3 raisons d’aller voir « Bixa Travesty »

Posté par vincy, le 26 juin 2019

[Le pitch] Bixa Travesty est le portrait électrisant de Linn da Quebrada (site officiel), artiste à la présence scénique extraordinaire qui réfléchit sur le genre et ose affronter avec un rare panache le machisme brésilien. Le corps féminin trans comme moyen d’expression politique.

Un personnage de cinéma. Le documentaire de Claudia Priscilla et Kiko Goifman, récompensé aux prestigieux Teddy Awards, mais aussi à Biarritz et à Chéries Chéris, met en scène Linn da Quebrada, artiste charismatique qui s'affranchit des étiquettes et des genres et utilise son corps (féminin) trans comme arme politique dans un pays encore dominé par le machisme et subissant une forte recrudescence des actes homophobes et transphobes. Linn est magnifique, drôle, enragée, directe, provocatrice, révolutionnaire, réfléchie. Ce qui pourrait passer pour un ego trip devient une guerre pour que nous soyons tous égaux. Sa manière d'être à la fois drama queen, ultra-queer, chanteuse énervée et voix engagée (posée) la rend aussi attachante que séduisante. Elle peut ainsi être déchaînée avec un icro et décalée quand elle se fait opérer d'un cancer. A cela s'ajoute, Jup, éternelle complice. Un duo parfois hilarant, à la Laurel et Hardy, complémentaire et revendicateur. Accessoires, perruques et maquillages font le reste : autant de moyens d'affirmer sa différence pour qu'il n'y ait plus de norme dogmatique.

Un pamphlet engagé. Face à la haine, à un gouvernement appelant à la violence contre les LGBT, au repli sur soi constaté un peu partout, le documentaire fait office de tract en images contre le machisme, le racisme, le sexisme et l'homophobie. Salutaire, cette prise de parole, qui n'est pas didactique, partage l'existence et l'expérience d'une combattante, qui n'hésite pas à utiliser sa musique ou Canal Brésil, pour partager sa vision ouverte et tolérante du monde. Linn da Quebrada ne mâche pas ses mots mais sait aussi conquérir ses audiences. En interpellant l'humaniste qui est en nous, en constatant la méconnaissance globale de son monde, elle projette les spotlights sur les trans et les minorités opprimées, sur la condition des femmes et sur la difficulté d'être respecté en tant qu'être humain. Bixa veut dire pédé. Terme choc qui affronte un monde où cette expression est surtout devenue une insulte pour les intolérants ou les ignorants.

Un film punk-attitude. Du slam et du rock au look, de la liberté de ton à l'intimité des plans, Bixa Travesty est un cri qui vient de l'intérieur mais qui hurle fort. Du sexe comme propagande et des paroles comme pistolets. En fusionnant les genres sexuels - on se fout de l'inclusif, du pronom personnel. Elle est il et il est elle. Le documentaire déconstruit nos préjugés et ouvre nos yeux sur des territoires flous, illustrant ce fameux et récent concept du "genderfluid". Filmé dans la durée à la fois immersif et observateur, à l'écoute et haut-parleur, ce film n'agressera que ceux qui veulent garder leurs œillères et rester sourds à cette déclaration de liberté et de fraternité prônée par Linn (et ses gants d'argent).

Scarlett Johansson renonce à incarner un personnage transgenre

Posté par vincy, le 16 juillet 2018

Scarlett Johansson ne tournera pas Rub & Tug, le film de Rupert Sanders (Ghost in the Shell). L'actrice devait y incarner un transsexuel, ce qui a causé une polémique à un moment où le "washing" est de plus en plus mal perçu. Scarlett Johansson avait déjà attiré les foudres des associations de défense des minorités quand elle avait été enrôlée pour être le Major Motoko Kusanagi dans Ghost in the Shell, parce qu'elle n'était pas asiatique, contrairement au personnage du manga.

L'actrice a expliqué vendredi dans le magazine Out (LGBTQI-friendly): "Compte tenu des récentes questions éthiques soulevées après que j'ai été choisie pour incarner Dante Tex Gill, j'ai décidé de me retirer respectueusement du projet."

Le film retrace en effet la vie (et la transformation) de Dante "Tex" Gill, un propriétaire d'un salon de massage et proxénète à Pittsburgh, devenu l'une des grandes figures de la criminalité américaine dans les années 1970 et 1980. Il était né Lois Jean Gill, mais s’identifiait en tant qu'homme. Le scénario est signé Gary Spinelli (Barry Seal).

"Notre compréhension culturelle des personnes transgenres continue à avancer et j'ai beaucoup appris sur cette communauté depuis l'annonce de mon casting et réalisé que c'était indélicat", précise la star.

Or les actrices transgenres Trace Lysette ("Transparent") et Jamie Clayton ("Sense8") avaient fait pression sur la production du film pour ne pas avoir donné ce rôle à un représentant de la communauté trans. Ce qui était acceptable à une époque ne l'est plus. Si des acteurs aussi différents que Kathleen Turner (dans la série Friends), Billy Crystal, Jeffrey Tambor, Jared Leto et Felicity Huffman (Transamerica) ont tous joué des rôles de personnes transgenres, récoltant au passage prix et nominations, il paraît de plus en plus improbable que cela perdure. De la même manière qu'on n'utilise plus des "blancs" pour jouer des Amérindiens.

"Bien que j'aurais adoré avoir la chance de porter à l'écran l'histoire de Dante, je comprends pourquoi beaucoup pensent qu'il devrait être incarné par une personne transgenre", a affirmé l'actrice, qui ajoute: "Et je suis heureuse que la polémique provoquée par mon casting ait ouvert un débat plus large sur la diversité et la représentation au cinéma". Le film venait d'être lancé en pré-production. Le projet est désormais suspendu.

Des membres de la communauté trans l'ont remerciée sur les réseaux sociaux, tout en rappelant que beaucoup de travail reste à faire. Selon la plus récente étude de la GLAAD, association représentant les minorités dans l'industrie, les personnages LGBTQI+ ont baissé de 40% en une année à l'écran dans les productions américaines. Aucun film de studios n'avait un personnage transgenre en 2017.

Daniela Vega avait été en février la première comédienne transsgenre à venir présenter un Oscar. Le film dans lequel elle jouait, Une femme fantastique, avait reçu l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Edito: Coming out

Posté par redaction, le 13 juillet 2017

Fin juin ont eu lieu les Out d'or, première cérémonie pour la visibilité LGBT dans les médias. Cette semaine sort en salles Une femme fantastique, Teddy Award à Berlin du meilleur film en février dernier, avec une actrice transgenre. A Locarno, Fanny Ardant interprétera une femme transgenre dans Lola Pater. Sans oublier 120 battements par minute, Grand prix du jury à Cannes (en salles le 23 août) qui évoque les premières années de lutte d'Act Up contre des institutions et des lobbys qui ne comprennent pas l'urgence sanitaire qui touche prostituées, gays, bis, lesbiennes, prisonniers, hétéros. Et on peut se féliciter qu'une histoire d'amour gay (Moonlight) ait enfin été consacrée par un Oscar cette année. Trois ans après les (longs) débats hystériques autour du Mariage pour tous, qui a réveillé l'homophobie en France, dans un pays où "PD", "Sale gouine", "enculé" restent des insultes normales, tout est loin d'être gagné. Alors que les Allemands ont voté il y a quelques jours par surprise et très rapidement une Loi pouvant marier deux hommes ou deux femmes, en France, on débat encore de PMA, d'homoparentalité, de droits pour les transsexuels.

Il n'est donc pas superflu que le cinéma et les médias donnent davantage de visibilité à des citoyens (qui ne forment pas une communauté homogène rappelons-le) afin de jouer leur rôle pédagogique et de regarder le monde actuel en face. Des documentaires de Sébastien Lifshitz aux enquêtes diffusées sur les chaînes publiques, ce n'est pas de trop face à l'amoncellement de clichés et de stéréotypes véhiculés depuis des décennies au cinéma et à la télévision (des reality-shows aux remarques désobligeantes et beaufs de pas mal d'animateurs qui ont un souci avec leur virilité).

Le coming-out de personnalités devient ainsi un acte de résistance autant qu'une affirmation. C'est une volonté personnelle de banaliser la différence sexuelle (par rapport à la "norme" hétérosexuelle qui n'est finalement que dominante par le nombre). Il ne devrait pas être nécessaire d'étaler sa vie privée sur la place publique. A priori, les histoires de cul des uns et des autres ne devraient pas nous intéresser. Il serait même essentiel de garder ce "jardin secret" pour nous. Cela n'a aucune importance (ce qui ne veut pas dire que cela n'a pas d'influence) sur notre rapport à l'autre, au même titre que sa religion, nationalité, couleur de peau, taille, ou couleur de cheveux. Mais face à des activismes (minoritaires ou majoritaires selon les pays) qui haïssent ouvertement, torturent, brûlent, massacrent des homosexuels, a-t-on le choix que de crier haut et fort son orientation sexuelle.

Dans Une femme fantastique, pendant les vingt premières minutes du film, on croit que Marina est "une femme comme les autres". Cela ne change rien à notre regard lorsqu'on apprend qu'elle n'est pas née femme. Dans 120 battements par minute, on voit des hommes et des femmes, des mères et des jeunes, des homos et des hétéros faire cause commune. Cela renforce même l'émotion que le film procure quand il se recentre sur l'histoire d'amour entre deux hommes, une histoire d'amour comme toutes les autres.

Changer les regards

Mais force est de constater qu'il y a un sacré retard à rattraper. Combien de couples homos sur les tapis rouges? Combien de personnages LGBT dans les films? 17,5% parmi les films de majors si on prend en compte les rôles secondaires, majoritairement des gays (65%), les autres ne doivent pas exister aux yeux des scénaristes et producteurs. A la TV, c'est 4,8% parmi 895 séries américaines répertoriées! Les choses changent mais très lentement. Ponctuellement, des cinéastes (hétéros) reconnus élargissent le cinéma LGBT au grand public à travers des œuvres universelles. Des cinéastes homos se voient confier des projets hors cinéma de niche. On attend toujours un personnage homo chez Tarantino. On espère que Epouse-moi mon pote de Tarek Boudali ne sera pas un ramassis de préjugés sur les gays.

Mais voilà: il y en a assez des "pédales", "taffioles", "tapettes", "goudous", "bucheronne",etc... Ou des "Qui fait l'homme", "Qui fait la femme", "t'es actif ou passif?". Assez de voir des lesbiennes ou des gays devant toujours baiser avec le sexe opposé à un moment donné. Assez de voir des histoires où les travestis sont des animaux de cirques, les transsexuels toujours plongés dans des histoires sordides. Assez de croire qu'un gay passe son temps à baiser à droite à gauche, qu'une lesbienne a besoin d'enfant (en fait une lesbienne peut aussi avoir envie de baiser à droite à gauche et un gay aspirer à être papa).

Les producteurs doivent comprendre que le cinéma est un média d'influence comme les autres. De la même manière qu'il faut plus de diversité et plus de femmes sur les écrans, il est urgent de changer le regard des gens sur les LGBTIQA (acronyme complet) pour éviter que l'ignorance ou la peur de l'autre ne conduisent à des actes stupides, violents, des offenses verbales ou physiques, qui aboutissent parfois à de la discrimination, un mal-être irrémédiable ou au suicide. Une femme fantastique, comme 120 battements par minute, montrent justement que les LGBTIQA sont des personnes comme les autres, et souvent des personnages plus grands que les autres. Il n'est pas question d'être politiquement correct, d'avoir des quotas, etc... Il est question de montrer la société telle qu'elle est et de ne pas enfermer des pans entiers de citoyens dans une image négative ou caricaturale.

Des femmes fantastiques sacrées par les Teddy Awards

Posté par vincy, le 18 février 2017

Le vendredi c'est Teddy à la Berlinale. Le Festival de Berlin est un senior plus ou moins vaillant de 67 ans. Un bon retraité allemand, daddy sur les bords. Les Teddy sont insolents de jeunesse du haut de leurs 31 ans d'existence, prêts à faire la fête toute la nuit sur des musiques tendances, ou s'amuser sur un France Gall des sixties, ou attendre Conchita sur scène. Au milieu d'élus politiques et de cinéastes et comédiens des différentes sélections, des "créatures" sublimes égayent la foule avec leurs perruques démesurées, leurs robes de princesse ou leurs tenues d'Halloween. Tout est normal. L'esprit de Cabaret sera le fil conducteur de cette cérémonie, qui n'est pas une remise de prix comme les autres.

Après tout on n'y remet que six prix en deux heures (très "timées"), si on compte le Teddy d'honneur pour la cinéaste Monika Treut, ouvertement féministe, lesbienne et femme cinéaste. Le show est aussi important. Tout, ou presque, en anglais. Mais attention, les prix LGBT n'ont rien d'un palmarès underground dépravé. "No sex tonight" (ou alors après la soirée dansante, dans les bars et boîtes de Berlin). "C'est presque tendance d'être homosexuel à Berlin" clame le Maître de Cérémonie. On veut bien le croire tant le nombre d'hétérosexuels dans la grande salles de la Haus der Berliner Festpiele, au cœur de Berlin Ouest, est faible. Les compteurs des applications de rencontre ont du exploser en géocalisant des centaines de LGBT à moins de 20 mètres. Mais ici, on n'a pas l'oeil rivé sur son téléphone. Habillés pour l'occasion ou casual, les invités sont de nature bienveillante, se mélangeant sans préjugés.

"Il y a plus d'énergie à vouloir nous rendre inégaux qu'à chercher à nous rendre égaux" - Wieland Speck, directeur de la section Panorama de la Berlinale

Ainsi, on passe de Zazie de Paris à un acrobate aux allures de jeune prince (torse nu), du ministre de la justice de Berlin interrogé par un présentateur télévisé qui aurait pu être dans une vidéo Bel-Ami à deux membres du jury, l'un originaire du Pakistan, l'autre de Turquie, rappelant les difficiles conditions de création, de liberté dans leurs pays (avec, notamment, un appel vibrant de tous les cinéastes turcs sélectionnés à Berlin pour que le Président Erdogan cesse sa politique liberticide). C'est ça les Teddy: un moment d'expression libre où on chante une ode à Marlène Dietrich, disparue il y a 25 ans, et on se prend un très beau discours d'une grande figure politique nationale qui égraine 24 crimes homophobes (comme 24 images par seconde) sur la planète l'an dernier. Un mix entre des fantasques frasques artistiques et des revendications sur le mariage pour tous (l'Allemagne est le dernier grand pays européen qui maintient les gays et lesbiennes dans l'inégalité des droits) et la reconnaissance et réhabilitation des victimes du Paragraphe 175, qui criminalisait l'homosexualité masculine, de 1871 à 1994 (quand même) et a permis aux Nazis de déporter 50 000 personnes.

Bon, évidemment, entre l'apéro avant, les cocktails après, entre une séance de maquillage by L'Oréal Paris (et une Tour Eiffel dorée en porte-clés comme cadeau) et l'organisation précise et parfaite, les Teddy sont avant tout l'occasion de décerner des récompenses. 6 prix ont ponctué la soirée.

Un palmarès où la transsexualité est reine

Le prix du public, appelé Harvey en hommage à Harvey Milk, a distingué le film britannique de Francis Lee, God's Own Country, qui dépeint une relation père-fils dans un milieu rural. Le fils endure sa routine et ne parvient à s'échapper d'elle que par des relations d'un soir avec des hommes et l'alcool qu'il boit au pub du coin. Le film a été présenté à Sundance le mois dernier.

Le Teddy du meilleur court-métrage est revenu à Min homosister (My Gay Sister) de la suédoise Lia Hietala, qui raconte l'histoire d'un jeune couple de lesbiennes à travers les yeux de la petite sœur de l'une d'entre elles.

Le Teddy du meilleur documentaire a été remis à Hui-chen Huang pour son film Ri Chang Dui Ha (Small Talk), portrait de Anu, garçon manqué depuis toujours, épouse et mère de deux enfants avant de tout plaquer et de se mettre en couple avec des femmes. C'est l'histoire vraie de la mère de la réalisatrice, qui a rappelé avec fierté, que Taïwan était depuis l'an dernier le premier pays asiatique à reconnaître l'union entre deux personnes de même sexe.

L'identité sexuelle a d'ailleurs fait l'unanimité dans ce palmarès. On devrait même parler de changement de sexe. Le jury, composé de directeurs de festivals internationaux qui font vivre les films LGBT de l'Ouganda au Japon en passant par la Turquie et la Macédoine, a récompensé deux films dont les héroïnes sont des transsexuels.

Ainsi le Prix spécial du jury a honoré le film de la japonaise Naoko Ogigami, Karera Ga Honki De Amu Toki Wa (Close-Knit), superbe mélo magnifiquement écrit, sensible et subtil, où une gamine abandonnée par sa mère incapable de gérer sa vie de femme et son rôle maternel, se réfugie chez son jeune oncle, qui vit avec un homme en phase de changement de sexe. Dans un Japon très conservateur, des mots mêmes de la cinéaste, le film apparaît comme un hymne à la tolérance et montre qu'une bonne mère est avant tout une personne responsable et affectueuse, même si celle-ci a un pénis sous la culotte et de sacrés bonnets pour maintenir des nouveaux seins.

Le Teddy Award a sacré le film en compétition de Sebastian Lelio, Una mujer fantastica. L'actrice Daniela Vega est venue elle-même chercher le petit ours (costaud). Elle incarne Marina, une jeune chanteuse transsexuelle, qui vient de perdre son compagnon. La famille de celui-ci entend la tenir à distance des funérailles et supprimer au plus vite tout ce qui avait pu les relier. Mais elle se bat pour obtenir son droit le plus élémentaire: dire adieu au défunt et pouvoir faire son travail de deuil. "La transphobie est ici terriblement palpable et banale, d'une facilité déconcertante, puisqu'elle s'adresse à un individu considéré comme fantomatique et sans consistance, puisque sans étiquette" écrivions-nous en début de festival. "Un film indispensable qui fait acte de pédagogie tout en racontant l'histoire éminemment universelle d'un combat pour le droit à l'égalité."

Ces deux prix montrent que le combat n'est pas terminé. Que les droits acquis ne sont pas garantis. Il y a encore des luttes à mener. La cérémonie des Teddy se termine alors avec le "Freedom" du récemment disparu George Michael. Liberté, c'est bien le maître mot de cette soirée.

Deauville 2015 : la révélation « Tangerine », film réalisé avec un iPhone par Sean Baker

Posté par kristofy, le 8 septembre 2015

© christophe maulave

Les films en compétition sont au nombre de 14. Ils prétendent tous au Grand Prix qui sera décerné par Benoît Jacquot et son jury. ais d’autres jurys auront sans doute un choix différents comme le Prix du Public ou le Prix de la Critique. Ce choix s'avère déjà difficile entre Green Room de Jeremy Saulnier, Dixieland de Hank Bedford, 99 homes de Ramin Bahrani…

De son côté, le jury Révélation a pour tâche de récompenser un des films de la compétition pour un aspect novateur ou son originalité. Cette année la présidente est Zabou Breitman, entourée de Géraldine Nakache, Alice Isaaz, Rachelle Lefèvre et Stanley Weber. Les années précédentes ce Prix de la Révélation a été remis à Humpday en 2009, Les bêtes du sud sauvages en 2012, Fruitvale Station en 2013, A Girl Walks Home Alone at Night en 2014...

Une quête d'authenticité

Cette année, Tangerine de Sean Baker (qui a déjà reçu le prix Robert Altman aux Independent Spirit Awards pour Starlet, son précédent film), s'affirme déjà comme un favori. On découvre un quartier de Los Angeles rarement filmé avec une communauté de noirs transsexuels dont certains se prostituent ou rêvent de chanter. Il y a aussi quelques blancs, liés à la prostitution ou la drogue, et des chauffeurs de taxi originaires d’Arménie… Le temps d’une journée, avant le réveillon de Noël, ils sont tous à la rechercher d’un(e) autre, dans un joyeux chaos, avant de se retrouver malencontreusement au même endroit, obligés de se confronter à leurs secrets. Sin-Dee, après un court séjour de prison, apprend par Alexandra que son mec Chester lui a été infidèle avec une autre femme, Dinah, tandis que le chauffeur de taxi arménien Razmik marié et père de famille est lui à la recherche d’une relation sexuelle tarifée, alors qu'Alexandra donne rendez-vous dans un bar pour ses chansons et que la famille de Razmik l’attend pour dîner… Le scénario est digne d'un soap-opéra.

Pour Sean Baker, « Le thème de la famille est central, donc ce jour du réveillon de noël, et on se rend compte que la seule famille de ces femmes c’est juste elles-mêmes, elles n’ont personne d’autre que leur petit cercle… Certains acteurs n’avaient jamais joués avant, et lors d’ateliers pour des répétitions des choses proposées ont été transposées en dialogues et rajoutés dans le script, on avait un traitement de 70 pages avec parfois des dialogues, parfois juste une description de l’action, j’encourage mes acteurs à improviser même avec un scénario très écrit. On a aussi remplacé des éléments de langage pas assez réalistes par du vocabulaire de la rue autant pour les actrices que pour la famille arménienne pour plus d’authenticité. »

La caméra passe d’un personnage à un autre, presque en temps réel, d’un lieu à un autre le temps d’un extrait de musique (il y a beaucoup de trap music). Très colorée et toujours en mouvement, l'image nous fait découvrir progressivement les différents personnages (retrouver ou attendre quelqu’un à tel endroit) avant de faire se croiser leurs chemins (et créer des conflits). Le rendu visuel est étonnant avec des images très vives et on se retrouve devant un film proche pour la forme à Cours, Lola, cours de Tom Tykwer et dans son contenu à Quick Change de Eduardo Roy Jr…

Filmer avec un iPhone

Pour l’anecdote Sean Baker a tourné son film en utilisant comme caméra un smartphone : « Filmer avec un Iphone était d’abord une contrainte budgétaire, mais on a tirer parti de cet outil pour aussi tourner clandestinement, capter la vie réelle de ce Los Angeles méconnu. Quand un film est réaliste d’habitude les couleurs sont plutôt désaturées mais ça ne convenait pas à mes personnages hauts en couleurs, du coup on a plutôt augmenté les contrastes. Je ne pensais pas qu’il y aurait de la musique au début du projet, et finalement il y a une trentaine de musiques de toute sorte, je suis aussi au montage et la musique est arrivée durant la post-production. C’est élément qui participe beaucoup à l’ambiance du film… »

Ce film Tangerine de Sean Baker avait déjà fait sensation au festival de Sundance, et sa sortie française est déjà prévue pour le 30 décembre.

Berlin 2015: des Teddy Awards très latino-américains

Posté par vincy, le 14 février 2015

nasty baby

Après un film brésilien l'an dernier, les historiques Teddy Awards ont récompensé un cinéaste chilien habitué des festivals. Sebastian Silva revient de la Berlinale avec le plus convoité des prix cinématographique labellisé LGBT. Nasty Baby, qui réunit la vedette américaine Kristen Wiig (Mes meilleures amies, La vie rêvée de Walter Mitty), le réalisateur lui-même et Tunde Adebimpe, est l'histoire d'un artiste homosexuel qui désire obsessionnellement un bébé. Avec son partenaire, il parviennent à convaincre leur meilleure amie d'être la mère porteuse. Mais c'est, évidemment, plus compliqué que ça en a l'air. Le film, présenté dans la sélection Panorama, avait fait son avant-première mondiale à Sundance il y a trois semaines.

Dans la catégorie documentaire, c'est l'uruguayen Aldo Garay qui repart avec le trophée pour son film El Hombre Nuevo (Le nouvel homme). Le film est centré sur Stephania, transsexuelle, né "garçon" au Niracagua, adopté en Uruguay où elle est devenue une femme.

Le Teddy du court-métrage a été décerné à San Cristobal du chilien Omar Zúñiga Hidalgo.

Hormis ces trois Teddy tous latino-américains, le jury a distingué d'un prix spécial Stories of our Lives du kenyan Jim Chuchu, qui a aussi reçu la 2e place du jury Panorama parmi les innombrables prix de la Berlinale.

udo kierEnfin, un Teddy Award d'honneur a été remis à Udo Kier, acteur légendaire du cinéma allemand (et réalisateur d'un seul film). A 70 ans, le comédien  ouvertement homosexuel et aimant se travestir, s'est fait connaître très tôt en mannequin. Proche de Jean Marais (on les a d'ailleurs vus ensemble dans la série Joseph Balsamo), protégé de Rainer Werner Fassbinder, ami fidèle de Lars von Trier, acteur culte de Gus Van Sant, il a cinquante ans de carrière à son actif et une quantité infinie de navets aux titres risibles. Mais on l'a surtout remarqué dans Andy Warhol's Frankenstein (de Paul Morrissey, produit par Vittorio de Sica et Roman Polanski), Histoire d'O, La femme du chef de gare, La troisième génération, Lili Marleen, Lola, Europa, My Own Private Idaho, Ace Ventura, détective pour chiens et chats, Blade, Johnny Mnemonic, Breaking the Waves, The End of Violence (de Wim Wenders), Dancer in the Dark, End of Days (avec Schwarzzy), Dogville, Grindhouse, Soul Kitchen (de Fatih Akin), Melancholia, Nymphomaniac... Enfin, Madonna l'a aussi fait travaillé dans ses clips sulfureux Erotica et Deeper and Deeper en 1992.

Elle Fanning veut changer de sexe dans Three Generations

Posté par vincy, le 30 octobre 2014

susan sarandon elle fanning naomi wattsTrio de charme assurément. Susan Sarandon (Tammy, Cloud Atlas), Naomi Watts (Birdman, Diana) et Elle Fanning (Maléfique, Super 8) interpréteront trois femme de trois générations différentes dans Three Generations.

Sarandon incarne la mère de Watts, elle-même mère de Fanning. Cette dernière interprétera une adolescente new yorkaise qui veut devenir un homme. Sa mère, célibatère, doit accepter ce changement. Tandis que la grand mère a du mal à gérer et comprendre sa fille et sa petite-fille.

Le film, écrit par Nikole Beckwith, sera réalisé par Gaby Dellal (Une belle journée). Beckwith vient de terminer le tournage de son premier long métrage, Stockholm, Pennsylvania, avec Saoirse Ronan, Jason Isaacs et Cynthia Nixon.