7 films pour ne pas oublier le Génocide arménien

Posté par redaction, le 24 avril 2015

ararat atom egoyan

Le génocide arménien a été commis entre avril 1915 et juillet 1916. On estime que les deux tiers des Arméniens sont morts suite à des déportations, famines et massacres, soit un million deux cent mille qui vivaient en Anatolie et en Arménie occidentale. Si l'on célèbre le Centenaire ce 24 avril, sa reconnaissance politique est encore en débat et fait l'objet de controverses. La Turquie nie encore aujourd'hui l'appellation de génocide, n'y voyant qu'une guerre civile. Ce mois-ci, le génocide a été reconnu par les parlements de vingt-trois pays.

Les Arméniens ont aujourd'hui un pays (dont le territoire a été largement amputé : le Mont Ararat, la fameuse montagne de l'Arche de Noé, et symbole de l'Histoire arménienne, est aujourd'hui en Turquie). La diaspora s'est installée dans de nombreux pays comme la France et aux Etats-Unis. Parmi les personnalités d'origine arménienne les plus célèbres: Sergei Parajanov (un musée est consacré au réalisateur à Erevan, en Arménie), Henri Verneuil, Charles Aznavour, Cher, Rouben Mamoulian, Robert Guédiguian, Eric Bogosian, Elia Kazan, Atom Egoyan, Francis Veber, Albert Hughes et Allen Hughes, Gregory Peck, Michel Legrand...

Pas étonnant que les films revenant de près ou de loin sur ce Génocide soient signés de ces descendants arméniens. Nous en avons retenus 7.

Auction of Souls (1919)
Le film d'Oscar Apfel est l'adaptation du livre d'Arshaluys Mardiganian, Ravished Armenia: The Story of Aurora Mardiganian, the Christian Girl, Who Survived the Great Massacre, où elle raconte le tout récent Génocide arménien. L'auteure y interprète d'ailleurs le rôle principal.
Le film est aujourd'hui introuvable. Il ne reste qu'une copie de vingt quatre minutes, qui a été restaurée en 2009.

america america elia kazanAmerica, America (1963)
Elia Kazan réalise le premier grand film sur le sujet, d'après son roman homonyme autobiographique. On y suit Stavros, Grec cappadocien et chrétien, qui vit en Anatolie à la fin du XIXe siècle dans des conditions misérables. Il subit l'oppression des Turcs musulmans, qui gouvernent l'Empire ottoman. Quand son village est ciblé par les Turcs, Stavros décide d'émigrer vers l'Amérique et entame le long et dangereux périple jusqu'à Constantinople dans l'espoir d'embarquer sur un bateau à destination de New York.
Le film a reçu la Coquille d'or au Festival de San Sebastian et les trois nominations les plus prestigieuses aux Oscars (film, réalisateur, scénario). de tous ses films, Kazan disait qu'America, America était son favori, et son plus personnel. Il avait voulu tourner à Istanbul (ex-Constantinople) mais a du filmer en Grèce.

Mayrig (1991)
Au crépuscule de sa vie, Henri Verneuil entreprend de filmer un diptyque sur la diaspora arménienne, dont le second volet, 588 rue Paradis se déroule en France. Mayrig est l'adaptation de son roman éponyme, avec Claudia Cardinale dans le rôle de sa mère et Omar Sharif dans celui de son père.
Le film raconte l'histoire de l'arrivée d'une famille arménienne en France en 1921, fuyant la répression des Turcs, à travers les souvenirs du jeune Azad, né en Arménie, le 11 mai 1915, au début du génocide du XXe siècle. Le récit est ponctué de flash back sur la période du génocide.

Ararat (2002)
Atom Egoyan et son épouse Arsinée Khanjian sont canadiens d'origine arménienne. Le cinéaste, après avoir été révélé par des films audacieux, souvent primés dans les grands festivals comme Cannes, réalise alors une oeuvre plus personnelle, avec un casting cosmopolite: le plus célèbre des Arméniens, Charles Aznavour, Eric Bogosian, Marie-Josée Croze, Bruce Greenwood, Simon Abkarian, Christopher Plummer, Arsinée Khanjian, Elias Koteas...
Sélectionné hors-compétition à Cannes (certains soupçonnent des pressions turques), Ararat est un récit gigogne sur le Génocide et l'exode qui a suivi en tentant de reconstituer une mémoire fragile, d'expliquer une situation complexe à travers différents points de vue.

le voyage en arménie robert guédiguianLe Voyage en Arménie (2006)
Hanté par ses origines, Robert Guédiguian aura attendu le milieu des années 2000, 25 ans après son premier film, pour revenir en Arménie. Et chose rare, son épouse Ariane Ascaride, actrice principale de ses films, est aussi au scénario pour cette oeuvre si particulière. Aux côtés d'Ascaride, on retrouve les fidèles Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin, mais aussi Simon Abkarian et Jalil Lespert.
Le Voyage en Arménie est une quête des origines. C'est l'histoire d'Anna, cardiologue, doit opérer son père, malade du cœur. Celui-ci disparaît soudainement. Anna est convaincue qu'il est parti en Arménie, pays qu'il avait quitté vers les années 1950. Elle part à sa recherche.
Le film est autant une fiction, amoureuse des paysages, qu'un reportage documentaire sur le pays, tiraillé entre son histoire millénaire et sa mutation post-communiste très libérale.

Le Mas des alouettes / La masseria delle allodole (2007)
Paolo et Vittorio Taviani adaptent le roman d'Antonia Arslan, Prix Stresa (l'équivalent du Goncourt en Italie) en 2004. Paz Vega, Angela Molina, Arsinée Khanjian, Tchéky Karyo et André Dussollier sont au générique.
Les Taviani plonge le spectateur en mai 1915, à Venise où Assadour Avakian, médecin d'origine arménienne, se prépare, après vingt ans de séparation, à retrouver sa famille natale en Anatolie. Pour cet événement, son frère Aram fait agrandir et restaurer le Mas des alouettes, la vieille demeure où sont nés et ont grandi les Avakian. Mais l'Italie vient d'entrer en guerre contre l'Autriche-Hongrie et l'Empire ottoman, et en Turquie, les Jeunes-Turcs sont au pouvoir et cherchent à se débarrasser des minorités ethniques. Pour les Arméniens, la situation devient un enfer: tous les individus de sexe masculin sont voués au massacre, les Avakian n'y font pas exception. Pour les femmes et le petit Avetis, déguisé en fille, débute alors un long calvaire dans le désert et le début de leur exil.

fatih akin tahar rahim the cutThe Cut (2014)
Présenté en compétition au Festival international du film de Venise l'an dernier, ce film est la première collaboration entre un cinéaste d'origine turque, Fatih Akin, et un scénariste d'origine arménienne, Mardik Martin.
The Cut suit, pendant le génocide arménien, Nazareth Manoogian, déporté de son village natal de Mardin, en Turquie. Après les déportations, il apprend que ses filles pourraient être encore vivantes et parcourt le monde pour les retrouver. Tahar Rahim interprète le rôle principal. On retrouve également au générique Simon Abkarian et Arsinée Khanjian.
C'est aussi le premier scénario de Mardik Martin en 34 ans, depuis Raging Bull. Akin a clairement avoué qu'il s'était inspiré d'America, America.

Fatih Akin suspend son nouveau projet

Posté par vincy, le 2 août 2014

fatih akin
Fatih Akin est bloqué pour son prochain film.. Le cinéaste n'a trouvé aucun acteur turc pour interpréter le rôle de Hrant Dink, journaliste d'origine arménienne assassiné en Turquie en 2007. Le film devait être basé sur ce fait divers. Akin a annoncé au journal arménien Agos, tel que le rapporte l'AFP, qu'il suspendait ce projet.

"J'ai échoué à convaincre un comédien turc de jouer le rôle de Hrant Dink, tous ont trouvé mon scénario très dur" a-t-il expliqué. “Pour moi c'était important qu'il y ait un film turc à propos de Hrant. Un américain ou un français ne peuvent pas l'incarner. Nous devons traiter cette question nous-mêmes. Mais apparemment, nous ne sommes pas prêts."

Le fait divers fait toujours polémique en Turquie. Le 19 janvier 2007, Hrant Dink, 52 ans, est abattu à Istanbul devant les locaux d'Agos, hebdomadaire bilingue turco-arménien qu'il dirigeait. Un jeune nationaliste âgé de 17 ans lui a tiré deux balles dans la tête. Le crime a fait sensation. Hrant Dink était l'un des artisans de la réconciliation entre Turcs et Arméniens, provoquant la colère des nationalistes turcs, qui le haïssaient. La procédure est toujours en cours, les parents du tueur continuant d'affirmer qu'il obéissait sous les ordres d'une hiérarchie en rapport avec l'Etat.

Fatih Akin marche sur des oeufs : son dernier film, The Cut, qui sera présenté en compétition au prochain festival de Venise, évoque le génocide arménien,sujet tabou en Turquie. Se déroulant en 1915, le film raconte l'épopée d'un survivant qui part à la recherche de sa fille. Le réalisateur avait invoqué des "raisons personnelles" pour justifier qu'il ne le présenterait pas à Cannes (lire notre actualité du 15 avril). La Turquie rejette toujours officiellement la version historique d'un génocide, n'évoquant que des massacres entre Turcs et Arméniens durant la dislocation ottomane. Les tueries et les déportations d'Arméniens ont fait plus de 1,5 million de morts selon les Arméniens, 250.000 à 500.000 selon la Turquie.

The Cut sortira en France le 14 janvier 2015.

Fatih Akin, réalisateur allemand d'origine turque, a remporté l'Ours d'or de la Berlinale en 2004 avec Head On, le prix du scénario à Cannes avec De l'autre côté et le Grand prix du jury à Venise avec Soul Kitchen.

Fatih Akin ne viendra pas à Cannes

Posté par vincy, le 15 avril 2014

fatih akin cannes 2007Le distributeur Pyramide vient d'annoncer que le réalisateur allemand Fatih Akin ne souhaitait pas participer au Festival de Cannes avec son dernier film The Cut, "pour des raisons personnelles". Sans plus de précisions.

The Cut, avec Tahar Rahim, George Georgiou et Akin Gazi, est un film muet qui croise Chaplin et un Western à la Sergio Leone. Ce film annoncé comme philosophique suit un père de famille dans son tour du monde, à la recherche de ses enfants disparus lors de la première guerre mondiale.

On peut imaginer que le réalisateur veuille aller à Venise à la fin de l'été. The Cut est le dernier épisode d'une trilogie - L'amour, La mort, Le mal - commencée en 2004 avec Head On, Ours d'or à Berlin et prolongée en 2007 avec De l'autre côté, prix du scénario à Cannes. A chaque épisode son festival?

Outre De l'autre côté, Akin avait aussi présenté hors compétition à Cannes ses documentaires Crossing the Bridge : The Sound of Istanbul en 2005 et Polluting Paradise en 2012.