BIFFF 2014 : nanards de luxe signés Terry Gilliam, Vincenzo Natali et Joe Chien

Posté par kristofy, le 14 avril 2014

Une grande attente implique de grandes responsabilités... parfois négligées : les nouveaux films de Terry Gilliam, Vincenzo Natali et Joe Chien sont au pire ratés, au mieux des déceptions, dans tous les cas des nanards de luxe.

haunterLe Canadien Vincenzo Natali s'est imposé comme l'un des réalisateurs des plus novateurs dans le domaine fantastique avec Cube (1997), Cypher (2002) et Nothing (2003).  Depuis Splice (2009), on attendait le suivant, et la déception est aussi grande que l'attente : Haunter arrive à peine à la hauteur d'un épisode de la série Fear Itself pour la télévision.

L'histoire reprend le concept du film Un jour sans fin où Bill Murray revit sans cesse le même jour : cette fois, c'est la jeune Abigail Breslin qui est coincée dans la même journée, la veille de son 16ème anniversaire. Ni ses parents ni son petit-frère (et son ami imaginaire ?) ne s'en rendent compte, elle est la seule à essayer de comprendre pourquoi : elle est dans une maison hantée...

Vincenzo Natali a beau essayer de faire de son mieux pour montrer un peu de sophistication, ça ne fonctionne guère, la faute surtout au scénario (alors que celui-ci est de Brian King, déjà à l'oeuvre sur Cypher). Pour les plus curieux, on peut considérer qu'une nouvelle fois Haunter développe un environnement avec ses propres règles de fonctionnement, qu'il s'agit de comprendre pour s'en échapper. Le film non sorti en salles est disponible en dvd.

The_Apostles_2Le réalisateur Joe Chien s'est fait connaître comme étant le premier à faire un film de zombies à Taïwan, Zombie 108 était d'ailleurs autant un film de zombies qu'un film de contagion brutal et un survival gore, dans le genre foutraque, c'est un chef d’œuvre.

On attendait sur le pied de guerre son deuxième film : The Apostles, qui est en première mondiale (après être seulement sorti en Chine) au BIFFF en sa présence. Il a d'ailleurs indiqué qu'un des objectifs du film était de séduire le marché chinois, le casting est essentiellement chinois mais on y reconnaît deux visages bien connus de Hong-Kong comme Lam Suet (acteur fidèle de Johnnie To) et la belle Josie Ho (dans Exilé de Johnnie To, la tueuse de Dream Home de Pang Ho-cheung, elle tourne aussi à l'international comme dans Contagion de Soderbergh ou Open Grave aussi programmé au BIFFF).

Logiquement on pourrait penser "qui peut le plus peut le moins", mais ici Joe Chien doit lui aussi se débrouiller avec un scénario faible, et en plus filmé avec paresse. Une jeune femme qui a des troubles de la mémoire doit faire face à la mort de son mari dans un accident d'avion avec sa maîtresse. Cette découverte lui fait rencontrer le mari cocu et ensemble ils vont aller chercher un lieu qu'avaient fréquenté leurs conjoints respectifs avant leur disparition...

Bien qu'elle croise plusieurs personnages inquiétants qui sont autant d'avertissements de ne pas aller plus loin, elle va continuer son périple tout en faisant des cauchemars qui la font douter de la réalité. Celui qui voyage avec elle est-il digne de confiance, une bizarre société secrète est-elle le fruit de son imagination, est-elle schizophrène, quel twist va arriver à la fin pour faire douter du twist précédent ? On se désintéresse progressivement de ce qui se passe dans l'histoire avant qu'un dernier rebondissement énorme tente de sauver le film.

Zero TheoremLa situation de Terry Gilliam est plus controversée encore : Brazil tout comme L'Armée des douze singes sont des succès brillants mais depuis 20 ans ses films suivants ont tous été des relatifs échecs en salles, ce qui est injuste pour la fantaisie Les Frères Grimm et plus compréhensible pour d'autres trop fantasques (comme L'Imaginarium du docteur Parnassus).

En plus de son film sur Don Quichotte qui n'a jamais pu se produire, Terry Gilliam traîne une réputation de réalisateur qui doit toujours rebondir après un échec, même pour Brazil il a connu des soucis de distribution et de montage coupé. De toute façon un nouveau film de Terry Gilliam est toujours intéressant, et après avoir été découvert au festival de Venise, The Zero Theorem était attendu au BIFFF (d'autant plus que le film ne sortira pas en salles en Belgique, ni en Espagne et dans d'autres pays, mais bien en France le 25 juin).

Dans un Londres futuriste (à l'image deux rues seulement) avec partout du plastique fluo et des écrans improbables, Christoph Waltz (la tête rasée) est obnubilé par un appel téléphonique qu'il attend tout en effectuant un travail imbécile et répétitif sur une machine (déplacer des cubes via un écran). Un jour, on lui propose de travailler chez lui sur l'équation du théorème zéro, qui implique que l'univers en expansion va ensuite se rétracter au néant. Il s'agit d'une parabole sur le sens de la vie (Dieu ?) en parallèle des tourments du personnage : il souhaiterait se sentir unique mais il sait qu'en réalité il est insignifiant comme les autres.

Il sera distrait de ses turpitudes par un jeune adolescent (moqué avec le casque sur les oreilles et la pizza dans la bouche) et par Mélanie Thierry en prostituée affriolante. Il va éprouver un désir amoureux pour elle lors de rencontres par ordinateurs interposés (où curieusement la réalité virtuelle semble plus réelle que le reste du film) mais le chaos de ses états d'âme menace...

The Zero Theorem est une déconvenue d'autant plus grande que ce nouveau film ressemble par moments à une parodie de l'univers de Terry Gilliam (en particulier de Brazil), où il ne se passe finalement pas grand-chose, sauf les deux numéros d'interprétation de Christoph Waltz et Mélanie Thierry... Vivement le prochain film du cinéaste (dans combien d'années ?!) pour qu'il puisse enfin rebondir pour de bon !