Musée Guimet : focus sur le cinéma thaïlandais contemporain

Posté par MpM, le 31 janvier 2009

Au fil du MékongAvec son nouveau cycle "Au fil du Mékong", l’auditorium du Musée des arts asiatiques propose jusque fin juin une programmation éclectique s’intéressant à trois pays bordés par le célèbre fleuve : la Birmanie, le Laos et le Thaïlande. Si les deux premiers seront uniquement abordés sous l’angle des "rites et croyances des peuples et minorités ethniques" (les nagas birmans, le peuple karenni, le bouddhisme et les bouddhas d’or, les rites laotiens…) par le biais d’une quinzaine de documentaires, le dernier bénéficiera à la fois de cette facette thématique (les esprits, les Akhas, la fête des eaux…) et d’une exploration plus fictionnelle offrant un véritable panorama du cinéma thaïlandais contemporain.

Cette cinématographie, qui s’impose depuis une dizaine d’années comme l’une des plus originales et novatrices du monde, existe quasiment depuis l’invention des frères Lumière. Elle a connu un premier âge d’or dans les années 30 et un véritable renouveau à la fin des années 70. Mais la concurrence conjointe des films hollywoodiens et de l’essor de la télévision a réduit de manière drastique la production locale après 1981. La Thaïlande est ainsi passée de 150 films locaux par an en 1978 à seulement une dizaine au milieu des années 90.

La nouvelle vague actuelle a été initiée par trois réalisateurs de publicité (Nonzee Nimibutr, Pen-ek Ratanaruang et Wisit Sasanatieng) qui, en 1997, décident de reprendre la Blissfully yourscinématographie locale en mains en proposant une qualité artistique susceptible de séduire aussi bien les investisseurs que le public. Cela donne 2499 antapan krong muang (écrit par Wisit Sasanatieng et réalisé par Nonzee Nimibutr) et Fun Bar Karaoke (de Pen-ek Ratanaruang, Prix spécial du jury au Festival des 3 continents de Nantes), qui sont d'énormes succès au box-office thaïlandais.

Un cinéma en vogue depuis huit ans

Mais très vite, l’engouement gagne les grands festivals internationaux. En 2001, le western stylisé Les larmes du tigre noir de Wisit Sasanatieng est le premier film thaïlandais sélectionné au Festival de Cannes. Suivent Monrak transistor (Quinzaine des réalisateurs 2002) et Ploy de Pen-ek Ratanaruang (Quinzaine des réalisateurs 2007) ainsi que deux autres de ses œuvres qui reçoivent les honneurs de Venise et Berlin : Last life in the universe, présenté à la Mostra en 2003 et Vagues invisibles, en lice pour l’Ours d’or en 2006. Enfin, autre grand réalisateur révélé et porté aux nues par le Festival de Cannes, Apichatpong Weerasethakul y reçoit le prix du meilleur film de la section Un certain regard pour Blissfully yours en 2002 et le prix du jury pour Tropical malady en 2004, avant d’être l’un des jurés de la compétition officielle en 2008.

Citizen DogA noter que tous ces films figurent parmi ceux projetés à Guimet d’ici la fin du mois de juin, ce qui en dit long sur la qualité de la programmation. Ce "Regard sur le cinéma thaïlandais contemporain" offre en effet un panorama passionnant des films et des auteurs qui comptent et ont compté en Thaïlande depuis la fin des années 90, ne faisant l’impasse ni sur le courant léger et ultra-loufoque où s’inscrit par exemple la délirante comédie musicale Citizen dog, ni sur la cinématographie plus exigeante et déconcertante représentée par les longs-métrages oniriques et mystérieux d’Apichatpong Weerasethakul. L’occasion de (re)découvrir, en une douzaine de films, toute la richesse et l’inventivité de ce cinéma thaïlandais que l’on ne se lasse pas de voir venir à nous.
____________

Du 2 février au 24 juin 2009
Séances à 12h15 les lundis, mercredis ou vendredis selon les semaines
Programme complet et informations sur le site de l’Auditorium Guimet

Quai Branly : le métissage en images

Posté par vincy, le 12 novembre 2008

quaibranly_metissage.jpgDu 12 au 23 novembre, le Musée du Quai Branly (Paris) propose un cycle de cinéma, complétant son exposition Planète métisse, to mix or not to mix?  - le Quai Branly aime beaucoup les slogans anglophone. Alors que l'on vante les exploits politiques ou sportifs des Obama et Hamilton, le cinéma n'a pas attendu pour observer, explorer, témoigner des mélanges culturels ou même charnels. Avec "Métissages de l'image métissages du regard", le musée propose 17 films et 14 séances.

Ce qui frappe, au delà du message à laquel nous adhérons forcément, c'est bien la qualité de cette programmation. A Taipeh, on songe à Paris avec Tsai Ming Liang (Et là bas quelle heure est-il?). A Pékin, on visite un monde en miniature avec Jia Zhang Khe (The World). De Hong Kong, Johnny To visite la sino-portugaise Macao (Exilé). Kim Ki-duk s'intéresse aux métis américano-coérens (Adresse inconnue). Wong Kar-wai exporte une histoire d'amour homosexuelle et sensuelle de deux chinois à Buenos Aires (Happy Together). Gina Kim se penche et s'épanche sur l'intégration mutuelle d'une américaine et de son mari coréen dans leurs univers respectifs (Never forever).

Karan Jodhar symbolisera les nombreux films abordant l'immigration hindoue au Royaume Uni (La famille indienne). Stephen Frears a été choisi pour représenter la communauté pakistanaise à Londres (My beautiful laundrette, qui évoque par ailleurs d'autres tabous liés aux fossés culturels comme la condition féminine et l'homosexualité). Fatih Akin, cinéaste germano-turc, nous fait découvrir le son d'Istambul (Crossing the bridge).  Autre cinéaste connu pour son regard pointu, Carlos Reygadas qui se focalise davantage sur les amérindiens noyés ou isolés dans cette Mexico City tentaculaire (Bataille dans le ciel). Il y a ceux qui passent les frontières (Tex-Mex dans Trois enterrements et Babel, tous deux primés à Cannes)

Le futur n'est pas oublié où les androïdes se mélangent aux humains dans Metropolis (Fritz Lang), et les mangas, Ghost in the Shell II et Natural City. Et la programmation invite aussi des films aux genres mixés comme Il était une fois dans l'Ouest ou Les larmes du tigre noir. Il y a  de quoi avoir envie de voyager...

Ajoutons que l'accès est gratuit dans la limite des places disponibles! Il n'y a donc aucune excuse pour manquer ce rendez-vous coloré et dépaysant.