Berlin 2018 : Steven Soderbergh angoisse la Berlinale avec Unsane

Posté par MpM, le 21 février 2018

Steven Soderbergh est de retour à Berlin hors compétition, cinq ans après Effets secondaires, avec un nouveau thriller efficace et tendu dont la particularité est d’avoir été tourné avec un IPhone. Unsane est clairement dans l’air du temps puisqu’il suit le parcours de Sawyer Valentini (interprétée avec subtilité par Claire Foy), une jeune femme qui a dû fuir sa ville et ses amis après avoir été harcelée par un homme qui s’était épris d’elle. Toujours traumatisée, la jeune femme se rend dans une clinique privée pour une consultation psychologique, et se retrouve internée contre son gré.

Si le réalisateur américain ne révolutionne ni le cinéma, ni la série B avec cette histoire relativement classique d'une héroïne prise au piège d'un dangereux psychopathe, il propose un film à la fois anxiogène et divertissant qui ne manque pas de panache. Sa mise en scène très découpée et précise offre une grande fluidité au récit qui se déroule sans temps morts ni essoufflement. Le réalisateur est évidemment très fort pour ménager ses effets et donner le sentiment d'une machine infernale qui se referme peu à peu sur son personnage. Il lance ainsi plusieurs pistes de salut possible, avant de les refermer sèchement une à une jusqu'à placer Sawyer (Claire Foy, révélée par la série The Crown) dans une impasse mortifère dont elle est semble ne jamais pouvoir sortir.

Il est à ce titre intéressant de constater que le réalisateur lève assez rapidement l'ambiguïté sur l'existence réelle du harceleur pour se concentrer au contraire sur l'état mental de Sawyer, qui multiplie les crises de violence et les comportements déviants. Il y a chez elle une ambivalence qui persiste jusqu'à la toute fin, destinée à faire réfléchir le spectateur à la notion toute relative de "happy end". Il montre en substance les réalités de la vie d'une victime de harcèlement, à la fois lors d'un flash-back ahurissant de détails (et l'apparition réussie de Matt Damon en spécialiste de la protection) et dans la persistance des conséquences bien au-delà du danger réel.

Le film s'inscrit évidemment dans un climat social particulier, à une époque où les violences faites aux femmes et la notion de harcèlement sont clairement sur le devant de la scène, et il montre (avec la puissance mais aussi les faiblesses d'une oeuvre de fiction) ce que cela peut signifier concrètement au quotidien. Ce faisant, cela ne l'empêche pas de recourir aux codes du cinéma de genre (avec notamment une très prenante musique répétitive et des cadres inquiétants qui suggèrent la présence d'un prédateur aux aguets) et de proposer un film grand public, certes minimaliste, mais qui propose toutes les émotions fortes propres au thriller traditionnel.

Il allie ainsi une intrigue ancrée dans l'actualité à des choix formels facilement accessibles, et mêle à tout cela un regard extrêmement critique sur les dérives de la psychiatrie et sur l'exploitation éhontée des assurances maladies, thème qu'il avait déjà abordé dans Effets secondaires. Voilà sans doute pourquoi Unsane s'avère si impliquant émotionnellement. Pour le spectateur, c'est en effet comme se retrouver dans un cauchemar éveillé mêlant ses pires angoisses : être interné contre son gré, perdre le contrôle de son existence, frôler la folie et se retrouver à la merci de son pire ennemi. La recette n'est peut-être pas extraordinairement originale, mais elle porte une nouvelle fois ses fruits, et avec élégance.

Berlin 2018: Steven Soderbergh et Lav Diaz s’invitent dans la compétition

Posté par vincy, le 22 janvier 2018

La Berlinale a ajouté trois films à sa compétition:

  • Ang panahon ng halimaw (Season of the Devil) de Lav Diaz, avec Piolo Pascual, Shaina Magdayao
  • Museo (Museum) de Alonso Ruizpalacios, avec Gael García Bernal, Leonardo Ortizgris photo)
  • Unsane de Steven Soderbergh, avec Claire Foy, Joshua Leonard, Jay Pharoah, Juno Temple, Aimee Mullins, Amy Irving

7 Days in Entebbe de José Padilha, avec Rosamund Pike, Daniel Brühl, sera lui présenté hors-compétition, tout comme le film bulgare Aga de Milko Lazarov.

Dans la section Berlinale Special, le festival de Berlin présentera The Happy Prince, premier film de Rupert Everett, avec Colin Firth et Emily Watson, et Unga Astrid (Becoming Astrid) de Pernille Fischer Christensen, avec Alba August et Trine Dyrholm.

La 68e Berlinale aura lieu du 15 au 25 février.

Rappel des films en compétition:
3 Tage in Quiberon (3 Days in Quiberon) de Emily Atef (Allemagne)
Ang panahon ng halimaw (Season of the Devil) de Lav Diaz (Philippines)
Damsel de David Zellner & Nathan Zellner (USA)
Don't Worry, He Won't Get Far on Foot de Gus Van Sant (USA)
Dovlatov de Alexey German Jr. (Russie)
Eva de Benoit Jacquot (France)
Figlia mia (Daughter of Mine) de Laura Bispuri (Italie)
Las herederas (The Heiresses) de Marcelo Martinessi (Paraguay) - premier film
In den Gängen (In the Aisles) de Thomas Stuber (Allemagne)
Isle of Dogs de Wes Anderson (Royaume Uni) – Animation (film d'ouverture)
Khook (Pig) de Mani Haghighi (Iran)
Mein Bruder heißt Robert und ist ein Idiot (My Brother’s Name is Robert and He is an Idiot) de Philip Gröning (Allemagne)
Museo (Museum) de Alonso Ruizpalacios (Mexique)
La prière (The Prayer) de Cédric Kahn (France)
Toppen av ingenting (The Real Estate) de Måns Månsson & Axel Petersén (Suède)
Touch Me Not de Adina Pintilie (Roumanie) - premier film
Transit de Christian Petzold (Allemagne)
Twarz (Mug) de Malgorzata Szumowska (Pologne)