et en tant que modèle à suivre. Dans les années 90, Donnie Yen reprend ainsi pour une série télévisée le rôle de Chen Zen, autrefois interprété par son idole dans le film culte Fist of fury (1972). Il le retrouve ensuite en 2010 dans Legend of the Fist: The Return of Chen Zhen d'Andrew Lau, qui fut présenté lors de la soirée d'ouverture du festival de Venise 2010.

Cette année, c'est à Cannes que Donnie Yen vient faire toute la démonstration de son talent, lors d'une séance spéciale orchestrée par le spécialiste du film d'action à grand spectacle, Peter Ho-sun Chan. La montée des marches du film, qui s'appelle Wu-xia (Swordmen), sera à n'en pas douter l'un des grands moments glamour et décontractés de cette 64e édition.