Vivendi ouvre le premier cinéma du Cameroun

Posté par vincy, le 1 juillet 2016

Vivendi (Canal +) veut conquérir l'Afrique, côté culture. Après la télévision et en attendant des magasins Fnac (le groupe entre au capital de la chaîne de distribution), le groupe français a inauguré il y a deux semaines, à Yaoundé au Cameroun, une salle de cinéma de 300 places. C'est la première salle de cinéma au Cameroun. Vivendi veut en ouvrir une centaine en Afrique.

La salle a été appelée CanalOlympia, comme Canal plus et L'Olympia, deux des propriétés de Vivendi.

CanalOlympia est à la fois une salle de cinéma fermée et une salle de spectacles en extérieure (ça tombe Vivendi a quelques humoristes dans son catalogue). Le Cameroun n'est pas choisi au hasard : le groupe Bolloré y est présent dans les secteurs ferroviaire, portuaire et agricole.

Le cinéma se trouve dans l'Université de Yaoundé (ce qui avait créé une polémique d'ailleurs). C'est la première fois depuis 20 ans que le Cameroun retrouve une salle dédiée aux projections de films. Dans les années 1970, le pays comptait une trentaine de salles, parfois très grandes.

Vincent Bolloré, qui est venu inaugurer le lieu en personne a affirmé que le cinéma recevrait "en  avant-première ou en première des films qui sortent au même moment à Los Angeles ou à Tokyo". Il espère aussi que des talents locaux émergeront et rempliront le portefeuille de contenus de son groupe. Des salles CanalOlympia supplémentaires verront le jour dans les prochains mois à Conakry en Guinée, à Cotonou au Bénin, à Brazzaville en République du Congo et à Dakar au Sénégal.

Car hormis quelques pays (Maghreb, Egypte, Nigéria, Afrique du sud, Kenya), les pays africains souffrent d'un manque de salles. Des pays comme le Bénin, la Gambie, la Mauritanie, la Centrafrique, Madagascar, la Guinée Bissau, et donc le Bénin, le Congo Brazzaville et la République démocratique du Congo n'en ont aucune. Le Sénégal, le Mali, le Niger, la Côte d'Ivoire, le Mozambique ou la Tanzanie en comptent moins de dix chacun. Avec la croissance des classes moyennes, l'Afrique a une carte à jouer pour se doter en multiplexes, et en profiter pour créer sa propre industrie cinématographique.

Cannes 2016 sera beaucoup moins Canal Plus

Posté par vincy, le 12 mars 2016


Depuis hier soir, la rumeur circulait sur les réseaux sociaux. Le site Puremedias.com a crevé l'abcès qui enflait: Canal Plus à Cannes, ce sera Canal Moins.

Grosses pertes financières

Contrairement à ce qu'avait annoncé le directeur de la chaîne il y a quelques temps, Maxime Saada, la chaîne partenaire du Festival de Cannes va fortement réduire la voilure. Objectif: réduire au maximum les coûts. Le Conseil de surveillance de Vivendi avait alerté le 19 février dernier que le groupe "n’avait pas les moyens de supporter indéfiniment les pertes des chaînes Canal+ en France" qui se sont aggravées cette année pour atteindre 265 millions d'euros.

Service minimum à Cannes

A l'écran, il n'y aura finalement ni l'émission cinéma Le Cercle, dont deux numéros étaient prévus, ni Ali Baddou en seconde partie de soirée (on savait déjà que Le Grand Journal n'y serait pas, et avec le changement d'horaires des Guignols, il était évident que les marionnettes n'en seraient pas).

Aussi Canal Plus ne diffusera que les deux cérémonies (ouverture et clôture) animées par Laurent Lafitte, fortement remaniées et disposant d'un budget plus important, et des duplex avec Le Grand Journal pour la montée des marches quotidiennes.

Sur la Croisette, le régime est aussi sec. Terminée la fameuse soirée Canal sur les hauteurs du vieux Cannes. L'un des plus importants rendez-vous mondains du Festival n'aura donc pas lieu. Mais c'est la fermeture du Patio Canal +, espace privé et "oasis" sur le port à deux pas du Palais, qui inquiète le plus. Ce lieu privatif était le QG des professionnels et artistes (et pas seulement français) pour échanger ou monter des projets. C'est aussi là que la rentrée télévisuelle de Canal Plus se négociait. La décision est symbolique quand il s'agit du premier partenaire du cinéma français.

Canal+ et les chaînes du bouquet Ciné+ représentent ensemble 20 % du financement global des films français, en préachetant une centaine de films chaque année pour les œuvres d’expression originale française. Mais le nombre de films préachetés et le volume global de préachats stagnent. En 2005, Canal+ préachetait 120 films (pour 126 millions d’euros) contre 103 films en 2014 pour 135,88 millions d’euros. Idem pour sa filiale Ciné+ dont l’investissement décroit depuis cinq ans (83 films pour 15 millions d’euros en 2014).

Faut-il que les professionnels du cinéma s'inquiètent?

Depuis la reprise en main ferme de la chaîne par Vincent Bolloré, les mauvais signaux s'enchaînent pour le cinéma français, qui craint un désengagement de Canal Plus dans la production des films d'auteurs, très dépendants de ses finances. D'autant que la chaîne a peu de marge par rapport à ses obligations: elle doit consacrer à l'acquisition de droits de diffusion d'œuvres cinématographiques européennes et d'expression originale française respectivement au moins 12 % et 9 % de leurs ressources totales. La fermeture du Patio, c'est une manière de dire que Canal Plus ne veut plus être au centre du jeu du 7e art français. Ce n'est pas juste une question d'austérité budgétaire, mais bien un effet d'affichage majeur durant le plus grand festival (et marché) du film de la planète. C'est une manière de dire que le cinéma n'est plus une priorité pour Canal, qui préfère mettre son argent ailleurs.

Car le cinéma n'est plus le motif principal pour s'abonner. Les séries (où la concurrence est très vive avec l'arrivée de Netflix, entre autres) et le sport (où Canal Plus a perdu quelques gros appels d'offres récemment) sont bien plus porteurs. Alors que les recettes déclinent, que le modèle économique est égratigné, Vincent Bolloré cherche à investir dans des contenus déclinables sur plusieurs supports et permettant une diffusion plus globale (y compris internationale). Ces derniers temps, le groupe Vivendi, qui possède 100% de Canal Plus mais aussi Dailymotion, opte plutôt pour le secteur des jeux vidéos et chercherait à se désengager de Universal Music.

Certes, en perdant de gros paquets d'abonnés (plus de 400 000 l'an dernier selon la presse) et avec des audiences moribondes sur certaines tranches en clair, la chaîne doit se réinventer. L'esprit Canal est dépassé.

Le partenariat avec le Festival de Cannes était-il nécessaire?

Ça n'a pas empêché Canal Plus de reconduite son partenariat avec le Festival de Cannes pour cinq ans, surenchérant sur l'offre de France Télévisions. Mais était-ce finalement si stratégique de le conserver dans ces conditions? Le Festival savait-il que Canal Plus allait se désengager du Festival aussi bien sur le petit écran que sur la Croisette? Selon Puremedias.com, le Festival aurait exigé de la chaîne cryptée  un dispositif différent cette saison, en raison de la faiblesse des audiences du Grand Journal qui porte habituellement la manifestation. C'est sur cette base que Maxime Saada avait annoncé un dispositif plus "cinéma" et assez ambitieux. Complètement mis à terre, ce dispositif conduira-t-il le Festival à renégocier le partenariat et pourquoi pas le dénoncer? Difficile de le dire puisqu'on ignore les obligations réelles qui lient la chaîne au Festival. Il n'est pas interdit d'imaginer que la chaîne misera plutôt sur le site web dédié au Festival afin de donner plus de force à ses contenus sur les réseaux.

Une présence toute relative

Ironie du sort, tandis que Canal Plus a préféré tout supprimé, France Télévisions risque de proposer plus de temps d'antenne sur le Festival que la chaîne "officielle". Cependant, relativisons tout ça. La présence médiatique à Cannes ne subira que peu d'impact avec 4000 journalistes du monde entier présents sur la Croisette. La soirée Canal ne manquera pas plus que ça quand une une demi douzaine d'évènements ont lieu ce même soir, sans compter les bars et lieux privés qui accueillent festivaliers et "people". Quant au Patio, aussi impressionnant soit-il, il n'était qu'un des lieux privilégiés des professionnels qui ont le choix entre les suites de Palace réservées par les vendeurs, agents et distributeurs ou les espaces (notamment sur certaines places) où l'on peut tranquillement déjeuner en plus de rencontrer ses confrères ou futurs partenaires.

Un choix de raison salutaire

Pour le public, l'absence du Grand Journal en face du Martinez manquera certainement. Mais ce Grand Journal était aussi très critiqué par le choix de ses invités, plus souvent des personnalités "people" que des artistes de cinéma venus présenter un film. Pour la profession, cela ne changera pas grand chose. Aucun journaliste n'utilisait Canal Plus comme source d'information par exemple. Et nul ne doute que les cadres de la chaîne en charge du cinéma ou la filiale StudioCanal seront au rendez-vous.

On pourrait même affirmer que Canal Plus a sans doute eu raison de prendre ces décisions. Depuis quelques années, les grands sponsors du Festival avaient déjà été conduits à être moins présents en terme d'affichage (qui, à une époque, défigurait la Croisette). Canal Plus ne fait que suivre le mouvement, avec quelques années de décalage.

StudioCanal prend 30% de Mars films

Posté par vincy, le 29 septembre 2015

Nombreux sont ceux qui se focalisent sur les polémiques et les déboires de la chaîne Canal +, mais son actionnaire le groupe Vivendi est aussi très actif dans ses autres secteurs, et notamment le cinéma.

Vivendi a annoncé aujourd'hui qu'il allait prendre 30% de Mars films, producteur et distributeur, désormais filiale de StudioCanal, l'un des rares groupes transnationaux avec Pathé (présents dans plusieurs territoires). Le patron de Mars, Stéphane Célérier devient président de StudioCanal. La présidence de StudioCanal est assurée par Didier Lupfer, qui occupait déjà le poste de directeur cinéma du groupe Canal +.

Mars avait déjà été un label de Canal + avant de prendre son indépendance. C'est donc un retour en arrière. Ancienne filiale de distribution de BAC Films, Mars Films avait été acquise à 80% par Studiocanal en 2000, puis avait retrouvé son autonomie en 2002. StudioCanal possède un catalogue de 5000 titres, et dispose de filiales en France, au Royaume-Uni, en Allemagne ainsi qu'en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Dans son communiqué, Vivendi affirme: "au-delà des accords récemment conclus avec le cinéma français, Vivendi, avec Canal+, entend accroître son engagement afin de notamment favoriser l’éclosion de nouveaux talents. Le Groupe Canal+ financera et mettra en place un projet d’ateliers d’écriture dans le but de faire émerger de nouvelles formes de narration et de nouveaux auteurs."

Le Groupe Vivendi/Canal+ investit 800M€ par an dans le cinéma.

Avec Mars films, StudioCanal va surtout devenir une major en France. Si on prend l'année 2015, StudioCanal a sorti 12 films depuis le début de l'année et pèse 3,56% des entrées (10e). Avec Mars films, c'est un total de 25 films (soit plus que n'importe quel distributeur) et une part de marché de 11,93%, soit la 2e place derrière Universal Pictures International France. Mars a distribué cette année Le dernier loup, Un moment d'égarement, Un homme idéal et Une nouvelle amie, tous à plus de 500000 entrées. Le distributeur prépare les sorties de Maryland (demain), Un homme irrationnel (Woody Allen), Lolo (Julie Delpy et Dany Boon). StudioCanal s'apprête à sortir L'étudiante et Monsieur Henri, Mon roi, Avril et le monde truqué et Legend.

Mais le catalogue de Mars est surtout riche de films populaires comme Fahrenheit 9/11, Billy Elliot, Brigdet Jones, Million Dollar Baby, Welcome, Prête-moi ta main, L'auberge espagnole, Les poupées russes, Polisse, Des Hommes et des dieux, 12 Years a Slave, Potiche, et La famille Bélier.

La question est désormais de savoir si le secteur de la distribution en France va commencer une vague de concentration alors que de nombreux distributeurs sont de plus en plus fragiles. Seuls 20 d'entre eux ont dépassé le million de tickets vendus depuis le début de l'année et le Big 5 concentre à lui tout seul 54% des entrées.