Tsai Ming-Liang, un artiste complet honoré à Bruxelles

Posté par MpM, le 9 mai 2014

Chaque année au mois de mai, la ville de Bruxelles propose pendant trois semaines le KunstenFestivaldesArts, une manifestation urbaine et cosmopolite qui propose un large choix d’œuvres artistiques créées par des artistes belges et internationaux. Danse, théâtre, expositions et performances se mêlent dans une vingtaine de centres d'art de la ville.

Dans ce cadre, le cinéma indépendant Galeries, situé au centre de Bruxelles dans l'une des plus belles galeries couvertes de la ville, consacre jusqu'à la fin du mois une rétrospective au cinéaste taïwanais Tsai Ming-Liang, l'un des invités du Festival, qui a créé la performance théâtrale The monk from Tang dinasty spécialement pour l'occasion (voir notre article).

En plus de son œuvre cinématographique "classique", des Rebelles du Dieu Néon aux Chiens errants, les Bruxellois sont invités à découvrir 7 courts métrages tournés entre 2012 et 2014 autour de la figure historique du moine bouddhiste Xuan Zang qui parcourut la Chine, puis le monde, à la recherche des textes sacrés du bouddhisme.

Cette installation, qui réunit les six films du projet Walker et le moyen métrage Journey to the west, est présentée dans le sous-sol du cinéma, un dédale labyrinthique d'anciennes caves voûtées qui lui offrent un écrin à la fois protecteur (loin des bruits du monde) et esthétique (l'épure et la simplicité du lieu sont tour à tour en contraste et en harmonie avec la richesse visuelle ou au contraire l'aridité de ce qui est présenté sur les différents écrans).

Le visiteur est donc invité à déambuler dans l'espace pour découvrir à son rythme les différentes vidéos qui se font écho de pièce en pièce. On y retrouve notamment l'acteur fétiche de Tsai Ming-Liang, Lee Kang-Sheng, vêtu de l'habit pourpre de moine bouddhiste, pieds nus, marchant comme au ralenti dans des espaces souvent ultra urbains, mais aussi parfois en pleine nature. Du choc entre le personnage et son environnement, de sa silhouette si frêle au milieu du gigantisme des villes et des foules, naît la poésie bouleversante propre à l’œuvre du réalisateur. On sent la solitude, l'isolement et l'abandon de l'individu dans un monde devenu oppressant, où tout va toujours plus vite, et qui semble tourner à vide.

No form de Tsai Ming LiangA ce titre, le film le plus percutant de l'ensemble est indéniablement No form, créé en 2012, dans lequel le moine interprété par Lee Kang-Sheng est littéralement pris dans une foule pressée qui le submerge. La narration y est presque évidente, plus explicite en tout cas que dans les autres films formellement plus expérimentaux, et le montage alterné entre la foule qui enserre Lee Kang-Sheng et l'effort fait par celui-ci pour s'en libérer crée à la fois une tension et la sensation d'une libération. On ne sait pourtant si l'espace blanc immaculé et lisse dans lequel évolue alors le personnage est une nouvelle prison, ou la forme fantasmée d'un Nirvana enfin atteint.

La scène finale, d'une beauté fulgurante et, accompagnée de la chanson ô combien symbolique de Nina Simone, Feeling good, est comme la promesse d'une rencontre vraie entre le moine et celui qui le regarde. Pour la première fois, le personnage relève la tête et, au bord des larmes, croise le regard du spectateur à travers la fenêtre de l'écran qu'il semble vouloir traverser. Comme souvent avec l’œuvre de Tsai Ming-Liang, on est bouleversé par le flot sensoriel de ces images qui rappellent un cinéma pur libéré de tout artifice.

Walker de tsai Ming LiangUne impression ressentie également face à Walker, lorsque Lee Kang-Sheng déambule dans un paysage urbain nocturne, à la fois désolé et glauque, finissant par porter à ses lèvres ce qui semble être une galette de maïs, avec sur le visage une expression de souffrance indescriptible. Ici, comme dans Journey to the west, la marche du moine interroge les passants qui le regardent avec surprise, agacement ou compassion. Car de films en films, Lee kang-Sheng se mue en une sorte de figure christique écrasée par le poids de sa tâche. Ses mouvements si lents, sa tête penchée en avant, ses mains ouvertes dans un geste de méditation, mais aussi de supplique et d'humilité, en font un pèlerin authentique, surgi du passé pour bousculer nos convictions et nos habitudes.

La réflexion qu'offre Tsai Ming-Liang, Walker de Tsai Ming Lianget qu'il se garde bien de mener à notre place, s'inscrit en effet dans une démarche globale inhérente à une société contemporaine saturée de tout, et notamment d'images. Il nous place face à tout ce qui est peu à peu banni de la place publique : la lenteur, la faiblesse, le détachement, la douleur, le silence... "Ces films visent à permettre au spectateur de repenser dans leur quotidien leur rapport au temps et à l'espace", résume-t-il en préambule de l'installation. "Ils sont un moyen de prendre la pulsation de chaque lieu et d'en faire ressortir son rythme propre, d'en prendre la température en quelque sorte."

En parallèle, ses courts métrages expérimentaux interrogent aussi notre propre regard : "Je désire que le spectateur puisse méditer sur cette question : est-ce que voir un homme qui marche, qui est en mouvement mais sans avoir de but et sans parler, peut être considéré comme une œuvre cinématographique", explique malicieusement Tsai Ming-Liang. Si faire du cinéma consiste avant tout à raconter une histoire, quelle que soit la forme qu'elle prend, alors la réponse est évidemment "oui". Car face à ce personnage comme détaché de tout, immergé dans des lieux multiples aux histoires diverses, le cerveau humain crée du lien et de l'émotion, reliant presque malgré lui les points invisibles du récit tissé par le réalisateur, et sans doute même au-delà de ce que le cinéaste avait pu imaginer au départ.

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Rétrospective Tsai Ming-Liang et Installation Walker
Jusqu'au 25 mai 2014
Cinéma "Galeries"
26 Galerie de la Reine
1000 Brussels
Informations et horaires sur le site du cinéma

Deauville Asia 2014 : Hommage à l’actrice Malani Fonseka

Posté par kristofy, le 6 mars 2014

Malani FonsekaA l’est, il y a du nouveau : toujours la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Inde mais aussi les Philippines, le Kazakhstan, l’Indonésie, l’Iran… Ce sont en tout cas les pays d'où viennent les films en compétition lors de ce 16e Festival du film asiatique de Deauville, qui se tient jusqu'au 9 mars. Parmi les concurrents, il y a des premiers films qui rivaliseront avec ceux de réalisateurs ayant déjà été sélectionnés à Cannes, comme Ugly de Anurag Kashyap (Gangs of Waeeypur) et Mater Dolorosa de Adolfo B. Alix Jr (Death March).

Pour remettre à l’un d’eux le lotus d’or 2014, le jury est composé des actrices Roxane Mesquida et Florence Loiret-Caille, du réalisateur et scénariste Gilles Marchand, du comédien Samir Guesmi, du producteur René Bonnell et du réalisateur Rachid Bouchareb, sous la houlette de la réalisatrice Claire Denis comme présidente.

En ouverture, Deauville a rendu hommage à une grande dame du cinéma du Sri-Lanka, dont les films sont souvent méconnus, qui célèbre cette année ses 50 ans de carrière : Malani Fonseka. Depuis son premier film en 1968, elle figure au générique de plus de 150 films sri-lankais. Elle a également produit et réalisé 3 longs-métrages.

Pour l’occasion, le festival permet de voir un choix de trois films qu’elle considère comme emblématiques de trois générations différentes de cinéastes sri-lankais : Le trésor de Lester James Peries (1972), Les wasps sont arrivés de Bambaru Avith (1978) et Les fleurs du ciel de Prasanna Vithanage (2010).

Par ailleurs, les festivaliers présents à Deauville attendent la venue des réalisateurs Hideo Nakata pour la première de Monsterz et Tsai Ming-Lang pour Les chiens errants, qui recevront eux-aussi un hommage en présentant leur derniers films, et Kiyoshi Kurosawa déjà venu pour présenter Real.

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16e Festival du film asiatique de Deauville
Du 5 au 9 mars 2014

Programme et informations sur le site de la manifestation

Berlin 2014 : Tsai Ming-liang, Jalil Lespert, Michel Gondry en sélection Panorama

Posté par vincy, le 6 février 2014

poster 64e festival de berlin 2014La sélection Panorama à Berlin c'est un peu l'équivalent d'Un certain regard à Cannes. Moins de stars, et même cette année très très peu, moins de cinéastes connus - Fruit Chan, Michel Gondry, Tsai Ming-liang, Robert Lepage : autant d'exceptions à la règle. Panorama est une sélection où l'on découvre autant que l'on peut se laisser séduire par la diversité. De l'Afrique à l'Amérique latine, la sélection est bien mondiale. Mais cette année, elle a, comme la compétition, un fort accent asiatique avec 14 films!

- Stereo - Allemagne - Maximilian Erlenwein
- Über-Ich und Du (Superegos) - Allemagne - Benjamin Heisenberg
- Risse im Beton (Cracks in Concrete) - Autriche - Umut Dag
- Fieber (Fever) – Autriche - Elfi Mikesch
- O Homem das Multidões (The Man of the Crowd) - Brésil - Marcelo Gomes, Cao Guimarães
- Hoje Eu Quero Voltar Sozinho (The Way He Looks) - Brésil - Daniel Ribeiro
- Triptyque (Triptych) - Canada - Robert Lepage, Pedro Pires
- YE (The Night) – Chine - Hao Zhou
- Night Flight – Corée du Sud - LeeSong Hee-il
- Difret - Ethopie - Zeresenay Berhane Mehari
- Arrête ou je continue (If You Don't, I Will) - France - Sophie Fillières
- Is the Man Who Is Tall Happy? - France - Michel Gondry
- Yves Saint Laurent - France - Jalil Lespert
- Patardzlebi (Brides) – Géorgie - Tinatin Kajrishvili
- Na kathese ke na kitas (Standing Aside, Watching) - Grèce - Yorgos Servetas
- The Midnight After – Hong Kong - Fruit Chan
- Mo Jing (That Demon Within) – Hong Kong - Dante Lam
- Viharsarok (Land of Storms) - Hongrie - Adam Császi
- Highway - Inde - Imtiaz Ali
- Papilio Buddha - Inde - Jayan Cherian
- Asabani Nistam! (I'm Not Angry!) - Iran - Reza Dormishian
- Calvary - Irlande - John Michael McDonagh
- In Grazia di Dio - Italie - Edoardo Winspeare
- Ieji (Homeland) - Japon - Nao Kubota
- Güeros - Mexique - Alonso Ruízpalacios
- Blind – Norvège - Eskil Vogt
- Unfriend - Philippines - Joselito Altarejos
- Quick Change - Philippines - Eduardo Roy Jr.
- Xi You (Journey to the West) - Taiwan - Tsai Ming-liang
- Bai Mi Zha Dan Ke (The Rice Bomber) - Taiwan - Cho Li
- Bing Du (Ice Poison) - Taiwan - Midi Z
- Kuzu (The Lamb) - Turquie - Kutlug Ataman
- The Better Angels - USA - A. J Edwards
- Test - USA - Chris Mason Johnson
- Things People Do - USA - Saar Klein
- Love Is Strange - USA - Ira Sachs
- Nuoc (2030) - Vietnam - Nguyen-Vo Nghiem-Minh

Venise 2013 : le Lion d’or décerné à un documentaire italien

Posté par vincy, le 7 septembre 2013

sacro gra lion d'or venise 2013

Même pas un prix pour Miyazaki. Un lot de consolation pour le favori du festival, Philomena de Stephen Frears. Une presse affligée par les prix pour Miss Violence et surtout par le Lion d'or : le palmarès de Bernardo Bertolucci du 70e Festival de Venise est finalement anti-conformiste. A l'image du cinéaste.
En sacrant Sacro Gra, documentaire sur les vies parallèles qui rodent autour du périphérique romain, le jury n'a pas rendu la vie facile à un Festival qui a lutté pendant 10 jours contre les coups bas de ses concurrents nord-américains, Telluride et Toronto, qui ont, pour l'un devancé les horaires de projections (et ainsi se vanter d'avoir des avant-premières mondiales), pour l'autre accaparé les stars et les médias.

Scaro Gra c'est la découverte d'un monde invisible : Gianfranco Rosi est parti à la découverte de la GRA (Grande Raccordo Anulare), plus connue sous le nom de Grand Contournement de Rome. La critique a été plutôt mitigée. Reste que cela faisait 15 ans que le cinéma italien n'avait pas été récompensé par la plus haute distinction à Venise (Mon frère de Gianni Amelio). c'est surtout la première fois qu'un documentaire emporte le Lion d'or.

Autre grand gagnant, le cinéaste taïwannais Tsai Ming-liang qui avait reçu le Lion d'or à Venise en 1994 avec Vive l'amour, lauréat du Grand prix du jury. Le grec Alexandros Avranas fait coup double avec son deuxième film (meilleur réalisateur, meilleur acteur). La grande actrice de théâtre italienne Elena Cotta (56 ans de carrière!) est enfin consacrée. Et il faudra surveiller de près le jeune Tye Sheridan, 16 ans, déjà vu dans The Tree of Life et Mud - les rives du Mississippi, qui repart avec le prix du meilleur espoir.

Lion d'or : SACRO GRA de Gianfranco Rosi

Grand Prix du jury : JIAOYOU (STRAY DOGS) de Tsai Ming Liang

Lion d'argent de la meilleur réalisation : MISS VIOLENCE d'Alexandros Avranas

Prix d'interprétation masculine : Themis Panou pour MISS VIOLENCE d'Alexandros Avranas

Prix d'interprétation féminine : Elena Cotta pour VIA CASTELLANA BANDIERA d'Emma Dante

Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir : Tye Sheridan pour JOE de David Gordon Green

Meilleur scénario : Steve Coogan et Jeff Pope  (PHILOMENA de Stephen Frears)

Prix spécial du jury pour la contribution technique : DIE FRAU DES POLIZISTEIN de Philip Gröning

Prix Luigi de Laurentis du meilleur premier film (Lion du futur) : WHITE SHADOW de Noaz Deshe

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Prix Orizzonti
Meilleur film : Eastern Boys de Robin Campillo
Meilleur réalisateur : Uberto Pasolini (Still Life)
Prix spécial du jury : Ruin de Michael Cody et Amiel Courtin-Wilson
Prix spécial pour son contenu innovant : Mahi va Gorbehde Shahram Mokri
Meilleur court métrage : Kushde Shubhashish Bhutiani

Prix Venezia Classics
Meilleur documentaire : Double Play : James Benning et Richard Linklater de Gabe Klinger
Meilleur film restauré : La proprietà non è piu un furto d'Elio Petri

Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière
William Friedkin

Jaeger-Lecoultre Glory To The Filmaker
Ettore Scola

Prix Persol
Andrzej Wajda

Prix L'Oréal pour le cinéma
Eugenia Costantini

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Tous les autres prix remis à la 70e Mostra de Venise

Cannes 2013 : le cinéma de Taiwan se sent pousser des ailes

Posté par MpM, le 16 mai 2013

taipei factoryChaque année, le cinéma taïwanais est à l'honneur dans les plus grands festivals internationaux. Cannes ne fait pas exception. Rarement en compétition, mais souvent dans les sections parallèles, et toujours dans les allées des marchés du film. Si la cinématographie de l'île a le vent en poupe, ce n'est pas seulement grâce à la notoriété de ses grands chefs de file comme Hou Hsiao-Hsien ou Tsai Ming-Liang. Il y a derrière cette visibilité croissante la volonté affirmée de valoriser Taïwan, et notamment sa capitale Taipei, à la fois en tant que centre artistique névralgique d'Asie et comme lieu incontournable dans l'industrie cinématographique mondiale.

La Taipei Film Commission (qui réunit le Maire de Taipei et les professionnels du secteur cinématographique) se consacre ainsi depuis 2008 à la tâche (ardue) de "relier l’industrie du film taïwanais au monde". Pour ce faire, elle assiste et facilite tous les projets se tenant à Taipei, de la recherche des décors aux demandes de subventions, en passant par la gestion des tournages sur la voie publique et la promotion des films. L'idée est avant tout de remettre à flot une industrie en perte de vitesse... et de financements. Et ça marche : en moins de quatre ans, la commission avait déjà aidé 645 films tournés à Taipei, dont 70 en partie financés par des fonds étrangers. Justement, les coproductions avec l'international sont implicitement l'objectif premier de la commission, qui va chercher l'argent là où il se trouve.

Nouvelle étape dans cette redynamisation du cinéma local, la mise en place cette année de la Taipei Factory, une résidence réunissant 8 jeunes cinéastes (4 Taïwanais, 4 venant du reste du monde) invités à écrire, tourner et finaliser (en binôme) un court métrage de 15 minutes. Cette initiative, qui cherche à "déclencher des idées originales à travers les différences culturelles, de langue, de passé et d’expériences" des 8 réalisateurs, a été menée en partenariat avec la Quinzaine des Réalisateurs qui présente le 16 mai en avant-première mondiale les 4 films réalisés.

Edouard Waintrop, le délégué général de la Quinzaine, y voit l'opportunité de vanter sa sélection comme "le coeur artistique du Festival de Cannes et l’événement qui s’engage vraiment à soutenir les nouveaux talents" comme il le déclarait lors de la conférence de presse inaugurale de l'événement en février 2013, soulignant un peu malicieusement : "La Quinzaine cherche toujours des moyens pour permettre aux cinéastes d’échanger, de faire face aux problèmes ensemble et de ne pas seulement fouler le tapis rouge pour regarder des films".

La Commission du Film de Taipei, quant à elle, trouve dans cette expérience l'occasion de renforcer les liens entre cinéastes taïwanais et européens. Mais aussi de faire connaître de nouveaux talents à l'international tout en mettant en valeur les infrastructures de production de la région. Histoire d'attirer des tournages du monde entier, le modèle affiché étant clairement celui de L'odyssée de Pi, d'Ang Lee, membre du jury de la compétition cannoise cette année, en partie tourné au zoo de Taipei, et devenu depuis un succès planétaire (et oscarisé). L'île s'offre ainsi une jolie visibilité sur la Croisette... et se pose dans le même temps en chevalier blanc (asiatique) de la création cinématographique.

Cannes 2012 : Tsai Ming-Liang et João Pedro Rodrigues en Clôture de la Semaine de la Critique

Posté par MpM, le 5 mai 2012

Depuis sa création, la Semaine de la Critique se veut un lieu de découvertes. A ce titre, elle fait chaque année une place importante au court métrage, pensé à la fois comme moyen de mettre en lumière de jeunes réalisateurs et comme "terrain d'expérimentation de cinéastes confirmés".

Ce sont donc tout naturellement deux courts métrages qui viendront refermer la 51e édition de la plus ancienne section parallèle du Festival du Cannes. Walker du Taïwanais Tsai Ming-Liang et Manhã de Santo António du Portugais João Pedro Rodrigues, "deux films qui questionnent la temporalité à travers des espaces urbains" précise un communiqué, seront ainsi présentés le 24 mai lors de la soirée de clôture, juste après l'annonce du palmarès.

Berlin 2010 : les secrets de l’hospitalité taïwanaise

Posté par MpM, le 18 février 2010

taiwan_directors.jpgA Berlin comme dans tous les festivals de cinéma du monde, après les quatre ou cinq films courageusement enchaînés, il est temps de se détendre en se rendant dans l'un des cocktails, soirées ou fêtes organisés chaque soir. Dans des lieux souvent select se pressent ainsi les heureux détenteurs d'invitations, sésame indispensable pour atteindre le buffet, le bar et la piste de danse.

Exemple avec la sympathique Taïwan Party qui se tenait le 16 février dans une des salles de réception du Ritz-Carlton : ambiance bon enfant (comme on l'avait précédemment remarqué à Cannes et à Vesoul, la représentation cinématographique de Taïwan sait s'amuser), service impeccable, animation joyeusement débridée et défilé permanent des équipes de films présents à Berlin. Avec, cerise sur le gâteau, la visite éclair de Jackie Chan, star internationale qui a provoqué quelques minutes de pur délire.

Les enjeux d'une telle soirée ne sont pas difficiles à comprendre, quoi que multiples. Une fête réussie, c'est bon pour l'image d'un pays, mais c'est surtout excellent pour les affaires. Il est ainsi primordial de promouvoir les quelque 100 films taïwanais (fictions, documentaires, animations, courts métrages et projets en cours de réalisation) disponibles sur le marché pendant la Berlinale. Parmi ces films (dont les plus anciens datent de 2008), on retrouve par exemple Cape n°7, prodige du box-office taïwanais en 2008, toujours pas sorti en France, No Puedo Vivir Sin Ti de Leon Dai, Cyclo d'or à Vesoul en début de mois, ou encore le dernier Tsai Ming-Liang (Visages), présenté à Cannes en 2009. Aux acheteurs, distributeurs et organisateurs de festival de tous les pays de faire leur choix !

Autre cible de la délégation taïwanaise : les producteurs et réalisateurs étrangers désireux de venir tourner à Taipei. Un guide très bien fait détaille ainsi les hauts lieux  de la capitale susceptibles d'accueillir un tournage. Temples, musées, monuments, clubs... tous les décors du monde sont là ! Et ce n'est pas tout.

Depuis janvier 2008, la commission du film de Taipei (une organisation semi-gouvernementale) est chargée d'assister les productions ayant lieu sur son territoire. Il s'agit notamment de faciliter les autorisations de tournage, favoriser les coproductions, fournir aux réalisateurs toutes les informations dont ils ont besoin... Un système d'aides financières est par ailleurs prévu pour les productions répondant à certaines conditions. En 2008, 660 000 dollars auraient ainsi été distribués.

Et Taïwan n'est qu'un exemple parmi d'autres, chaque pays présent ayant dans une certaine mesure des films à vendre, un paysage à louer et surtout sa part de rêve à gagner. Un joli cercle vertueux (?) qui devrait permettre d'alimenter les festivals en oeuvres comme en festivités pendant encore un bon moment...

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photo : les réalisateurs Hou-Chi-jan (One Day), Niu Chen-zer (Monga) et Arvin Chen (Au revoir Taipei)

Nuits blanches et salles obscures pour un Paris Cinéma festif

Posté par Morgane, le 12 juin 2009

pariscinema09.jpgAujourd’hui, vendredi 12 juin, s’est tenue la conférence de presse du festival Paris Cinéma, dans les salons de l’Hôtel de Ville, en présence de Bertrand Delanoë, Charlotte Rampling et Christophe Girard. La septième édition se déroulera au cœur de la capitale du 2 au 14 juillet. Paris Cinéma présentera douze longs métrages (douze nationalités diverses dont sept sont des premiers films) en compétition ainsi que dix-sept courts.

Pour les impatients pressés de voir certains films avant tout le monde, de nombreuses avant-premières (dont certains films présents sur la Croisette) seront à l’affiche : le longtemps retardé Bancs publics (Versailles Rive droite), un de nos coups de coeur récent Taking Woodstock, le très attendu Public Enemies, la Palme d'or Le ruban blanc ...

Michael Mann, Johnny Depp et Marion Cotillard...

Réalisateurs-rices, acteurs-rices et autres personnalités du monde du 7ème Art viendront également fouler les tapis du festival. On pourra, entre autres, voir Bruno Podalydès, Alain Cavalier, Elia Suleiman, Claude Miller, Elsa Zylberstein, Antoine de Caunes ainsi que le duo Guillaume Canet et Emir Kusturica (devant et non derrière la caméra) pour le film L’Affaire Farewell. Paris Cinéma aura des allures de grand festival international avec l’équipe star du film Public Enemies : Michael Mann, Johnny Depp et Marion Cotillard

Cette année on rendra hommage à Claudia Cardinale (rétrospective à l’Arlequin, rencontre avec l’actrice à la BnF et exposition de photographies au Bon Marché), Jean-Pierre Léaud (rétrospective et rencontre), Tsaï Ming-Liang (intégrale de ses huit films à l’Auditorium du Louvre, masterclass avec le réalisateur à la BnF), Lluis Minarro (producteur espagnol) et Naomi Kawase (réalisatrice japonaise).

Après les Philippines l’année dernière, la manifestation accueille cette année la Turquie (puisque ce sera, de juillet 2009 à mars 2010, la Saison de la Turquie en France) avec un hommage particulier à Nuri Bilge Ceylan, un coup de projecteur sur Reha Erdem et Yesim Ustaoglu, la présentation de nombreux longs et courts métrages, des regards croisés Allemagne-Turquie et une nuit des Super-héros turcs.

Une nuit des Super-héros turcs...

Mais l’édition 2009 est également l’occasion d’innover. Aussi, Paris Cinéma ouvrira par cinq nuits dans divers cinémas parisiens (dans la nuit du 4 juillet). Au Nouveau Latina se tiendra "La Nuit des Comédies Sexy d’Asie", le Max Linder accueillera "La Nuit des Super-Héros Turcs" tandis que le Champo ouvrira ses portes à "La Nuit des Geeks" (la nouvelle comédie US), le Studio des Ursulines consacrera sa "Nuit à l’Animation Japonaise" et le Cinéma du Panthéon fera la part belle à "Russ Meyer". Une brocante cinéma se tiendra le 11 juillet sur le parvis du MK2 Bibliothèque et sera ouverte, aussi bien aux professionnels qu’aux particuliers. On pourra y trouver des affiches anciennes, des DVD, des revues, des photos de tournage etc…

Enfin, cette fête du 7e Art fermera ses portes en fanfare le 14 juillet. Pour ce, la halle du 104 se transformera en salle obscure et accueillera un ciné-concert, projetant Oyuki la vierge de Kenji Mizoguchi accompagné par Francis et ses peintres et les chanteuses japonaises Emiko Ota et Mala Barouh. La soirée se transformera ensuite en bal populaire orchestré par Helena Noguerra.

Cannes 2009 : Qui est Lee Kang-sheng ?

Posté par MpM, le 23 mai 2009

cnz_leekangsheng.jpgGueule d’ange, visage impassible, regard qui vous transperce sans paraître vous voir… Lee Kang-sheng hante depuis vingt ans le cinéma habité de Tsai Ming-Liang. Ce dernier, qui l’a découvert dans la rue à la fin des années 80, refuse de tourner sans lui et en a fait son alter ego. Le désormais jeune quadragénaire traîne donc sa dégaine de rêveur sexy de film en film : voyeur dans The Hole, horloger en deuil dans Et là-bas quelle heure est-il ?, projectionniste dans Goodbye, Dragon inn, pur objet de convoitise dans I don’t want to sleep alone… Quel que soit le contexte, il est l’archétype de l’individu désorienté et isolé qui observe d’un œil vide la déliquescence du monde.Malgré tout, il fait à trois reprises des "infidélités" à Tsai Ming-liang en acceptant de jouer pour deux autres réalisateurs, Lin Cheng-sheng (A Drifting Life et Sweet Degeneration) et Ann Hui (Ordinary Heroes). L’occasion de montrer une facette différente de son travail d’acteur. C’est toutefois en passant derrière la caméra qu’il désire assez rapidement se distinguer. En 2001, il est l’assistant réalisateur de son mentor pour le documentaire Conversation with God.En 2003, un projet de courts-métrages complémentaires destinés à être montrés l’un après l’autre évolue en deux longs métrages indépendants : Goodbye dragon inn pour Tsai, The Missing pour Lee, dans lesquels on retrouve des thèmes et des personnages communs. Apparemment, l’expérience lui plaît, car sans cesser de jouer, il écrit et réalise en 2007 un deuxième long-métrage, Help me Eros. Bien sûr, l’ombre du maître n’est jamais loin, qui produit le film et lui apporte toute l’aide nécessaire. Après la savoureuse et érogène Pastèque, décidément inséparables, les deux complices se retrouvent une nouvelle fois dans Visage, pourtant tourné à Paris avec un casting en majorité français (Fanny Ardant, Laetitia Casta, Jean-Pierre Léaud…).

Taïwan night : bain de minuit avec Shu Qi

Posté par MpM, le 20 mai 2009

shuqi.jpgMalgré ses responsabilités de membre du grand jury, l'actrice Shu Qi n'a pas fait faux bond à la Taïwan Night, soirée extrêmement prisée où se retrouvent tous les professionnels liés de près ou de loin à la cinématographie de l'île. Elle est même restée assez tard sur la plage du Carlton où se déroulait l'événement, répondant avec énormément de gentillesse à toutes les sollicitations.

A ses côtés, on pouvait croiser la star internationale Michelle Yeoh, l'acteur Lee Kang-sheng et son mentor Tsai Ming-liang ou encore l'Oscarisé Ang Lee... Même le Hongkongais Anthony Wong, présent au générique de Vengeance, était de la partie, sans doute au nom du rapprochement entre les "trois royaumes". Cette concentration de stars d'envergure internationale au mètre carré confirme la place désormais prédominante de Taïwan dans le paysage cinématographique mondial.

Un succès qui n'a toutefois pas empêché tout ce petit monde de rester extrêmement simple et disponible. A minuit, alors que la soirée s'achevait, Shu Qi était encore pieds nus au bord de l'eau, un sourire radieux et presque enfantin sur le visage. Sans façons, juste heureuse d'être à Cannes, et de profiter de l'énergie qui s'en dégage.