Vesoul 2013 : Jiseul d’O Muel et With you, without you de Prasanna Vithanage se partagent le Cyclo d’or

Posté par MpM, le 13 février 2013

vesoul 2013

Le jury du 19e Festival international des Cinémas d'Asie, composé de Garin Nugroho, Goutam Ghose, Sam Ho et Baran Kosari, n'a pas su trancher entre Jiseul d'O Muel (Corée du Sud) et With you, without you de Prasanna Vithanage (Sri Lanka) qui se partagent donc la récompense suprême, à savoir le Cyclo d'or.

Le premier revient sur le massacre organisé en 1948 sur l'île coréenne de Jeju (voir notre rencontre avec le réalisateur O Muel) tandis que le second, également récompensé par le jury NETPAC, est l'adaptation d'une nouvelle de Dostoïevski transposée dans la réalité contemporaine, "portrait à la fois intense et poétique d'une vie conjugale traumatisante", reflétant "les ravages des conflits ethniques et de la guerre civile" a précisé le grand jury.

Les autres prix ont globalement été bien répartis entre les différents films, récompensant au final la majorité des longs métrages de fiction présentés.

Le palmarès complet

Cyclo d'or
Jiseul de O Muel (Corée du Sud)
With you, without you de Prasanna Vithanage (Sri Lanka)

Prix NETPAC
With you, without you de Prasanna Vithanage (Sri Lanka)

Prix Emile Guimet
Bwakaw de Jun Robles Lana (Philippines)

Prix INALCO
Atambua 39°Celsius de Riri Riza (Indonésie)

Coup de cœur INALCO
Modest reception de Mani Haghighi (Iran)

Prix du public long métrage de fiction
All apologies d'Emily Tang (Chine)

Prix du Jury Lycéens
Bwakaw de Jun Robles Lana (Philippines)

Prix du public du film documentaire
Le lotus dans tous ses états de Philippe Rostan (Vietnam - France)

Prix Jury Jeunes
Le cercle de Rémi Briand (Inde - France).

Crédit photo : Michel Mollaret

Vesoul 2013 : Rencontre avec O Muel, le réalisateur de Jiseul

Posté par kristofy, le 12 février 2013

Présent en compétition de ce 19e FICA de Vesoul, le film Jiseul du réalisateur O Muel a su faire sensation auprès des spectateurs. Il aborde une page d’histoire méconnue de Corée où l’ordre fût donné aux soldats de tuer les résidents de l’île de Jeju désignés comme communistes : environ 30 000 civils ont ainsi été tués.

Les militaires ont pourchassé les villageois qui n’étaient pas partis jusque dans les grottes où ils se terraient, cachés pendant plusieurs semaines en subsistant avec quelques pommes de terre (que désigne le mot Jiseul). Le film Jiseul tout en noir et blanc très esthétique et très graphique joue avec différents éléments visuels : une fumée qui se dissipe montre plus de détails, des gros plans de visages se détachent sur un fond sombre qui fait abstraction du décors, des plans larges de paysages enneigés isolent les personnages...

On suit un groupe de villageois réfugiés dans une grotte et un groupe de militaires en opération. Jiseul est un film de guerre avec une dimension universelle, qui parvient à réunir dans certaines situations un peu d'humour noir burlesque et rendre compte à la fois des différents comportements face aux horreurs subies.

Il a reçu le Grand prix du jury au dernier Festival de Sundance et 4 prix à celui de Pusan.

Rencontre avec le réalisateur O Muel :

Ecran Noir : Le film évoque les massacres de Jeju dont l’histoire est quasiment ignorée par tout le monde, y compris par la majorité des coréens. Comment est-il possible qu'autant de milliers de morts aient été quasiment oubliés ?

O Muel : C’est un évènement historique pendant lequel les responsables qui ont ordonné ce massacre ont vu des proches de leur sensibilité politique se succéder au pouvoir. Le gouvernement ne voulait pas que l’ampleur de tout ceci soit révélée. Il ne fallait pas parler de cet évènement et son histoire a été oubliée, avant 1990 le fait de mentionner un massacre de tant de milliers de personnes était réprimandé. La Corée du Sud était gouvernée par un régime militaire pendant lequel il y a eu un autre massacre important plus tard, celui du la répression du18 mai 1980. La seule issue pour libérer la parole a été une alternance politique. A la tête du pays, en 1990, est arrivé au pouvoir un gouvernement de gauche, et on pouvait plus parler du passé. Puis il y a dix ans est arrivé le gouvernement aussi de gauche du président Roh Moo-hyun, qui a présenté au nom de l’Etat les excuses de la Corée pour ces morts de Jeju, environ cinquante ans après les évènements donc. Mais après son mandat, il y a eu de nouveau un gouvernement de droite qui a stoppé toutes les subventions promises par le gouvernement précédent au mémorial de Jeju.

EN : Jiseul est filmé en noir et blanc avec quelques effets graphiques, en quoi l’impact est plus fort que des images en couleurs plus réalistes?

O Muel : Les spectateurs ont une certaine habitude de voir l’histoire du passé en noir et blanc. Par ailleurs je voulais parler de ces évènements au-delà de l’apparence de Jeju, qui est en fait une île touristique pleine de couleurs splendides. Je voulais tendre vers une vérité qui dépasse les couleurs d’une reconstitution. Dans la peinture coréenne, où on utilise une encre noire, il y a en fait dans le noir et blanc beaucoup de nuances. Ces degrés de variations en noir et blanc pour les images du film sont aussi synonymes de tristesse.

EN : Le film semble rythmé avec différents sous-titres (‘la recherche spirituelle’, ‘là où les esprits reposent’, ‘nourriture à la mémoire des morts’), c’est une forme de prière en hommage aux morts ?

O Muel : Cette structure du film vient en effet d’un culte traditionnel pour les morts, ce culte est encore suivi aujourd’hui. A la fin du culte on fait brûler une bande de papier avec dessus le nom du défunt et son métier, c’est un signe pour laisser l’esprit partir en paix. Le film raconte autant sur le fond que sur la forme l’histoire de ces milliers de personnes qui ont trouvé la mort.

EN : Jiseul a gagné de multiples prix à Busan avant d’être découvert à l’étranger comme à Sundance (grand prix), Rotterdam et maintenant Vesoul avant même la sortie du film en Corée fin mars…

O Muel : J’espère que ces expériences de festivals vont aider à une meilleure distribution du film. Certains spectateurs vont apprendre quelque chose sur un aspect inconnu de la Corée à partir du film. Mais Jiseul n’est pas seulement un film qui décrit ce qui s’est passé, ce n’est pas une leçon historique. C’est les violences d’une guerre. Je suis ravi que ça soit un film de cinéma qui puisse plaire autant dans d’autres pays.

Vesoul 2013 : Rencontre avec Kamila Andini

Posté par kristofy, le 11 février 2013

Vesoul 2013Le 19e Festival International des Cinémas d'Asie de Vesoul propose un Regard sur le cinéma indonésien composé de 22 films, du classique Après le couvre-feu de Usmar Ismail datant de 1954 à la première de The Blindfold, le dernier film de Garin Nugroho, le président du jury.

« Le cinéma indonésien est en pleine renaissance et fait preuve d'une grande effervescence créative » a ainsi expliqué Jean-Marc Thérouanne, délégué général du FICA de Vesoul. Des premiers films de jeunes cinéastes qui feront le cinéma indonésien de demain sont d'ailleurs présentés durant la semaine.

La jeune réalisatrice Kamila Andini est l'un de ces nouveaux talents à suivre en Indonésie. Son premier film The mirror never lies s’intéresse aux ‘gitans de  la mer’, la tribu Bajo dans le petit archipel de Wakatobi; dont le mode de vie est d’ailleurs méconnu de la plupart des Indonésiens. Il s’agit de nomades qui font de la mer leur maison, et qui ont construit au milieu de la mer des huttes sur pilotis au-dessus de l’eau. Cette communauté s’étend d’ailleurs jusqu’en Malaisie et aussi aux Philippines (là où d’ailleurs Brillante Mendoza a filmé son dernier film Thy Womb).

The mirror never lies suit une fillette d’une douzaine d’année qui voudrait voir dans un petit mirroir un reflet de son père, signe qu’il n’est pas mort après avoir disparu en mer. En parallèle, son meilleur ami voudrait lui dire qu’il est amoureux d’elle en utilisant la chanson d’un copain, sa mère dissimule ses émotions avec de la poudre blanche sur le visage, et un étranger en provenance de Jakarta arrive chez eux et dans leurs vies…

Rencontre avec la réalisatrice Kamila Andini.

Ecran Noir : La production de votre film The mirror never lies a duré 3 ans avant son tournage, quelles en ont été les étapes ?

Kamila Andini : En tant que cinéaste indépendante qui faisait son premier long métrage, le premier objectif était de trouver le financement, ce qui est difficile quand c’est un premier film, ça a pris beaucoup de temps. La deuxième chose concernait le lieu de tournage du village en mer qui est en fait plutôt éloigné de l’Indonésie. Pour mes recherches et la préparation j’ai fait plusieurs voyages aller-retour entre là-bas et le pays. A un moment où on était prêt à commencer le tournage il y a eu des complications de la météo, il nous fallait un beau temps calme et ensoleillé et il y a eu des tempêtes et plusieurs ouragans. La météo a ainsi été une cause de report du tournage à l’année d’après. Or, les enfants initialement choisis avaient changé et mué, on a dû recaster des enfants deux semaines avant de tourner.

EN : Comment la tribu Bajo qui vit en pleine mer a réagi en voyant arriver une équipe de cinéma ?

KA : Mes différents voyages chez eux ont justement permis une connexion de confiance avec eux avant le tournage, j’avais une petite caméra pour filmer des choses et le leur montrer ensuite, ils savaient ce que je faisais et que je voulais réaliser un film avec eux. La deuxième année ils attendaient que le tournage commence, ils étaient très content d’en faire partie, ce sont ceux qui y vivent qui sont mes acteurs. Le bouclage du financement tardait et eux me demandaient quand les gens de Jarkarta viendraient filmer. Notre équipe était composée de 25 personnes venant de Jakarta et les autres personnes de l’équipe étaient des pêcheurs. Plusieurs scènes du film sont devenues meilleures que ce que j’avais imaginé grâce à la participation des Bajo. Pour un endroit où j’avais besoin d’un bateau, il y en avait une cinquantaine qui arrivaient pour participer, du coup j’ai une longue file de bateaux à l’image et c’est magnifique. Pour moi le film c’est moins mon travail que notre travail collectif avec eux

EN : Ces enfant de l’île s’imaginent quitter la mer pour un jour aller dans les villes du continent, tandis que la plupart des gens en Indonésie ignorent tout de la façon de vivre de ces gens sur la mer, et pourtant certaines personnes comme vous rêvent d’aller là-bas…

KA : Oui, chaque endroit est en quelque sorte une oasis pour les gens d’un autre endroit, tout le monde s’imagine un ailleurs plus agréable. La perception de ce qui est mieux est différente pour chacun. Le plus grand problème des enfants de la mer est qu’ils n’ont vraiment pas beaucoup d’options pour ce qui est de quoi faire quand ils grandiront, c’est soit pêcheur ou soit enseignant pour d’autres enfants. C’est pour ça que les jeunes veulent aller dans une ville ou même dans un autre pays, ils souhaitent quelque chose de nouveau à vivre. Pour moi, en tant que femme qui vit dans une ville très urbaine, quand j’arrive chez eux je me dit que le bien-être est là-bas. Eux, ils n’ont pas vraiment besoin d’argent pour vivre, la nourriture est vraiment sous leur pied avec les poissons. Dans une ville on est dépendant de beaucoup de choses pour vivre, eux n’ont pas ce genre de besoin ce qui les rend peut-être plus libre, ils ont une sorte d’indépendance que j’aime, et particulièrement la relation qu'ils ont avec la nature.

EN : Pour votre second film The Seen and Unseen vous avez le soutien de la Résidence Cinéfondation du Festival de Cannes, ça se passe comment ?

KA : Il y a une centaines de postulants et ils choissent moins d’une dizaine de projets pour ensuite retenir six cinéastes qu’ils vont aider avec un séjour à Paris, un peu comme une bourse. Cette année il y a moi d’Indonésie, une personne du Costa Rica, du Brésil, un américain qui vit en Chine, un autre du Sri-Lanka, et aussi du Kirghizstan. Ils nous donnent accès à tous les cinémas, moi en Indonésie je ne peux pas voir autant de films différents. Ici à Vesoul c’est extraordinaire de voir autant de films de chaque partie de l’Asie alors j’en profite pour en voir beaucoup. En Indonésie, je n’ai jamais eu l’occasion de voir tous ces films du festival, chez moi il n’y a pratiquement aucun film de pays voisins. Vivre un peu en France avec cette Résidence je découvre d’autres films, et aussi l’art en général comme les peintures des musées, ça aide beaucoup pour notre créativité, on peut rencontrer différentes personnes qui travaillent dans le cinéma comme des producteurs ou des distributeurs. D’ailleurs mon film The mirror never lies n’a pas de distributeur français, alors qu’il y en a un par exemple pour une sortie au Japon. C’est difficile pour un film asiatique d’avoir un distributeur européen, j’espère que ça sera le cas pour mon prochain film.

Vesoul 2013 : Sinema Indonesia, un cinéma en suspens

Posté par kristofy, le 10 février 2013

Vesoul 2013Le 19e FICA de Vesoul a su organiser une sélection unique avec le Regard sur le cinéma indonésien : 1954 – 2013 dont son délégué général Jean-Marc Thérouanne souligne qu'elle est  "la première depuis 30 ans en France' et constitue "l'événement majeur du festival avec 22 films clés de l'histoire cinématographique de l'Indonésie".

Cette rétrospective unique en son genre a été accompagnée pour l’occasion du documentaire tout aussi unique Sinema Indonesia, un cinéma en suspens réalisé par Bastian Meiresonne et qui pour la première fois aborde le cinéma indonésien en mettant en perspective à la fois les problématiques de son passé et les perspectives futures. On y trouve notamment des interventions de Riri Riza (Atambua 39° celcius) et de Gareth Evans (The Raid).

Plusieurs générations de cinéastes indonésiens invités Garin Nugroho à montrer leurs films à Vesoul, dont Garin Nugrobo (The blindfold) [photo de droite], Kamila Andini (The mirror never lies), Nia Dinata (Love for share) et Sammaria Simanjuntak (Demi ucok), se sont par ailleurs réunis lors d’une table ronde publique pour mieux faire connaître le cinéma de leur pays .

Depuis les années 1910, époque de l’adaptation de pièces de théâtre et de légendes populaires, le cinéma indonésien a gagné en popularité. Après la guerre et l’indépendance du pays, la plupart des films se partageaient entre deux courants : le cinéma au service du gouvernement, et le cinéma commercial de divertissement.

Le nombre de films produits chaque année a progressivement baissé pour deux raisons : l’arrivée des films américains et ceux de Hong-Kong qui étaient beaucoup mieux et visibles gratuitement à la télévision, et les règles imposées par le gouvernement pour autoriser la production de films. Pendant longtemps, il a fallu d’abord soumettre son scénario à un comité, puis demander l’obtention d’une autorisation de tournage (avec des techniciens imposés), et enfin soumettre le film terminé à un autre comité…

Ainsi, jusqu’au début des années 2000, peu de films indonésiens se produisent et circulent. Pourtant, en moins de cinq ans, un renouveau s'est opéré (une vingtaine de films en 2002, plus de 80 films en 2008) en même temps que le retour du public dans les salles car les films sont bien meilleurs.

Néanmoins, l’Indonésie est toujours confrontée à un manque de structures à développer : il faut plus de circuits de distributions de films (les producteurs doivent eux-mêmes s’occuper de placer leurs films) et il faut plus de salles (environ 600 écrans pour plus de 260 millions d’habitants, une seule société gère tous les multiplexes). Bastian Meiresonne remarque même que ce sont les cinéastes de son documentaire et ceux invités à Vesoul qui font la promotion du cinéma indonésien et non le gouvernement du pays qui n’est pas assez impliqué dans la promotion et la défense de son identité culturelle (sur 2800 films produits depuis 1926 seulement 250 sont conservés dans une cinémathèque).

Garin Nugrobo se souvient de l’époque où faire un film était un combat :  "On n’était ni libre de choisir ses techniciens ni libre d’envoyer nos films dans des festivals étrangers, il fallait passer par les ambassades. Les années 90 ont été une période de transition économique, politique, et cinématographique. Pour faire des films il fallait dire Non au gouvernement. En 1998 mon film Feuille sur un oreiller a été sélectionné à Cannes mais je n’y suis pas allé car  je faisais parti du mouvement pour la destitution de Soeharto au pouvoir depuis 20 ans. On n’avait pas non plus accès aux connaissances du monde et pas aux films d’ailleurs. En 1994, j’ai reçu un prix dans un festival où dans le jury il y avait Quentin Tarantino et Pedro Almodovar, mais je ne savais pas qui ils étaient à ce moment-là."

Sammaria Simanjuntak est confrontée à d’autres difficultés : "pour produire mon film j’ai fait appel au crowfunding avec la participation au budget des internautes, mon film n’est pas assez commercial pour l’Indonésie et il n’est pas assez exotique pour les festival." Kamila Andini qui représente la nouvelle génération avec un second film en préparation à 26 ans a également une analyse pertinente : "Avant se posait la question de l’existence de notre cinéma, maintenant il s’agit de celle de sa consistance. On peut traiter de n’importe quel sujet mais il est difficile de s’imposer avec face à nous les films américains. On va se heurter au problème de la distribution de nos films face au poids de ceux de Hollywood et aussi face au poids grandissant d'internet où on peut tout trouver."

Vesoul 2013 : Leslie Cheung, 10 ans déjà…

Posté par kristofy, le 8 février 2013

C’est le dixième anniversaire de la mort de Leslie Cheung : le 1er avril 2003, l'acteur a basculé du 24ème étage de l’hôtel Mandarin Oriental de Hong-Kong. Un suicide qui a été un choc pour ses nombreux fanclubs, qui depuis se retrouvent chaque année pour des cérémonies en son souvenir à la même date. Leslie Cheung était une star très populaire (presque un équivalent à un Tom Cruise asiatique) à la fois chanteur à succès de canto-pop et acteur pour les plus grands réalisateurs. Il est mort à 46 ans après avoir été en haut de l’affiche avec les stars Tony Leung, Gong Li, Maggie Cheung…

Sa popularité en tant que chanteur fait qu’il est vite demandé au cinéma, tournant plusieurs films par an au début des années 80. Il sera désormais un acteur connu et reconnu à l’international grâce aux deux immenses succès de Le syndicat du crime de John Woo en 1986 suivi de Histoire de fantômes chinois de Tsui Hark en 1987, et leurs suites Le syndicat du crime 2 en 1987 et Histoire de fantômes chinois 2 en 1990. Il retrouvera encore John Woo avec Les associés en 1991 et encore Tsui Hark avec Le festin chinois en 1995, avec entre-temps Rouge de Stanley Kwan en 1988.

Leslie Cheung est aussi un acteur fidèle de Wong Kar-Wai dans Nos années sauvages en 1990, Les cendres du temps en 1994, et Happy together en 1997 qui ose aborder le sujet tabou au cinéma en Chine d’une histoire d’amour entre deux hommes (lui-même ayant d’abord démenti puis affiché son homosexualité). Il avait surtout incarné un personnage travesti dans Adieu ma concubine de Chen Kaige (Palme d’or à Cannes en 1993), qu’il retrouva en 1996 pour Temptress moon. En 1990 il annonce arrêter la musique et les concerts, mais il chantera la chanson du film La mariée aux cheveux blancs de Ronny Yu en 1993 dont le succès l’incite à un come-back musical et à refaire des disques. Son dernier film Inner senses commence comme un film de fantôme et se termine en mélodrame romantique, on y voit un suicide du haut d'un immeuble... qui résonne de manière étrange avec la mort de Leslie Cheung.

Le FICA de Vesoul propose pour ce dixième anniversaire de sa disparition 10 films emblématiques de sa carrière (dont deux inédits). On conseille en plus de trouver et découvrir Viva Erotica (1996) de Yee Tung-sing qui montre les coulisses chaotiques d’un tournage de film où Leslie Cheung joue le rôle d’un personnage assez proche de lui lors de son premier tournage de film près de vingt ans auparavant...

1986 : Le Syndicat du crime 1 de John Woo
1988 : Rouge de Stanley Kwan
1990 : Nos années sauvages de Wong Kar-wai
1993 : Adieu ma concubine de Chen Kaige
1993 : La mariée aux cheveux blancs de Ronny Yu
1994 : Les Cendres du temps de Wong Kar-wai
1995 : Le Festin Chinois de Tsui Hark
1996 : Shanghai Grand de Man Kit-poon, inédit
1997 : Happy Together de Wong Kar-wai
2002 : Inner Senses de Law Chi-leung, inédit, le dernier film de Leslie Cheung.

Toutes les cinéphilies asiatiques mènent à Vesoul

Posté par kristofy, le 6 février 2013

Vesoul, la préfecture de la Haute-Saone, devient une nouvelle fois une capitale du continent asiatique. La 19e édition du Festival International des Cinémas d'Asie (FICA) de Vesoul se déroule jusqu'au 12 février, soit une semaine de rencontres et de découvertes autour de 90 films. Les films se partagent entre huit sections, dont bien entendu des longs-métrages inédits (17) en compétition pour remporter le Cyclo d’or du jury.

On y attend des réalisateurs de tout horizon comme Reis Celik (turc), Nia Dinata (indonésienne), Mani Haghighi (iranien), Kobayashi Masahiro (japonais), Riri Riza (indonésien), Emily Tang (chinoise), Prasanna Vithanage (sri lankais)…

Le réalisateur coréen O Muel sera présent pour son film Jiseul sélectionné en compétition : celui-ci vient d’ailleurs tout juste d’être primé d’un grand prix du jury au festival américain de Sundance (la première fois qu’un film coréen remporte cette récompense). Jiseul sera vu à Vesoul avant sa sortie en salles de Corée du Sud prévue fin mars.

Le jury est présidé par le réalisateur indonésien Garin Nugroho, qui s'est vu remettre un Cyclo d'or d'honneur lors de la soirée d'ouverture hier soir.

Le FICA de Vesoul c’est aussi des films de Japanimation, une sélection de documentaires en compétition, des débats avec le public après les films... C'est le plus ancien et le premier Festival de cinéma asiatique, 30 000 spectateurs sont venus aux projections l’année dernière. Rendez-vous incontournable des passionnés de cinéma et de curieux des cultures asiatiques en général, Vesoul cette année encore propose un programme très riche :

Regard sur le cinéma indonésien : 1954 – 2013

Ce sont 22 films qui seront présentés dont 20 sont inédits, dont des films en présence de leurs auteurs Garin Nugrobo, Kamila Andini, Riri Riza, Nia Dinata, Sammaria Simanjuntak.

Cent ans de cinéma en Inde : 1913 - 2013

Le cinéma indien fête officiellement ses 100 ans d’existence, une célébration qui sera ensuite aussi reprise durant le prochain Festival de Cannes. A Vesoul c’est avec une dizaine de films et presque autant de langages : marathi, hindi, tamoul, manipuri, bengali, oriya, malayalam, kannada, assamais !

Francophonie d’Asie : L’Arménie et les studios Armenfilm

Depuis quelques mois, en octobre 2012, l’Arménie est désormais membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie (avec le Cambodge, le Laos, le Liban et le Vietnam). Vesoul propose donc une introduction à ce cinéma avec 7 films phares des studios Armenfilm avec en particulier les années 60-70…

Thématique : Sur les routes d’Asie

18 films qui ont comme thématique celle du voyage

Hommage à Leslie Cheung (1956 – 2003) (photo)

Dix ans après la mort de l’acteur Leslie Cheung, le Fica lui rend hommage à travers 10 films emblématiques de sa carrière qui sont en même temps devenu pour la plupart des classiques à voir et à revoir : ils sont signés notamment par John Woo, Wong Kar-Wai, et Tsui Hark !

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19 édition du Festival international des cinémas d'Asie de Vesoul
Du 5 au12 février
Informations et programme sur le site de la manifestation

Vesoul 2013 : qui est Garin Nugroho ?

Posté par MpM, le 5 février 2013

Garin NugrohoTraditionnellement, le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul rend hommage à un cinéaste réputé dont il propose de (re)découvrir une partie de l'œuvre. Cette année, il s'agit du réalisateur indonésien Garin Nugroho, par ailleurs président du jury international, et dont trois films sont projetés dans le cadre du regard sur le cinéma indonésien. Il recevra un Cyclo d'or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière lors de la cérémonie d'ouverture du festival qui se tient ce mardi.

Peu connu du grand public, Garin Nugroho est l'une des figures incontournables du cinéma indonésien contemporain. D'abord tourné vers le documentaire, il réalise sa première œuvre de fiction en 1991, Love in a slice of bread, qui se distingue par une narration inhabituelle et un érotisme latent. C'est un échec commercial, mais il marque le renouveau d'un cinéma indonésien moribond grâce à sa sélection dans de nombreux festivals internationaux. Après l’essoufflement de la production nationale à la fin des années 80, notamment à cause de la suppression des quotas de films importés, Nugroho permet ainsi le grand retour du cinéma indonésien sur la scène mondiale.

Ses deux films suivants connaissent globalement le même destin : Letter to an angel (1993) et And the moon dances (1995) ont une belle carrière dans les festivals internationaux mais ne sortent même pas en Indonésie, où le public trouve le cinéma de Nugroho relativement indigeste. Il aborde pourtant des sujets typiquement indonésiens, comme les cultures locales et le choc entre ces cultures et le phénomène de mondialisation.

Tout change en 1998 avec son quatrième film, Feuille sur unoreiller, présenté dans la section Un certain Regard du festival de Cannes, puis distribué sur les écrans français. Il devient le premier film indonésien distribué en France et, bénéficiant de l'aura cannoise, connaît même un succès notable dans son pays. Cette fois, Nugroho s'inspire de faits réels et fait tourner des gamins des rues qui jouent leur propre rôle. On retrouve surtout dans l'un des rôles principaux l'actrice et productrice Christine Hakim.

En 2006, le cinéaste est de retour à Cannes avec Serambi, présenté à nouveau à Un certain regard où il fait l'objet d'une polémique. Le film, qui décrit l'après Tsunami dans la province indonésienne d'Aceh, est jugé de mauvaise qualité. Cela n'empêche pas Nugroho de réaliser en parallèle le film qui est considéré comme son meilleur : Opera Jawa (photo de droite), un film musical à grand spectacle, qui transpose le Ramayana, poème épique indien, dans la vie contemporaine. Il s'agit d'une commande du metteur en scène Peter Sellars, dans le cadre du "New Crowned hope Festival", pour célébrer le 250e anniversaire de la naissance de Mozart. En 2011, le film devient un spectacle mis en scène par le cinéaste lui-même au Musée du Quai Branly de Paris.

Car Garin Nugroho refuse de se cantonner à une discipline. Féru de cultures indonésiennes et de philosophie, il se passionne aussi bien pour la danse, la musique et la photo que pour la peinture et le cinéma. Il est également très attaché à parler des réalités concrètes et actuelles de son pays. Ainsi, The blindford, son dernier film (photo de gauche), présenté à Vesoul en avant-première, aborde frontalement l'existence de l'Indonesian Islamic State, un mouvement indonésien islamiste illégal et aux méthodes de recrutement agressives. Une œuvre qui, au vu de l'actualité, fera forcément parler d'elle lors de sa sortie sur les écrans français... et l'occasion de continuer à promouvoir le cinéma indonésien, qui tient avec Garin Nugroho l'un de ses plus importants chefs de file.