Trois itinéraires touristiques pour découvrir la Rome de La Grande Bellezza

Posté par vincy, le 16 mars 2014

la grande bellezza toni servillo

Paolo Sorrentino, Oscar du meilleur film en langue étrangère, est devenu citoyen d'honneur de la ville de Rome. Il faut dire que La Grande Bellezza était une publicité ouverte à la dolce vita romaine. La capitale italienne en a donc profité pour lancer des parcours touristiques qui relient les lieux montrés dans le film. Paris est déjà doté de tels itinéraires (le plus connu est celui d'Amélie Poulain) tout comme Stockholm (avec la trilogie Millenium).

La Grande Bellezza, pour ceux qui ne l'ont pas vu, est un hymne à la grande beauté romaine, qui contraste avec le déclin intellectuel d'une ville devenue mondaine et bling bling. Le film était en compétition au Festival de Cannes l'an dernier.

Comme le rapporte l'AFP, le maire de la ville, Ignazio Marino, a remercié l'artiste qui a filmé aussi bien "la magie de Rome, son magnétisme et son âme sublime et intime, sa force évocatrice et symbolique" (lire aussi notre actualité Un film, une ville : La Grande Bellezza et Rome). L'élu n'a pas oublié de souligner la perte d'influence de Rome dans le monde cinématographiques : salles de cinéma qui ferment, baisse des tournages (et notamment absence de tournages internationaux), crise à Cinecitta...

la grande bellezza rome tourisme Ce dimanche 16 mars, la mairie inaugure donc trois parcours piétonniers dédiés au film, faisant étape au total dans une trentaine de lieux emblématiques. "A la découverte de La Grande Bellezza" en trois temps:

Itinéraire 1 (3 h)
- Palazzo dei Penitenzieri
- Palazzo Sacchetti
- Palazzo Taverna
- Palazzo Altemps
- Piazza Navona (Palazzo Pamphilj, Eglise Sant'Agnese in Agone)
- Palazzo Braschi
- Palazzo Spada
- Muraglioni del Tevere da Ponte Sisto
- Tempietto del Bramante
- Fontanone
- Gianicolo

Itinéraire 2 (3h)
- Terme di Caracalla
- Casa Pino Casagrande Aventino (non visitable)
- Santa Maria del Priorato
- Santa Sabina
- Giardino degli Aranci
- Anfiteatro Flavio Colosseo/ Casa Jep Gambardella
- Musée Capitolini
- Angelicum
- Palazzo Brancaccio
- Scala Santa
- Cimetière monumental de Verano

Itinéraire 3 (2h)
- Palazzo Barberini
- Via Bissolati
- Via Veneto
- Villa Medici
- Villa Giulia

Enfin, pour ceux qui veulent s'imprégner plus longuement sur ces sites mythiques, Costantino D'Orazio a écrit La Roma Segreta del film La Grande Bellezza (éditions Sperling & Kupfer). Le livre est sorti le 20 février, en italien, mais il est disponible en livre numérique sur les plateformes françaises (Apple, Amazon...).

Un film, une ville : Jérusalem

Posté par vincy, le 16 octobre 2013

Jérusalem à la Géode

Le documentaire IMAX de Daniel Ferguson, Jerusalem, sort aujourd'hui à la Géode (Paris). Très consensuel, de sorte à ne fâcher aucune des trois religions, il est représenté par trois jeunes filles jolies et innocentes - Revital, Farah et Nadia, respectivement juive, musulmane et chrétienne - (jusqu'au plan ultime où l'on rêve d'une réconciliation). Le film raconte à la fois l'histoire de la cité (la partie la plus intéressante, de son aspect archéologique à son angle patrimonial) et la coexistence des trois communautés religieuses (quid des athées?), sous leur aspect le plus positif (la partie la plus naïve). Dans le film, cependant, Jérusalem est bien coupée en deux, ignorant complètement sa partie cisjordanienne et évitant totalement le sujet de la colonisation des territoires palestiniens. Reste la beauté des plans à 180° et la lumière somptueuse que peut offrir le ciel du Proche-Orient.

Depuis 1897 et le Départ de Jérusalem en chemin de fer, court métrage documentaire d'Alexandre Promio, la ville est un décor de cinéma. Jérusalem, de par son poids historique, ne joue cependant aps dans la même catégorie que des villes comme Istanbul ou le Caire. La vitalité du cinéma israélien contribue heureusement à faire de Jérusalem une ville très présente sur le grand écran, que ce soit ses ruelles d'antan, ses faubourgs modernes ou ses lieux saints.

Peu de blockbusters hollywoodiens ont planté leurs caméras sur place. On peut signaler Le tombeau, avec Antonio Banderas, La passion du Christ de Mel Gibson ou Kingdom of Heaven, de Ridley Scott. Objet de documentaires comme Samsara ou Baraka, elle reste un joyau inépuisable pour les esthètes. Récemment, Jérusalem la moderne s'est dévoilée dans Une bouteille à la mer, Precious Life ou Le directeur des ressources humaines. Plus loin dans le temps, Hannah Arendt y a fait un voyage fondateur dans le film de Margareth Von Trotta. La communauté orthodoxe a été décrite sous un angle tabou dans Tu n'aimeras point. Des cinéastes comme Amos Gitai avec Free Zone ou Elia Suleiman dans Intervention divine ont réuni Jérusalem en passant le poste frontière entre sa partie israélienne et sa partie palestinienne.

L'an prochain, elle sera l'objet d'une déclaration d'amour avec Jerusalem, I Love You, assemblage de 5 courts métrages réalisés par Hiam Abbass, Joseph Cedar, Lawrence Kasdan, Brad Silberling et Jerry Zucker.

Cannes 2013 / Un film, une ville : Tanger

Posté par vincy, le 23 mai 2013

tom hiddleston tilda winton jim jarmusch tanger tangiers only lovers left alive

Jim Jarmusch à Tanger (et à Detroit). La vampire Tilda Swinton profite de cette ville mythique de la littérature et de la peinture, sillonnant les ruelles, profitant d'un café, mordant dans les veines de jeunes marocains quand elle n'a pas sa dose d'hémoglobine. De Peter Bowles à Henri Matisse, la lumière de Tanger, ville africaine qui fait face à l'Espagne, a attiré de nombreux grands artistes. Et il était logique que le cinéma s'en empare aussi. Jarmusch filme Tanger essentiellement la nuit dans Only Lovers Left Alive. Il la rend envoûtante et mystérieuse.

Tanger est une ville de tournage qui rassure : comme souvent, le Maroc sert d'alibi à des grosses productions qui cherchent un pays arabe pour des scènes qui ne se passent pas dans ce pays : ce fut le cas d'Inception, d'un James Bond comme Tuer n'est pas jouer, mais aussi de Cloclo (pourtant l'Egypte n'est pas si loin).

Le cinéma français a souvent planté ses caméras dans la ville. Dans quelques mois, Gibraltar va s'y dérouler. Normal, Tanger est face à la colonie anglaise de Gibraltar. C'est le carrefour des drogues et des migrations clandestines. André Téchiné a préféré donner une vision plus romanesque de la ville dans Les temps qui changent, avec Deneuve et Depardieu qui y retombent amoureux, et une vision plus réaliste et sociale dans Loin, avec Stéphane Rideau et Lubna Azabal. Un écrivain anglais, James, rappelle d'ailleurs l'ombre de Peter Bowles.

Pour adapter Bowles justement, Bernardo Bertolucci a servit Un thé au Sahara sur place, avant que ses personnages ne partent dans le désert. Tanger c'est le mythe de l'exotisme avant que la modernité et les voyages de masse ne réduisent le monde à quelques heures d'avion.

Mais la ville n'a jamais été aussi bien filmée que par Paul Greengrass dans le troisième épisode de Jason Bourne, La vengeance dans la peau. Moment crucial du film, Bourne (incarné par Matt Damon) ne flâne pas vraiment, mais on a le temps de profiter des quartiers populaires, des belles places ombragées, du souk et des toits de la ville à travers une périlleuse et très longue course-poursuite, qui se terminera avec une baston brutale dans une salle de bain. On est loin de la vision évaporée et romantique de Jarmusch.

Cannes 2013 / Un film, une ville : Bangkok

Posté par vincy, le 22 mai 2013

only god forgives bangkok ryan gosling

C'est au tour du danois Nicolas Winding Refn de nous perdre dans Bangkok, ville de débauche par excellence, dont la moiteur, les néons, les bordels et les embouteillages ont inspiré de nombreux films. Dans Only God Forgives, on passe d'un hôtel vertigineux - la terrasse a une vue imprenable sur la ville - aux ruelles sordides, d'un parc respirant le zen à des artères souvent désertes. Loin du Bangkok habituel...

Récemment, les compères de Very Bad Trip 2 ont subit tatouages, gangs et autres strip tease dans la capitale thaïlandaise, où se situait l'essentiel de l'action (et de la visite touristique). Escale (La plage) ou enfer des prisons (Bridget Jones : l'âge de raison, Bangkok aller simple), c'est aussi un lieu de prédilection pour des films d'action (Bangkok Dangerous, Bangkok Fighter) mais aussi érotique (Emmanuelle).

Sans compter que de nombreuses productions hollywoodiennes s'y tournent : Bangkok sert ainsi de décor pour remplacer des villes chinoises, vietnamiennes ou indonésiennes. C'est d'ailleurs là, sur le tournage de Stretch (où Bangkok joue à être Macao) que David Carradine a été retrouvé mort durant le tournage, dans sa chambre d'hôtel.

Cannes 2013 / Un film, une ville : Rome

Posté par vincy, le 21 mai 2013

la grande bellezza toni servillo

Rome, ville éternelle, capitale d'un cinéma autrefois glorieux, peut s'enorgueillir d'être l'une des rares cités de la planète à inspirer des titres de films : Rome ville ouverte, To Rome with Love, Vacances romaines, Fellini Roma etc... Logique que le cinéma italien de Fellini (La dolce vita est un hymne à la ville) à Scola, de Rosselini à De Sica, en passant par Moretti, s'en soit emparé, la filmant sous toutes ses coutures, en construction ou en fête.

Mais ce ne furent pas les seuls : William Wyler fit faire des tours de scooters à Audrey Hepburn et Gregory Peck, Woody Allen y tourna l'un de ses films européens, Daniel Day-Lewis s'y promena en voiture dans Nine, Jarmusch y passa une nuit dans Night on Earth, Julia Roberts y fait étape dans Mange Prie Aime, Tom Cruise ne put résister à son appel dans Mission Impossible III, Belmondo s'y balade en clown Piazza Navona dans Hold-up, le gang de braqueurs de Soderbergh ont voulu y faire un casse spectaculaire dans Ocean's 12, et Matt Damon et Jude Law y firent quelques méfaits dans Le talentueux Monsieur Ripley...

Et tant d'autres films qui tournèrent autour du Colisée, s'extasièrent devant le Vatican, admirèrent la Place d'Espagne ou la Fontaine de Trevi... Paolo Sorrentino à son tour lui déclare sa flamme dans La grande bellezza : terrasse avec vue sur le Colisée, promenade le long des forums romains, visite de jardins, promenade au lever du jour Piazza Navona, et d'autres détours par les Thermes de Caracalla. Il ne faudrait pas oublier le long générique de fin, où la caméra sillonne la ville, en naviguant sur le Tibre, entre quartiers du Trastevere et Château Saint-Ange. Rome sublimée. Une fois de plus.

Cannes 2013 / Un film, une ville : Tokyo

Posté par vincy, le 18 mai 2013

Tokyo Tel père tel fils kore-eda

La plus grande ville du monde n'a jamais cessé d'être un lieu de cinéma : ses différents quartiers, son aspect futuriste ou encore son statut de mégapole mondiale ont évidemment servi de décor à de nombreux films japonais, y compris des mangas, des Godzilla et le dernier Kore-eda, Tel père tel fils (en compétition cette année à Cannes). Le cinéaste filme l'aspect moderne de la ville : ses tours glaçées, son métro bondé, la tour Skytree (la plus haute du monde) au loin, ou encore ses quartiers plus résidentiels, presque tranquilles. Il rejoint ainsi les films dOzu qui aimait filmer les mutations post-guerre de cette tentaculaire urbanité.

Les cinéastes étrangers ne sont pas en reste : James Bond y a posé les pieds dans On ne vit que deux fois. Hollywood y a tourné un épisode de Fast and Furious (Tokyo Drift) et Cars 2 faisait aussi des tours de piste là bas. les films d'action, tels Jumper, Inception, ou plus loin dans le temps Black Rain de Ridley Scott se sont déroulés sur les toits ou dans les ruelles de la ville. Hou Hsiao-hsien (Café lumière) et Abbas Kiarostami (Like Someone in Love) ont exilé leur cinéma durant le temps d'un film. Les Français sont tout autant fascinés : Michel Gondry et Leos Carax (en compagnie du sud coréen Bong Joon-ho) ont réalisé un film en trois segments, Tokyo! ; Jean Reno y goûtait l'action sauce Wasabi. Gaspard Noe nous hypnotisait dans Enter the Void, qui fut en compétition à Cannes. Tout comme Babel d'Inarritu, qui y passait une partie de son film puzzle mondialisé.

Quintessence du monde moderne, et dépaysante pour les occidentaux, Tokyo aura surtout été magnifiée par Sofia Coppola. Avec Lost in Translation, la cinéaste se baladait dans Shinjuki, le quartier qui ne dort jamais, et transformé le Park Hyatt, qui occupe les étages les plus hauts d'un immense complexe de gratte-ciels, en attraction touristique. Avec Tokyo sous nos yeux, étendue à l'infini, et à jamais entrée dans l'histoire du 7e art.

Cannes 2013 / Un film, une ville : Mumbay (ou Bombay)

Posté par vincy, le 17 mai 2013

Bombay Talkies

L'Inde fête ses cent ans de cinéma cette année. Le Festival de Cannes lui rend hommage de multiples façons : une star dans le jury, plusieurs films dans diverses sélections, une légion d'honneur à Anurag Kashyap (Gangs of Wasseypur), ... Terre de cinéma par excellence, l'Inde a toujours fasciné le cinéma, de Calcutta à Pondichery, du Bengale au Rajasthan, de Goa à l'Himalaya. Renoir, Wes Anderson, David Lean, et même la franchise Jason Bourne ont profité des paysages exotiques du subcontinent.

Le cinéma indien est né à Bombay (devenue Mumbay officiellement). Bollywood a même donné son nom à un genre du 7e art. C'est ici qu'on trouve Film City, les R.K. Studios, et la plupart des maisons de productions en hindi, ourdou et marâthî. Paradoxalement, la capitale cinématographique du pays a peu attiré de cinéastes étrangers et a rarement été le décor de films. Satyajit Ray préférait ainsi Calcutta. Mira Nair aime Delhi. Et Skyfall a préféré finalement faire son ouverture à istanbul, trouvant le tournage trop compliqué dans la métropole indienne.

Hors-compétition, on pourra voir la ville dans Bombay Talkies (photo), assemblage de quatre films courts ; et à la Quinzaine, on a pu déambuler dans ses quartiers misérables ou populaires dans Ugly, le thriller jouissif d'Anurag Kashyap. Bombay était une étape du road-trip de Ethan Hunt dans Mission : Impossible IV. Le coeur de Salaam Bombay de Mira Nair. Le point de départ du voyage d'Anglade dans Nocturne Indien, d'Alain Corneau. Mais c'est la caméra de Danny Boyle dans Slumdog Millionaire qui a saisi le mieux tous les contrastes et tous les aspects de ce chaos urbain, entre bidonvilles et tours modernes : Bombay était (enfin) une star de cinéma dans un film au succès phénoménal.

Cannes 2013 / Un film, une ville : Beverly Hills & environs

Posté par vincy, le 16 mai 2013

The Bling Ring Los Angeles

Après New York, migrons vers la capitale du cinéma, Los Angeles, l'éternelle rivale américaine. On se concentrera sur la partie ouest de la métropole tentaculaire, là où Sofia Coppola a filmé The Bling Ring, entre les banlieues bourgeoises d'Agoura Hills et de Calabasas, et les quartiers chics de Brentwood, Bel Air et Beverly Hills. Maisons de banlieue cossues, plages à un quart d'heure de voiture, d'un côté de la montagne, villas chics et lieux tendances de l'autre. La réalisatrice nous décrit une ville aux larges avenues et aux rues sinueuses désertes, aux multiples boutiques et surtout, surtout, nous fait visiter les maisons les plus improbables de la région : architecture insolite, jardins mégalos, situations vertigineuses avec vues imprenables sur la ville, piscine obligatoire....

Rien de nouveau à l'Ouest : le shopping à Beverly Hills (sur Rodeo Drive) restera le terrain de jeu de Pretty Woman, les paysages entre la San Fernando Valley et Hollywood demeureront ceux de David Lynch dans Mulholland Drive. Des villas insolites, le cinéma en a souvent fait son décor de prédilection pour glorifier la richesse de son art et la folie de ses stars, de Sunset Boulevard à Drôles de dames. La bourgeoise locale et ses (déjà) "desperate housewives" ont été magnifiées dans Le Lauréat. Quant à la racaille du coin, on en avait déjà tâté des plus coriaces que ce gang de voleurs de bijoux, fringues et autres chaussures de luxe avec Le flic de Beverly Hills (et ses suites).

Cannes 2013 / Un film, une ville : New York

Posté par vincy, le 15 mai 2013

New York dans Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann

New York est cinégénique par définition. Woody Allen (avec son générique mémorable de Manhattan sur une musique de Gershwin), Martin Scorsese (du Temps de l'innocence aux Affranchis, de Taxi Driver à Gangs of New York, en passant par New York New York et ce refrain qui devint son hymne) et tant de cinéastes américains et étrangers ont voulu la filmer : verticale ou romantique, frénétique ou nocturne, envahie par des aliens ou saccagée par un gorille géant, refuge d'animaux vedettes dans son zoo ou lieu de jogging à haute tension... la fascinante métropole qui s'est inventée un destin de star du 7e art.

Gatsby le magnifique, en ouverture du Festival de Cannes ce soir, n'échappe pas à cet amour passionné. A l'instar de Peter Jackson qui ressuscitait numériquement Big Apple au début des années 30 dans King Kong, Baz Luhrmann reprend la même charte artistique pour reconstituer la ville : Times Square la nuit, le Plaza et Central Park, les plages nantis de Long Island... La New York de Luhrmann passe ainsi de villas luxueuses aux rues animées des faubourgs, des commerces avec pignons sur rue aux boîtes clandestines... C'est définitivement une ville qui ne dort jamais.