A Hollywood et en France, la diversité c’est maintenant ?

Posté par wyzman, le 3 octobre 2015

La diversité. Voilà plusieurs années qu'à Hollywood, c'est le seul mot qu'il convient d'avoir à la bouche pour évoquer les personnages, les acteurs, les scénaristes, les réalisateurs, les producteurs. Bref, toute la chaîne de commandement du septième art ! Qu'il s'agisse de genre, d'orientation sexuelle, de religion ou d'environnement social, l'audiovisuel américain fait son possible pour mettre en avant ses minorités. Et si aujourd'hui le mot nous intéresse plus que jamais, c'est parce ses "effets" se font (enfin) sentir. Si vous suivez l'actualité du box office américain, il ne vous aura pas échappé que durant 5 semaines consécutives, ce sont des films portés par des acteurs de couleur qui en ont pris la tête. Il y a d'abord eu Straight Outta Compton, le biopic basé sur l'histoire du groupe de hip-hop N.W.A. Puis est venu War Room, un drame marital et religieux au succès inespéré. Et une semaine plus tard, c'est le thriller The Perfect Guy qui faisait des merveilles. Comme le fait The Wrap, nous nous demandons si l'intérêt soudain des spectateurs pour ces films va attirer l'attention des grandes pontes d'Hollywood.

Car, qu'on se le dise, cette succession de films comportant une majorité d'acteurs noirs est un cas rare, si ce n'est unique. Va-t-elle se reproduire ? Personne ne peut le prédire. On a déjà débattu de la question de savoir s'il y a trop de noirs à l'écran. Mais en attendant, ce phénomène peut être mis en parallèle avec le succès d'une série telle qu'Empire. Parce que cette dernière compte essentiellement des acteurs noirs (Terrence Howard, Taraji P. Henson, Gabourey Sidibe, etc.), il n'est pas étonnant de voir que les Afro-Américains y soient très réceptifs. Les audiences le prouvent, les taux sur les 18-49 ans (la cible préférée des annonceurs) l'attestent. Malheureusement, il ne faut pas nous emballer. Si la sauce prend aux Etats-Unis, ce n'est malheureusement pas le cas ailleurs.

Dans un pays comme le Royaume-Uni qui ne connaît pourtant pas la barrière de la langue, ils étaient à peine plus de 500.000 curieux à regarder le season premiere. Plus encore, et alors que le DVD de la saison 1 devrait sortir en France le 12 novembre, on ne peut que s'inquiéter de la VF que le Groupe M6 tentera au moment de diffuser la série. Nos oreilles vont saigner - et pas qu'un peu ! L'Amérique semble de plus en plus fière de ses minorités (cf. notre article sur les derniers Emmy Awards) mais préfère les projets portés par des stars déjà bien établies - et supposément bankables. On pense ainsi à Vin Diesel (saga Fast & Furious) chez les Latino-Américains et Denzel Washington (The Equalizer) et Will Smith (saga Men In Black) pour les Afro-Américains. Quant aux Asiatiques, si le nombre d'acteurs engagés est de plus en plus important, aucun d'entre eux n'est à même de faire décoller un blockbuster. Ils restent des seconds-rôles même s'il s'agit de stars en Chine, à Hong Kong ou en Corée du sud. Pour le moment en tout cas.

Quid de la France ? Si le cinéma tend à aborder la diversité avec une décomplexion parfois simulée (souvenez -vous de Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu?), le public français n'est pas si réceptif que ça aux œuvres "destinées aux noirs". Samba n'a attiré "que" 3,1 millions de curieux en salles, ce qui semble dérisoire face aux 19,4 millions d'entrées d'Intouchables… En deux semaines, Straight Outta Compton n'a réalisé que 360 000 entrées. Quand How to Get Away with Murder, le thriller produit par Shonda Rhimes et porté par Viola Davis, a attiré 3,3 millions de curieux lors de son lancement, ils n'étaient plus que 399 000 devant le dénouement ! Quant aux œuvres françaises, si elles comptent indéniablement des acteurs de couleur, ce ne sont pas eux qui font décoller les audiences. A titre d'exemple, la série Nos chers voisins ne compte qu'un seul acteur récurrent de couleur (Issa Doumbia). Idem pour Scènes de ménages (Loup-Denis Elion).

Du côté du cinéma français, à l'exception d'Omar Sy, d'une génération déjà bien passée (Roschdy Zem, Sami Bouajilah, Pascal Legitimus) et d'autres humoristes bien identifiables (Jamel Debbouze, Elie Semoun, Gad Elmaleh), ce n'est vraiment pas United Colors of Benetton. Combien de fois une Firmine Richard ou un Isaak de Bankolé se sont plaints d'avoir peu de rôles à jouer... Dans les pays anglo-saxons on est capable de faire jouer Marius des Misérables par un "black". En France, la Comédie Française est désespérément "white". Vous l'aurez compris, en termes de diversité, les Etats-Unis ont un léger coup d'avance et, comparativement, la France semble toujours très blanche... Et plus le temps passe, plus il devient difficile de trouver une explication crédible !

L’instant Zappette: Consécration et diversité au menu des Emmy Awards !

Posté par wyzman, le 21 septembre 2015

Dimanche 20 septembre avait lieu la 67ème cérémonie des Emmy Awards. Présentée depuis Los Angeles par Andy Samberg (Brooklyn Nine-Nine), la soirée a, comme toujours, récompensé les professionnels de la télévision. Et pour la première fois depuis un paquet d'années, les votants ont visiblement appris de leurs erreurs : les victoires sont justifiées, le choix des gagnants est indiscutable. A commencer par la série Game of Thrones qui est repartie avec pas moins de 4 statuettes (auxquelles on peut ajouter les 8 des Emmy Creative Awards) dont celles de meilleure série dramatique, meilleur second rôle (Peter Dinklage, alias Tyrion Lannister), meilleure réalisation et meilleur scénario (l'épisode 5x10, "Mother's Mercy").

Alors que tout le monde pariait sur une victoire de Mad Men dans la catégorie phare (meilleur drame) à cause de l'effet "ultime saison", l'Académie a enfin perçu les qualités évidentes de Game of Thrones. Il était temps ! Ceci dit, c'est bien Jon Hamm, (alias Don Draper de Mad Men) qui a reçu l'Emmy du meilleur acteur dans une série dramatique. Certains diront que c'était prévisible, d'autres argueront qu'après 8 nominations consécutives, il était plus que temps de lui rendre justice. Une bonne chose de faite donc !

A l'instar de Viola Davis qui est entrée dans l'Histoire cette nuit en devenant la première actrice de couleur à remporter l'Emmy Award de la meilleure actrice dans une série dramatique. En effet, alors qu'Isabel Sanford avait déjà remporté celui de la meilleure actrice de série comique en 1981 pour The Jeffersons, le penchant dramatique de cette catégorie était, jusqu'ici, resté anormalement blanc. Comme l'a dit Viola Davis, déjà nommée à l'Oscar de la meilleure actrice en 2012 pour La couleur des sentiments, la seule différence entre une actrice de couleur et les autres ce sont les opportunités : "On ne peut pas gagner un Emmy pour des rôles qui n'existent simplement pas." Mais peu importe, face à Claire Danes (Homeland), Taraji P. Henson (Empire), Tatiana Maslany (Orphan Black), Elisabeth Moss (Mad Men) et Robin Wright (House of Cards), l'héroïne de How to Get Away with Murder n'a pas démérité. Ne reste plus qu'à savoir ce qu'en dit le président des Emmy Awards, lui qui semblait ne pas franchement croire à la diversité. "Je crois que les gens ne savent pas comment parler de race. C'est comme la sexualité. S'il a fallu 67 ans pour qu'une actrice noire soit nommée meilleure actrice, cela veut dire qu'il y a bien une ligne qui devait être franchie et il faut en prendre conscience" a-t-elle ajouté comme pour envoyer un message aux producteurs, chaînes de télévision et autres professionnels.

Dans le reste de la cérémonie, la diversité était aussi présente avec le second Emmy Award d'Uzo Aduba, nommée pour son rôle de Crazy Eyes dans Orange is the New Black et la victoire de Regina King d'American Crime (meilleure actrice de mini-série). A côté, Veep a dominé les grosses catégories en comédies (4 victoires, dont meilleure actrice pour Julia Louis-Dreyfus) tandis qu'Olive Kitteridge a raflé 6 prix, dont meilleur acteur et meilleure actrice dans une mini série, respectivement Richard Jenkins et Frances McDormand, mais aussi meilleure second-rôle masculin pour Bill Murray. Grâce à elle, la chaîne américaine HBO finit avec un palmarès de 14 statuettes (sur 40 nominations). Enfin, n'oublions pas les deux victoires de Transparent, la série d'Amazon qui suit les aventures d'une famille de Los Angeles dont le père est transgenre. Emmy Awards du meilleur acteur de de série comique (Jeffrey Tambor) et meilleure réalisation d'un épisode de série comique (l'épisode 1x08, "Best New Girl"), déjà auréolée de deux Golden Globes en janvier dernier, elle s'apprête à recevoir Anjelica Huston pour sa saison 2.

C'est donc à des Emmy Awards très justes que les Américains ont assisté hier soir. Diffusée sur la Fox, la cérémonie devrait permettre à la chaîne d'entamer sa saison télévisuelle sous les meilleurs auspices. L'année dernière, 15,6 millions de personne avaient suivi le sacre de Breaking Bad.

L’instant Zappette: le président des Emmy Awards tacle les goûts du public

Posté par wyzman, le 17 juillet 2015

Si vous êtes fan de séries télévisées américaines, vous n'êtes pas sans savoir qu'hier avait lieu l'annonce des nominations aux prochains Emmy Awards. Si l'on a retrouvé les mêmes habitués des cérémonies précédentes (Game of Thrones, Mad Men, House of Cards, Downton Abbey, Veep ou encore Louie), il y a quand même eu quelques surprises notables. Pas de Jim Parsons et de The Big Bang Theory cette année. Idem pour Julianna Marguiles et sa série The Good Wife. Si HBO s'est à nouveau positionnée comme un véritable mastodonte (126 nominations, un record), les services de streaming commencent eux aussi à faire des merveilles. En additionnant les nominations des séries de Netflix (34) et d'Amazon (12), on arrive à un total supérieur à celui des chaînes nationales (séparées). Si Game of Thrones peut se féliciter de dominer ces nominations avec 24 sélections, le plus étonnant nous vient d'Empire. Alors que la série a largement explosé les audiences cet hiver, les votants ont vraisemblablement décidé de bouder la série, ne lui desservant que 3 nominations, dont 2 dans des catégories "inférieures" (les costumes).

Interrogé par le site Deadline sur la question de la diversité et l'absence d'Empire des catégories "supérieures", le président de la cérémonie des Emmy Awards, Bruce Rosenblum, aurait mieux fait de se taire. "Nous n'avons que 7 places et il y a 20.000 membres qui votent. [Better Call Saul, Downton Abbey, Game of Thrones, Homeland, House of Cards, Mad Men et Orange is the New Black] sont les 7 séries avec lesquelles ils sont arrivés. Ici c'est pas les People's Choice Awards ! Nous reconnaissons l'excellence. (…) C'est un vote de vos pairs, des hommes et des femmes qui font la télévision. Et pour eux, c'étaient ça les 7 meilleures séries dramatiques." De là à croire que Rosenblum n'aime pas Empire, il n'y a qu'un pas. Mais il a pensé à assurer ses arrières. "Regardez les 7 séries nommées [dans la catégorie meilleure série dramatique] et dites-moi laquelle vous enlèveriez pour mettre Empire à la place - non pas qu'Empire ne soit pas une série géniale !" De son côté, le producteur des Emmy Awards, Don Mischer, se veut beaucoup plus diplomate : "Je ne sais pas quoi vous dire, si ce n'est que c'est comme ça que votent les membres de l'académie. Ils votent pour ce qui leur semble juste et il arrivera toujours que quelqu'un soit oublié."

Bien que les nominations des Emmy Awards aient apporté leur lot de bonnes surprises, le débat autour de la non-surprésence d'Empire fait écho à un sujet plus sensible. Alors que depuis le début de cette décennie (et même un peu avant), les acteurs de couleur écument sur nos écrans, il est devenu régulier de les voir snobés lors de cérémonies prestigieuses. Plus tôt cette année, le hashtag #OscarsSoWhite dénonçait l'absence totale d'acteurs de couleur parmi les nommés aux prix d'interprétation des Oscars. Et aux Emmy Awards, les votants semblent vraisemblablement être parvenus à ne pas faire s'opposer trois actrices de couleur dans la catégorie Meilleure actrice dans une série dramatique. En effet, pour son rôle de Cookie Lyon dans Empire, Taraji P. Henson était quasiment assurée d'avoir son ticket pour le tapis rouge. Et il en va de même pour Viola Davis, dont la performance dans How to Get Away with Murder a fait sensation cette saison. Présente sur la it-list l'année dernière, c'est Kerry Washington (Scandal) qui a été sacrifiée cette année. Les plus optimistes évoqueront une saison 4 un petit peu en deçà des précédentes. Tandis que les plus stratèges d'entre nous arriveront à la conclusion qu'avec 3 actrices noires (sur 6) dans une même catégorie, ne pas faire gagner l'une d'entre elles pourrait poser problème dans l'Amérique d'Obama. Surtout lorsque l'on sait que jusqu'ici, aucune actrice de couleur n'a remporté la fameuse statuette… La 67ème cérémonie des Emmy Awards se tiendra le 20 septembre à Los Angeles.

L’instant zappette: trop de noirs à l’écran, vraiment?

Posté par wyzman, le 12 avril 2015

D'après le Bureau des statistiques américain, les Afro-Américains ne représentaient que 13,6% de la population lors du dernier recensement. "13,6% c'est sans doute peu, mais cela ne les empêche pas d'être partout" diront certains. Dans leur volonté de représenter l'Amérique telle qu'elle est, c'est-à-dire dans sa diversité, les producteurs de télévision tournent cette année un grand nombre d'épisodes pilotes avec des acteurs "non-Caucasiens". Cette "tendance" que la journaliste de Deadline Nellie Andreeva a très mal perçue dans un article au vitriol. Néanmoins, rien ne nous empêche de nous poser la question : y a-t-il trop de Noirs sur les écrans US ?

Merci Shonda Rhimes?

La saison télévisuelle 2014-2015 a été intense du point de vue de la diversité. Et ce, en partie grâce à la productrice et scénariste Shonda Rhimes. En investissant toute la soirée du jeudi de la chaîne ABC, elle a littéralement redéfini le mot "diversité". Les shows qu'elle a créés ou produits sont d'un point de vue "ethnique" considérés comme "parfaits". Mais n'allons pas croire que cette Américaine de 45 ans a tout fait toute seule. Si Grey's Anatomy, Scandal et How To Get Away With Murder comptent 10 acteurs Afro-Américains (parmi les personnages principaux), ces séries ne sont pas les seules à mériter toute notre attention.

Productrice, actrice et surtout animatrice TV, Oprah Winfrey a beaucoup fait pour le communauté afro-américaine. A côté de ses participations à des films engagés tels que La Couleur pourpre, Le Majordome et plus récemment Selma, la business woman a aussi banalisé l'homosexualité, la bisexualité, la transsexualité et le SIDA au sein de la communauté noire via le programme "The Oprah Winfrey Show". Plus encore, sur sa propre chaîne de télévision, OWN, elle produit des shows qui sentent bon la culture black, tels que The Haves and the Have Nots, qui comprennent des personnages gays. En outre, nous pouvons bien évidemment évoquer la chaîne BET (Black Entertainment Television) qui a rapidement supplanté la mythique MTV.

Le nouveau visage de la télévision

Mais la "vague" à laquelle Nellie Andreeva fait référence dans son article n'est pas anodine. Oui, on constate un grand nombre d'acteurs noirs à la télévision américaine. Mais cela devient dérangeant pour certains dans la mesure où ces derniers interprètent des rôles de plus en plus conséquents, de plus en plus vraisemblables et d'un niveau social plus élevé. Loin des personnages caricaturaux trop longtemps mis en scène, l'héroïne de Scandal, la célèbre Olivia Pope (incarnée par la sublime Kerry Washington), est une experte en gestion de crise. Une femme avec un vrai métier et des responsabilités ! Rapidement devenue une icône de mode, on lui consacre désormais des Tumblr par centaines (Pope and Ballard par exemple). Quant à How To Get Away With Murder, les scénaristes ont pris pour habitude de filmer l'actrice principale Viola Davis en train de se démaquiller et de retirer son tissage pour nous faire entrer dans son intimité. Autrement dit, ce que l'on n'osait pas montrer ou mettre en avant par le passé n'est plus un problème.

Ce que fait parfaitement Justin Simien dans son premier long-métrage, Dear White People, actuellement à l'affiche. En opposant la culture black à la blanche, le réalisateur de 31 ans dresse un portrait concret et sans fard de la jeunesse sous l'ère Obama. Sous couvert d'être une satire de la société américaine, Dear White People pose des questions quasi existentielles et de la meilleure manière qui soit. Et il faut reconnaître que cela est bien plus subtil que dans Empire, la série phénomène de cet hiver: avec son casting presque uniquement composé d'acteurs noirs, le show de Lee Daniels (Le Majordome, Precious) joue avec les stéréotypes pour mieux les démonter. Et le procédé fonctionne à merveille, comme en attestent les 7,7M d'Américains qui ont pris la série en cours de route et ce public composé à 60% d'Afro-Américains. Empire rassemble, Empire parle à tous et Empire parle de tout.

La variété plutôt que la diversité

Parce que la série met en scène une famille américaine dans toute sa complexité, elle s'attache à des valeurs vieilles comme le monde : amour, filiation, ambition, réussite et jalousie fraternelle. A cela, se sont ajoutés des thèmes plus contemporain : indépendance économique, déni de paternité (50% des enfants afro-américains naissent sans père) et homosexualité. Et en matière de représentation de la sexualité, le show de Netflix Orange is the New Black se place là. Première personne ouvertement transgenre à être nommée pour un Emmy Award, l'Afro-Américaine Laverne Cox est rapidement devenue un symbole outre-Atlantique.

A leur manière, producteurs, réalisateurs, scénaristes et comédiens noirs réinventent ainsi la télévision et la notion de diversité. Plus besoin de cacher sa négritude pour faire de la bonne télévision puisque le téléspectateur veut des intrigues qui lui parlent et des acteurs auxquels il peut s'identifier. Car parmi ces 13,6% d'Américains, combien sont nécessairement dealers, serveurs dans un fast-food ou sous-diplômés? Et ce ne sont là que trois rôles clichés que l'on attribuait jusqu'ici trop souvent aux acteurs noirs. N'oublions pas du problème de l'univers carcéral: les discriminations judiciaires sont nombreuses (44 % de la population en prison est afro-américaine).

Une diversité à relativiser

Mais si la diversité que l'on vante aujourd'hui fait chaud au cœur, elle n'est pas inédite. Avant Empire, d'autres séries avaient des castings majoritairement noirs. En effet, bien avant que "Black-ish" ne devienne la "comédie familiale black" par excellence, "Le Cosby Show" et "Le Prince de Bel-Air" avaient creusé le sillon. La télévision actuelle se réinvente, s'adapte, remplit des niches, mais ne trace pas de nouveaux chemins.

La montée en puissance d'acteurs noirs soutenue par certains médias est néanmoins un écran de fumée. Pendant des années, la télévision américaine a simplement fait des personnages blacks des seconds couteaux. Et cela est à mettre en lien avec le clivage qui sévit actuellement outre-Atlantique. Entre les bavures policières et les décisions judiciaires qui disculpent des policiers blancs ayant tué des noirs, l'Amérique se réveille. Les drames de Ferguson et Cleveland ne sont que des exemples parmi tant d'autres. Mais ce sont tous ces drames qui inspirent des séries et des producteurs de plus en plus engagés (cf. The Good Wife et Scandal).

Une peur irrationnelle régulée par le marketing

Aujourd'hui, rien ne permet de dire qu'il y a trop d'acteurs noirs sur les écrans américains: Denzel Washington, Will Smith, Chris Tucker ont parmi les salaires les plus élevés à Hollywood. Proportionnellement, ce sont plutôt les Asiatiques et les Latino-américains qui sont sous-représentés aujourd'hui. L'élection et la réélection d'un président noir n'a pas profondément changé l'Amérique, dont une partie se croit et se voit encore "blanche". Et les succès de films comme Django Unchained, Lincoln, 12 Years a Slave ou bien Selma ne démontrent qu'une seule chose : le cinéma a une plus grande capacité d'adaptation que la télévision, malheureusement menée et régie par les annonceurs et la censure.

Mais, comme pour les séries dites "queer" (lire notre article sur ce sujet), on qualifie les contenus audiovisuels juste pour pouvoir les mettre dans une case, les identifier, les marketer et les vendre plus facilement. Le spectateur est supposé savoir ce qu'il va regarder, quitte à renforcer le communautarisme et les préjugés, tout en manquant de s'intéresser à l'autre...

Jared Leto, Will Smith et Tom Hardy dans la Suicide Squad

Posté par vincy, le 3 décembre 2014

Le casting de Suicide Squad, la réponse de Warner aux Avengers de Disney, est officialisé. Le film sera réalisé par David Ayer (Fury) et tourné à partir d'avril à Toronto au Canada. Il sera en salles début août 2016.

Jared Leto – The Joker
Will Smith – Deadshot
Tom Hardy – Rick Flag
Margot Robbie (Le Loup de Wall Street, Tarzan) – Harley Quinn
Jai Courtney (Terminator, Invincible) – Boomerang
Cara Delevingne (Pan) – Enchantress

Il ne reste plus qu'à finaliser le contrat avec Jesse Eisenberg pour reprendre son personnage de Lex Luthor qu'il tient dans le prochain Batman (Batman v Superman: Dawn of Justice) et à trouver l'actrice qui incarnera Amanda Waller (la superviseuse de l'équipe). Parmi les comédiennes envisagées: Viola Davis, Octavia Spencer et Oprah Winfrey selon les informations de Variety.

Pour la Warner, il s'agit de redéfinir la conception de héros et de vilains, mais surtout le projet est vu comme un Ocean's Eleven des comicbooks. La BD de DC Comics réunit les grands méchants des aventures de ses super-héros. Le gouvernement leur donne une seconde chance mais la mission qu'on leur donne pourrait tous les tuer.

250 critiques de la Broadcast Film Critics Association distinguent The Artist, Clooney et Davis

Posté par vincy, le 13 janvier 2012

La Broadcast Film Critics Association, la plus importante association de critiques qui regroupe plus de 250 membres aux Etats-Unis et au Canada, a remis ses trophées jeudi 12 janvier. Bon baromètre avant les Oscars  - généralement les films et les personnalités font le doublé - le palmarès a récompensé de nombreux favoris. Mais un seul s'est distingué : The Artist, avec quatre prix, dont meilleur film et meilleur réalisateur. Clooney et Davis, qui ont fait la une (prémonitoire ?) d'Entertainment Weekly, repartent avec les prix d'interprétation. Une séparation continue sa moisson avec le prix du meilleur film en langue étrangère.

Le palmarès intégral :

- Meilleur film: The Artist

- Meilleur acteur: George Clooney pour The Descendants

- Meilleure actrice: Viola Davis pour La couleur des sentiments

- Meilleur second rôle masculin: Christopher Plummer pour Beginners

- Meilleure second rôle féminin: Octavia Spencer pour La couleur des sentiments

- Meilleur jeune talent: Thomas Horn pour Extrêmement fort et incroyablement près

- Meilleur ensemble: La couleur des sentiments

- Meilleur réalisateur: Michel Hazanavicius pour The Artist

- Meilleur scénario original: Minuit à Paris (Woody Allen)

- Meilleure adaptation: Le stratège (Steven Zaillian et Aaron Sorkin, histoire de Stan Chervin)

- Meilleure photo: Tree of Life et Cheval de guerre (ex aequo)

- Meilleure direction artistique: Hugo Cabret

- Meilleur montage: Millénium, les hommes qui n'aimaient pas les femmes

- Meilleur costume: The Artist

- Meilleur maquillage: Harry Potter et les reliques de la mort, 2e partie

- Meilleurs effets spéciaux: La planète des singes: les origines

- Meilleur son: Harry Potter et les reliques de la mort, 2e partie

- Meilleur dessin animé: Rango

- Meilleur film d'action: Drive

- Meilleure comédie: Mes meilleures amies

- Meilleur film en langue étrangère: Une séparation

- Meilleur film documentaire: George Harrison: Living in the Material World

- Meilleure chanson: Life's a Happy Song (The Muppets)

- Meilleure musique: The Artist

Que Justice soit faite: la vengeance est un film qu’on sort du frigo

Posté par geoffroy, le 21 décembre 2010

Synopsis : Dix ans après le meurtre de sa femme et sa fille, un homme se dresse contre le procureur en charge du procès des meurtriers, pour obtenir lui-même la justice. Sa vengeance menace tout aussi bien l'homme qui leur a accordé la clémence, que le système et la ville elle-même.

Notre avis: Que Justice soit faite est sorti aux Etats-Unis le 16 octobre 2009. Soit plus d’un an déjà. Une telle situation est assez rare pour ce type de film habitué, il est vrai, aux rayons des DTV (direct-to-vidéo). Mais pas ici. La faute à qui ? Aux 70 millions de dollars récoltés sur le sol américain comme aux deux stars que sont Gérard Butler et Jamie Foxx. Bon, faut pas vous le cachez, le film est très moyen. Médiocre même. Mais pas plus mauvais que certains blockbusters estivaux placardés à grand renfort de marketing. D’ailleurs on se demande toujours pourquoi le distributeur a décidé de sortir au cinéma un long-métrage calibré pour le home cinéma, une part de pizza sur les genoux et une canette de bière dans la main.

Que Justice soit faite parle de vengeance. Mais pas n’importe laquelle. Il s’agit d’une vengeance froide, maturée pendant dix ans, suite au massacre de la famille de Gérard Butler. Celui-ci, sous les barreaux, organisera sa propre vendetta. Elle sera sanguinaire, gratuite, violente, absurde. Prototype du film prétexte qui consiste à utiliser, bien maladroitement dans ce cas précis, un évènement perturbant pour en justifier son leitmotiv (la vengeance). Ici la loi du talion domine un métrage au ton des plus sérieux dans son approche critique d’une justice déficiente. Le réalisateur F. Gary Gray nous sert un plat réchauffé sans aucun intérêt puisque la dimension judiciaire est évincée au profit d’une accumulation de scènes grandiloquentes pour ne pas dire idiotes. Si certaines sont réussies d’un point de vue scénique elles ne portent jamais le film au-delà de l’honnête série B.

Dans ces conditions disons que Gérard Butler cabotine à qui mieux-mieux dans un rôle de sadique vengeur quasi intouchable, tandis que l’enquête, elle, patine en suivant un Jamie Fox fatigué dès les premiers plans. D’ailleurs tel n’est pas le propos d’un film défouloir n’allant pas, paradoxalement, au bout de son scénario. A défaut d’assister à un bon film on aurait pu, au moins, se réjouir devant un spectacle méchamment boursouflé et amoral. On aurait pu.

« Wall-E » réussit un exploit avec les critiques de Los Angeles

Posté par vincy, le 14 décembre 2008

C'est une première en 34 ans. Annoncée le 9 décembre, la liste des récipiendaires du prix des critiques de Los Angeles couronne un dessin animé. Wall-E succède à There Will Be Blood et dépasse l'autre finaliste, Batman : The Dark Knight. Le film de Christopher Nolan finit deuxième dans deux autres catégories - réalisateur et direction artistique - et ne remporte qu'un seul prix, posthume, pour Heath Ledger. Avec leurs collègues de New York, ils partagent leur goût commun pour Pénélope Cruz,  Sally Hawkins, Sean Penn et le documentaire Man on Wire. Clairement Slumdog Millionaire, Milk et Be Happy ont séduit les élites cinéphiliques du pays.

Meilleur film : Wall-E (finaliste : Batman The Dark Knight)

Meilleur réalisateur : Danny Boyle pour Slumdog Millionaire (finaliste : Christopher Nolan pour The Dark Knight)

Meilleur acteur : Sean Penn pour Milk
(finaliste : Mickey Rourke pour The Wrestler)

Meilleure actrice : Sally Hawkins pour Be Happy (finaliste : Melissa Leo pour Frozen River)

Meilleur second rôle masculin : Heath Ledger pour The Dark Knight (finaliste : Eddie Marsan pour Be Happy)

Meilleur second rôle féminin : Penelope Cruz pour Vicky Cristina Barcelona et Elegy (finaliste : Viola Davis pour Doute)

Meilleur scénario : Mike Leigh pour Be Happy (finaliste : Charlie Kaufman pour Synecdoche, New York)

Meilleure photo : Yu Lik-Wai pour Still Life (Anthony Dod Mantle pour Slumdog Millionaire)

Meilleure direction artistique : Mark Friedberg pour Synecdoche, New York (finaliste : Nathan Crowley pour The Dark Knight)

Meilleure musique : A.R. Rahman pour Slumdog Millionaire (finaliste : Alexandre Desplat pour L'étrange histoire de Benjmain Button)

Meilleur film en langue étrangère : Still life de Jia Zhang Ke (finaliste : Entre les murs de Laurent Cantet)

Meilleur documentaire : Man on Wire (finaliste : Valse avec Bashir)

Meilleur film d'animation : Valse avec Bashir

Meilleur nouveau talent : Steve McQueen pour Hunger

Slumdog Millionaire remporte le premier prix de la saison

Posté par vincy, le 5 décembre 2008

slumdogmillionaire.jpgLa saison des prix américains,  longue route vers les Oscars, a commencé hier avec la tradtionnelle remise des prix du National Board of Review (Conseil national des critiques créé en 1909, composé de professeurs de cinéma essentiellement).

Le film de Danny Boyle, Slumdog Millionaire, a remporté le prix du meilleur film. Avec son prix du public au Festival de Toronto, cela lui donne un atout supplémentaire dans les campagnes marketing en vue de décrocher des nominations aux Golden Globes et aux Oscars.  En quinze ans, cependant, seuls cinq films ont gagné le prix du NBR  puis l'Oscar. C'était le cas, notamment, l'an dernier avec No Country for Old Men.

Le reste du palmarès lance aussi les premiers favoris dans les autres catégories, ou, en tout cas, ceux qui risquent d'être incontournables dans la saison des prix.
- Meilleur réalisateur : David Fincher (L'étrange histoire de Benjamin Button)

- Meilleur nouveau réalisateur : Courtney Hunt (Frozen River)

- Meilleur acteur : Clint Eastwood (Gran Torino)

- Meilleure actrice : Anne Hathaway (Rachel getting married)

- Meilleur second rôle masculin : Josh Brolin (Milk)

- Meilleur second rôle féminin : Penélope Cruz (Vicky Cristina Barcelona)

- Meilleure révélation masculine : Dev Patel (Slumdog Millionaire)

- Meilleure révélation féminine : Viola Davis (Doubt)

- Meilleur casting : Doubt

- Meilleur scénario : Nick Schenk (Gran Torino)

- Meilleure adaptation : Simon Beaufoy (Slumdog Millionaire) et Eric Roth (L'étrange histoire de Benjamin Button)

- Meilleur film d'animation : Wall-E

- Meilleur film en langue étangère : Mongol (Russie, déjà finaliste ax Oscars 2008)

- Meilleur documentaire :  Man on wire