Bilan 2016 : le cinéma de genre en mutation

Posté par kristofy, le 28 décembre 2016

C’était quoi le cinéma de genre en 2016 ?

Depuis quelques années, en fait depuis Paranormal Activity en 2007, les films qui ont pour unique promesse de faire sursauter le spectateur avec des apparitions fantômes dans le noir ou des possessions démoniaques se suivent et se ressemblent presque tous. Cette année il y a eu par exemple Conjuring 2: le cas Enfield (29 juin), Dans le noir (24 août), Ouija : les origines (2 novembre), Don’t Breathe, la maison des ténèbres (5 octobre), et même un remake du légendaire Blair Witch (21 septembre). A noter d’ailleurs que deux films français qui, à leur manière, ont marqué le cinéma de genre tricolore ont eu leur remake en langue anglaise, Martyrs et A l’intérieur (mais aucun des deux n'est sorti en salles).

Et en France ? Il y a eu cinq films notables en 2016 qui, bien que très différents les uns des autres, ont été intéressants pour le ‘genre’. Julien Séri est enfin de retour avec Night Fare (13 janvier) et son mystérieux chauffeur de taxi, suivi de Julien Leclercq avec ses Braqueurs (4 mai). Jean-François Richet s’est retrouvé de nouveau aux commandes d’un film américain (10 ans après le remake de Assaut sur le central 13) avec Blood father (31 août) et signe par la même occasion le retour en grâce de Mel Gibson lors d’une séance de minuit au Festival de Cannes.

Cependant le genre français aura été beaucoup mieux conjugué au féminin, avec deux réalisatrices. Contrairement à leurs homologues masculins très influencés par des références américaines qu’ils reproduisent (comme ceux précédemment cités), celles-ci ont mis en images un univers bien à elles. Il y eu Evolution (16 mars) de Lucile Hadzihalilovic (qu’on attendait depuis 10 ans après Innocence) avec un petit succès d’estime et des récompenses aux festivals de San Sebastian et de Gérardmer. Mais le véritable évènement du genre a été découvert à Cannes puis récompensé dans divers festivals (Sitges, Toronto, Strasbourg, PIFFF…) et dont la sortie a été reculée au 15 mars 2017 (en parallèle avec une sortie aux Etats-Unis) : il s'agit de Grave de Julia Ducournau.

Aussi surprenant que cela paraisse le Festival de Cannes a mis en avant cette année ce genre peu habitué au glamour : Grave (à La Semaine de la Critique), Dog Eat Dog de Paul Schrader (Quinzaine des Réalisateurs), The Transfiguration de Michael O'Shea (Un Certain Regard), The Neon Demon de Nicolas Winding Refn (en compétition), The Strangers de Na Hong-jin (hors-compétition) et Dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho (séance de minuit).

Dans les salles de cinéma, pourtant, c'est plutôt la désaffection, à quelques exceptions près. Le spectre était pourtant varié : Midnight Special de Jeff Nichols (16 mars), 10 Cloverfield Lane (16 mars), Hardcore Henry (13 avril), Green Room de Jeremy Saulnier (27 avril), American Hero (8 juin), The Witch (15 juin), American Nightmare 3: Élections (20 juillet), The Wave (27 juillet), Dernier train pour Busan (17 août), Premier Contact de Denis Villeneuve (7 décembre), soit des extra-terrestres, des montres, des tueurs immortels, des dons surnaturels, une catastrophe naturelle, de la sorcellerie, des zombies et la fin de l'humanité.

Finalement, ce que l'on retient c'est bien le renouvellement du genre. Reprendre les vieilles recettes et les refaire non pas seulement au goût du jour, avec les moyens actuels, mais bien avec un point de vue singulier, une envie de surprendre, une volonté de donner au "genre" une profondeur avec plusieurs niveaux de lecture ou d'en faire une expérience physique et cérébrale, repoussant les limites du supportables ou explorant les limbes de nos cauchemars.

Cependant certains des meilleurs films seront restés eux invisibles, à l'exception de quelques projections dans certains festivals. Comme nous le disions récemment : « Les films fantastiques, avec des zombies, des vampires, d'horreur etc... ne manquent pas dans la production mondiale. Régulièrement les productions hollywoodiennes arrivent dans les salles. Ceux là parviennent à dépasser les 300000 entrées (voir atteindre les 700000 spectateurs comme American Nightmare 3 ou 1,5 million de spectateurs comme Conjuring 2. Pour les autres, c'est plus compliqué. Malgré leur excellente réputation et leur carton dans leur pays, les films coréens, espagnols ou japonais ont du mal à s'exporter. Et ne parlons pas du cinéma français qui prend des pincettes à produire des films de ce genre et qui quittent rapidement l'affiche une fois sorti. Quand ils ont été distribués. Qu'on aime ou pas ce genre de films, il s'agit quand même d'une diversité qu'il faudrait mieux défendre, mieux préserver. Il a peut être mauvais genre mais c'est du cinéma. Il n'y a pas de raison qu'il soit un passager clandestin dans les salles ou un apatride squattant les ordinateurs, souvent en téléchargement illégal, ou la vidéo à la demande. »

Mon film de l’année : Sing Street, une leçon de vie

Posté par cynthia, le 23 décembre 2016

Quand un film nous plaît, c'est super, mais lorsqu'un film nous touche, c'est encore mieux! La première fois que j'ai entendu parler de Sing Street (nommé aux prochains Golden Globes) c'était durant mon séjour en Irlande. "It's a masterpiece...a film with joy!" entendait-on. Cet enthousiasme (on ne peut plus communicatif) ne m'a pas poussé à le voir à ce moment-là et je pense savoir pourquoi. Si je l'avais découvert durant ce séjour, je ne serai jamais revenu en France retrouver mes proches et mon train-train quotidien. Car Sing Street est le genre de film qu'il faudrait faire chaque année. Sans morale ou message, il peut vous changer afin de révéler votre vrai "vous"!

Il m'a fallu attendre Deauville pour que je sois troublée et conquise (même si c'est à Dinard qu'il a raflé tous les prix). Cosmo, un jeune Irlandais passionné de musique vit entre ses parents dépressifs et perpétuellement en conflit, un frère qui a raté sa vie et une école religieuse bien trop stricte pour son esprit libre. Dès les premières minutes du film, je me sens dans mon élément (Sing Street pourrait être ma biographie). Après tout qui ne le serait pas? Qui n'a jamais rêvé de quitter sa famille dépressive et son quotidien terne et sans intérêt pour enfin vivre ses fantasmes inavoués d'artiste désenchanté?

Sing Street est un cri qui vient du cœur, un souhait d'enfant bercé par une musique enivrante qui donne envie de bouger ses hancges, autant sur la piste que dans sa vie. Chaque scène est jouissive même la plus mélancolique (cette mère qui, comme le personnage de Ben Stiller dans le film La vie rêvée de Walter Mitty, préfère rêver sa vie sur son perron plutôt que de changer sa réalité), chaque scène est criante de vérité: avez-vous suffisamment de courage pour poursuivre vos envies, vos désirs comme les personnages de Cosmo et Raphina (la belle et prometteuse Lucy Boynton que j'ai pu interviewer sur les planches normandes) ou allez-vous passer à côté d'eux comme le personnage de Brendan (le rôle le plus puissant de ce film)?

Oser et s'affirmer. On ne sort pas de Sing Street indemne. Je, tu, elle, il, nous, vous, en sort chamboulé à tout jamais. Après avoir vu le film de John Carney, on a envie de déplacer des montagnes, de faire des choses incroyables, de dire "merde" à notre entourage toxique, de faire un doigt d'honneur à notre banquier, de courir jusqu'à ce restaurant où travaille ce type trop mignon et de lui dire qu'il nous plaît avant de l'embrasser à pleine bouche, de quitter son job et de devenir acteur même si on n'a pas le talent de Meryl Streep, de faire le grand saut...d'oser vivre!

L'autre thématique du film qui frappe le cœur est bien celle de l'affirmation. Durant tout le film, Cosmo change de style constamment (nous faisant voyager à travers les vêtements qui ont fait les années 80) au grand désarroi du directeur de son école, un prêtre extrémiste taré qui pourrait fortement faire penser à votre oncle chiant qui pourrit le dîner de Noël avec ses idées d'un autre temps. Par cette affirmation, le message véhiculé est que chacun peut être ce qu'il veut être, p******! Vous voulez porter le voile, un mini short rose ou des talons aiguilles alors que vous vous appelez Bernard... Ne nous cachons plus, soyons nous-mêmes et OSONS!

Sing Street aurait pu s'appeler Sing Life (chante la vie), car John Carney nous apprend à vivre en 106 minutes de bonheur avec son chef-d'oeuvre irlandais et musical. Ne reste plus qu'à nous, pauvres mortels conditionnés par la société, notre entourage et notre peur du laisser aller, à faire le GRAND pas!

Mes autres coups de cœur: Eddie, The Eagle de Dexter Fletcher, Brooklyn de John Crowley, Deadpool de Tim Miller, Imperium de Daniel Ragussis et The Neon Demon de Nicolas Winding Refn.

Cannes 2016 : Cannes Soundtrack Awards pour Cliff Martinez et Bruno Dumont

Posté par MpM, le 23 mai 2016

soundtrack

Si l'on récompense à Cannes les meilleurs acteurs, les plus grands scénaristes et même la prestation canine la plus convaincante, la musique, elle, était jusqu'à peu injustement exclue de ces multiples palmarès. Heureusement, depuis 2012, le prix Cannes Soundtrack décerné par un jury indépendant de journalistes internationaux permet de mettre en valeur le travail primordial des compositeurs et superviseurs musicaux qui font bien plus qu'habiller un film, mais lui apportent une dimension supplémentaire permettant d'exprimer d'une autre manière les émotions et la tonalité voulues.

Après Lim Gion pour The assassin de Hou Hsiao-Hsien, c'est donc Cliff Martinez (qui avait déjà collaboré avec Nicolas Winding Refn pour Only God forgives et Drive) qui a été récompensé cette année pour la musique très expressive de The neon Demon de Nicolas Winding Refn. Tantôt lancinante et ultra-rythmée, hallucinée et délicate, elle donne au film une identité sonore forte, entre étrangeté contenue et cauchemar anxiogène. L'apport de Martinez est d'ailleurs évidente dans l'esthétique choc du film et dans la recherche formelle quasi abstraite du réalisateur danois. A noter que la bande-originale du film sera éditée à partir du 3 juin prochain.

En parallèle, le jury a décidé de distinguer Bruno Dumont pour son utilisation d'un morceau préexistant de Guillaume Lekeu, Barberine : Prélude au 2e acte, dans Ma Loute. Cette musique orchestrale fait office de thème principal décliné tout au long du film, auquel elle apporte un lyrisme étonnant, en contraste permanent avec le ton à la fois potache et fantasmagorique de cette comédie souvent outrancière.

Palmarès Cannes Soundtrack 2016

"Coup de Cœur" de la Meilleure Musique de Film Originale
Cliff Martinez pour The Neon Demon de Nicolas Winding Refn

Award de la Meilleure Musique Synchronisée
Bruno Dumont pour Ma Loute

[L'instant Glam'] Cannes 2016 – Jour 10: Les feux de l’amour

Posté par cynthia, le 21 mai 2016

Oyé oyé cinéphiles, dixième jour sur la Croisette, le temps passe aussi vite que la langue de Miley Cyrus sur son marteau dans le clip Wrecking ball, les films s'enchaînent et nous déchaînent, et le tapis rouge continue de nous faire rêver.

Hier soir on a aperçu Juliette Binoche avec un livre ouvert sur la tête (casquette originale), Milla Jovovich et ses yeux revolver, Vanessa Paradis tout de blanc vêtu, Lambert Wilson classe et surtout l'équipe de The Last Face de Sean Penn.

Imaginez, vous sortez avec votre collègue de travail... Au début entre les mots d'amour en cachette et les parties de jambes en l'air à côté de la photocopieuse, c'est génial, mais après... Si vous vous séparez... Quel genre d'ambiance il y aurait au bureau? Et bien c'est exactement ce qu'a dû ressentir le (feu) couple Sean Penn/Charlize Theron sur les marches.

Venus présenter The Last Face, les deux compères étaient bien éloignés l'un de l'autre durant le photoshoot, la pauvre Adèle Exarchopoulos se retrouvant souvent au milieu. Je dis la pauvre car j'ai déjà été à sa place et ce n'est jamais joyeux de faire bonne figure au milieu d'un couple séparé. Et dire que l'année dernière encore ils s'aimaient à la folie sur la Croisette... Rien n'est éternel. Ce qui l'est en revanche, c'est leur beauté : Charlize Theron a mis le paquet avec son smoking et sa chemise ouverte laissant place à l'imagination (voulait-elle dégoûter le petit Sean) montrant ainsi qu'elle mérite sa place dans le classement des plus belles femmes du monde. Comme Dior, on l'adore. Sortir avec Charlize Theron doit faire ressentir le même sentiment qu'a eu Leonardo Dicaprio en tenant son Oscar dans les mains pour la première fois. Le Saint Graal, bordel ! Autre beauté, moins flamboyante, de la Croisette, Adèle Exarchopoulos avec son top crop et un jupe longue blanche : sexy, elle a agité les organes reproducteurs de ses fans, fixés sur son nombril exhibé. N'oublions pas Javier Bardem, plutôt cravate que nœud pap, qui respire le sexe à chacun de ses mouvements (le mâle...le vrai) et Jean Reno qui représente le swagg à la Française. Ou pas.

Plus tard dans la soirée pour la projection de l'étrange The Neon Demon de Nicolas Winding Refn, on a croisé Mads Mikkelsen et sa beauté vampirique aux côtés de la douce Kirsten Dunst avant de perdre notre âme devant la sublime Elle Fanning. Il n'est pas étonnant que la jeune actrice ait incarné la Belle au bois dormant... Elle a l'air d'une princesse tout droit sorti d'un conte de fées Disney. Aux côtés de la belle, Nicolas Winding Refn en smoking est monté tel un guerrier viking prêt au combat, afin de supporter les critiques négatives sur son film (un peu comme tous les ans à Cannes). Nous avons aussi été subjugués par Bella Heathcote, la partenaire d'Elle Fanning, qui a montré son penchant pour le sang (demi-spoiler) avec une robe rouge qui, de loin, faisait penser à la texture d'un oiseau effrayé (Black Swan is back?).

Après tout, c'est ça la magie cannoise... Se fringuer en fonction du film que l'on présente intentionnellement.

Cannes 2016: Le quintet féminin de The Neon Demon

Posté par kristofy, le 20 mai 2016

The Neon Demon est l’un des films les plus attendus du Festival. Survendu? En tout cas, il est loin des éléments de langage qui ont alimenté ses teasers. Ce Black Swan dans le milieu de la mode est plus stylisé qu'horrifique. Only fan forgives.

Nicolas Winding Refn a su imposer sa marque (les initiales NWR sont devenues le logo de sa signature) et son style (l'art est un acte de violence). Après des films aussi différents que Bronson, Valhalla Rising remarqués dans le circuit des festivals et sortis en salles de cinéma il devient un nouveau familier du Festival de Cannes avec Drive (palme du meilleur réalisateur en 2011), Only God Forgives (en compétition officielle en 2013), il y est aussi membre du jury en 2013. Nicolas Winding Refn est aussi devenu un supporter VIP pour le ‘film de genre’ à Cannes : il est présent aux séances du 40ème anniversaire de Massacre à la tronçonneuse, aux nouveaux films de Alejandro Jodorowsky, et il présentera en sélection Cannes Classics La Planète des vampires de Mario Bava en version restaurée ...

The Neon Demon sera son premier film où des femmes seront les personnages principaux : une jeune mannequin devient l'objet de désir et de jalousie d’autres femmes prêtes à tout pour 'prendre' sa beauté et sa fraicheur naturelles.

Elle Fanning a grandi devant les cameras. Elle est actrice depuis ses 3 ans et, une fois adolescente, elle fait merveille dans Somewhere, Twixt, Super 8. La jeune fille a maintenant 18 ans mais elle s’est déjà transformée en jeune femme troublante : son physique de lolita blonde ne s’accorde plus bien avec la détermination sévère de son regard bleu. Elle Fanning est devenue une sylphide aussi belle que redoutable, l’héroïne idéale pour ce film.

Jena Malone a elle aussi passé son adolescence sur les plateaux, dans des films comme Donnie Darko, The United state of Leland, Sucker Punch et enfin Hunger games. Cette brune devenue blonde (et rousse dans le film de NWR), actrice devenue chanteuse (avec son groupe The Shoe) fait toujours preuve d’une dualité étonnante avec ses fêlures dissimulées ou son caractère de manipulatrice dangereuse : c'est elle qui désire le personnage de Jesse interprété par Elle Fanning, par elle que tout va déraper. Dominatrice, nécrophile, lesbienne,... Elle ose tout.

Malgré un rôle plus secondaire, il y a aussi Christina Hendricks, qui sera pour toujours la divine secrétaire de la série Mad men, avec ses tailleurs ajustés mettant en valeur ses formes voluptueuses proches de Jessica Rabbit. La jolie rousse est cependant bien plus qu’une pin-up, elle ne demande qu’à le prouver avec d’autres rôles comme celui que lui avait déjà offert Nicolas Winding Refn dans Drive . Elle a retrouvé Ryan Gosling dans Lost river et a également tourné Detachment avec Adrien Brody et Dark places avec Charlize Theron.

En plus de ce trio deux autres blondes mannequins seront bien présentes à l’image : Abbey Lee Kershaw et Bella Heathcote, toutes deux australiennes nées en 1987.

Abbey Lee Kershaw est une top-model overbookée entre ses 19 et 24 ans pour les plus grandes marques, ensuite son physique à la fois glam et punk lui ouvre les portes du cinéma : Mad Max fury road déjà à Cannes, Gods of Egypt sorti il y a quelques semaines, et donc The Neon Demon. C'est ironiquement celle qui est trop vieille pour le métier, mais aussi celle qui a la peau la plus dure quand il faut triompher.

Bella Heathcote avec son visage de poupée à qui on aurait insufflée la vie, joue souvent avec cette apparence de femme-enfant: Time out de Andrew Niccol, Dark shadows de Tim Burton, Cogan de Andrew Dominik à Cannes, Orgueil et Préjugés et Zombies et le prochain Cinquante nuances plus sombres… Ici, elle incarne la jalousie et la mesquinerie. La végétarienne qui a un peu de mal à digérer de la viande. Celle qui balance: « Ça fait quel effet de marcher dans une pièce comme si au milieu de l’hiver tu étais le soleil ? »

Cannes 2016: Amazon sur les marches

Posté par vincy, le 15 avril 2016

C'est une distributeur qu'on n'imaginait pas à Cannes il y a quelques années. Les Majors d'Hollywood abandonnant progressivement le cinéma d'auteur et, n'étant pas prêtes à surenchérir dans les marchés du films pour acquérir les droits de distribution, il y avait un créneau à prendre pour des nouveaux venus - Open Road Films, STX Entertainment, A24, IFC, Gramercy, Netflix et Amazon.

Amazon Studios, justement, fait très fort cette année en étant présent au générique de cinq films choisis en sélection officielle à Cannes: hors compétition, il y a Cafe Society de Woody Allen (film d'ouverture, tout un symbole) qui a trouvé avec Amazon un partenaire plus généreux qu'avec Sony (10 millions de $ de plus dans le devis); en compétition, le jeune studio présentera Paterson de Jim Jarmusch (ainsi que le documentaire du même Jarmusch, Gimme Danger en séances spéciales), The Neon Demon de Nicolas Winding Refn et The Handmaid (Agassi) de Park Chan-Wook.

Depuis la dernière édition de Sundance, on sait qu'Amazon (comme Netflix) compte peser sur le marché et vise des Oscars comme le studio a récolté des Golden Globes pour sa série "Mozart in the Jungle" avec Gael Garcia Bernal. Les ambitions cinématographiques d'Amazon ne sont plus masquées depuis qu'il a acquis le drame de Kenneth Lonergan, Manchester by the Sea, au marché de Sundance en janvier, au nez et à la barbe de négociateurs aguerris comme Fox Searchlight et Focus Features. Amazon a aligné 10 millions de $ et vise les Oscars en 2017. A Sundance, la filiale du géant du commerce en ligne a aussi acquis Love and Friendship de Whit Stillman et le documentaire Author: The J.T. LeRoy.

Amazon et Netflix ont un atout par rapport aux concurrents traditionnels: leur modèle économique n'est pas fondé uniquement sur les recettes en salles mais aussi les diffusions en streaming et vidéo à la demande. Mais surtout il profite d'un marché du circuit indépendant / art et essai en berne aux Etats-Unis. Hormis quelques exceptions comme Boyhood, ces films là voient leurs recettes moyennes en baisse depuis quelques années: le public est de moins en moins curieux.

Cette forte présence d'Amazon n'empêche pas Hollywood de montrer ses muscles à Cannes: hors-compétition, Sony présentera Money Monster de Jodie Foster avec George Clooney et Julia Roberts, Disney aura le dernier Steven Spielberg, Le Bon Gros Géant et Warner projettera la comédie policière The Nice Guys de Shane Black avec Russell Crowe et Ryan Gosling. En compétition, Focus Features (Universal) sera en lice pour la Palme d'or avec Loving de Jeff Nichols.

6 films que l’on a hâte de voir en 2016

Posté par vincy, le 1 janvier 2016

Midnight Special de Jeff Nichols - MPM

"Le film que j’attends le plus en 2016 ? C’est un film dont je n’ai pas encore entendu parler, dont je n’attends rien, et que je reconnaîtrai le cœur battant en le voyant, parce qu’il me bousculera et me donnera la sensation que le cinéma a encore tout à dire et à inventer. S’il faut absolument citer un titre, ça pourrait être Midnight special de Jeff Nichols, parce qu’il a les capacités pour provoquer ce genre d’émotions."

Batman v Superman de Zach Snyder - Wyzman

"S'il y a bien un film que l'on est en droit d'attendre avec impatience, c'est sans conteste Batman v Superman : L'Aube de la Justice. Le film le plus cher de toute l'histoire réunira en effet les deux plus grands héros de bande dessinée qui soient, ou du moins mes préférés. Réalisé par Zack Snyder (le papa de 300 et Watchmen), ce Batman v Superman devrait être son Réveil de la Force… Ou ne sera pas !"

Carol de Todd Haynes - Cynthia

"Le cru 2016 semble alléchant et devant ces mets cinématographiques qui donnent l'eau à la bouche, mon choix s'est porté sur Carol de Todd Haynes. Comment ne pas être impatient face à un film qui met en scène l'iconique Cate Blanchett et l'étoile montante Rooney Mara et sa légèreté qui lui est propre dans des tenues sublimes des années 50. Ajoutons à cela une histoire d'amour qui fait triompher la différence dans un monde cruellement fermé d'esprit et cela donne un cocktail sulfureux que j'ai hâte de dévorer au cinéma en 2016."

The Neon Demon de Nicolas Winding Refn - Kristofy

"Nicolas Winding Refn a su imposer sa marque (NWR) et son style (l'art est un acte de violence). Après Drive, Only God Forgives et Bronson et la reconnaissance de ses pairs dans le circuit des festivals même si l’adhésion du public n’est pas toujours au rendez-vous, on attend vraiment The Neon Demon avec Elle Fanning, Keanu Reeves, Christina Hendricks, Jena Malone : une jeune mannequin qui sera l'objet de désirs d’autres femmes prêtes à tout pour 'prendre' sa beauté et sa vitalité... Comment sera racontée ce genre d'histoire dans le Los Angeles d'aujourd'hui avec le goût de Nicolas Winding Refn pour une sophistication très graphique ? The Neon Demon sera aussi son premier film où des femmes seront les personnages principaux. Grosse attente pour cette année 2016, avec une présence probable au prochain Festival de Cannes..."

Jodorowsky's Dune d'Alejandro Jodorowsky - Geoffroy

"Puisqu'il est si difficile de ne citer qu'un seul film pour nommer le plus attendu de l'année 2016, celui qui m'inspire le plus, en dehors des quelques événements ciné incontournables, est un film qui ne s'est jamais fait. Ce paradoxe, non rédhibitoire, est l'occasion de visionner sous la forme documentaire la préparation de l'adaptation avortée du roman Dune de Frank Herbert par le réalisateur Chilien Alejandro Jodorowsky. Jodorowsky's Dune relate, bien avant le long-métrage culte de David Lynch, l'incroyable projet - fou dira t-on par la suite - aussi pharaonique que don quichottesque d'un artiste au service de son art."

Julieta de Pedro Almodovar - Vincy

"Trois ans que Pedro Almodovar n'a rien sorti. Après une série d'oeuvres majeures (et dramatiques) au début des années 2000, le cinéaste espagnol a moins convaincu avec successivement un film passionnel et tragique, un thriller glaçant et tendu et une comédie loufoque mais un peu ratée. C'est dire si l'attente est grande avec ce Julieta (anciennement Silencio) qui naviguera entre les années 80, qui lui furent si inspirantes, et aujourd'hui. En allant chercher de nouvelles têtes (muses), en retrouvant un récit mélodramatique et une histoire de femmes (ses deux marottes), on espère forcément voir un grand Almodovar sur les écrans, et sans doute sur les marches à Cannes. Le plus surprenant sera sans doute le style qu'il nous promet plus intime, plus sombre, moins drôle. Le rouge ferait place au vert et au brun. C'est tout ce qu'on souhaite d'un maître du cinéma: qu'il nous étonne encore et toujours."

Nicolas Winding Refn boucle le casting de The Neon Demon

Posté par vincy, le 5 février 2015

nicolas winding refnAnnoncé début novembre, The Neon Demon, le nouveau film de Nicolas Winding Refn (Drive)  promettait un casting de "beautés dangereuses".
Avant le lancement du marché du film à Berlin, les actrices ont été révélées: Elle Fanning, Christina Hendricks, Jena Malone, Abbey Lee (Mad Max: Fury Road) et Bella Heathcote (Dark Shadows) joueront à ces drôles de dames dans un film d'horreur dont le tournage commencera le 30 mars.

Cerise sur le gâteau, Keanu Reeves s'invite au générique.

Le film doit sortir sur les écrans en 2016.

Nicolas Winding Refn prépare son nouveau film

Posté par vincy, le 5 novembre 2014

nicolas winding refnNicolas Winding Refn prépare un film d'horreur, The Neon Demon, selon les informations de Variety. Le scénario a été écrit par le réalisateur et Mary Laws.

"Je me suis réveillé un matin entouré et dominé par des femmes", explique le réalisateur dans un communiqué. "J'ai soudain eu le besoin urgent d'écrire un film d'horreur sur les beautés dangereuses. Après être tombé amoureux de Los Angeles et de son électricité à l'occasion de Drive, c'est là que je filmerai The Neon Demon."

Le tournage de ce film, au casting essentiellement féminin, commencera début 2015. La sortie n'est pas prévue avant 2016.

Le cinéaste danois, 44 ans, s'est aussi engagée sur une série TV, Barbarella, pour Canal Plus. Son dernier film, Only God Forgives, était en compétition au Festival de Cannes en 2013.