Trahison: Jeu de dupe

Posté par geoffroy, le 3 février 2009

traitor trahison guy pearce don cheadle« - Je veux seulement connaître la vérité.
- La vérité est compliquée ».

L'histoire : L'agent du FBI Roy Clayton enquête sur un complot international. Tout semble accuser l'ancien officier des opérations spéciales US Samir Horn, personnage mystérieux aux relations inquiétantes. Horn a le don étrange de surgir juste avant qu'une opération n'échoue, et de prendre le large avant qu'on ait pu l'interroger.
La section inter-agences chargée de l'appréhender rencontre le vétéran Carter, un freelance de la vieille école qui loue ses services à la CIA et semble en savoir long, et l'agent du FBI Max Archer. L'équipe croit découvrir la preuve des activités illicites de Horn au Yémen, à Nice et à Londres, mais de nouvelles et surprenantes révélations amènent Clayton à s'interroger sur les motivations de Horn.

Notre avis: Avec Trahison, premier long-métrage du scénariste / réalisateur Jeffrey Nachmanoff, nous voguons dans les eaux calmes, donc ennuyeuses, du film d’espionnage à tiroirs un brin poussif. Si l’ensemble ne dénote pas des critères habituels pour une production hollywoodienne avec star à l’affiche (Don Cheadle, impeccable), il n’y a pas grand-chose à dire de cette énième déclinaison « étasunienne » du terrorisme, si ce n’est le manque cruel de point de vue autour de ces réseaux internationaux complexes, contradictoires et surtout interdépendants. En deçà de l’efficacité cinématographique du dernier Ridley Scott (Mensonges d’Etat, déjà pas fameux, avait tout de même une maîtrise de caméra certaine), Trahison perd l’originalité de son propos par une scénarisation m’a tu vu dont le dénouement, grotesque, condamne l’errance psychologique du personnage principal, Samir Horn.

Ancien officier des opérations spéciales US d’origine soudanaise, Horn, de confession musulmane, loue ses services d’artificier à des forces terroristes bien décidées à en découdre avec l’Oncle Sam. Traqué par le F.B.I, son profil s’avère suffisamment intriguant – au départ en tout cas – pour espérer une histoire a priori moins codifiée que d’ordinaire. En effet, si l’entame brouille les pistes et offre un trompe l’œil sur l’anti-terrorisme primaire des Etats-Unis, la suite, comme tétanisée par l’enjeu, n’arrive jamais à dépasser ce cadre introductif pourtant prometteur. La narration s’étire inutilement et l’histoire, devenue ronronnante, ne tient ni la route, ni en haleine. Le récit, construit essentiellement par le biais d’un montage parallèle superposant les agissements du mystérieux Horn et l’enquête de F.B.I menée par l’agent Clayton (Guy Pearce, effacé), tente de dynamiser la trame des agissements en cours. Mais rien n’y fait et le film survol inexplicablement son propos liminaire pour nous livrer, sans l’ombre d’une perspective, une suite d’évènements aussi prévisibles qu’inoffensifs. Sans être totalement inintéressant, c’est juste lassant.

Incapable d’offrir une substance aux motivations personnelles de chacun, l’interaction des trois personnages principaux (le terroriste fanatique cultivé Omar, interprété par Saïd Taghmaoui, l’agent du F.B.I intègre Clayton et Horn) s’articule selon le contexte géopolitique dominant. Cette optique tend à dresser des stéréotypes qui oblitèrent, de fait, les questions éthiques propres à chaque situation envisagée. Le dénouement, philosophiquement stupide, emprisonne alors le long-métrage dans un parti pris démonstratif générateur de vide. A la question posée : jusqu’où est-on prêt à aller au nom de ses convictions, le film ne répond pour ainsi dire jamais. Cette vacuité du propos est en soi la faiblesse cinématographique de Trahison.