Deauville 2020 : Comment je suis devenu super-héros sauvera-t-il les salles de cinéma ?

Posté par kristofy, le 11 septembre 2020

Not all heroes wear capes, but a lot wear masks. Les super-héros, c'était avant-tout les comics américains à partir desquels il y a eu au cinéma dès les années 1970, quatre films avec Superman, avant une relance ensuite à la fin des années 80 (quatre films avec Batman), puis une débandade générale  (malgré The Crow, Spawn et Blade). Les années 2000 ont vu arriver des super-héros en série, rebootés par des effets plus réalistes et les excellents Spiderman et X-Men. Marvel a installé sa franchise avec Iron-Man et la folie d'une cadence industrielle qui s'en est suivie (plusieurs films par an, avec Disney, Sony, Warner, Fox...). Les recettes sont stratosphériques. Les super-héros américains deviennent des stars mondiales. Une overdose qui va continuer encore avec une nouvelle régénération de ce style de films (Joker, Wonder-Woman, The Batman). Et les super-héros européens? Comment je suis devenu super-héros réalisé par Douglas Attal intrigue forcément en voulant se confronter au genre.

La clôture du Festival du cinéma américain de Deauville est le lieu idéal pour le présenter, en compagnie de Douglas Attal, Pio Marmaï, Benoit Poelvoorde, Swann Arlaud, Gilles Cohen (il y a aussi Leïla Bekhti à l'affiche). Un film de super-héros 'à la française' était quelque chose que l'on pouvait craindre, la bande-annonce 'à l'américaine' était rassurante. Verdict : oui, on peut aussi faire ce genre de film avec des effets-spéciaux et une histoire bien construite.

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités

Les héros français "les plus super" semblent d'un autre siècle (Vidocq, Arsène Lupin, Fantomas, Adèle Blanc-Sec...). Il était quand-même temps d'avoir un peu plus de modernité. Il y a bien eu quelques films avec des super-pouvoirs au cinéma mais leur renommée fût très discrète : Simple Mortel en 1991 de Pierre Jolivet (d'ailleurs à Deauville), Vincent n'a pas d'écailles de Thomas Salvador en 2015 (avec déjà Vimala Pons), La Dernière Vie de Simon de Léo Karmann début 2020. Cette fois pour la première fois dans le cinéma français, on y verra, comme aux Etats-Unis, des personnages avec masque et identité secrète, un méchant psychopathe, et des justiciers. Pas de quoi renouveler le genre..

L'histoire est d'abord celle d'une enquête policière : Paris 2020, une mystérieuse substance procurant des super-pouvoirs à ceux qui n’en ont pas se répand. Face aux incidents qui se multiplient, deux flics sont chargés de l’enquête et avec l’aide de deux anciens justiciers, ils feront tout pour démanteler le trafic...

Influences assumées

Le film se déroule au présent et assume une influence des super-héros américains qu'on connaît tous plus ou moins. Ici on apprend qu'il y a d'ailleurs déjà eu quelques super-héros justiciers pour combattre le crime. Leur existence est donc établie (comme dans Watchmen). Plusieurs incidents avec des morts font démarrer une enquête, d'où va découler l'histoire. D'ailleurs c'est la bonne surprise du film, outre le feu, on y voit l'utilisation d'une variété de plusieurs super-pouvoirs différents.

Le policier est contraint de travailler avec une nouvelle partenaire : l'habituel duo de deux personnalités évidemment opposées qui va devoir découvrir comment et pourquoi une nouvelle drogue provoque des dégâts mortels... C'est la traditionnelle structure d'une enquête policière pour faire avancer la narration d'un film, avec des indices vers un suspect et des rebondissements vers un affrontement final.

Mais pourquoi est-il si méchant ?

Un film avec super-héros cela implique aussi un antagoniste de super-vilain, un génie du Mal ou une personne psychopathe à combattre. Encore lui faut-il une motivation plus crédible que devenir maître du monde, ou vendre des crèmes de beauté foireuses (Sharon Stone dans Catwoman). Ici le super-vilain est heureusement crédible avec une explication cohérente pour justifier ses actions criminelles, en plus d'être doté d'un comportement parfois imprévisible.

Comment je suis devenu super-héros comporte plusieurs suspects possibles. Mais, tout comme ses modèles américains, son identité est dévoilée bien avant la fin puisque l'intérêt du film reste la bataille et les difficultés pour le contrer et peut-être le vaincre. L'affiche du film montre des noms bien connus du public, il y a d'autres aussi dans le générique, on regrettera juste le choix peu inspiré du casting pour les hommes de mains complices autour de ce super-vilain...

Le réalisateur Douglas Attal connaît bien évidement tout comme les spectateurs le niveau de qualités techniques des films américains : les inspirations sont multiples aussi bien du côté du cinéma (Watchmen de Zack Snyder par exemple) que des séries télé (Heroes de Tim Kring), et  un roman français (de Gérald Bronner). Le film se passe en France mais l'équipe y a apporté sa touche avec un joli design sonore et musical (sauf la chanson finale) ainsi que des effets-spéciaux visuels qui voudraient se hisser à un haut-niveau pour qu'on y croit. Et ça marche. Avec 15 millions d'euros de budget, heureusement.

La nouvelle date de sortie de Comment je suis devenu super-héros pour le voir en salles (avec un masque !) est pour le 16 décembre. Cela peut changer. Le distributeur français, Warner Bros, va sans doute reporter aux fêtes son Wonder Woman 1984. Or, on le sait: une super-héroïne américaine est toujours plus forte...

Netflix gonfle les salaires de Dwayne Johnson, Ryan Reynolds et Mark Wahlberg, acteurs les mieux payés en 2020

Posté par wyzman, le 13 août 2020

Une fois n'est pas coutume, le très sérieux magazine américain Forbes vient de dévoiler la liste des 10 acteurs les mieux payés de l'année. Et force est de constater que la plateforme de streaming Netflix est pour beaucoup dans l'ordre de ce classement !

Une histoire de gros sous

Peu de surprise à la lecture de ce classement, Dwayne "The Rock" Johnson est toujours au sommet avec pas moins de 87,5 millions de dollars touchés au cours des douze derniers mois. S'il perd 1,9 million de dollars en un an, cette somme considérable s'explique notamment par un chèque de 20 millions de dollars signé par Netflix pour la comédie d'action Red Notice attendue pour 2021. Ryan Reynolds suit avec 71,5 millions de dollars liés aux films 6 Underground... et le fameux Red Notice de Rawson Marshall Thumber (le réalisateur de Les Miller, une famille en herbe et Skyscraper) — deux films distribués par Netflix et pour lesquels il a touché plus de 20 millions de dollars.

Mark Wahlberg leur emboîte le pas avec 58 millions de dollars touchés en 2020. La raison ? Le film de Netflix Spenser Confidential a fait un véritable carton pendant le confinement et les docu-séries McMillions et Wahl Street qu'il produit sont deux mines d'or. En quatrième position, Ben Affleck fait un retour tonitruant (55 millions de dollars) grâce à ses cachets sur The Way Back (Warner Bros.) et The Last He Wanted (Netflix). Vin Diesel est cinquième avec 54 millions de dollars. Le neuvième volet de la saga Fast & Furious a certes été repoussé à l'été 2021 mais ça ne l'a pas empêché de s'improviser producteur de la série de Netflix (!) Fast & Furious Spy Races.

Seul acteur issu de Bollywood de cette liste, Akshay Kumar aurait perçu 48,5 millions de dollars cette année grâce à de juteux contrats de sponsoring. Mais en attendant qu'il débarque sur nos grands écran, il travaille sur sa première série pour Amazon Prime : The End. Lin-Manuel Miranda est septième avec 45,5 millions de dollars grâce à la vente des droits de la comédie musicale Hamilton à Disney (pour pas moins de 75 millions de dollars) et il devrait voir son salaire gonfler avec la sortie au cinéma de l'adaptation de son autre comédie musicale In the Heights.

Will Smith est huitième avec 44,5 millions de dollars. Ces revenus sont générés par son cachet obtenu pour King Richard (un film centré sur le père des athlètes Serena et Venus Williams), sa série pour Snapchat et du sponsoring sur Instagram. Après avoir longtemps été l'atout secret des studios américains pour faire exploser une comédie sans grande envergure, Adam Sandler doit désormais se contenter de la neuvième place et de 41 millions de dollars gagnés cette année. Suite au succès de Murder Mystery, Netflix lui a fait signer un contrat concernant pas moins de quatre autre films. Ou comment mettre un sacré paquet de beurre dans ses pâtes ! Enfin, Jackie Chan et ses 40 millions de dollars referment ce classement. Après avoir tourné dans pas moins de cinq films l'an dernier, la star de notre enfance continue de toucher gros grâce à d'énormes contrats de pure promotion.

Autant en emporte Olivia de Havilland (1916-2020)

Posté par vincy, le 26 juillet 2020

104 ans. Elle était la doyenne du 7e art. Olivia de Havilland, née le 1er juillet 1916 à Tokyo (Japon), est morte le 25 juillet à Paris, où elle résidait depuis 1953. « Les Français sont très indépendants, intelligents, bien éduqués et créatifs. Ce sont des gens qui expriment leurs sentiments. Ils sont vivaces. Bref, ils sont celtes » justifiait-elle pour expliquer sa migration définitive dans la capitale.

Cinq fois nommée à l’Oscar et deux fois gagnante pour A chacun son destin en 1946, un mélo où elle se vieillit, et L’Héritière en 1950, en épouse timide et vengeresse, prix d’interprétation à Venise pour La fosse aux serpents en 1949, où elle est schizo et démente, l’actrice britannico-franco-américaine avait été révélée au monde entier avec le personnage de la douce et bienveillante Mélanie dans Autant en emporte le vent en 1939. Elle fut aussi la première femme à présider le jury de Cannes.

La sœur (et rivale) de Joan Fontaine, autre actrice hollywoodienne légendaire, avait une beauté fragile et une diction presque aristocrate. C’est avec des personnages sympathiques , vulnérables, qu’elle a forgé sa carrière d’actrice, même si, de temps à autres, elle se fourvoyait dans des rôles plus sombres et ambigües. « J’ai toujours eu plus de chance avec les rôles de gentilles parce qu’ils demandaient davantage de travail que ceux de méchantes » disait-elle. Avant de devenir de faire face à Vivien Leigh en Scarlett O’Hara, Olivia de Havilland a conquis le cœur de l’Amérique avec des films de divertissement populaire, aux côtés de son partenaire Errol Flynn, avec qui elle a joué huit films entre 1938 et 1943 dont Les aventures de Robin des bois.

Dans les années 1940, elle devient incontournable, et l’une des meilleures actrices de sa génération. De 1935 à 1988, elle tourne cependant plus rarement que de nombreuses de ses consœurs. Outre les Michael Curtiz (Capitaine Blood, La charge de la brigade légère, Robin des bois, La poste de Santa Fe…), elle est mise en lumière par des cinéastes majeurs comme John Huston (L’amour n’est pas en jeu), Raoul Walsh (La charge fantastique, The Strawberry blonde), William Wyler (L’héritière, avec le sublime Montgomery Clift), Stanley Kramer (Pour que vivent les hommes), Robert Aldrich (le jouissif Chut… chut, chère Charlotte, avec Bette Davis), Henry Koster (Ma cousine Rachel). Sur la fin de sa carrière, elle se concentre sur des seconds-rôles dans des grosses productions (Airport 77, Le cinquième mousquetaire) et pour le petit écran.

Durant trois décennies, Olivia de Havilland et son visage angélique et charmant ont souvent été associés à des films de qualité. S’il manque un grand chef d’œuvre à sa filmographie (à l’inverse de sa sœur qui croise deux grands films d’Hitchcock), il y a peu de fautes de goût. Surtout son jeu s’est étoffé au fil des ans et sa palette assez vaste la conduisent au firmament, aux côtés de Katharine Hepburn, son amie Bette Davis ou encore Jennifer Jones. Elle vacille ainsi du côté d’un registre plus tragique. Paradoxalement, au sommet de son art dans les années 1950, elle tournera moins, et s’effacera lentement de l’affiche. Au total, à peine 50 films avec son nom au générique, mais des rôles de femmes fortes et des récits dans tous les genres, du cape et d’épée au film catastrophe en passant par le western. Jusqu’à sa splendide et mystérieuse dualité qu’elle offre dans La double énigme de Robert Siodmak où elle joue deux sœurs jumelles, l’une criminelle, l’autre innocente.

Il faut dire qu’elle était une femme de tête. Ne supportant plus les rôles qu’on lui proposait, elle les refusait un à un. La Warner avait abusivement suspendu son contrat. Plutôt que de se laisser faire, la star décida d’entrer en guerre. Olivia de Havilland avait une détermination sans faille pour protéger sa vie privée, mais aussi pour poursuivre judiciairement les studios à qui elle fit de nombreux procès, farouchement défenseuse de sa liberté et de ses droits. Contre la Warner, elle gagne et cette bataille au prétoire aboutit à une nouvelle loi sur les contrats entre acteurs et producteurs. L'arrêt fait toujours jurisprudence dans le Code du travail californien sous le nom de De Havilland Law. De quoi mériter sa standing ovation dans une de ses dernières apparitions aux Oscars au début des années 2000.

Sur la fin de son existence, elle préférait écrire, le seul art dont elle ne se lassait pas. La longévité était son seul défi. « Chaque anniversaire est une victoire » disait-elle. Elle a fêté le dernier il y a un peu plus de trois semaines.

[On va tous au cinéma] Sacrées sorcières (21 octobre)

Posté par vincy, le 23 juin 2020

Le pitch: Un jeune garçon et sa grand-mère, exilés en Angleterre, doivent lutter contre d'horribles sorcières. Contrairement aux idées reçues, les sorcières ne portent ni balai, ni verrue, ni chapeau pointu. Les démasquer représente donc une vraie difficulté pour le petit garçon, qui va devoir rivaliser d'ingéniosité pour échapper à la perfidie de ces vilaines créatures.

Le cast: Réalisé par Robert Zemeckis, avec Anne Hathaway, Octavia Spencer, Codie-Lei Eastick, Chris Rock et Stanley Tucci.

L'atout: Zemeckis a ses hauts et ses bas, mais il peut toujours être très inspiré quand il s'agit d'effets spéciaux. Le film est d'autant plus attendu que le conte de Roald Dahl est l'un des plus populaires dans la littérature jeunesse. En France, avec la transposition en BD par Pénélope Bagieu, il est même revenu à la mode cette année. Entre film familial et blockbuster fantastique, le film peut faire un carton durant la Toussaint.

[Pas de bande annonce pour le moment]

[On va tous au cinéma] Wonder Woman 1984 (30 septembre)

Posté par redaction, le 7 juin 2020

Le pitch: Après la Première guerre mondiale, direction les années 80 ! Cette fois, l'Amazone Diana Prince, alias Wonder Woman, doit affronter deux nouveaux ennemis, particulièrement redoutables : Max Lord et Cheetah.

Le cast: Réalisé par Patty Jenkins, avec Gal Gadot, Chris Pine, Kristen Wiig, Pedro Pascal...

L'atout: Outre l'énorme carton du premier film (en France, 2,2 millions d'entrées) et la notoriété de Gal Gadot, ce sera finalement le premier film de super-héros depuis Birds of Prey en février, qui avait très moyennement convaincu. La Warner profite donc de l'absence de Marvel depuis la fin des Avengers en mai 2019 pour satisfaire les fans du genre sans doute très en manque.

[On va tous au cinéma] Tenet (26 août)

Posté par redaction, le 3 juin 2020

Le pitch: Un agent secret doit empêcher une troisième guerre mondiale apocalyptique. Armé d'un seul code, Tenet, sa mission d'espionnage dans le monde va l'envoyer au-delà du temps réel.

Le cast: Christopher Nolan réunit un cast chic et choc avec John David Washington, Robert Pattinson, Elizabeth Debicki, Michael Caine, Kenneth Branagh, Clémence Poésy, Aaron Taylor-Johnson et Himesh Patel.

L'atout du film: Nolan est à lui seul la promesse de grosses recettes (5 milliards de dollars dans le monde au total). En six films, il a attiré 20 millions de spectateurs dans les salles. Ses cinq derniers blockbusters ont déduit de 2 à 5 millions de spectateurs en France. Avec un blockbuster d'espionnage où les effets visuels sont impressionnants dès la bande annonce, on parie sur un nouveau gros succès. Tellement, que, sans trop de risques, Warner veut miser sur le manque de films d'action pour devenir le premier hit post-covid.

Et si on binge-watchait… Gossip Girl sur Netflix

Posté par wyzman, le 4 avril 2020

Pour lutter contre l’ennui durant ce long confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore disponibles sur vos écrans. Et bien que Netflix dispose des droits de diffusion de certains des teen soaps du moment (Riverdale, Dynasty, Elite), n’oublions pas que ceux-ci doivent beaucoup à leur prédécesseur : Gossip Girl !

C’est une grande série pour ados. Lancée en septembre 2007 aux Etats-Unis, Gossip Girl est adaptée de la série de roman créée par Cecily von Ziegesar. La version TV ne trahit pas les romans et nous fait ainsi suivre les péripéties d’un groupe de lycéens issus de l’Upper East Side, un quartier particulièrement aisé de Manhattan. Dans un milieu où les apparences sont reines et les sales coups nombreux, le show de Josh Schwartz (Newport Beach) et Stephanie Savage (Dynasty) retranscrit avec une légère déformation les frustrations et interrogations des adolescents et jeunes adultes occidentaux. Excessive à souhait, Gossip Girl aura fait rêver toute une générations de téléspectateurs grâce à des acteurs au physique irréprochable, le New York des riches, un couple malsain mais mythique (Blair et Chuck) et une narratrice omniprésente et particulièrement axée sur les ragots.

C’est un monument de la pop culture actuelle. Parce que basée sur des romans extrêmement populaires aux Etats-Unis, Gossip Girl fait toujours partie des programmes phares de The CW, la chaîne née de la fusion de The WB et UPN. Pas étonnant dès lors que tous les moyens aient été mis en oeuvre pour en faire un rendez-vous immanquable à l'époque, une série aussi prestigieuse que ses sujets. 121 épisodes plus tard, la série a terminé sa course en décembre 2012 avec pas moins de 18 Teen Choice Awards et un casting qui mêle it-girls (Blake Lively, Leighton Meester) et chouchous d'une génération (Penn Badgley, Ed Westwick, Chace Crawford). Comme c’est souvent le cas avec ce type de programmes, les références culturelles et les guest-stars y sont également nombreuses. En 6 saisons, se sont ainsi bousculées dans Gossip Girl Lady Gaga, Clémence Poésy, Armie HammerDavid O. Russell, Hilary Duff, Tyra Banks, Karlie Kloss, Robyn, Cyndi Lauper, Vera Wang, Michael Bloomberg, Ivanka Trump ou encore le groupe No Doubt.

C’est le remède anti-ennui. Sujet de toutes les discussions après la diffusion de chaque épisode, Gossip Girl n’aurait eu aucun mal à finir en tête des Tendances mondiales de Twitter aujourd’hui. Sans doute parce que tous les éléments qui la composent en font un show addictif. Des catfights réguliers auxamitiés qui se nouent et se défont en passant par des amourettes à l’issue incertaine, des parents souvent absents, des changements de location ponctuels et des problèmes financiers aux conséquences concrètes… Tout ce qu’il faut pour oublier notre propre enfermement. Et parce que HBO Max, le service de streaming de Warner Bros. a annoncé qu’un reboot de Gossip Girl serait diffusé dans le cours de l’année, on ne saurait que trop vous recommander de remater l’original ! Les nostalgiques des années lycée adoreront.

Gossip Girl, l’intégrale disponible ici.

Les festivals et les films atteints par le coronavirus

Posté par vincy, le 6 mars 2020

Le cinéma en Chine a été le premier à subir l'effet coronavirus. Les salles fermées, les sorties repoussées, de nombreux tournages annulés. Maintenant que le Covid-19, son joli nom scientifique, est en Europe, et notamment en Italie, où les salles ont aussi fermées.

Le virus se propageant, de nombreuses manifestations et événements populaires sont annulés ou reportés. Passage en revue.

Le Festival de Cannes n'est pas concerné par les mesures gouvernementales (rappelons que tout événement réunissant plus de 5000 personnes en milieu confiné est interdit). Le plus grand festival du monde, qui doit se dérouler du 12 au 23 mai, maintient son calendrier.

Pourtant deux événements cannois - le MipTV et Canneséries - ont été respectivement annulé et reporté, alors qu'ils se tiennent au même endroit et accueillent moins de monde. Si le Festival de Cannes n'est pas reporté, on peut être sûr que de nombreux participants américains ne viendront pas si le virus perdure : les studios ont interdit de voyager à leurs employéés. De même la clientèle asiatique - Chine, Corée du sud, Japon - risque de se faire rare. Et ne parlons pas des Italiens, qui, s'ils restent confinés d'ici là, manqueront à l'appel.

Canneséries est reporté en octobre. Ce qui n'est pas plus mal face à la concurrence frontale au printemps avec SERIES MANIA. Ce festival, à Lille, maintient ses dates fin mars. Mais là encore, de nombreux étrangers pourraient annuler leur participation.

Les studios comme les assureurs ne veulent pas prendre de risques. On comprend que les tournées promotionnelles se réduisent dans ce contexte là. Mais le décalage de certaines sorties obéit aussi à un autre problème: la fréquentation dans les salles. Si Mulan (Disney) est toujours programmé pour le 25 mars en France, sa sortie en Chine est reportée sans nouvelle date. Le plus gros blockbuster du printemps, Mourir peut attendre (Universal), le nouveau James Bond, aura en effet attendu sa sortie.  A l'origine prévu pour 2017, le film avait finalement calé une date à l'automne 2019 avant de changer ses plans pour février puis avril 2020. Ce sera finalement à la mi-novembre 2020 qu'on purra voir une dernière fois Daniel Craig en 007.

De son côté, la Warner a reporté la comédie de Ruben Alves, Miss, prévue le 11 mars, pour le 23 septembre. D'autres films sortent des programmes du printemps pour viser l'été, comme Rocks, (Haut et court) qui sortira finalement le 17 juin et non plus le 15 avril. (Actualisation: Le Pacte a annoncé le report à une date ultérieure de La Daronne, comédie policière de Jean-Paul Salomé avec Isabelle Huppert, prévu le 25 mars).

Le virus a aussi touché le festival de Locarno qui annule L'immagine et la parola, son festival artistique du printemps qui devait avoir lieu fin mars.

Aux Etats-Unis, en attendant des nouvelles de Tribeca, c'est le festival SXSW à Austin au Texas, qui souffre le plus des défections de participants. Le festival doit se tenir du 13 au 22 mars.  Warner Media, Netflix, Apple, Amazon ont tous annulé leur participation. Nul ne doute que le festival sera le premier événement majeur à être retiré du calendrier.

L’empire Disney, le jedi Scorsese et la guerre des toiles

Posté par vincy, le 14 novembre 2019

Les années se suivent et se ressemblent. Depuis 2010, Disney a dominé le box office nord américain annuel sept fois dont les trois dernières années grâce à Pixar, Star Wars et Marvel. Cette année, on prend peu de risques à se dire que l'année terminera sur le triomphe de La Reine des neiges 2, Star Wars épisode IX ou le dernier Avengers qui surclasse tout le monde pour le moment. La domination en 2019 est indéniable: les quatre premières places du box office avec Avengers:Endgame, Le Roi Lion, Toy Story 4, Captain Marvel (et un peu plus loin Aladdin dans le Top 10. Toutes les licences du groupe cartonnent. Disney c'est 40% des recettes en salles en Amérique du nord.

Dans le monde, sept films ont dépassé le milliard de dollars de recettes, dont cinq sont distribués par le groupe. La domination est totale. Maléfique 2 s'offre même une place dans le Top 15, effaçant le semi-échec de Dumbo. Moins de sorties, mais elles cartonnent toutes ou presque.

Une entrée sur cinq est pour Disney en France

La France ne fait pas exception. Le groupe s'arroge une part de marché de 22%. Une entrée sur cinq est pour Disney. Le plus gros succès de l'année c'est Le Roi Lion. Trois des cinq plus gros succès sont des films du groupe. Ils sont 8 dans le Top 20 (tous au dessus de 2 millions d'entrées).

Ce n'est pas terminé puisque, aux USA, Star Wars est déjà le film le plus demandé pour les fêtes si on prend en compte les achats de tickets pré-réservés. Et La Reine des Neige 2 est deuxième, battant tous les records, déjà détenus par les films d'animation de Disney (remakes en "prises de vues réelles" inclus).

En rachetant Pixar, Marvel et Star Wars au prix fort, puis la Fox en début d'année, Disney n'a quasiment plus de concurrents. Enfin presque. Warner Bros a prouvé qu'elle pouvait jouer à jeu égal côté comics avec le Joker. Universal peut compter sur la franchise Jurassic Park/Jurassic World. Et Sony a Spider-Man. Mais aucun groupe n'a la panoplie de blockbusters/franchises de Disney.

10 millions d'abonnés à Disney +

En se lançant la semaine dernière sur le marché du streaming avec Disney +, elle affronte désormais Netflix sur un créneau plus familial et en voulant séduire les fans des sagas propriétaires. Fort de son catalogue et de quelques nouveautés, Disney + a annoncé hier avoir eu déjà 10 millions d'abonnés aux USA (ça reste six fois moins que Netflix sur les Etats-Unis). Le réchauffement climatique a pris cher avec une demande plus forte que prévue, qui a même provoqué un bug paralysant le système. Disney + vise de 60 à 90 millions d'abonnés d'ici cinq ans aux USA. La plateforme sera lancée en Europe fin mars.

D'un côté, on peut être admiratif de cette industrialisation du divertissement, qui conquiert toute la planète (hormis la Chine, puisque le plus gros succès n'est que 14e du box office annuel). De l'autre, on peut s'agacer d'une telle emprise de l'empire sur le cinéma.

Scorsese attaque

On a beaucoup glosé sur les propos de Martin Scorsese à propos des films Marvel. "J’ai dit que j’avais essayé d’en regarder quelques uns et qu’ils n’étaient pas pour moi, qu’ils me semblaient plus proches des parcs d’attraction que des films tels que je les ai connu et aimé au cours de ma vie, et qu’au final je ne pensais pas que c’était du cinéma." A-t-il vraiment tort? Bien sûr qu'il y a de bons films dans l'écurie Marvel (Thor: Ragnarok, Black Panther...). Or, ce qu'il dit est ceci : "Le fait que les films eux-mêmes ne m’intéressent pas relève du goût personnel et du tempérament. Je sais que si j’étais plus jeune, si j’avais grandi plus tard, je serais sans doute excité par ces films, et peut-être que j’aurais envie d’en réaliser un moi-même. Mais j’ai grandi quand j’ai grandi et j’ai développé un sens des films (ce qu’ils étaient et ce qu’ils pouvaient être) aussi éloignés de l’univers Marvel que ne peut l’être la Terre par rapport à Alpha du Centaure."

Notre culture du cinéma se forge avec les films que l'on va voir. Dans les années 1980, on pouvait mettre Le dernier empereur de Bernardo Bertolucci ou L'Ours de Jean-Jacques Annaud en couverture des magazines de cinéma. Des films comme Le nom de la rose, Out of Africa, Amadeus attiraient près de 5 millions de spectateurs (ce que peu d'adaptations de comics réussissent). Hormis Indiana Jones, les Belmondo et Star Wars, il n'y avait aucune franchises qui dépassaient les 4 millions d'entrées. Les années 1990 ont sensiblement connu le même faste pour la diversité du cinéma (y compris américain). Les cinéastes étaient les stars, voire des marques, à l'instar d'Hitchcock.

Les auteurs en perdition

Ces cinéastes n'ont pas disparu. Prenons la définition de Scorsese: "le cinéma était une histoire de révélation (révélation esthétique, émotionnelle et spirituelle). Il s’agissait de personnages, de la complexité des gens et leurs contradictions, et parfois leurs natures paradoxales, la façon dont ils peuvent se blesser et s’aimer les uns les autres et se retrouver soudainement face à eux-mêmes." On peut coller à cette définition des noms comme Pedro Almodovar, Ken Loach, Bennett Miller, Paul Thomas Anderson, Steve McQueen, Wes Anderson, Hirokazu Kore-eda, Bong Joon-ho... Mais force est de constater, qu'ils dépassent rarement les deux millions d'entrées en France et les 30M$ de recettes aux USA.

En revanche, la définition de Scorsese ne correspond en effet pas trop aux films Marvel (mais davantage à Star Wars ou aux Pixar ou même à La Reine des neiges 2), dont les relations interpersonnelles sont assez superficielles le plus souvent, toujours très chastes, et prévisibles à coup sûr. Divertir n'est pas le problème. Spielberg en a toutes les compétences. Hitchcock savait très bien le faire. Bong Joon-ho maîtrise parfaitement l'alliage entre récit, discours et formalisme sans ennuyer le spectateur.

"60 ou 70 ans plus tard, on regarde toujours ses films en s’émerveillant. Mais est-ce qu’on y retourne pour les frissons et les chocs ? Je ne le pense pas. Les décors de La Mort aux trousses sont incroyables, mais ils ne seraient qu’une succession de compositions dynamiques et élégantes et de coupes sans les émotions douloureuses qui sont au centre de l’histoire ou l’absolu perdition du personnage de Cary Grant" explique Scorsese. Ce qui pose la question: Marvel sera-t-il regardable dans vingt, trente ans? Ce n'est pas l'objectif. Disney fabrique une machine à rêves, et les réinventent au gré des époques et des technologies (confère Le Roi Lion, double triomphe à 25 ans d'intervalle dans deux formats).

Prêt à la consommation

"Beaucoup des éléments qui définissent le cinéma tel que je le connais se retrouvent dans les films Marvel. Ce qu’on n’y trouve pas, c’est la révélation, le mystère, ou un véritable danger émotionnel. Rien n’est en danger. Les films sont faits pour satisfaire des demandes bien précises, et ils sont conçus comme des variations autour d’un nombre de thèmes fini. On appelle ça des suites, mais en réalité ce sont des remake, et tout ce qu’il y a dedans a été officiellement autorisé parce qu’on ne peut pas faire autrement. C’est la nature d’un film de franchise moderne : études de marché, tests auprès du public, validations, modifications, nouvelles validations, et nouvelles modifications jusqu’à ce que ce soit prêt à être consommé" explique le réalisateur de Taxi Driver.

On est alors loin d'une expérience inattendue, d'une histoire que le cinéma va "grandir", d'un style singulier qui peut nous émerveiller. Ce que pointe Scorsese c'est l'uniformisation. "Pourquoi ne pas laisser les films de super-héros et les autres films de franchise tranquille ? La raison est simple. Dans beaucoup d’endroits dans ce pays et autour du monde, les films de franchise sont désormais le choix principal quand vous choisissez d’aller voir quelque chose sur grand écran. C’est un temps périlleux pour l’expérience cinéma, et il y a de moins en moins de salles indépendantes. L’équation s’est retournée et le streaming est devenu le premier canal de distribution. Cela dit, je ne connais pas un réalisateur qui ne veut pas créer des films pour le grand écran, qui soient projetés en salle devant un public."

La série, nouveau territoire des auteurs

Son dernier film, The Irishman, n'a été rendu possible que grâce à l'argent de Netflix. Il ne sera pas forcément vu en salles. Tous les films d'auteurs accusent une baisse de fréquentation régulière depuis des années. On parle davantage des séries que des films, à l'exception de quelques phénomènes ou dans le contexte d'une actualité chaude. Mais finalement, nos esprits, notre culture, notre vision du monde et des gens, se construisent avec des films spectaculaire, coûteux, dont on connait la fin, et avec des séries, bien plus audacieuses, plus riches, plus imprévisibles, qui, d'ailleurs, attirent de plus en plus d'auteurs et de réalisateurs.

"Certaines personnes dans ce business sont totalement indifférents à la question de l’art et à la prise en compte de l’histoire du cinéma, ce qui est à la fois dédaigneux et confiscatoire : une combinaison létale. La situation, malheureusement, c’est ce que nous avons maintenant deux champs séparés distinctement : d’un côté le divertissement audiovisuel mondial, de l’autre le cinéma. Ils se croisent encore de temps en temps, mais ça devient de plus en plus rare. Et je crains que la domination financière de l’un est utilisée pour marginaliser et même rabaisser l’existence de l’autre" rappelle le cinéaste.

La détestation du risque

Il est inquiétant que The Irishman n'ait pas trouvé de studio et de distributeur en salles, pas même la Warner capable de signer un chèque pour n'importe quel Eastwood et un chèque en blanc pour n'importe quel Nolan. The Irishman était trop long, trop cher. Difficile à rentabiliser car , "peu importe avec qui vous faites vos films, le fait est que les écrans de la plupart des multiplexes sont occupés par les films de franchise" explique Scorsese. La "disparition du risque" et celle de l'artiste devraient nous inquiéter.

Car Disney, aussi imposant soit son succès, n'est pas à l'abri des attaques. Les récents déboires sur Star Wars - les réalisateurs de Solo évincés en plein tournage, les auteurs de Game of Thrones qui quittent le navire... -, les échecs de la Fox - X-Men notamment - et les tergiversations autour de Spider-Man - le studio, trop gourmand, a failli laisser lui échapper le super-héros pour ses franchises Marvel - montrent que le Royaume n'est pas invincible. Mais aussi que la machinerie peut se gripper au contact des artistes et des visionnaires. C'est un peu la parabole de Le Mans 66 quand les cadres dirigeants de Ford veulent imposer leur système industriel à la "start-up" ingénieuse et inventive de Carroll Shelby qui sait que, sans prise de risques et sans un pilote génial, on ne gagne pas une course. (Nota bene: le film produit par la Fox est distribué par... Disney).

A cela s'ajoute des retours dubitatifs sur certaines productions. La version en prises de vues réelles de La Belle et le Clochard (pour Disney +) n'a pas séduit la critique américaine. Et la série Le Mandalorian ne les a pas plus convaincus. Mais ces deux "produits" suffisent à séduire pour attirer des millions de foyers sur la plateforme. Et Disney produit de bons films, parmi les plus attendus chaque année. Ce désir de cinéma "populaire" n'est pas négligeable, alors que jeux vidéos et séries TV prennent de plus en plus de temps dans la consommation de produits culturels. C'est ce qui explique les synergies/convergences dans les contenus (une marque déjà connue est plus facile à vendre) et une démultiplication des supports (streaming, salles, etc...). La belle facture de La Reine des Neiges 2 le prouve encore. Le savoir-faire du groupe est indéniable et ses succès démontrent qu'il a opté pour la bonne stratégie. Pour combien de temps?

Venise 2019 : Joker, de Todd Phillips, avec Joaquin Phoenix

Posté par kristofy, le 1 septembre 2019

Qui est le Joker ? Ce personnage de bande-dessinée Batman est d'abord apparu en 1940, avec un visage et des couleurs de costume qui sont souvent restées dans les films. Les diverses adaptations de l'univers du milliardaire qui se prend pour une chauve-souris au cinéma en ont fait un méchant particulièrement iconique : visage de clown blanc avec un inquiétant et trop large sourire rouge, parfois des cheveux verts, et un costume flamboyant. Après Cesar Romero dans le Batman de 1966 (oublié), c'est cet ennemi qui est choisi pour faire face au héros dans sa résurrection cinématographique, le Batman de Tim Burton en 1989 (qui a d'ailleurs relancé la production de films de super-héros jusqu'à la cadence industrielle que l'on connait aujourd'hui). Le Joker a donc été un gangster défiguré par de l'acide avec un excessif Jack Nicholson. Puis il est devenu un habile voleur de banque avec Heath Ledger en 2008 (The Dark Knight de Christopher Nolan), dont la subtilité et le génie formaient une combinaison parfaite. Il y eut ensuite l'outrance de Jared Leto dans Suicide Squad de David Ayer (symptomatique de la regrettable tendance au cross-over avec différents personnages en même temps). On pourrait ajouter le personnage Lego dans les films d'animation. C'est le méchant idéal qu'on adore.

Aucun de ces films n'ont fait du Joker le héros principal. Un tel personnage iconique méritait probablement d'avoir un film qui lui soit uniquement consacré. C'est ce que propose ce nouveau film de Todd Philipps, cinéaste habituellement porté sur la comédie : une nouvelle histoire du Joker, comme vous ne l'avez encore jamais vu... Un "Very Bad trip" noir et anxiogène.

Le pitch: Le film, qui relate une histoire originale inédite sur grand écran, se focalise sur la figure emblématique du Joker. Il brosse le portrait d’Arthur Fleck, un homme méprisé par la société...

Dans Joker, il ne sera jamais question de Batman, qui n'existe pas encore. L'histoire semble se dérouler dans un New-York des années 70, assez familier: celui de Taxi Driver, dont les similitudes sont frappantes. Un homme habillé en clown tient une pancarte publicitaire sur un trottoir pour que des passants entrent dans une boutique de la rue. C’est un job plutôt nul, surtout quand il se fait rouer de coups par des jeunes lui ayant piqué sa pancarte. C'est ça la vie d'Arthur Fleck : se déguiser en clown pour quelques dollars, il vit avec sa mère malade dans un petit appartement ; parfois, il rigole tout seul en écrivant des trucs bizarres dans un cahier ; il s'imagine devenir comédien de stand-up à raconter des blagues mais il est seul et sans ami...

Dès ses premières images, le film scrute le visage de Arthur Fleck devant un miroir en train de se maquiller. On voit cet homme comme quelqu'un de fragile qui se donne une autre image de lui même. Il dissimule son étrangeté derrière une autre apparence. On découvrira qu'il est est marqué par le mantra de sa mère 'put on a happy face': il faut se montrer joyeux même si c’est avec un sourire de façade... Arthur Fleck va souvent voir une psychologue même si elle ne l’écoute pas vraiment. Cela lui sert pour avoir ses médicaments. Arthur est un homme dépressif depuis longtemps. Sa vie comme cette ville ne peuvent que (le) déprimer. La seule chose distrayante, c’est une émission de télévision avec un animateur dont il est fan: il s’imagine bien y être invité un jour, même si personne ne le trouve drôle. Un bien sombre tableau où l’on découvre au fur et à mesure plusieurs aspects de la personnalité de cet Arthur Fleck, toujours inquiet et instable en gardant son désespoir et sa colère en lui, tant qu’il peut... Trois hommes imbéciles avec leurs costumes de banquier vont provoquer une nouvelle humiliation qui va faire basculer Arthur Fleck avec son allure de clown dans un geste particulièrement violent. Le fait-divers fait la une des journaux et de la télévision on réprouve cet acte d’un mystérieux clown. Arthur Fleck commence alors à basculer de plus en plus vers son alter-ego de Joker… Comme une révolte "Anonymous" à l'humiliation de la finance sur le peuple. Joker est un gilet jaune à sa manière.

L'ombre de Scorsese et de Rousseau

La seule concession du film à l’univers des comics c'est Gotham, le nom de sa métropole,un hôpital du nom de Arkham, et un riche Thomas Wayne qui se présente aux élections de la mairie. Joker n’incorpore aucun élément qui relève d’un univers extravagant de super-héros. Au contraire il s’attache à montrer au plus juste une ville en crise un peu comme l’ambiance de Taxi Driver (avec Robert De Niro, ici en animateur de télé qui rappelle un autre film de Scorsese, La valse des Pantins).

La puissance de Joker est justement d’ancrer son récit dans la réalité, dans une réalité proche d’ailleurs de celle que l’on connait encore aujourd’hui dans les périphéries de New-York : beaucoup de pauvreté, un peu de violence, des coupes de budget dans les services publics, les mouvements de protestation des 99%... C’est là que réside l’impact du film: il n’a rien d’une histoire pour adolescents puisqu'il s’agit bien d’un parcours de vie proprement dramatique, une spirale infernale vers la psychose. C'est du Rousseau: "Qu’il sache que l’homme est naturellement bon, qu’il le sente, qu’il juge de son prochain par lui-même ; mais qu’il voie comment la société déprave et pervertit les hommes ; qu’il trouve dans leurs préjugés la source de tous leurs vices ; qu’il soit porté à estimer chaque individu, mais qu’il méprise la multitude ; qu’il voie que tous les hommes portent à peu près le même masque, mais qu’il sache aussi qu’il y a des visages plus beaux que le masque qui les couvre."

Arthur Fleck a un passé tragique, il va faire de son présent une farce macabre en devenant le Joker. Joaquin Phoenix utilise son corps avec une démarche tantôt claudicante ou dansante selon la tristesse ou la frénésie du moment, et surtout son visage et ses yeux qui traduisent, en plus de ses dialogues, un langage décryptant sa folie. L'acteur a confessé à Venise vouloir interpréter un personnage "indéfinissable". C'est prodigieusement réussi. Avec Joker Joaquin Phoenix a probablement déjà son siège réservé pour une prochaine nomination à un Oscar…

Joker est prévu le 9 octobre dans les salles françaises.