Edito: Guillaume Gallienne se met à table

Posté par redaction, le 9 mars 2016

Guillaume Gallienne s'est épanché sur RTL. On se demande bien d'ailleurs pourquoi lancer une controverse sur le sujet: "Je m’interroge quand même sur le choix du cinéma français, en tout cas de la famille du cinéma français, à vouloir, tout le temps, euh, prôner la diversité, euh, culturelle et tout ça, parfois je ne sais pas à quel point le moteur de ça est artistique ou politique, voilà."

On peut toujours croire qu'une question est légitime une fois posée. Celle-là est complètement absurde. N'accusons pas le sociétaire de la Comédie Française d'être insidieusement raciste en visant ainsi Fatima et sûrement Timbuktu, César du meilleur film cette année et l'an dernier. Le comédien consacre beaucoup de ses émissions radiophoniques aux minorités.

Mais on trouve le Sieur un peu gonflé et on ne peut pas voir de la part d'un homme de textes une simple maladresse oratoire.

Petit rappel. Son film à lui, Les garçons et Guillaume à table!, "comédie" assez mal filmée adaptée d'une son "one-man-show" plutôt brillant, a récolté 5 César: Meilleur film, Meilleur premier film, Meilleur acteur et Meilleure adaptation pour Guillaume Gallienne, en plus du Meilleur montage pour Valérie Deseine. Le plus gênant dans cette histoire ait qu'il a reçu le trophée suprême face à L'inconnu du lac et La vie d'Adèle. Sachant quand même, avouons-le, que Les garçons et Guillaume à table! est sournoisement assez homophobe (entre clichés sur les gays, homo ou bi sexualité non assumée et happy end hétéro-outé), on peut s'interroger, puisque Gallienne nous ouvre la porte du placard en grand, sur ces votants aux César qui voterait "politiquement" mais qui rejetteraient les films où l'on aborde l'homosexualité, que ce soit sous un genre thriller ou romanesque, au profit d'un premier film maladroit et pas gay-friendly...

Car, on est bien d'accord que ceux qui ont voté pour Fatima ou Timbuktu sont les mêmes, à peu de choses près, qui ont choisi Les Garçons et Guillaume à table!, face à Asghar Farhadi et Abdellatif Kechiche, issus de la fameuse "diversité culturelle". Non franchement, Guillaume Gallienne, tu aurais mieux fait de te taire, et pas seulement à table. Parce que là on pourrait te répondre: "On s’interroge quand même sur le choix du cinéma français, en tout cas de la famille du cinéma français, à vouloir, tout le temps, euh, prôner l'hétérosexualité, euh, la norme et tout ça, parfois je ne sais pas à quel point le moteur de ça est artistique ou politique, voilà."

En tout cas une chose est sûre, ton film, Billy, n'était pas une grande oeuvre artistique, ni un brûlot politique. C'était une séance de psy, qui part de ton psyché (troublé) pour arriver à ta queue (qui se demande pour qui elle bande), en passant par ton nombril. Regarde un peu le palmarès des César, et tu compteras: très peu de films césarisés abordent la question des minorités et de la diversité (même si on prend cette thématique au sens large).

En revanche, c'est un fait, les César aime les grandes causes sociales. Et pas seulement l'immigration chez Fatima ou le terrorisme chez Timbuktu: Le SIDA, les banlieues, l'euthanasie, la religion, l'Occupation, l'Holocauste, les prisons, la précarité sociale, la monoparentalité sont autant de thèmes abordés par les vainqueurs depuis 41 ans. Ne vous en déplaisent oh brillant Sociétaire: ce sont quand même des sujets autrement plus actuels que "j'essaie de coucher avec un beau blond friqué ou je le tente avec deux beurs du XIXe dans leur piaule miteuse?". Tout ça pour finir avec une jolie femme, sur une terrasse chic et bourgeoise de la capitale. Alors oui, Billy, on s'interroge quand même sur le choix du cinéma français d'avoir sacré ton film, parce qu'on n'a toujours pas capté le moteur artistique et politique de ta "comédie narcissique" qui atteint son summum avec un toucher rectal - mais, thanks God!, ton cul n'a été en contact qu'avec des doigts féminins!

Bilan 2015: un box office nord-américain record qui profitent surtout aux mastodontes

Posté par vincy, le 9 janvier 2016

star wars le réveil de la force épisode 7 han solo harrison ford

Avec 11,13 milliards de $ en 2015 (+7,4% par rapport à 2014), le box office nord-américain a battu un record historique, essentiellement du grâce aux scores faramineux de Star Wars : La force se réveille, sorti deux semaines avant la fin de l'année.

L'ère dominatrice de Lucas et Spielberg

Enfoncés les 10,92 milliards de $ de 2013. Outre Star Wars, l'année a pu aussi compter sur Jurassic World et ses 652M$. Deux films sortis en 2015 se classent donc parmi les 5 plus grosses recettes (hors inflation) du box office nord-américain, aux côtés d'Avatar, Titanic et le premier Avengers. Si on tient compte de l'inflation, 2015 aura placé deux films dans le Top 25 des films les plus vus sur le continent (Star Wars 7 et Jurassic World). Ce n'est jamais arrivé hormis pour les années 1965 (La mélodie du bonheur, Docteur Jivago) et 1973 (L'Arnaque, L'Exorciste). La franchise Star Wars imaginée par George Lucas place ainsi son 5e film dans ce Top 25 et la franchise des films réalisés ou produits par Spielberg fait de même, surclassant ainsi Disney et ses 4 films d'animation.

Des ventes de billets en baisse, compensées par les records des salles Imax

Cependant les dix plus gros succès ont capté 3,6 milliards de dollars. Le marché se concentre sur des mastodontes. D'ailleurs, les recettes sont gonflées par ces mêmes mastodontes qui colonisent les salles IMAX où les billets sont plus chers. Ainsi, le nombre de billets vendus, 1,334 million au total, n'augmente "que" de 5,2%. Il y a eu davantage de spectateurs dans les salles durant les années précédentes, à l'exception de 2011 et 2014. On est très loin du score de l'année 2002 avec 1,576 million de spectateurs.
Enfin, cette hausse des recettes est bien inférieure à celle enregistrées dans des marchés comme la Chine, le Royaume-Uni, ou la Corée du sud.

Car la part de marché des Etats-Unis et du Canada anglophone continue ainsi de se réduire pour Hollywood (désormais moins d'un dollar sur trois provient du plus gros pourvoyeur de spectateurs du monde). On estime à 38 milliards de $ les recettes des films en salles dans le monde (+3,5%), très loin devant les précédents records. La Chine continue sa progression inexorable. Elle représente dorénavant 18% des recettes mondiales, avec une hausse de 50% (!) par rapport à l'année dernière. Il ne sera pas étonnant de voir de plus en plus de films hollywoodiens produits avec des critères moraux et des castings pouvant séduire les Chinois.

La plupart des hits font 70% de leurs recettes à l'étranger

Mais cette perte de l'hégémonie américaine ne contrarie pas les studios. Quatre films sont ainsi entrés dans le Top 7 historique des recettes (toujours hors inflation). Quasiment tous les films venus d'Hollywood font désormais plus de la moitié, et parfois les trois quarts, de leurs recettes à l'étranger. Dans le top 50 des recettes mondiales seuls Bob l'éponge, Pitch Perfect 2, Snoopy et les Peanuts, NWA Straight Outta Compton, Crazy Amy et Get Hard font exception. A l'inverse, les Minions, 007 Spectre, Mission Impossible Rogue Nation, Cinquante nuances de Grey, Terminator Genesys ou Taken 3, pour ne citer que les films du Top 20, captent plus de 70% des recettes hors Etats-Unis.

Un ourson et un loup sauvent le désastre des films étrangers

Et grâce à la Chine, pour la première fois, 5 films ont dépassé le milliard de dollars de recettes durant une seule année calendaire. Les productions hollywoodiennes dominent largement le Top 100 mondial, si on excepte quelques productions asiatiques qui font l'essentiel de leur business à domicile. Le premier film non américain (sans l'appui d'un studio US) ayant bénéficié d'une sortie sur plusieurs marchés est un film franco-britannique, Paddington, 25e, avec près de 260M$ (dont une grosse partie en 2014), loin devant le film franco-chinois de Jean-Jacques Annaud, Le dernier loup (123M$, 42e), énorme succès en Chine.

juliette binocheCar si les suites, remakes, spin-offs et reboots ont cartonné (12 sur 30), tout comme l'animation (7 sur 30 dont deux des plus grosses recettes du genre), les films indépendants et étrangers ont soufferts sur le sol nord américain. Paddington (film animé par ailleurs) est l'exception de l'année (37e), loin devant La femme au tableau et Indian Palace : Suite royale. Et le premier film en langue étrangère est là encore un film d'animation, en espagnol, Un Gallo con Muchos Huevos, seulement 124e (le premier film en français est Sils Maria, 182e!).

Année après année, les films en langue étrangères aux Etats-Unis séduisent de moins en moins. Si les films venus d'Inde et d'Amérique du sud résistent, c'est la bérézina pour le cinéma européen non anglophone. Depuis dix ans, seulement 8 de ces films ont rapporté plus de 9 millions de $ (dont Intouchables et La Môme côté français). A peine un par an en moyenne. En 2015, ils ne sont que 13 (dont Timbuktu) à avoir rapporté plus de un million de dollars au box office.

King Universal

Enfin, côté studios, Universal, qui a cumulé les leaders et sorti trois de ses dix plus gros hits cette année, avec 7 films au dessus de 100M$, a dominé le marché (21,3% du box office). Depuis 2000, c'est sa meilleure année mais aussi la première fois que le studio est leader annuel et la première fois qu'un studio passe le cap des 20% de parts de marché. Derrière Buena Vista/Disney, avec lui aussi trois de ses dix plus gros hits cette année et 6 films au dessus de 100M$, a vécu un superbe exercice (19,8%). Les 6 majors cumulent ainsi 80,6% de parts de marché (hors filiales indépendantes) contre 77,4% l'an dernier et 71% en 2013. Hormis Lionsgate, aucun distributeur indépendant n'a de films dans le Top 30 annuel.

Carol et Le Pont des Espions en tête des nominations aux Baftas 2016

Posté par cynthia, le 8 janvier 2016

Les Baftas (Oscars Britannique) viennent de révéler les nominations de cette année. Carol de Todd Haynes part logiquement en tête. La douce fresque dramatique, tendre et intime sur l'histoire d'amour entre deux femmes dans l'Amérique des années 50 récolte 9 nominations (dont celle de la meilleure actrice pour Cate Blanchett...c'était une évidence)! Il a face à lui un film qu'on n'attendait pas si haut, Le Pont des Espions de Steven Spielberg, qui reçoit également 9 nominations. Plus surprenant (quoique vu sa prestance à l'écran on s'y attendait légèrement), l'actrice Alicia Vikander reçoit deux nominations à elle toute seule (meilleure actrice pour The Danish Girl et meilleur second rôle féminin pour Ex Machina). Comme pour les Golden Globes.

Le César du meilleur film 2015 n'est pas en reste puisque Timbuktu d'Abderrahmane Sissako est nommé dans la catégorie meilleur film étranger. Les Baftas ont même pensé à Star Wars,Le réveil de la force avec 4 nominations dont celle de la révélation (Rising Star) pour l'acteur John Boyega.

Mais une fois de plus, on peut regretter que peu de films britanniques soient réellement nominés, au profit de productions américaines. Ainsi Charlotte Rampling et Tom Courtenay (45 Years) sont absent du tableau, une absurdité. The Lobster est à peine mentionné. Aucun film anglais indépendant n'est cité. Comme si les Baftas devenaient années après années une antichambre colonisée des Oscars.

Cependant, nous pourrons nous délecter de cette 70ème cérémonie des Baftas en amoureux puisque les prix seront remis le 14 février.

Film: The Big Short, Le Pont des Espions, Carol, The Revenant, Spotlight

Film Britannique: 45 Years, Amy, Brooklyn, The Danish Girl, Ex Machina, The Lobster

Acteur: Bryan Cranston (Trumbo), Eddie Redmayne (The Danish Girl), Leonardo Dicaprio (The Revenant), Matt Damon (Seul sur Mars) , Michael Fassbender (Steve Jobs)

Actrice: Alicia Vikander (The Danish Girl), Brie Larson (Room), Cate Blanchett (Carol), Maggie Smith (The Lady in the van), Saoirse Ronan (Brooklyn)

Second rôle masculin: Benicio Del Toro (Sicario), Christian Bale (The Big Short), Idris Elba (Beasts of No Nation), Mark Ruffalo (Spotlight), Mark Rylance (Le Pont des Espions)

Second rôle féminin: Alicia Vikander (Ex Machina), Jennifer Jason Leigh (Les huit salopards), Julie Walters (Brooklyn), Kate Winslet (Steve Jobs), Rooney Mara (Carol)

Documentaire: Amy, Cartel Land, He Named me Malala, Listen to me Marlon, Sherpa

Film en langue étrangère: The Assassin (Taïwan), Snow Therapy (France/Suède), Theeb (Jordanie), Timbuktu (France), Les Nouveaux Sauvages (Argentine)

Film Animation: Vice et Versa, Les Minions, Shaun le mouton<.a>

Réalisateur: Adam McKay (The Big Short), Steven Spielberg (Le Pont des Espions), Todd Haynes (Carol), Ridley Scott (Seul sur Mars), Alejandro G. Inarritu (The Revenant)

Scénario: Le pont des Espions (Matthew Charman, Ethan et Joel Cohen), Ex Machina (Alex Garland), Les huit salopards (Quentin Tarantino), Vice et Versa (Josh Cooley, Pete Docter, Meg LeFauve), Spotlight (Tom McCarthy, Josh Singer)

Scénario/Adaptation: The Big Short (Adam McKay, Charles Randolph), Brooklyn (Nick Hornby), Carol (Phyllis Nagy), Room (Emma Donoghue), Steve Jobs (Aaron Sorkin)

Musique originale: Le pont des Espions (Thomas Newman), Les huit Salopards (Ennio Morricone), The Revenant (Ryuichi Sakamoto, Carsten Nicolai), Sicario (Johann Johannsson), Star Wars: Le réveil de la force (John Williams)

Image: Le pont des Espions, Mad Max: Fury Road, The Revenant, Sicario

Costumes: Brooklyn, Carol, Cendrillon, The Danish Girl, Mad Max: Fury road

Son: Le pont des espions, Mad Max: Fury Road, Seul sur Mars, The Revenant, Star Wars: Le réveil de la force

Effets Spéciaux: Ant-Man, Ex Machina, Mad Max: Fury Road, Seul sur Mars, Star Wars: Le réveil de la force

The EE Rising Star (Révélation de l'année): Bill Powley, Brie Larson, John Boyega, Taron Egerton

La National Society of Film Critics récompense Spotlight, Carol et Timbuktu

Posté par vincy, le 3 janvier 2016

Pas de favoris du côté de la National Society of Film Critics. Mais un bon indicateur en pleine période "électorale" des Oscars. Spotlight et Carol se disputent toujours les meilleures places. Charlotte Rampling dans un film anglais et Kristen Stewart dans un film français prennent l'ascendant côté actrices. Même si Timbuktu a déjà été nommé aux Oscars en février dernier, il remporte un prix supplémentaire en bout de course, avec le prix du meilleur film en langue étrangère.

Spotlight a gagné le prix du meilleur film et celui du meilleur scénario tandis que Carol a décroché ceux du meilleur réalisateur (pour Todd Haynes) et de la meilleure photo. Mark Rylance (dans Le pont des espions) et Kristen Stewart (dans Sils Maria, d'Olivier Assayas) ont été distingués dans la catégorie meilleurs seconds-rôles masculin/féminin. Michael B. Jordan (dans Creed) et Charlotte Rampling (dans 45 Years) ont été récompensés dans la catégorie meilleur acteur/actrice.

Les Prix France Culture récompensent Sissako et Hue

Posté par vincy, le 16 mai 2015

sissakoAbderrahmane Sissako (Timbuktu, César du meilleur film et en compétition à Cannes l'an dernier) a reçu le Prix France Culture Consécration pour l'ensemble de son oeuvre. Alors qu'il prépare son prochain film, le cinéaste mauritanien, Président du jury Cinéfondation et court-métrage cette année àau Festival de Cannes, succède à Margarethe von Trotta, lauréate l'an dernier.

Pour sa première édition, et remplaçant le Prix France Culture Révélation, le jury du Prix France Culture cinéma des étudiants a décidé de récompenser Jean-Charles Hue, réalisateur de Mange tes morts, Prix Jean-Vigo 2014 et sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs l'an dernier. Il travaille actuellement sur un polar, Le sang des bêtes. Ce sont les étudiants d'universités et d'écoles de cinéma qui l'ont choisi parmi cinq films pré-sélectionnés (lire notre article).

Ce qu’il faut retenir des César 2015: audience, cérémonie, sagesse africaine, jeunesse triomphante et l’omniprésence de Cannes…

Posté par vincy, le 21 février 2015

sissako timbuktu cesar 2015

La 40e cérémonie des César (voir Le palmarès intégral), orchestrée laborieusement par Edouard Baer et présidée par Dany Boon, a attiré 2,4 millions de téléspectateurs (+ 100000 par rapport à 2013) avec une bonne part d'audience de 13,6% (+2,4 points par rapport à l'an dernier). C'est un score médiocre qui confirme année après année que les César ont besoin d'un coup de fouet dans leur manière de faire la fête. On est loin des audiences de 2005 et 2012, quand l'émission dépassait les 3 millions de téléspectateurs, même si le score d'hier est dans la moyenne de ces dix dernières années.

sean penn cesar 2015Si le reboot de la cérémonie nous paraît de plus en plus urgent - du Tapis rouge aux sketches en passant par des discours interminables -, les César ont quand même, entre quelques grands moments de malaise (à la limite du bide et même du mauvais goût, réussi, parfois, à nous toucher: les discours humbles, posés, généreux d'Abderrahmane Sissakko, les larmes de Sabine Azéma lors de l'hommage à Alain Resnais, la sincérité d'Adèle Haenel, César de la meilleure actrice pour Les combattants, qui n'oublie pas de remercier André Téchiné, Reda Kateb qui n'oublie pas ceux qui lui ont rempli son frigo durant ses années de dèche, le discours humaniste et très pro-culture de Sean Penn, la belle liberté de parole de Joann Sfar, la chanson de Timbuktu sur scène...

"Il n'y a pas de choc de civilisations, il y a une rencontre de civilisations." - Abderrahmane Sissako

Mais ce que nous retiendrons de cette 40e cérémonie, outre la robe "volant de badminton" conçue par Dior de Marion Cotillard et le dialogue méchamment drôle entre Zabou Breitman et Pierre Deladonchamps (avec le summum: "En attendant, moi je me fais pas bronzer la bite dans un film de pédé" ose Zabou en évoquant L'Inconnu du lac dans lequel jouait Pierre), c'est le palmarès.

Timbuktu, oublié injustement par le jury cannois, est reparti avec 7 trophées dont celui du meilleur film, du meilleur réalisateur, et du meilleur scénario. Les sept récompenses ont sacré Abderrahmane Sissako, ses techniciens, de France ou de Tunisie, mais surtout un film poétique, drôle par l'absurde, engagé, qui dénonce l'horreur de l'intégrisme et l'impasse de l'obscurantisme. Quelques semaines après l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, Timbuktu résonne comme la plus belle des réponses. Et ces sept César comme l'affirmation d'une résistance artistique à cette violence (qui nous fait oublier le désastre de l'an dernier avec Les garçons et Guillaume à table!). Comme l'a dit Abderrahmane Sissako, admirable de sagesse, en recevant le César du meilleur réalisateur: "Il n'y a pas de choc de civilisations, il y a une rencontre de civilisations."

adele haenel kristen stewart pierre niney cesar 2015La jeunesse prend le pouvoir

Premier César du meilleur réalisateur pour un cinéaste africain, mais aussi premier César du meilleur film étranger pour un film canadien (Mommy de Xavier Dolan) et premier César d'interprétation pour une actrice américaine (Kristen Stewart, meilleure actrice dans un second-rôle), les 40e César ont opté pour la nouveauté et surtout le renouvellement. 5 des 6 prix d'interprétation ont consacré des comédiens nés entre 1989 et 1996. Reda Kateb (meilleur acteur dans un second-rôle), né en 1977, ce qui n'est pas très vieux en soi, est l'exception. Ainsi Pierre Niney à 25 ans est le plus jeune César du meilleur acteur (pour Yves Saint Laurent). Si on ajoute Xavier Dolan (né en 1989 aussi, devenant le seul réalisateur en dessous de 30 ans à recevoir un César du meilleur film étranger), la jeunesse était au pouvoir dans les catégories artistiques.

L'autre fait marquant c'est évidemment le poids du Festival de Cannes. Toutes sélections confondues, 7 films cannois ont glané 15 César (sur 22). Pas étonnant alors que Sissako comme Dolan ont tenu à remercier le Festival pour avoir "mis dans la lumière" Timbuktu ou "donner confiance" au réalisateur québécois. Depuis 2010, tous les César du meilleur film ont été décerné à un film présenté à Cannes.

César 2015: Timbuktu triomphe avec 7 récompenses

Posté par vincy, le 20 février 2015

cesarMeilleur film (remis par Dany Boon): Timbuktu

César d'honneur (remis par Marion Cotillard): Sean Penn Producteur, réalisateur, acteur, scénariste

Meilleur réalisateur (remis par Nathalie Baye et Guillaume Canet): Abderrahmane Sissako (Timbuktu)

Meilleur premier film (remis par Zabou Breitman et Pierre Deladonchamps): Les combattants

Meilleur film d'animation (remis par Joann Sfar et Laura Smet): Minuscule

Meilleur film documentaire (remis par Charlotte Le Bon et Jalil Lespert): Le sel de la terre

Meilleur film étranger (remis par Emilie Dequenne et Lambert Wilson): Mommy (Canada)

Meilleure actrice (remis par Guillaume Gallienne): Adèle Haenel (Les combattants)

Meilleur acteur (remis par Juliette Binoche et Kristen Stewart): Pierre Niney (Yves Saint Laurent)

Meilleure actrice dans un second-rôle (remis par Céline Sallette et Joey Starr): Kristen Stewart (Sils Maria)

Meilleur acteur dans un second-rôle (remis par Géraldine Nakache et Leila Bekhti): Reda Kateb (Hippocrate)

Meilleur espoir féminin (remis par Cédric Klapisch et Cécile de France): Louane Emera (La famille Bélier)

Meilleur espoir masculin (remis par Julie Gayet et Denis Podalydès): Kévin Azaïs (Les combattants)

Meilleur scénario original (remis par Pascal Elbé): Abderrahmane Sissako, Kessen Tall (Timbuktu)

Meilleure adaptation (remis par Sylvie Testud et Abd Al Malik): Cyril Gely, Volker Schlöndorff (Diplomatie)

Meilleure musique de film (remis par Cécile Cassel et Etienne Daho): Amine Bouhafa (Timbuktu)

Meilleure photographie (remis par Alex Lutz et Stéphane De Groodt): Sofian El Fani (Timbuktu)

Meilleur montage (remis par Léa Drucker et Franck Gastambide): Nadia Ben Rachid (Timbuktu)

Meilleur son (remis par Alex Lutz et Stéphane De Groodt): Philippe Welsh, Roman Dymny, Thierry Delor (Timbuktu)

Meilleurs décors (remis par Léa Drucker et Franck Gastambide): Thierry Flamand (La Belle et la bête)

Meilleurs costumes (remis par Marilou Berry et Jean-Paul Gaulthier): Anaïs Romand (Saint Laurent)

Meilleur court-métrage (remis par Sabrina Ouazani et Félix Moati): La femme de Rio

Meilleur film d'animation - court métrage (remis par Joann Sfar et Laura Smet): Les petits cailloux

Bilan 2014: un box office français très en forme

Posté par geoffroy, le 29 janvier 2015

Les salles françaises se portent bien. Très bien même. En 2014, elles ont attiré un public nombreux pour un cumul dépassant la barre des 200 millions de spectateurs. Avec 208,43 millions d’entrées (chiffres non définitifs publiés par le CNC), l’exercice 2014 est en augmentation de 7,7% par rapport à celui de 2013. Un quasi record puisque en 47 ans (1967 et ses 211, 5 millions d’entrées) seule l’année "Intouchables" 2011 a fait mieux (217,2 millions d’entrées).

L’année 2014 est également bien au-dessus de la moyenne nationale depuis dix ans (196,47 millions d’entrées). Devant ce plébiscite pour les salles obscures, la part de marché des films français s’avère plutôt élevé avec 44%, soit 11 points de mieux qu’en 2013. La fréquentation des films français atteint, quant à elle, 91,62 millions d’entrées, soit le score le plus haut depuis trente ans et ses 94, 12 millions d’entrées. Même si légèrement devant, les films américains subissent une chute de 9,9% pour atteindre 93, 93 millions d’entrées. Idem pour leur part de marché tombant à 45,1% en 2014 contre 54,2 % en 2013.

Le carton national

Comme de coutume depuis plusieurs années, un film booste la fréquentation. Nous vous le donnons en mille, il s’agit d’une comédie française. Avec 12,2 millions d’entrées Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, se classe à la 14ème France. Signalons qu’avec ce triomphe, Christian Clavier établit un record inédit au box-office en devenant le seul acteur, toutes nationalités confondues, à avoir tenu un rôle principal dans quatre films à plus de 10 millions d’entrées.

Christian Clavier au box office
1. Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2002) : 14,5 millions d’entrées
2. Les Visiteurs (1993) : 13,7 millions d’entrées
3. Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? (2014) : 12,2 millions d’entrées
4. Les Bronzés 3 : Amis pour la vie : 10,3 millions d’entrées

Autre satisfaction. Les quatre premières places du B.O sont occupées par des films français qui, de surcroit, dépassent également les 5 millions d’entrées. Outre le film de Christian Clavier notons la présence du trublion Dany Boon avec un Supercondriaque à 5,3 millions d’entrées. Même score pour le retour de l’enfant prodigue, Luc Besson. Sa Lucy, plus américaine que vraiment française, dépasse, elle aussi, les 5 millions d’entrées (5,2). Hormis
les bouillies infâmes en images de synthèse du réalisateur (la trilogie Arthur et les Minimoys), le dernier carton live de Besson remonte tout de même à 1997 et le Cinquième Élément (7,7 millions d’entrées). Dans quelques jours La Famille Bélier les dépassera pour terminer sa course à la deuxième place 2014, aux alentours des 6-7 millions d’entrées.

Nous aurons donc une année avec quatre films français aux quatre premières places. Ce qui n’était plus arrivé depuis 1970 !

Au final, il faut noter la présence de 8 films français dans le top 20 (dont 7 comédies !), tous à plus de 2 millions d’entrées (Samba, Les vacances du petit Nicolas, Babysitting et Les trois frères, le retour). Outre les sempiternelles comédies cartonnant au côté du dernier Besson, saluons la belle performance du film d’animation de Louis Clichy et Alexandre Astier, Astérix : Le domaine des Dieux (près de 3 millions d’entrées pour cette nouvelle adaptation du célèbre gaulois, plus gros succès de la franchise en film d'animation). Les premiers films de genre français – néanmoins « marketés » comme il le faut avec stars à l’appui –, se retrouvent relégués à la 27e place (La belle et la bête à 1,8 million d'entrées), 30e place (Yves Saint-Laurent à 1,6 million d’entrées) et 34e (La French, le dernier film avec Jean Dujardin vient de dépasser les 1,5 million d’entrées). Bref, il reste peu d’espace pour des films alternatifs en demande de reconnaissance. Seul Hippocrate, flirtant avec la barre symbolique du million d’entrées (914 651 entrées), aura su tirer son épingle du jeu.

Le cinéma français a cependant connu quelques déconvenues: Tu veux ou tu veux pas, Les yeux jaunes des crocdiles, Le grimoire d'Arkandias, Gemma Bovery, Bon rétablissement... Les surprises sont plutôt venues de François Ozon, Céline Sciamma, Robin Campillo et Thomas Cailley qui, avec des films très singuliers, ont pu remplir les salles durant de nombreuses semaines. Et le champion des premiers films français n'est autre que Sous les jupes des filles, qui a atteint 1,3 million de voyeurs.

Un dernier mot au sujet de Timbuktu. L’excellent film franco-mauritanien d’Abderrahmane Sissako continue de bénéficier d’un très bon bouche-à-oreille pour dépasser les 650 000 entrées.

Le bide made in US

Petite surprise pour la production américaine. Un seul film dépasse les 4 millions d’entrées au cours de l’année écoulée avec le dernier épisode de la trilogie de Peter Jackson, Le Hobbit : La bataille des 5 armées à 4,7 millions d’entrées. Il faut remonter à 1995 pour retrouver un tel fiasco hollywoodien où seul Pocahontas avait dépassé ce cap (5,6 millions d’entrées). Tous les autres blockbusters sont en retrait par rapport à l’année dernière, oscillant péniblement entre 2 millions (Maléfique) et 3,7 millions d’entrées (La planète des singes : l’affrontement).

Signalons quelques beaux échecs comme la suite du reboot de Spiderman (2 millions d’entrées pour The Amazing Spiderman : le destin d’un héros, là où les films de Raimi attiraient en moyenne 5-6 millions de spectateurs), ou du troisième opus des Expendables tout juste millionnaire. Nous ne parlerons pas des fours, des vrais, comme Transcendance (780 000 entrées), le remake de Robocop (681 000 entrées) ou, pour ne citer que lui, Sin City, j’ai tué pour elle (375 000 entrées contre 1,2 million d’entrées pour le premier opus). À sa décharge, le film s’est également planté aux États-Unis...

Nous avons eu de cesse de le répéter, la politique de la franchise des productions américaines séduit de moins en moins un public blasé de voir se succéder super-héros, suites à rallonge et autres reboot inutiles. En cumul, ces films font des entrées. Certes. Mais elles s’effritent interdisant à un film de sortir du lot. Il y a bien sûr des sagas qui continuent de séduire comme les X-Men (3,3 millions d'entrées), les dessins animés  (Dragons 2 a attiré 3,4 millions d'entrées, Rio 2 avec 3,3 millions d'entrées) et Hunger Games (qui dépasse les 3,3 millions d'entrées).

Reste que sur les 20 premiers films de l’année 2014, 11 sont américains. Mention spéciale pour Le Labyrinthe, petite production de 35 millions de dollars venue de nulle part et qui a su attirer plus de 3 millions de spectateurs, soit plus que Interstellar (qui déçoit avec 2,6 millions d'entrées). Idem pour le nouveau Fincher, toujours très populaire chez nous. Son remarquable Gone girl flirte avec les 2 millions d’entrées là où le Scott (Exodus) se plante à moins de 1,5 million d’entrées. C’est-à-dire au même niveau que l'oscarisé 12 Years a Slave, le réjouissant The Grand Budapest Hotel (plus gros succès de Wes Anderson), le chargé Noé ou le stupéfiant Godzilla.

Mais que de fiascos! Planes 2, Hercule, Fury, Equalizer, Pompéi, 22 Jump Street ont tous terminé en dessous du million de spectateurs.

Un dernier mot pour dire que le carton US de l’été, à savoir Les gardiens de la galaxie, n’a pas fait recette chez nous avec son cumul juste acceptable de 2,3 millions de spectateurs. Pas grave, sa suite, prévue pour 2017, saura rectifier le tir.

Le reste du monde un peu rétrécit

Les films non français et non américains reculent eux-aussi en passant de 12% en 2013 à 11% en 2014. La fréquentation est également en baisse à 22,8 millions d’entrées (-4,7%). La chute est faible. Soit. Mais ce léger déclin confirme une tendance. Celui d’un souci, réel, de visibilité, comme de diffusion, de films considérés moins grand public. Pas étonnant, donc, de retrouver à la première place des films étrangers le célèbre ours en peluche Paddington qui a eu le droit à sa première adaptation cinématographique. Si, avec 2,6 millions d’entrées, Paddington n’est pas le carton attendu, le film talonne néanmoins Astérix : le Domaine des Dieux.

Le deuxième film étranger est 44ème. Il s’agit de Mommy, dernier long-métrage de Xavier Dolan. Celui-ci, de qualité, a très certainement bénéficié de son passage cannois (Prix du Jury), d’une très bonne presse et d’un bouche à oreille solide pour assurer son succès. Avec 1,1 million d’entrées, Mommy «atomise» la moyenne des quatre derniers films du réalisateur (108 000 entrées). cela faisait plus de 10 ans qu'un film québécois n'avait pas atteint ce score. Par contre, le troisième film étranger en termes d’entrées (64ème) est une déception. Pour ses adieux à la réalisation, Hayao Miyazaki nous laisse une œuvre réussie qui n’a pas su, hélas, toucher plus largement le public. Avec 776 769 entrées, Le vent se lève laisse un goût d’inachevé presque dommageable.

Cette année, comme en 2013, 6 films étrangers font partis des 100 films ayant attirés le plus de spectateurs. C’est peu. Trop peu, hélas. Outre les trois longs-métrages déjà cités, Philomena, Ida et Khumba complètent la liste. Il est à noter que la palme d’or 2014, Winter Sleep, réalise 344 207 entrées, soit la pire performance pour une Palme depuis Oncle Bonmee en 2010. À titre de comparaison, La Vie d’Adèle, palme d’or 2013, avait réalisé un peu plus d’un million d’entrées. Comme à l’habitude, plus nous descendons dans la hiérarchie, plus l’éclectisme du cinéma mondial prend le dessus mais reste drastiquement anecdotique, même si les grandes signatures comme Ken Loach, Mike Leigh ou les Dardenne ont trouvé leur public.

César 2015: Saint-Laurent en tête des nominations

Posté par vincy, le 28 janvier 2015

fanny ardant affiche cears 201510 nominations pour Saint Laurent. Et aucune pour Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu? Mais quand même 9 pour Les combattants, 8 pour Timbuktu 7 pour Yves Saint Laurent et Hippocrate, 6 pour Sils Maria et La Famille Bélier (sérieux???). Les César ont choisi l'équilibre entre des oeuvres de réalisateurs novices et des films de cinéastes confirmés (mais jamais récompensés).
Quelques grosses surprises: Bande de filles oublié dans la catégorie meilleur film (au profit de La famille Bélier, un comble) mais Eastern Boys n'a pas manqué de marquer les votants (tant mieux). Trois coeurs complètement snobé (un scandale), Bird People quasiment oublié (une honte) mais une catégorie documentaire 5 étoiles.
Résultat des courses le 20 février, lors de la cérémonie présidée par Dany Boon. Sans véritable attente. On attendra quand même de voir comment Sean Penn recevra son César d'honneur (entre deux assoupissements). On espère que Catherine Deneuve (qui reçoit ici sa 13e nomination) sera sa remettante: l'acteur/réalisateur américain vénère la comédienne française et lui avait donné personnellement un prix exceptionnel à Cannes quand il était président du jury du Festival.  On verra aussi comment l'Académie rendra hommage à Alain Resnais.
Pour le côté people, les paparazzis attendront certainement Kristen Stewart, le couple Canet-Cotillard, la rivalité Ulliel/Niney-Gallienne/Rénier et la chanteuse de The Voice qui est nominée dans la catégorie espoir. De quoi dynamiser une audience télé en berne?

Meilleur film: Les Combattants, Eastern Boys, La famille Bélier, Hippocrate, Saint Laurent, Sils Maria, Timbuktu
Meilleur réalisateur: Olivier Assayas, Bertrand Bonello, Thomas Cailley, Thomas Lilti, Céline Sciamma, Abderrahmane Sissako
Meilleur acteur: Guillaume Canet, Vincent Lacoste, Niels Arestrup, François Damiens, Romain Duris, Pierre Niney, Gaspard Ulliel
Meilleure actrice: Juliette Binoche, Marion Cotillard,  Catherine Deneuve, Adèle Haenel, Emilie Dequenne, Sandrine Kiberlain, Karin Viard
Meilleur second-rôle masculin: Eric Elmosnino, Guillaume Gallienne, Louis Garrel, Reda Kateb, Jérémie Rénier
Meilleur second-rôle féminin: Marianne Denicourt, Claude Gensac, Izia Higelin, Charlotte Le Bon, Kristen Stewart
Meilleur espoir masculin: Kevin Azaïs, Ahmed Dramé, Kirill Emelyanov, Jean-Baptiste Lafarge, Pierre Rochefort
Meilleur espoir féminin: Lou de Lâge, Joséphine Japy, Louane Emera, Karidja Touré, Ariane Lebed
Meilleur film étranger: 12 Years a Slave, Boyhood, Deux jours un nuit, Ida, Mommy, The Grand Budapest Hotel, Winter Sleep
Meilleur film d'animation: Le chant de la mer, Minuscule, Jack et la mécanique du coeur
Meilleur premier film: Les combattants, Qu'Allah bénisse la France, Elle l'adore, Fidelio, Party Girl
Meilleur documentaire: Caricaturistes - Fantassins de la démocratie, Les chèvres de ma mère, La cour de Babel, National Gallery, Le sel de la terre
Meilleur scénario original: Les combattants, La famille Bélier, Hippocrate, Sils Maria, Timbuktu
Meilleur scénario/adaptation: La chambre bleue, Diplomatie, Pas son genre, Lulu femme nue, La prochaine fois je viserai le coeur
Meilleure musique: Bande de filles, Bird People, Les combattants, Timbuktu, Yves Saint Laurent
Meilleure photographie: La belle et la bête, Saint Laurent, Sils Maria, Timbuktu, Yves Saint Laurent
Meilleur montage: Les combattants, Hippocrate, Party Girl, Saint Laurent, Timbuktu
Meilleurs décors: La belle et la bête, La French, Saint Laurent, Timbuktu, Yves Saint Laurent
Meilleurs costumes: La belle et la bête, La French, Saint Laurent, Une nouvelle amie, Yves Saint Laurent
Meilleur son: Bande de filles, Bird People, Les combattants, Timbuktu, Saint Laurent Meilleur court métrage: Aïssa, La femme de Rio, Inupiluk, Les jours d'avant, Où je mets ma pudeur La virée à Paname
Meilleur court métrage d'animation: Bang Bang!, La bûche de Noël, La petite casserole d'Anatole, Les petits cailloux

Timbuktu déprogrammé à Villiers-sur-Marne

Posté par MpM, le 16 janvier 2015

Comme si l'actualité n'était pas suffisamment consternante ces jours-ci, on a appris aujourd'hui que Jacques-Alain Bénisti, maire UMP de Villiers sur Marne (d'où est originaire Hayat Boumeddiene, la compagne d'Amédy Coulibaly, l'un des responsables des récents attentats en France), a annulé la programmation de Timbuktu qui devait être diffusé dans le cinéma de sa ville. « J'ai peur que ce film ne fasse l'apologie du terrorisme » a-t-il expliqué. "Les origines villiéraines d’Hayat Boumeddiene suscitent chez certains jeunes Villiérains une sorte de mimétisme qui leur aurait fait perdre le sens premier du film", a expliqué le maire pour se justifier. Vraisemblablement, il n'a pas vu le film.

Ce ne serait pas la première fois qu'un élu parle d'une œuvre (voire la censure) sans l'avoir vue au préalable. Mais touchant le très beau film d'Abderrahmane Sissako, qui met en scène un village malien terrorisé par des djihadistes, il y a de quoi se sentir particulièrement en colère. Non seulement le film ne fait en rien l'apologie du terrorisme ou de la violence, mais il propose au contraire une dénonciation sans appel (quoi que jamais didactique) de l’intolérance sous toutes ses formes.

La crainte d'une "interprétation abusive du film", telle qu'alléguée par le cabinet du maire, est la marque d'une auto-censure regrettable, immédiatement condamnée par le Syndicat français de la critique qui parle d'une "dérive inquiétante pour la liberté artistique".

Abderrahmane Sissako, que l'on a vu totalement bouleversé suite à l'attaque contre Charlie Hebdo, n'avait vraiment pas besoin de ces nouvelles émotions, véritable contresens sur ses intentions évidemment pacifistes. Ironie du sort, le film figure dans la liste des nommés pour l'Oscar du meilleur film étranger qui a été annoncée hier à Hollywood.

Le film sorti le 10 décembre dernier en France, et en compétition au dernier festival de Cannes, a déjà attiré plus de 550000 spectateurs, soit un record pour un film africain au box office français. Il devait être programmé à Villiers de mercredi à dimanche. Il pourrait être reprogrammé d'ici une quinzaine de jours, suivi d'un débat.