Berlin 2015: Ours d’or pour Jafar Panahi et une grande année pour le cinéma chilien

Posté par vincy, le 14 février 2015

taxi

En remportant l'Ours d'or avec son dernier film, Taxi, le cinéaste iranien Jafar Panahi, filmant clandestinement depuis que la justice iranienne lui a interdit de filmer et de sortir du pays en 2010, démontre que la liberté d'expression est une fois de plus sans frontières. Le jury de Darren Aronofsky provoque ainsi les pays où les cinémas sont censurés, et ce, de la plus belle des manières. Panahi et Berlin c'est une grande histoire. Invité d'honneur en 2010, il n'a pas pu s'y rendre. Membre du jury à titre honorifique en 2011, il est toujours bloqué à Téhéran.

Il y a aussi reçu deux Ours d'argent pour Hors-jeu en 2006 et Pardé en 2013. Avec son Lion d'or à Venise en 2000 pour le Cercle, cet Ours d'or est son plus grand prix international.

Trois autres faits marquants sont à noter dans ce palmarès qui, en récompensant par deux fois deux ex-aequo, montre que le jury a trouvé la compétition exceptionnelle.

Le cinéma chilien, déjà bien récompensé depuis hier (Teddy Award pour Sebastian Silva, deux prix pour Patricio Guzman) a fait une belle razzia ce soir au Berlinale Palast. Un Grand prix du jury pour Pablo Larrain (No) avec son nouveau film El club et un prix du scénario pour le documentariste Patrico Guzman avec Le bouton de nacre (lire aussi nos critiques des deux films chiliens). Si l'on ajoute le prix Alfred Bauer pour Ixcanul de Jayro Bustamante qui nous vient du Guatemala, et les deux prix récoltés par la brésilienne Anna Muylaert dans la section Panorama hier, l'Amérique latine a trusté une grande partie des récompenses berlinois.

Deuxième point, l'Ours d'argent pour le meilleur réalisateur partagé entre la polonaise Malgorzata Szumowska (déjà très remarqué pour Elles et Aime et fais ce que tu veux) et le romain Radu Jude (Papa vient dimanche), en plus des deux prix pour la contribution artistique pour un danois (Sturla Brandth Grøvlen), un russe et un ukrainien travaillant tous deux main dans la main (Evgeniy Privin et Sergey Mikhalchuk), l'esthétique qui a séduit le jury venait d'Europe du nord et de l'Est, loin des images de Terrence Malick, Peter Greenaway ou Benoît Jacquot.

Enfin, saluons le double prix d'interprétation de Charlotte Rampling et Tom Courtenay pour leur incarnation d'un couple dans 45 Years d'Andrew Haigh (déjà remarqué avec Week-end). C'est difficile à croire mais c'est la première fois que Rampling remporte un prix d'interprétation dans un des grands festivals internationaux. Courtenay (deux fois nommé aux Oscars) avait déjà reçu une Coupe Volpi à la Mostra de Venise en 1964 (Pour l'exemple, de Joseph Losey).

Le palmarès intégral

Ours d'or: TAXI de Jafar Panahi
Ours d'argent Grand prix du jury: EL CLUB de Pablo Larrain.
Prix Alfred Bauer: IXCANUL de Jayro Bustamante
Ours d'argent du meilleur réalisateur ex-aequo: Malgorzata Szumowska (BODY) et Radu Jude (AFERIM!)
Ours d'argent de la meilleure actrice: Charlotte Rampling (45 YEARS d'Andrew Haigh)
Ours d'argent du meilleur acteur: Tom Courtenay (45 YEARS d'Andrew Haigh)
Ours d'argent du meilleur scénario: Patricio Guzman (LE BOUTON DE NACRE - documentaire)
Ours d'argent pour la meilleure contribution artistique (photographie) ex-aequo : Evgeniy Privin & Sergey Mikhalchuk (UNDER ELECTRIC CLOUDS) et Sturla Brandth Grøvlen (VICTORIA)

Meilleur premier film (toutes sélections confondues): 600 MILLAS (600 Miles) de Gabriel Ripstein (section Panorama)

Ours d'or du meilleur court-métrage: HOSANNA de Na Young-kil
Ours d'argent du meilleur court-métrage: BAD AT DANCING de Joanna Arnow
Prix du jury - Meilleur court-métrage: PLANET ? de Momoko Seto

Dinard 2012 : The so britiiiiiiiiish Festival is « ouvert »

Posté par kristofy, le 5 octobre 2012

patrick bruel copyright ecran noirLe 23ème Festival Britannique de Dinard déroule une nouvelle fois le tapis rouge vers son Palais, refait à neuf, à la crème du cinéma d’outre-Manche. Les organisateurs Sylvie Mallet et Hussam Hindi notent cette année que la tendance va vers un peu moins de noirceur : « Les réalisateurs délaissent la guerre, la crise et le chômage pour se consacrer au pur cinéma et aux films de genre. Comme une envie de tourner la page des années 2000, on pense à demain, il y a une volonté que les choses soient mieux que hier ».

La cérémonie d'ouverture, un peu longue, parfois drôle, très décalée, parfois pas du tout calée, a permit à la Maire de Dinard de faire un discours surréaliste sur le cinéma. Et au présentateur, Mister Rose, et ses rosettes, de s'amuser sur scène. Il fallait bien cette frivolité pour nous faire digérer le film d'ouverture gallois, Hunky Dory, patchwork invertébré et complaisamment mélancolique, sauvé par les acteurs et les musiques de David Bowie. Hussam Hindi voulait, à l'origine faire un focus sur le cinéma gallois. Il a, de manière politiquement incorrecte, avoué qu'il n'y avait pas de bons films gallois, hormis celui-ci. On imagine le niveau des autres...

Cette année le jury est présidé par Patrick Bruel (à part le maître de cérémonie, personne n'a osé lui faire "Patriiiiick!"), entouré de plusieurs acteurs, réalisateurs, scènaristes, producteurs : Marjane Satrapi, Maria de Meideiros, Raza Jaffrey, Célia Imrie, Adrian Hodges, Jérémie Elkaïm (absent hier soir), Stephen Dillane, Josée Dayan, Catherine Corsini et Cyril Colbeau-Justin (voir également actualité du 31 août). A eux de départager les 6 films en compétition pour le Hitchcock d’or, après Tyrannosaur de Paddy Considine l’année dernière.

Dinard célèbre en même temps plusieurs anniversaires à travers des évènements. Il s’agit des 50 ans de l’espion au service de sa Majesté, avec l’occasion de revoir les différents visages de l’agent 007 de James Bond contre docteur No à Casino Royale. Le premier film avec James Bond était sorti le 5 octobre 1962, et ce 5 octobre 2012 c’est le Bond Day : à Dinard ce soir et dans plusieurs cinéma à travers le monde sera projeté le documentaire Everything or Nothing, the untold story of 007 de Stevan Riley.

Cette année c’est aussi le 200ème anniversaire de la naissance de Charles Dickens, un des écrivains les plus célèbre du Royaume-Uni, et pour l’occasion plusieurs courts-métrages, documentaires et films inspirés de ses romans sont à Dinard, dont ceux de Roman Polanski, Carol Reed ou David Lean.

Les classiques seront revisités, comme par exemple la version restaurée de Tell me lies de Peter Brook, récompensé à Venise en 1968 mais jamais sorti en France.

Dinard rend hommage rendus à l’acteur Tom Courtenay, qui a traversé Docteur Jivago de David Lean en 1946, La solitude du coureur de fond de Tony Richardson en 1962 (il y a 50 ans aussi), L’habilleur de Peter Yates en 1983… Depuis il a été anobli par la reine pour services rendus à l’industrie du cinéma et du théâtre. Présent sur scène jeudi soir, Sir Tom Courtenay est aussi à Dinard pour une master-class avec le public lors de laquelle il est revenu sur son passionnant parcours et aussi sur le mouvement du ‘free cinema’ britannique.