Ce qu’il faut retenir des nominations aux Oscars 2015

Posté par vincy, le 16 janvier 2015

marion cotillard deux jours une nuit

En 6 points, voilà ce qu'il faut retenir des Oscars, dont la liste des nominations a été révélée hier.

Inattendus. Marion Cotillard (actrice), Laura Dern et (sans mérite aucun) Meryl Streep (second-rôle féminin), Bradley Cooper (acteur), Le chant de la mer (animation), Timbuktu et Tangerines (film en langue étrangère) ont déjoué les pronostics.

Snobés. Il y en a des films snobés, c'est-à-dire nominés dans des catégories techniques ou quasiment oubliés de la liste. Jennifer Aniston (Cake) et Amy Adams (Big Eyes, et lauréate d'un Golden Globe dimanche dernier) dans la catégorie actrice ; Foxcatcher, Interstellar et Gone Girl dans la catégorie film ; Jack O'Connell (Unbroken), David Oyelowo (Selma), Timothy Spall (Mr Turner) et Jack Gyllenhaal (Nightcrawler) dans la catégorie acteur ; Rene Russo et Jessica Chastain dans la catégorie second-rôle féminin ; Channing Tatum et Ralph Fiennes dans la catégorie second-rôle masculin ; Ava DuVernay, David Fincher, Mike Leigh et Clint Eastwood dans la catégorie réalisateur ; The Lego Movie dans la catégorie animation ; Unbroken, Interstellar et Gone Girl en général. Et bien entendu Mommy, complètement zappé.

Diversité. 0. Aucun comédien/comédienne, aucun réalisateur, aucun scénariste afro-américain n'est en compétition cette année. Du 100% WASP ou presque. Racistes les Oscar? On ne peut pas vraiment dire ça. Cela dépend des années. Mais n'oublions pas que le collège des votants est à 94% blanc, 77% masculin et 86% au dessus de 50 ans. Ce qui explique un ethnocentrisme flagrant et des choix souvent conservateurs. On peut quand même signalé la présence d'un mexicain, d'une française, de quelques britanniques.

Made in France ou presque. 8 nominations pour le cinéma français (producteur ou coproducteur). Marion Cotillard (actrice), Timbuktu (film en langue étrangère), Le chant de la mer (animation), Le sel de la terre (documentaire), Aya et La lampe au beurre de yak (court métrage), Alexandre Desplat (pour deux nominations dans la catégorie musique de films).

Studios. Ce sont les indépendants qui dominent les nominations. Fox Searchlight en tête avec 20 citations, devant Sony Pictures Classics avec 18. Suivent Warner Bros avec 16 et Weinstein Company avec 9. Disney et IFC Films en ont 8 chacun. Au total 20 distributeurs sont cités. Parmi les 10 plus importants distributeurs américains, seuls Sony / Columbia et Lionsgate manquent à l'appel.

Festival. 3 des 5 films en lice pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère étaient en compétition à Cannes cette année (et 2 des 5 films de la catégorie animation étaient aussi sur la Croisette). Au total, le Festival de Cannes récolte 22 nominations. Mais seul Whiplash, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, concoure dans la catégorie meilleur film, où deux films de Berlin et un de Venise sont aussi en course.

Favori. Boyhood, qui devrait gagner les statuettess de meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur second rôle féminin. Julianne Moore, J.K. Simmons et Michael Keaton partent gagnants pour les autres catégories d'interprétation. The Grand Budapest Hotel ou Birdman devrait emporter l'Oscar du meilleur scénario original.

Boyhood, Birdman et Grand Budapest Hotel dominent les nominations aux Oscars

Posté par vincy, le 15 janvier 2015

affiche the grand budapest hotel wes andersonEtrange liste que celle des nominés aux 87e Oscars de l'histoire. Les films indépendants ont raflé la mise, ceux diffusés à Sundance, Berlin, Cannes et Venise. Les nominés (et vainqueurs pour certains) aux Goldens Globes y sont. Mais derrière ce consensus comment interpréter les multiples nominations(dont réalisateur) de Foxcatcher sans que le film ne soit retenu en meilleur film. Ou celle d'American Sniper nominé en meilleur film mais pas en meilleur réalisateur. Quid de Ralph Fiennes (The Grand Budapest Hotel)? Et Gyllenhaal et Russo (Nightcrawler) ou Timothy Spall (Mr. Turner) préférés à des performances "à Oscars"? D'ailleurs comment peut-on choisir Morten Tyldum plutôt que Mike Leigh ou même Esatwood, Nolan... parmi les meilleurs réalisateurs? Les grosses productions ont aussi souffert, de Interstellar à Lego, de Into the Woods à Unbroken: les Oscars n'avaient pas envie de spectaculaire semble-t-il. Mais c'est un camouflet pour ces films et c'est d'autant plus surprenant que le fonctionnement de la catégorie du meilleur film est censé les favoriser dorénavant.
Pour le reste, de Cotillard qui réveillera l'esprit chauvin de nos confrères à Timbuktu qui est cruellement d'actualité, les Oscars ont réservé leur lot de surprises.

Avec 9 nominations Birdman et Grand Budapest Hotel surclassent les concurrents. The Imitation Game en reçoit 8, et American Sniper et Boyhood six chacun. Ce qui ne présage rien du résultat final qui sera connu le 22 février. Car, on l'a vu, le film le plus récompensé de la saison c'est bien Boyhood.

Film : American Sniper ; Birdman ; Boyhood ; The Grand Budapest Hotel ; The Imitation Game ; Selma ; The Theory of Everything ; Whiplash
Film d'animation : Big Hero 6 ; The Boxtrolls ; Dragons 2 ; Le chant de la mer ; Le conte de la Princesse Kaguya
Film documentaire : Citizenfour ; Finding Vivian Maier ; Last Days in Vietnam ; The Salt of the Earth ; Virunga
Film en langue étrangère : Ida ; Leviathan ; Tangerines ; Timbuktu ; Les nouveaux sauvages

Réalisateur : Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel) ; Alejandro Gonzalez Inarritu (Birdman) ; Richard Linklater (Boyhood) ; Morten Tyldum (The Imitation Game) ; Bennett Miller (Foxcatcher)
Actrice : Marion Cotillard (Deux jours une nuit) ; Felicity Jones (The Theory of Everything) ; Julianne Moore (Still Alice) ; Rosamund Pike (Gone Girl) ; Reese Witherspoon (Wild)
Acteur : Steve Carell (Foxcatcher) ; Bradley Cooper (American Sniper) ; Benedict Cumberbatch (The Imitation Game) ; Micheal Keaton (Birdman) ; Eddie Redmayne (The Theory of Everything)
Second rôle féminin : Patricia Arquette (Boyhood) ; Laura Dern (Wild) ; Keira Knightley (The Imitation Game) ; Meryl Streep (Into the Woods) ; Emma Stone (Birdman)
Second rôle masculin : Robert Duvall (The Judge) ; Ethan Hawke (Boyhood) ; Edward Norton (Birdman) ; Mark Ruffalo (Foxcatcher) ; J.K. Simmons (Whiplash)

Scénario adapté : American Sniper ; The Imitation Game ; Inherent Vice ; The Theory of Everything ; Whiplash
Scénario original : Birdman ; Boyhood ; Foxcatcher ; The Grand Budapest Hotel ; Nightcrawler

Image : Birdman ; The Grand Budapest Hotel ; Ida ; Mr. Turner ; Unbroken
Décors : The Grand Budapest Hotel ; The Imitation Game ; Interstellar ; Into the Woods ;Mr. Turner
Montage : American Sniper ; Boyhood ; The Grand Budapest hotel ; The Imitation Game ; Whiplash
Montage son : American Sniper ; Birdman ; The Hobbit: The Battle of the Five Armies ; Interstellar ; Unbroken
Mixage son : American Sniper ; Birdman ; Interstellar ; Unbroken ; Whiplash
Effets visuels : Captain America: The Winter Soldier ; Dawn of the Planet of the Apes ; Guardians of the Galaxy ; Interstellar ; X:Men: Days of Future Past
Costumes : The Grand Budapest Hotel ; Inherent Vice ; Into the Woods ; Maléfique ; Mr. Turner
Maquillages : Foxcatcher ; The Grand Budapest Hotel ; Guardians of the Galaxy

Court métrage animé : The Bigger Picture ; The Dam Keeper ; Feast ; Me and My Moulton ; A Single Life
Court métrage : Aya ; Boogalo and Graham ; Butter Lamp ; Parvaneh ; The Phone Call

Musique : The Grand Budapest Hotel ; The Imitation Game ; Interstellar ; Mr. Turner ; The Theory of Everything
Chanson originale : Everything is Awesome (Lego Movie) ; Glory (Selma) ; Grateful (Behind the Lights) ; I’m Not Going to Miss you (Glen Campbell) ; Lost Stars (Begin Again)

7 janvier 2015 : tous Charlie

Posté par MpM, le 7 janvier 2015

charlieQuand la fiction traverse l'écran, ce n'est pas toujours pour le meilleur. Depuis plusieurs semaines, le film Timbuktu d'Abderhamane Sissako livre un regard cru et profond sur les exactions des djihadistes au Mali : limitation des libertés individuelles, lapidations, mariages forcés... Au nom d'une religion qu'ils se sont arbitrairement accaparé, les soldats pensent avoir droit de vie et de mort sur leurs concitoyens.

Une réalité lointaine ? L'attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo rappelle que ces exactions nous concernent tous. Aujourd'hui, en France, dessiner et faire rire sont devenus des crimes punis de mort. Aujourd'hui, en France, des hommes sont morts parce qu'ils croyaient en un idéal, celui de la liberté d'expression, mais aussi en une force : celle du rire, pour adoucir les oppositions et faire voler en éclats les barrières et les malentendus, et surtout les haines et les peurs. Il n'existe pas de terme assez fort pour dire l'horreur d'une telle pensée. Il n'existe pas de mot assez virulent pour condamner de tels actes.

Mais attention aux amalgames et aux raccourcis. Les seules personnes à blâmer pour ces assassinats abjects, ce sont leurs auteurs, et ceux qui les ont conditionnés à agir ainsi. Ne prenons pas prétexte de l'attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo pour chercher des boucs émissaires ou stigmatiser une religion ou un groupe d'individus.

Au contraire, prenons exemple sur un autre film, Iranien de Mehran Tamadon (sorti début décembre), pour combattre nos propres angoisses, nos propres fantasmes. Dans ce documentaire étonnant, un rapprochement fugace s'opère entre des hommes que tout semble (à tort) opposer : des mollahs affiliés au régime en place et un cinéaste athé convaincu. Si eux peuvent le temps d'un week-end oublier leurs dissensions pour apprendre à se connaître, pourquoi ne pourrions-nous pas abandonner nous aussi nos préjugés ?

L'art, le dialogue, et souvent l'humour sont les meilleures armes pour repousser l'obscurantisme et mettre en lumière les points communs entre les êtres, plutôt que leurs différences. Parce qu'aujourd'hui, nous sommes tous Charlie, défendons la liberté d'expression, mais aussi le vivre ensemble, la bienveillance et le partage. C'est la seule solution pour résister à la barbarie, la haine et l'obscurantisme qui viennent de s'abattre sur nous.

Timbuktu, Leviathan, Ida et Les nouveaux sauvages en 1/2 finale des Oscars

Posté par vincy, le 19 décembre 2014

9 films sur les 83 présentés ont été retenu en vue des nominations aux Oscars, qui seront révélées le 15 janvier prochain.

La France, la Belgique et le Québec sont déjà éliminés: ni Saint-Laurent, ni Deux jours une nuit, ni Mommy n'ont été retenus. Le Bonello et le Dolan ont été peu vus aux Etats-Unis. Le Dardenne est davantage une suprise sachant que Cotillard est dans les oscarisables.

Autre surprise, Winter Sleep, la Palme d'or n'a pas été sélectionnée non plus. Mais quatre films cannois sont dans la liste, Timbuktu, Leviathan, Les nouveaux sauvages (compétition) et Force majeure (Un certain regard). The Liberator et Ida ont fait leurs avant-premières mondiale à Toronto, Tangerines à Varsovie (Prix du public), Corn Island à Karlovy Vary (où il a récolté le Grand prix) et Accused sort de nulle part.

Autant dire que l'Académie va encore faire l'objet de critiques sur cette catégorie, décidément obsolète et peu représentative de la cinématographie mondiale. Les règles du jeu doivent changer.

Argentine, Les nouveaux sauvages - Damián Szifrón
Estonie, Tangerines - Zaza Urushadze
Géorgie, Corn Island (La terre éphémère) - George Ovashvili
Mauritanie, Timbuktu - Abderrahmane Sissako
Pays-Bas, Accused - Paula van der Oest
Pologne, Ida - Pawel Pawlikowski
Russie, Leviathan - Andrey Zvyagintsev
Suède, Force Majeure (Snow Therapy) - Ruben Östlund
Venezuela, The Liberator - Alberto Arvelo

Les 8 films sélectionnés au Prix Louis-Delluc 2014

Posté par vincy, le 27 novembre 2014

Qui succèdera à La vie d'Adèle? Nous saurons le 15 décembre quel sera le film lauréat du Prix Louis-Delluc.

Le Festival de Cannes 5 des 8 films retenus. Parmi les sélectionnés, notons que Jean-Luc Godard, Benoît Jacquot et Pascale Ferran ont déjà reçu le prix Louis-Delluc.

Sils Maria d'Olivier Assayas
Saint Laurent de Bertrand Bonello
Eastern Boys de Robin Campillon
Au bord du monde de Claus Drexel
Bird People de Pascale Ferran
Adieu au langage de Jean-Luc Godard
Trois coeurs de Benoît Jacquot
Timbuktu d'Abderrahmane Sissako

Timbuktu et Mommy se répartissent les prix du Festival de Namur

Posté par vincy, le 13 octobre 2014

timbuktuVendredi, le 29ème Festival International du Film Francophone de Namur a distribué ses Bayards d'or. Le jury, présidé par Safy Nebbou, devait choisir entre des films déjà présentés dans d'autres festivals comme Bande de filles, Le beau monde, Felix et Meira, Géronimo, Que ta joie demeure, L'Oranais...

Deux films de la compétition cannoise ont squatté le palmarès. Timbuktu d'Abderrahmane Sissako a reçu le Bayard d'or du meilleur film et le prix du meilleur scénario. Mommy de Xavier Dolan a été consacré pour son comédien (Antoine-Oliver Pilon), ses comédiennes (Anne Dorval et Suzanne Clément) et sa photo (André Turpin). Une mention a été attribuée pour le scénario de Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur. Un prix spécial du jury a été décerné à Examen d'Etat de Dieudo Hamadi. Le cinéma africain est donc reparti avec trois prix et le cinéma québécois avec quatre.

A Namur, un jury distinct récompense les premières oeuvres de fiction. On y croise des films comme Bébé tigre, grand prix à Saint-Jean-de-Luz, et Terre battue ... Le Bayard d'or du premier film a couronné Le Challat de Tunis de Kaouther Ben Hania, le prix découverte récompense Mercuriales de Virgil Vernier et Qu'Allah bénisse la France d'Abd Al Malick.

Au total, 77 longs métrages ont été projetés dans la ville belge. Selon les organisateurs, 363 journalustes et 300 incités se sont rendus cette année dans le Festival qui a, par ailleurs, honoré Denis Coté.

Oscars 2015 : la France prend Saint Laurent comme ambassadeur

Posté par vincy, le 22 septembre 2014

La France a choisit son candidat en vue des nominations à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. La commission de sélection s'est réunie pour la deuxième fois ce matin et a sélectionné Saint Laurent de Bertrand Bonello. Le film, qui était en compétition au dernier Festival de Cannes, sort sur les écrans français mercredi, distribué par EuropaCorp. Aux Etats-Unis, c'est Sony Pictures Classics qui distribuera le film. Pour l'instant aucune date de sortie n'est confirmée, mais le studio a déjà plusieurs prétendants en course pour les Oscars : Whiplash, Foxcatcher, Mr. Turner. Saint-Laurent va faire son avant-première américaine au prochain Festival de New York, qui début vendredi.

Avant son départ du ministère de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti avait renouvelé la Commission chargée de désigner le candidat français pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Alain Terzian, président de l'Académie des César, Jean-Paul Salomé, président d'Unifrance, Régis Wargnier (qui a gagné cet Oscar en 1993), Agnès Jaoui, et Mia Hansen-Løve ont décidé du film aux côtés de Serge Toubiana, président de la commission d'avances sur recettes, et Thierry Frémaux, délégué général du festival de Cannes, tous deux membres de droit.

Pour être choisi, il faut que le film soit sorti en salles entre le 1er octobre 2013 et le 30 septembre 2014. Le choix est audacieux, pour ne pas dire risqué, tant la narration du film de Bonello est à des années lumières des goûts assez conservateurs des votants. Le biopic Yves Saint Laurent de Jalil Lespert aurait sans doute été plus consensuel, tout comme Gemma Bovery. Avouons que ce choix gonflé misant avant tout sur une esthétique et une autre manière de voir le film biographique fait de Saint Laurent un ambassadeur du cinéma chic français par excellence.

Déjà 8 films cannois en concurrence dans cette catégorie

On note surtout que le Festival de Cannes a toute les chances d'être représenté dans le club des cinq finalistes. Après Amour et La Grande Bellezza, un troisième Oscar d'affilée à un film cannois assurerait un peu plus la prééminence du Festival dans la catégorie cinéma art et essai.

Ainsi Mommy (Canada), Winter Sleep (Turquie), Deux jours une nuit (Belgique), Timbuktu (Mauritanie), tous quatre en compétition, seront en concurrence avec Saint Laurent. Israël a préféré Le Procès de Vivian Amsalem de Ronit et Shlomi Elkabetz, présenté à la Quinzaine des réalisateurs. La Hongrie a opté pour White God et la Suède pour Force Majeure, tous deux primés à Un Certain Regard.

Parmi les autres candidats déjà connus, notons deux films berlinois LGBT, Au premier regard (Brésil) et The Circle (Suisse). Ida représentera la Pologne, La Lune rouge le Maroc, Sea Fog la Corée du Sud, The Light Shines Only There le Japon, Golden Era, d'Ann Hui, Hong Kong, Today l'Iran, Little England la Grèce, Beloved Sisters l'Allemagne, 1001 Grams (de Bent Hamer) la Norvège. La surprise vient de l'Ukraine qui a préféré The Guide, film d'époque, à The Tribe, qui a fait sensation à chaque passage dans les Festivals.

Enfin, Panama a proposé un film pour la première fois de son histoire, Invasion. Le Nigéria devrait aussi faire son entrée dans ces olympiades du cinéma.

Reste quelques gros pays dont on ne connait pas encore le choix : Italie, Espagne, Argentine, Danemark, Russie, Chine, Inde et Mexique, entre autres.

Cannes 2014 – Lettre à… Abderrahmane Sissako

Posté par MpM, le 15 mai 2014

SissakoCher Abderrahmane Sissako,

Vous avez beaucoup ému la Croisette avec votre film Timbuktu présenté aujourd'hui en compétition officielle. Vous y montrez avec humanité la situation inhumaine d'une population soumise à la loi de l’absurdité et de l'intransigeance. Un film beau et poétique, parfois même drôle, s'il ne faisait un constat si terrible sur ce qu'ont vécu les habitants de Tombouctou pendant l'occupation de la ville par des Djihadistes intégristes en 2012.

Dans votre film, hommes et femmes souffrent de la même manière des lois toujours plus strictes des occupants : pas de musique, pas de football, des coups de fouet au moindre écart de conduite... Pourtant, la peine s'alourdit pour les femmes d'une tentative de prise de contrôle de leurs corps, qui deviennent eux-aussi un enjeu de pouvoir (comme c'est le cas dans la plupart des guerres). Les Djihadistes entreprennent ainsi de leur faire porter le voile, mais aussi de les obliger à porter des chaussettes et des gants lorsqu'elles sont dans un lieu public, y compris la commerçante qui vend du poisson et a par conséquent les mains dans l'eau toute la journée.

Cette main-mise sur le corps de la femme, qui confine ici au ridicule, semble avoir été le fil directeur de la journée, prouvant que la problématique est on ne peut plus universelle. Dans Bande de filles de Céline Sciamma (film d'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs), le corps de l'héroïne appartient symboliquement à son frère, qui ne supporte pas qu'elle ait une vie sexuelle.

Dans Loin de son père de Keren Yedaya (Un Certain Regard), c'est le père qui exerce un pouvoir absolu sur le corps de sa fille, avec laquelle il entretient une relation incestueuse. Il lui reproche par ailleurs de grossir ou de se laisser aller. Et quand il veut la punir, il la viole.

Cette violence pas uniquement symbolique à l'égard du corps des femmes est une constante dans les rapports de domination, qu'ils soient dans le cercle familial ou à l'échelle d'une société. Mais le fait qu'elle soit si répandue, touchant tous les pays, toutes les couches sociales et toutes les cultures, ne la rend que plus insupportable.

Dans votre film, cher Abderrahmane Sissako, la lueur d'espoir vient de l'art et de l'imagination. C'est en jouant au foot avec un ballon imaginaire que les jeunes hommes de Tombouctou luttent contre les intégristes. C'est en chantant que la jeune femme condamnée à 25 coups de fouet résiste symboliquement à ses oppresseurs. De même, c'est en faisant des films, des livres, des chansons... et même des articles, que l'on s'oppose à de telles pratiques, et surtout que l'on peut faire changer les mentalités.