Blockbuster ’10 : Qui est Mia Wasikowska?

Posté par vincy, le 22 mars 2010

mia wasikowskaMia Wasikowska a le nom et l'allure d'une joueuse de tennis d'Europe de l'Est ou de Russie. Pourtant cette jeune femme de presque 21 ans, fille d'artistes, est Australienne, et débuta par la danse classique.  Préférant les imperfections de la comédie à la perfection du ballet, à 15 ans, elle fait ses débuts timides sur le petit écran. En 2006, elle se fait remarquée avec un second-rôle dans Le feu sous la peau (Suburban Mayhem), présenté à Un certain regard, Cannes. Elle est alors nommée dans la catégorie Jeune acteur aux "Oscars" australiens. Elle aligne quelques courts métrages. En 2008, elle croise Sam Worthington (avant son aventure d'Avatar), Michael Vartan et Radha Mitchell dans Solitaire (Rogue), navet d'action qui flop misérablement au box office.

Elle s'en sort mieux avec le rôle principal de la série "En analyse (In Treatment)", diffusée aux USA sur HBO. Son personnage est récurrent durant neuf épisodes, où elle partage la vedette avec Gabriel Byrne et Dianne Wiest. La série s'attire les louanges de la critique et reçoit des prix prestigieux. De quoi enrichir un CV de débutante.

Wasikowska participe  à Les insurgés (Defiance), film maladroit d'Edward Zwick. Dans That Evening Sun, elle impressionne davantage. Le film indépendant reçoit de multiple honneurs, notamment pour son scénario. Mia est nommée aux Independant Spirit Awards, en meilleur second rôle féminin. La sortie confidentielle aux Etats-Unis est compensée par une véritable tournée des festivals durant un an. Amelia, de Mira Nair, bénéficie de plus de moyens, mais ne remporte pas non plus l'adhésion du public américain malgré la présence de Hilary Swank, Richard Gere, et Ewan McGregor. La jeune femme incarne la pilote Elinor Smith, capable de voler sous les ponts de New York et détentrice de nombreux records.

L'actrice enchaîne avec The Kids are All Right, comédie de moeurs sur l'homoparentalité, récemment primée à Berlin par le Teddy Award. Elle y est la fille d'un couple de lesbienne (Julianne Moore et Annette Bening) qui cherche à connaître son géniteur (Mark Ruffalo). La belle année se prolonge avec le rôle-titre d'Alice au pays des merveilles. Elue par Tim Burton après un casting épique, Mia Wasikowska interprète l'héroïne mythique en passant d'une insoumise romantique à la Jane Austen ou une combattante éclatante à la Jeanne d'Arc.

Le film est un triomphe international. De quoi éventuellement la faire décoller ou, au contraire, broyer par le système.Travailleuse, elle va continuer les grands écarts, de Gus Van Sant à Une énième version de Jane Eyre.

Berlin 2010 : The Teddy is all right

Posté par vincy, le 20 février 2010

the kids are allrightPour leur 24e cérémonie, les Teddy Awards, qui récompensent les meilleurs films gays et lesbiens, ont rappelé à quel point le combat pour l'égalité des droits était toujours vivace. Amnesty international est venu informer sur scènes les nouvelles lois des pays d'Afrique de l'Est qui condamnent à mort (ou à perpétuité) les homosexuels. Le Maire (ouvertement gay) de Berlin, Klaus Wowereit, a mis en avant le fait que nous sommes tous des êtres humains, se référant à l'article 1 de la Charte des droits de l'homme des Nations Unies. "Tout être humain naît libre et égal en dignité et en droit."

Car, comme la Berlinale "classique", les Teddy sont engagés, politiques et cinématographiques. Complètement intégrés dans le Festival, c'est devenu une section parallèle incontournable qui nourrit les autres compétitions. 28 films, toutes sections confondues, avaient pour thème l'homosexualité. Même le catalogue des Teddy, broché et coloré, se permet des invités prestigieux comme éditorialistes : Elfriede Jelinek (l'auteure de La Pianiste), Inrid Caven, Isabelle Huppert et l'éternel dandy Werner Schroeter, par ailleurs présent le soir de la remise des prix.

Le palmarès a récompensé The Kids are all right, de Lisa Cholodenko (en compétition officielle de la Berlinale), avec Julianne Moore et Annette Bening en couple lesbien, mères de famille, dérangées par l'intrusion du père biologique (Mark Ruffalo) de leurs deux adolescents. Une comédie de moeurs distinguée pour "la qualité de sa réalisation et la drôlerie avec laquelle il aborde les enjeux de l'homoparentalité d'aujourd'hui, ainsi que la complexité de la sexualité, des relations sentimentales et des liens familiaux." Il était nommé face à deux autres films.

Mine Vaganti, de Ferzan Ozpetek, est aussi une comédie de moeurs, familiale, mais à l'italienne, avec un coming-out impromptu dans un clan traditionnel où les enjeux industriels croisent la réputation en société. Petit bonus (en de hors du charme irrésistible du film), rien ne se passe réellement comme prévu : il n'y a pas qu'un seul homo parmi les enfants, et cela (em)brouille tout.

Et puis Howl, de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, où l'on revient à San Francisco à la fin des années 50, quand le poète Allen Ginsberg est confronté - judiciairement - à une Amérique conservatrice et Mccarthyste. Le film met en vedette James Franco, qui a reçu un Teddy u meilleur court-métrage pour The Feast of Stephen. Nous vous avions révélé plus tôt dans la semaine ( voir actualité du 14 février 2010) à quel point ce court métrage en noir et blanc était brillant.

Le Teddy du Jury est revenu à un autre Américain, Jake Yuzna, pour Open. Ce film, entre expérimentation sensorielle et esthétique, et documentaire fictionnel sur les sexualités oubliées (pandrogyne, transsexuel, hermaphrodite). Un voyage étonnant qui met en lumières les troubles et les angoisses de personnes marginalisées en quête d'affection.

Le Teddy du meilleur documentaire, enfin, a été décerné à La Bocca del Lupo, de Pietro Marcello.

L'an prochain, le petit Ours fêtera ses 25 ans.  Nul ne doute que les boîtes de nuit affichant le drapeau arc-en-ciel prolongeront la fête avec encore plus de paillettes...