Tsilla Chelton (1918-2012) alias Tatie Danielle se casse sans prévenir

Posté par vincy, le 16 juillet 2012

Inoubliable en Tatie Danielle, la vieille dame la plus salope, acariâtre, méchante, mesquine, manipulatrice, emmerdeuse de l'histoire du cinéma depuis Baby Jane Hudson (Bette Davis), Tsilla Chelton est morte dimanche 15 juillet chez elle, à Bruxelles, à l'âge de 94 ans.

Née à Jérusalem le 21 juin 1919, fille de parents français d'origine juive, elle perd sa mère à l'âge de six ans et suit son père à Anvers, en Belgique. Durant la Deuxième Guerre mondiale, elle s'installe en Suisseavant de rejoindre Paris à la libération, où elle prend des cours avec le mime Marcel Marceau. Elle devient rapidement une actrice grandiose dans la comédie absurde que dans du Brecht, du Scotto ou du Shakespeare (mis en scène par Jean Anouilh). Trois fois nommée aux Molières, elle en gagna un en 1994 avec Les chaises, mis en scène par Jacques Mauclair. Car de tous les auteurs, elle était l'une des plus fines connaisseuses et des plus fidèles interprètes des pièces d'Eugène Ionesco.

Côté cinéma, elle fut moins incontournable. On la voit souvent dans des petits rôles chez Yves Robert (La guerre des boutons, Alexandre le bienheureux), dans des succès comme Le distrait de Pierre Richard, Diabolo Menthe de Diane Kurys. Elle tourne également avec Claude Berri (Mazel Tov ou le mariage) et Claude Chabrol (La décade prodigieuse). Mais de 1977 à 1990, cette boulimique des planches ne tourne plus rien. 48 ans après ses débuts au théâtre et 29 ans après ceux au cinéma, elle trouve son unique grand rôle grâce à Etienne Chatiliez, auréolé du phénomène La vie est un long fleuve tranquille. Il la choisit pour incarner la plus incorrecte et malveillante vieille carne, la fameuse et culte Tatie Danielle. Nommée aux Césars, l'actrice connaît là son plus grand succès public direct.

Indirectement, elle en connut de bien plus nombreux puisqu'elle enseigna la comédie à la troupe du Spendid, Jugnot, Blanc, Clavier, Lhermitte et Chazel.

A partir des années 2000, elle tourna plus fréquemment au cinéma : D'Artagnan (2001), chez Noémie Lvovsky (Faut que ça danse!, 2007) ou Patrice Chéreau (Persécution, 2009). On la verra davantage sur le petit écran... Elle vient d'achever le tournage de Landes, de François-Xavier Vives, prévu pour une sortie en 2013.

Soeur Sourire : pas de quoi avoir la banane !

Posté par Claire Fayau, le 27 avril 2009

soeursourire.jpgL'histoire : "Dominique, nique, nique..." Ce refrain entêtant connut un immense succès international dans les années soixante. Rares sont les Dominique à qui on ne l'a pas chantonné. Mais qui connait la vie de la créatrice, Sœur Sourire (la mal nommée), alias Jeannine Deckers?Le film raconte le destin hors du commun de cette jeune belge, de son ascension dans les charts à sa descente suicidaire aux enfers.

Notre avis: Après Piaf, Mesrine, Sagan, Chanel, voici donc la  biographie filmée de Soeur Sourire, qui avait déjà eu droit à un film sur sa vie et son oeuvre en 1965. Le film s'appelait Singing Nun (La nonne chantante) avec Debbie Singin'  in the Rain Reynolds.

A l'époque, Jeanine Deckers était en état de grâce, et ce film hollywoodien ne devait montrer que le côté plaisant de Soeur Sourire. En 2009, le point de vue est plus réaliste et la reconstitution plus simpliste. Le film 100% belge de Stijin Coninx aborde son homosexualité, ses problèmes de drogue et d 'argent, et sa fin, misérable. On est loin du rêve Hollywoodien.

S'il y a au moins une qualité dans ce film, c'est en effet de ne pas avoir canonisé Jeannine Deckers. En se concentrant sur sa personnalité fragile et ses crises identitaires, il accroche le spectateur avec des facettes cachées, qui compensent l'étirement de cette vie étrange. La  "Star Sourire", Cécile de France, qui prend le voile et la guitare avec ferveur, se sent  possédée par son personnage, aux côtés de Sandrine Blancke, formidable amoureuse - ange gardien, de Marie Kremer, jolie confidente... et la pas si sénile Tsilla Chelton , en doyenne des dominicaines.

Malheureusement, le film est un fourre-tout. Cette valise en carton ne tient pas ses promesses et s'essouffle sur la longueur. On ne vibre (pas) ô ma soeur. Cette réalisation aussi plate que le pays d'orgine ne met pas en relief kes motivations de Jeannine, tellement impulsive qu'on a du mal à la suivre. Certains passages ont recours aux grosses ficelles, effets appuyés pour arracher un sourire ou soutirer une larme. Sans parler des erreurs historiques. Film imparfait, personnage méconnu et attachant, on vous recommande d'appeler un exorciste à la fin pour vous enlever de la tête ce satané refrain Dominique , nique, nique...