Vaclav Havel (1936-2011), un film et puis s’en va…

Posté par vincy, le 19 décembre 2011

Sa vie pourra sans doute inspirer un biopic. Vaclav Havel, décédé le 18 décembre à l'âge de 75 ans, aura été un grand auteur de théâtre, un philosophe et poète, mêlant l'absurde et les réflexions plus politiques, un dissident au régime communiste, qui fut incarcéré durant près de 4 ans, et un Président de la République Tchèque durant plus de 13 ans.

Et s'il se trouve ici même, sur nos pages, c'est qu'il a aussi un lien avec le cinéma. Sa famille, déjà distributrice de films, était même propriétaires de studios de cinéma, les légendaires Studios Barrandov, près de Prague. Ils furent agrandis par les Nazis, nationalisés par les communistes. Entre leur ouverture en 1933 et les années 90, des cinéastes comme Milos Forman et Jan Kadar y tournèrent. Les productions tchèques, de moins en moins nombreuses après la "Révolution de Velours" qui amena Vaclav Havel au pouvoir, ont alors laissé la place aux grosses productions hollywoodiennes : Mission : Impossible, La Mémoire dans la peau, Casino Royale... Barbra Streisand y tourna Yentl, Milos Forman son Amadeus, Jean-Jacques Annaud Stalingrad et Alexander Sokourov réalisa Faust, récent Lion d'or à Venise.

Mais Havel n'en héritera pas : son père et son oncle, propriétaires, se sont vus déposséder de tous leurs biens immobiliers lors de l'arrivée des communistes au pouvoir.

Un scénario coécrit avec Milos Forman

Il attendra le crépuscule de sa vie pour revenir au cinéma. En 2004, il incarne le Président dans Up and Down (Horem padem), comédie dramatique de Jan Hrebejk. En 2011, il fait une participation dans Czech-Made Man de Tomas Rehorek. Si ses pièces ont souvent fait l'objet de captations pour la télé, on soulignera que sa version de L'opéra de quat'sous a été filmée pour le cinéma par Jiri Menzel (1991).

Cette année encore, il avait écrit avec (et pour) Milos Forman l'adaptation du roman de Georges-Mac Benamou, Le fantôme de Munich, qui devrait sortir en 2013.

Mais Vaclav Havel est surtout passé à la réalisation, son rêve depuis toujours. Son premier film Sur le départ (Odchazeni) (voir la bande annonce en anglais) est l'histoire absurde d'un chancelier qui s'apprête à quitter le pouvoir. Il est adapté de la propre (et ultime) pièce de Vaclav Havel. Le film est sorti fin mars en république Tchèque, avant d'être sélectionné au début de l'été au Festival de Moscou, en compétition, puis à Karlovy Vary, le festival international le plus réputé de Tchéquie.

L'accueil a pourtant fait du bruit dans son pays. Depuis quelques années, il était de bon ton de critiquer - ah, l'ingratitude des citoyens ! - cet ancien politicien qui avait permis à son pays de devenir libre (et capitaliste). Le cinéaste en a fait plus douloureusement les frais. Une icône attaquée : le combat fut rude entre ses admirateurs et ses détracteurs. Le film a été l'étincelle pour que tout explose. La polémique était aussi absurde que ses pièces le sont. Les critiques de cinéma ont dénoncé l'absence d'un bon scénario et une mise en scène médiocre qui ridiculisent l'ensemble. Toujours espiègle, Vaclav Havel revendique la farce. Et certains l'ont défendu en rappelant que la satire est parfois douloureuse et cruelle à accepter. «Le film Odcházení a un désavantage : celui d’être signé par Havel ce qui ne peut qu’alourdir sa situation » expliquait l'écrivain Ludvik Vaculik.

Le déchaînement de haine est au niveau de la passion qu'avait engendré la personnalité de cet homme qui n'aura cessé de faire tomber les rideaux et de s'affranchir des règles.

Mais il aimait aussi les symboles. L'avant-première mondiale s'est déroulée dans la salle de cinéma Lucerna, que son grand-père avait construite en 1909 en plein centre de Prague.

L’ex-président Vaclav Havel tourne son premier film

Posté par MpM, le 11 juillet 2010

L'ancien président tchèque Vaclav Havel, par ailleurs dramaturge, vient de débuter le tournage de son premier film. Il s'agit de l'adaptation de sa pièce Odchazeni (Sur le départ) dans laquelle un chancelier sur le point de quitter le pouvoir voit ses amis les plus proches le trahir et son successeur (peu scrupuleux) s'opposer à lui.

Pour sa première incursion dans le domaine du 7e art, Vaclav Havel a ainsi choisi un sujet en forme de règlement de comptes envers son propre successeur à la présidence, Vaclav Klaus. L'ancien dissident anti-communiste se défend toutefois de cette analyse et prétend au contraire s'être inspiré du destin des apparatchiks communistes autrefois chassés sans pitié de leurs postes prestigieux.

A 73 ans, il marche en quelque sorte sur les pas de son grand-père (qui avait construit la première grande salle de cinéma de Prague) et de son oncle, fondateur des principaux studios de cinéma tchèque.

Milos Forman et Vaclav Havel refont « L’accord de Munich »

Posté par vincy, le 11 septembre 2008

accordmunich.jpgEn septembre 1938, les accords de Munich, souvent considérés comme le début de la seconde guerre mondiale et comme un acte de trahison des grands pays vis-à-vis de la Tchécoslovaquie, a livré Prague aux Nazis.

Milos Forman, le cinéaste tchèque le plus connu et le plus récompensé au monde, a accepté de mettre en scène le scénario de Vaclav Havel.

L'ancien président de la République Tchèque, par ailleurs dramaturge, a décidé d'écrire l'adaptation cinématographique du livre de Georges-Marc Benamou (l'ex-collaborateur "culture" de Nicolas Sarkozy et le capricieux de la Villa Médicis), Le fantôme de Munich. Havel a déjà préfacé l'edition locale qui sera publiée à l'occasion des 70 ans de la signature de ces accords.