Bruno Ganz (1941-2019) a pris son envol

Posté par vincy, le 16 février 2019

L’immense acteur suisse Bruno Ganz - Nosferatu, Les ailes du désir, L’éternité et un jour, La chute, The house that Jack built... - est mort. Il avait 77 ans.

Parmi les nombreux prix reçus, le comédien avait été désigné acteur de l'année par le magazine allemand Thater Heute en 1973 avant de recevoir le Prix du cinéma suisse (2000), le prix David di Donatello (César italien) pour Pain, tulipes et comédie la même année, le European Film Award pour l'ensemble de sa carrière en 2010, un Léopard pour toute sa carrière, à Locarno, en 2011 et une Golden Kamera au Festival de Berlin en 2014, où il dispose d'une étoile sur le Boulevard des stars.

Bruno Ganz, né le 22 mars 19411 à Zurich est mort dans cette même ville le 16 février 2019. Il a fait sa carrière dans toute l'Europe et aux Etats-Unis, faisant de lui le comédien germanophone le plus connu dans le monde durant plusieurs années. Avant-gardiste sur les planches, il savait incarner au cinéma les personnages les plus complexes. On l'a vu dans des univers parfois radicaux, souvent exigeants, chez Jeanne Moreau, Eric Rohmer, Wim Wenders, Peter Handke, Werner Herzog, Volker Schlöndorff, Jerzy Skolimowski, Alain Tanner, Théo Angelopoulos, Lars von Trier, Bille August, Arnaud des Pallières, Barbet Schroeder, Sally Potter mais aussi chez Jonathan Demme, Francis Ford Coppola, Atom Egoyan, Ridley Scott ou Stephen Daldry.


Nosferatu, Fantôme de la nuit de Werner Herzog (1979)

Kalus Kinski et isabelle Adjani dans cette adaptation du Dracula de Bram Stoker. Herzog a voulu faire un film où le vampire annonce une révolution qui menace les Bourgeois. Si le film n'est pas une performance majeure de Bruno Ganz, sa place dans le 7e art en fait un film important de sa carrière.



Les ailes du désir de Wim Wenders (1987)

Il avait déjà tourné avec Wenders (L'ami américain, 1977), et il le retrouvera dans Si loin, s proche en 1993). mais c'est bien en ange déchu dans cet hymne à Berlin et à l'amour que Bruno Ganz trouve l'un de ses plus grands rôles, transcendant le désir d'aimer, capable de renoncer à ses ailes et de quitter son beau monde en noir et blanc. Dans ce poème mélancolique et existentiel, Bruno Ganz navigue entre deux mondes, celui du spirituel, invisible, et le réal, souvent dramatique. La dure condition humaine dans une ville divisée et meurtrie.

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L'éternité et un jour de Théo Angelopoulos (1998)

Palme d'or, Ganz interprète un écrivain en fin de vie qui fait son dernier voyage entre souvenirs du passé, visions oniriques et paysages embrumés. C'est sans doute le film qui lui ressemble le plus puisque la frontière est au cœur du sujet. L'artiste sans frontières trouve ici un personnage errant qui transmet, où le lien à l'autre est ce qui reste d'essentiel. On vit sans le brouillard avec la seule certitude de mourir. Angelopoulos et Ganz tourneront aussi La poussière du temps en 2008, dernier film achevé du cinéaste. Encore une histoire de quête et d'errance, et toujours ces frontières mentales et géographiques qui nous contraignent.

Pains, tulipes et comédie de Silvio Soldini (2000)
Dans u. registre plus rare, Bruno Ganz a aussi fait des comédies et des romances. Ce film italien, énorme succès dans le pays mais aussi joli hit à l'export, le montre sous un jour différent. Ce n'est certainement pas son plus grand film mais en homme amoureux et romantique d'une femme décidée à changer de vie, il dévoile un charme rarement aussi bien utilisé.

La chute de Oliver Hirschbiegel (2004)
Son rôle le plus emblématique: Adolf Hitler. Ou plutôt le crépuscule du dictateur. Autant dire une performance (jusque dans le ton de la voix), puisque le comédien ne renie jamais l'aspect monstrueux du tyran tout en lui insufflant un humanisme réaliste (ce qu'on reprochera au film). Le film est considéré comme l'un des meilleurs du cinéma allemand de ces trente dernières années. En 2016, Un Juif pour l’exemple de Jacob Berger, histoire vraie autour du meurtre d’un marchand de bétail juif que des paysans ont assassiné pour offrir son corps comme cadeau d’anniversaire à Hitler.

Le couteau dans la tête de Reinhard Hauff (1978)
Il s'agit de son film préféré. Le rôle qu'il a tant aimé, celui d'un biogénéticien qui perd la mémoire (mais pas les sens). Un thriller sur le réapprentissage, qu'il porte sur ses épaules, en tant que victime soupçonnée de fricoter avec les terroristes. Rien à voir avec un autre thriller, plus complotiste, Un crime dans la tête (2004), où cette fois-ci il est complice des criminels.

Les archives privées de Théo Angelopoulos parties en fumée

Posté par vincy, le 26 juillet 2018

C'est l'AFP qui rapporte cette désolante nouvelle, au milieu des décombres d'une tragédie grecques. Les incendies qui ont ravagé les environs d'Athènes, sur la côte orientale de l'Attique, ont fait plus de 82 morts (à l'heure où nous écrivons ces lignes), 187 blessés et de nombreux disparus. Ce sinistre a aussi touché la résidence secondaire où étaient entreposées les archives privées du cinéaste grec Théo Angélopoulos, Palme d'or il y a vingt ans à Cannes et décédé en 2012.

Sa veuve Phivi a témoigné à la télévision: "Les livres de mon mari, sa correspondance avec des personnalités, tous les livres que leurs auteurs lui avaient dédicacés" ainsi que "des textes, des poèmes" ont été détruits explique-t-elle. Cette villa était sa résidence secondaire. Si ses archives privées sont parties en fumée par l'un des feux, ses archives professionnelles sont toujours dans son bureau d'Athènes.

Le cinéaste passait souvent ses étés avec son épouse et leurs trois filles dans cette villa à Mati, ville rayée de la carte.

La polémique enfle sur les causes de l'incendie mais aussi sur les dysfonctionnements à tous les niveaux de la gestion de la crise.  La série de feux de forêts, dont l'origine est sans doute criminelle en vue d'opérations immobilières, a dévasté plus de 2000 maisons et bâtiments et des dizaines depuis le 23 juillet. Les vents puissants ont amplifié le désastre.

James Franco fera partager ses rêves à Rome

Posté par vincy, le 31 octobre 2012

La section CinemaXXI du Festival de Rome (9-17 novembre) accueillera le nouveau court métrage de James Franco, Dreams. Le film ne dure qu'une minute. La star hollywoodienne sera également présente pour la projection du long métrage Tar. Ce film collectif rassemble James Franco, Mila Kunis, Jessica Chastain, Zach Braff, Henry Hopper et Bruce Campbell. Il s'agit d'un biopic du poète C.K. Williams, qui est interprété par Franco (et Henry Hopper quand il est plus jeune). Le film a été réalisé par des étudiants de la New York University et supervisé par l'acteur.

CinemaXXI est une nouvelle sélection dédiée à un cinéma expérimental. On y trouvera cette année un moyen métrage de Paul Verhoeven (Steekspel/Tricked).  Un film collectif d'Aki Kaurismäki, Pedro Costa, Victor Erice et Manoel de Oliveira (Centro Histórico) ouvrira le programme et un autre signé Atom Egoyan, Lai's Bodanzky, Jerzy Stuhr, De Oliveira, Marco Bechis, Wim Wenders et Theo Angelopoulos (Mundo Invisivel/ Invisible Word) devrait faire l'événement.

On retrouvera aussi deux cinéastes a priori attendus dans des sections plus "classiques" : Peter Greenaway avec Goltzius and the Pelican Company (avec F. Murray Abraham) et Mike Figgis avec Suspension of Disbelief (avec Sebastian Koch). Côté français, notons la présence de Photo, du portugais Carlos Saboga, avec Anna Mouglalis et Marisa Paredes.

Un jury, présidé par l'artiste Douglas Gordon et composé d'Hans Hurch, Ed Lachman, Andrea Lissoni et Emily Jacir, décernera trois prix le prix CinemaXXI et le prix spécial du jury (longs métrages) et un prix CinemaXXI Cortometraggi e Mediometraggi (courts et moyens métrages).

Etrange et dernier voyage pour Théo Angelopoulos (1935-2012)

Posté par vincy, le 25 janvier 2012

Le réalisateur grec Theo Angelopoulos (Theódoros Angelópoulos), Palme d'or à Cannes en 1998 pour L'éternité et un jour, est décédé mardi soir à l'âge de 76 ans dans d'étranges circonstances. Plus tôt dans la soirée, nous avions appris qu'il avait été renversé par un motard dans la rue au Pirée, le port d'Athènes. On l'annoncé blessé, transféré immédiatement à l'hôpital.

C'est une figure emblématique du cinéma européen, et le plus grand réalisateur grec de ces trente dernières années. Né le 27 avril 1935, il avait incarné le Nouveau cinéma grec des années 70, avant de livrer une oeuvre symbolique, poétique, contemplative, émouvante. Ses fresques reflétaient son pays, ses troubles et ses tourments, dénonçant la tyrannie, tissant un portrait mélancolique de la condition humaine, tout en esthétisant au maximum chacun de ses plans. Il ne se lassait pas des paysages pluvieux, venteux et grisâtres de son pays pour mieux dépeindre l'aspect existentiel de son cinéma.

Après avoir voulu devenir écrivain, Théo Angelopolos, qui avait étudié le droit, avait poursuivi ses études à Paris en 1962 et 1963, à l'Institut des Hautes études cinématographiques (Idhec, l'ancienne Fémis) avant de devenir critique cinématographique. Membre du jury des festivals de Berlin (1978) et de Cannes (1987), il a aussi été largement récompensé dans les plus grands festivals du monde : Prix de la critique à Berlin pour Jours de 36 en 1972, prix de la Critique également à Cannes pour Le voyage des comédiens (1975), Le Voyage à Cythère (1984) et Le regard d'Ulysse (1995) qui a aussi emporté le Grand prix du jury, Palme d'or toujours à Cannes en 1998 avec L'éternité et un jour, Grand prix spécial des Amériques en 2004 à Montréal, prix de la critique toujours mais à Venise avec Alexandre le Grand en 1980 et cinq fois primé sur la lagune pour Paysage dans le brouillard en 1988... Il avait tourné avec les plus grands : Harvey Keitel, Marcello Mastroianni (L'apiculteur), Bruno Ganz, Jeanne Moreau (Le pas suspendu de la cigogne,...

Il avait énormément de difficulté à convaincre des producteurs pour financer ses films. Son perfectionnisme ralentissait évidemment son rythme de travail. Après sa Palme d'or, les cinéphiles ont attendu six ans pour revoir un film, en 2004, du cinéaste. Eleni, la terre qui pleure avait été présenté à Berlin. C'était le début d'une nouvelle trilogie qui se poursuivra en 2008 avec La poussière du temps, boudé tant par la critique que par le public.

Il avait démarré récemment le tournage de son dernier film, L'autre mer, miroir tendu à l'échec européen et la faillite de la Grèce (voir notre actualité du 1er juin 2011).

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Théo Angelopoulos veut faire un film sur la crise grecque

Posté par vincy, le 1 juin 2011

3 ans après La poussière du temps, son dernier film, et 13 ans après sa Palme d'or pour L'éternité et un jour, Théo Angelopoulos vient d'annoncer qu'il allait réaliser un film sur la crise grecque, qui menace l'équilibre financier de l'Union européenne.

L'autre mer suivra la trace d'une troupe d'acteurs qui ne parviennent pas à produire une pièce de Bertold Brecht, L'opéra de quat'sous (créée en 1928). Un père et une fille symboliseront les deux générations au coeur de la crise de la dette : celui qui en est à l'origine et celle qui en subit les conséquences.

Angelopoulos, pessimiste sur l'issue du problème et stupéfait par l'ampleur des erreurs commises, veut aussi évoquer le rêve européen, aujourd'hui dilapidé.

On a pu remarquer le réalisateur au dernier Festival de Cannes, lors du rendez-vous européen où il fêtait le 20e anniversaire du programme MEDIA et participait à une réunion sur l'avenir du programme (voir actualité du 16 mai).

Coup d’envoi du 6e Panorama du cinéma grec contemporain de Paris

Posté par MpM, le 1 décembre 2009

6e Panorama du cinéma grec contemporain à ParisPour son ouverture ce mardi 1er décembre, le 6e Panorama du cinéma grec contemporain propose une œuvre forte et glaçante qui ne manquera pas de faire forte impression auprès des spectateurs, Canine de Yorgos Lanthimos, Prix Un certain regard au dernier festival de Cannes. Très réussi, le film est par ailleurs assez représentatif du succès que rencontre la cinématographie grecque à l’international, et du renouveau que l’on croit percevoir de ce côté-là de la Méditerranée.

A ses côtés seront présentés onze longs et six courts métrages dont une majorité d’œuvres remarquées et récompensées dans des festivals internationaux. On pense notamment à l’Académie de Platon de Filippos Tsitos, Léopard du meilleur acteur et prix du jury œcuménique à Locarno en 2009, mais aussi à Réparation de Thanos Anastopoulos, sélectionné à Berlin en 2008. Une vraie chance, pour les spectateurs franciliens, de découvrir la production récente d’une cinématographie qui ne se résume ni à ses grands exilés (Costa-Gavras), ni à son représentant le plus célèbre, le palmé Théo Angelopoulos.

L’occasion aussi de s’intéresser à la situation d’une nation de cinéma autrefois florissante et hyper-créative. La Grèce fut en effet de 1955 à 1969 le pays au monde qui produisait le plus de films (une centaine par an) proportionnellement à son nombre d’habitants, avant de connaître une véritable déchéance dans les années 70. Aujourd’hui, si une vingtaine de films d’auteurs voit le jour chaque année, la situation est loin d’être réglée. Ainsi, les cinéastes grecs réclament un changement du système de financement et notamment des incitations fiscales pour les investisseurs privés. En signe de protestation face à l’immobilisme gouvernemental, 140 professionnels (dont Yorgos Lanthimos) ont d’ailleurs purement et simplement boycotté le Festival de Thessalonique qui se tenait du 13 au 22 novembre derniers.

Une raison de plus pour ne pas leur faire faux-bon, et partir à la découverte des œuvres présentées dans le cadre de ce Panorama...

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6e Panorama du cinéma grec contemporain à Paris
Cinéma des Cinéastes (paris 17e)
Du 2 au 8 décembre 2009-12-01

Programme et informations

Les Prix Henri-Langlois très chabadabada

Posté par vincy, le 13 février 2009

place henri langloisLes 4es Rencontres internationales du cinéma de Patrimoine, qui se déroulent à Vincennes (à côté de Paris), ont séduit 10 000 spectateurs du 29 janvier au 2 février. C'est 4 000 cinéphiles de plus que l'an dernier. 

Le Palmarès a honoré douze personnalités, en remettant les prix Henri-Langlois:

- Les cinéastes européens Ken Loach, invité d'honneur cette année, et Théo Angelopoulos, dont le dernier film vient d'être présent à la 59e Berlinale. Loach a rappelé "l'importance de la mobilisation et de la défense du cinéma européen."

- Les comédiens Anouk Aimée et Michel Bouquet qui a confié que c'était grâce à Henri Langlois s'il a "pu comprendre ce qu'était le vrai, le grand cinéma." Au moins aucun animateur de télévision ne lui a fait l'offense de lui dire qu'il avait l'âge de rester à la plage... Aimée a remercié les "grands cinéastes" qu'elle avait eu la chance de rencontrer. Justement un Henri Langlois d'honneur a été remis à l'un d'entre eux, Claude Lelouch.

- les autres Henri Langlois d'honneur ont été remis à l'inusable Agnès Varda et au compositeur Claude Bolling.

Trois nouveaux prix ont prolongé le palmarès.

Le prix Henri-Langois de l'écriture pour l'auteure Yasmina Reza et le réalisateur Didier Martini, le prix H-L Européen pour le cinéaste ulkrainien Oles Yanchuk (Famine 33) et le prix H-L Révélation qui a récompensé Maïwenn Le Besco, elle aussi, issue de la galaxie Lelouch. Ce prix est destiné à primer une comédienne ou un comédien passé derrière la caméra.

L'ARP avait reçu plus tôt un prix spécial. Un trophée Coup de coeur a été décerné à Ronit et Schlomi Elkabetz, réalisateurs israéliens, pour leur film Les 7 Jours, présenté à la semaine de la critique à Cannes en 2008. La directrice de la cinémathèque du Brésil, Olga Futemma, complète cette longue distribution de "forces vives" et de talents qui oeuvrent pour que le cinéma du passé reste bien présent.