Grand prix du Festival de Cannes en 1949, Le Troisième homme va devenir une comédie musicale

Posté par vincy, le 30 juin 2013

tournage du troisième homme à vienneLe troisième homme, Grand prix au Festival de Cannes en 1949, va être adapté en comédie musicale. La société de production autrichienne Vereinigte Bühnen Wien (VBW) l'a annoncé jeudi 27 juin.

Le film du metteur en scène britannique Carol Reed, avec Joseph Cotten, Alida Valli, Trevor Howard et la participation impressionnante d'Orson Welles, avait été tourné en 1949 dans Vienne toujours partiellement détruite par la seconde guerre mondiale et encore occupée par les armées américaine, anglaise, française et russe. Le film fait ainsi visiter Vienne, de ses rues bourgeoises à ses cafés légendaires, de ses égouts à ses zones toujours encombrées de débris. On se souvient surtout de la scène vertigineuse de la grande roue dans le parc Pater, où Welles et Cotten confrontent leurs vérités. L'office de tourisme de Vienne a d'ailleurs organisé depuis quelques années un "Tour des lieux de tournage du Troisième Homme".

A partir d'un scénario de l'écrivain Graham Greene, Carol Reed a imaginé un film noir, où le romanesque impossible se frotte à une après-guerre traumatisante, sur fond d'espionnage et de trahison. Grand succès populaire (5,7 millions de spectateurs en France, 3e au box office de 1949), Le troisième homme est aussi connu mondialement pour sa musique, composée par le cithariste autrichien Anton Karas.

Pour la comédie musicale, VBW travaille avec le parolier et compositeur américain Stephen Schwartz (3 Grammy Awards, 6 nominations aux Tony Awards) à qui l'on doit les paroles des chansons de films d'animation comme Pocahontas (deux Oscars), Le bossu de Notre-Dame et Le Prince d'Egypte (un Oscar). Il est surtout l'auteur du livret de la comédie musicale Wicked, l'un des grands cartons récents de Broadway.

La première est prévue pour 2016, à Vienne.

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Bande annonce du film

Les 50 ans du cinéma marocain : Essaouira (3)

Posté par vincy, le 11 octobre 2008

essaouira_orsonwelles.jpgAu bord de l'Océan Atlantique, entre Casablanca et Agadir, se dresse une petite ville fortifiée, un port de pêcheur qui, tranquillement, s'est mué en spot touristique. La ville a des airs (iodés) de Saint-Malo, le thermomètre est à peine plus chaud. Ce n'est pas Safi, autre ville océanique qui s'est transformée en Jérusalem pour les besoins du film de Ridley Scott, Kingdom of Heaven. Il s'agit d'Essaouira, cité adulée par les français, sans doute pour ses similitudes bretonnes. Planté dans le très occidental Sofitel, face à l'île de Mogador, Claude Lelouch y tourna le "mythique" And Now... Ladies and Gentlemen, avec Patricia Kaas, Jéremy Irons, et Jean-Marie Bigard.

Heureusement Essaouira a plutôt gardé le souvenir d'un autre tournage, mythologique. Othello.

Orson Welles posa sa caméra ici (mais aussi à Safi et El-Jadida, toutes deux plus au Nord) pour filmer sa plus belle oeuvre, en 1952. Il incarnait brillament le Maure de Venise dans cette tragédie shakespearienne, aux côtés de Suzanne Cloutier et Robert Coote. Ce Grand prix du festival de Cannes (Palme d'or de l'époque) avait connu deux suspensions de tournage, faute d'argent. Il a ainsi accepté des narrations et des seconds rôles deans Le troisième homme et Echec à Borgia pour réinvestir ses cachets dans la production de Othello. Welles devait batailler avec ses financiers pour parvenir à ses fins. Il a changé quatre fois de Desdémone. Tournage mouvementé, film tourmenté, son sixième long métrage fut un chemin de croix de trois années.

Locarno lui rendit hommage avec une rétrospective unique en 2005 et rappela qu'à la mort du cinéaste, Othello était le seul film qu'il possédait encore. Il existe trois versions de l'oeuvre, dont la plus rare reste celle présentée à Cannes. Sa fille avait entrepris la restauration du film en 1992; et la copie neuve eut le droit aux honneurs d'une projection publique en plein air, juste à l'entrée des fortifications. Désormais, là où se dresse une stèle (mal entretenue), avec le portrait de l'artiste, la place porte son nom.

(photo : Vincy Thomas)