Le Tribunal de commerce de Nanterre valide la reprise de Duboi par Technicolor

Posté par vincy, le 3 février 2012

On approche de la fin du cauchemar autour de la faillite de Quinta Industries. Selon Le Film Français, Technicolor reprendra Duboi. Le tribunal de commerce de Nanterre a en effet validé l'offre de reprise de Duboi par Technicolor ce vendredi 3 février. 12 employés sont concernés. Technicolor avait déjà été accepté comme repreneur de Scanlab, de SIS et des Audis de Joinville (voir notre article plus complet sur les enjeux de ces rachats). Le stock de LTC, lui, avait été confié plus tôt dans le mois à Archive TV.

Prochaine épisode : la reprise de Duran?

Technicolor reprend une partie de Quinta Industries

Posté par vincy, le 23 janvier 2012

Un mois après la faillite de Quinta Industries (voir notre actualité du 22 décembre 2011) et les turbulences qui ont causé quelques frayeurs au cinéma français (tant patrimonial qu'en cours de production), une première solution est survenue vendredi en provenance du groupe Technicolor.

La société, qui affirme renforcer ainsi sa présence européenne dans la postproduction et la distribution, va reprendre plusieurs activités du groupe Quinta Industries, tout en annonçant l'ouverture d'un studio de doublage en France.

Suite à la décision du Tribunal de Commerce de Nanterre le 20 janvier 2012, Technicolor a décidé d'acquérir l'essentiel des activités des Auditoriums de Joinville, la Société Industrielle de Sonorisation et ScanLab, qui appartenaient toutes à Quinta Industries. ADJ (Les Auditoriums de Joinville) et SIS (Société Industrielle de Sonorisation), sont spécialisées dans les activités son tandis que Scanlab rassemble les activités de conversion numérique - encodage, VOD et mastering DCP - permettant ainsi à Technicolor d'entrer sur le marché de la distribution pour le cinéma numérique en France.

Le Directeur Général de Technicolor Frédéric Rose déclaré dans un communiqué que  « ces opérations sont parfaitement en ligne avec notre stratégie dans le domaine du Media & Entertainment et vont nous permettre de renforcer encore nos positions de leader mondial ». Technicolor a davantage surpris en annonçant l'ouverture d'un studio de doublage pour le cinéma et la télévision. Le studio est installé à Saint-Cloud, à quelques kilomètres de Paris, sur le site de de Technicolor.

Technicolor est leader mondial dans les services de postproduction, d'effets visuels, d'animation, de distribution de cinéma numérique, d'encodage et de formatage des contenus en vue de leur diffusion. Selon leur communiqué, "ces activités comptent environ 5 000 personnes dans le monde et sont réparties en Amérique du Nord (Canada, Etats-Unis) ; en Asie (Thaïlande, Inde, Chine) ainsi qu'en Europe (Royaume-Uni, Espagne, Italie) - et désormais en France où Technicolor va jouer un rôle-clé auprès de l'industrie du cinéma."

Avec ces différentes reprises, 34 salariés seront repris, soit 70% des employés concernés. Pour l'instant, aucune décision juridique n'a été actée pour les autres filiales du groupe Quinta Industries - Duboi, Duran et LTC.

Reste qu'on peut s'interroger sur la chronologie du processus. Quinta Industries était détenue à 83% par l'homme d'affaires franco-tunisien Tarak Ben Ammar et par Technicolor, à hauteur de 17%. Pourquoi Technicolor n'a pas aidé le groupe dont il était actionnaire avant qu'il ne dépose son bilan? La réponse est peut-être dans la fragilité même de Technicolor. Son résultat opérationnel 2011 a été révisé à la baisse et le groupe a annoncé un programme de réduction de coûts (qui comprend 600 suppressions d'emplois sur les 17 000 salariés de la multinationale).

Technicolor, qui cherchait depuis un an et demi à s'installer en France, a trouvé là un relais de croissance dans le plus important marché cinématographique européen. Espérons que leur stratégie s'avère fructueuse pour ce secteur de la post-production, vitale pour notre économie.

Restauration du Voyage dans la lune de Georges Méliès : un Voyage extraordinaire

Posté par Benjamin, le 14 décembre 2011

Le voyage dans la lune de Georges Méliès vient d’être restauré dans une version colorisée inédite par Lobster Films, la Fondation Technicolor, la Fondation Groupama Gan pour le cinéma et Tom Burton de la Technicolor Film Foundation et il est présenté depuis Cannes dernier dans les festivals du monde entier.

Le film ressort en salles cette semaine (voir notre critique), accompagné d’un documentaire, Le voyage extraordinaire d’Éric Lange et Serge Bromberg. D’une durée d’une heure, ce dernier retrace la carrière du cinéaste ainsi que le tournage du film, pour, dans une seconde partie, se concentrer sur la restauration. Des témoignages (de Michel Gondry ou Costa-Gavras pour ne citer qu’eux), des documents inédits et des commentaires pertinents composent ce documentaire très instructif.

Une restauration dans l’attente

Tout commence en 1993 lorsqu’un anonyme donne généreusement plus de deux cents films muets à la Filmoteca de Catalunya parmi lesquels se trouve une version en couleur du Voyage de la lune, perdu depuis 80 ans !

En 1999, la Filmoteca et Lobster Films échangent des pellicules. Des Segundo de Chomon pour les espagnols et des Georges Méliès pour les français, dont le fameux Voyage dans la lune qui est dans un état plus que déplorable. Mais pour Éric Lange (restaurateur chez Lobster Films), c’est un rêve d’enfant et le pari de toute une vie qui se présente. Il accepte, ne sachant encore ce qu’il pourra faire de cette pellicule « collée », qui forme un seul et unique bloc aussi solide que du bois. Comment faire pour détacher la pellicule sans la détruire ? Peut-on sauver le film ? Peut-on le restaurer ? Autant de questions auxquelles personne n’a de réponse…

En 1999, les techniques de restauration sont insuffisantes, alors le film est conservé dans un coin, dans l’attente d’une solution. La pellicule est toutefois placée sous une cloche de verre, subissant des vapeurs acides qui doivent « faire respirer » le matériel. Ces vapeurs permettent à la pellicule de se décoller lentement. Avec une minutie exemplaire, Éric Lange, tel qu’on le voit dans le documentaire, travaille sur son temps libre et s’aide d’un bout de pellicule pour dérouler le film de Méliès, bout par bout. Des petits morceaux se détachent et il photographie chaque image, une à la fois ! Il y passe de nombreuses nuits et, un an plus tard, ce sont  13 375 images (dont certaines sont brisées en plusieurs morceaux) qui sont stockées dans un disque dur et qui attendent des technologies suffisamment performantes pour être restaurées.

Cependant, la politique de la Fondation Technicolor, de la Fondation Groupama Gan et de Lobster Films, est, non seulement de restaurer le film, mais également de sauvegarder la pellicule ! Toute pellicule « ancienne » est placée sur une nouvelle, plus stable et plus résistante, dont on estime la durée de vie à 1 000 ans. Or, ici, la pellicule était dans un tel état que seules les images sur le disque dur sont sauvées. La pellicule, après le traitement des vapeurs acides, s’est solidifiée pour devenir aussi fragile que du verre. Impossible de la passer dans une tireuse optique pour la déposer sur un support plus stable sans qu’elle s’abîme et se brise davantage. Le film d’origine est donc quasiment perdu…

Le secours du numérique

De 1999, il faut passer directement à 2010 où Lobster Films s’associe à la Fondation Technicolor et à la Fondation Groupama Gan pour restaurer ensemble Le voyage dans la lune. Grâce au numérique, on peut enfin envisager de restaurer le film. Il faut tout d’abord recomposer les images. Imaginez que vous faites tomber un verre du 10e étage et que l’on vous somme de lui rendre son aspect d’origine ! Multipliez cette opération une centaine de fois et vous aurez une estimation de la tâche qui attendait tous ces restaurateurs.

Pour mener à bien cette opération d’envergure (tous les restaurateurs en charge du projet ont affirmé qu’il s’agit de la restauration la plus difficile jamais effectuée jusqu’à présent), les trois équipes françaises traversent l’Atlantique pour aller trouver l’aide de Tom Burton, dans les bureaux de Technicolor à Los Angeles, et dont la devise est : "Ce qui est difficile, nous le faisons immédiatement. Ce qui est impossible prendra juste un petit plus de temps." C’est là-bas que pendant de longs mois le plus gros de la restauration sera fait.

Les images vont être recomposées une par une, et remises dans l’ordre. Les séquences vont être ajustées. Les couleurs vont être à nouveau peintes, à la main ! Des mois de travail acharné pour faire renaître le grand film de Méliès. Et puisque 7 % du film manque, les restaurateurs vont aller les chercher dans une copie noir et blanc pour que le film soit complet. Enfin, pour pouvoir atteindre un public large, une musique originale est composée par le groupe Air. Une musique électro qui s’accorde parfaitement au film.

Le voyage dans la lune marque ainsi un tournant dans l’Histoire de la restauration. Il prouve que les diverses sociétés de production ont un seul et même but commun. Il prouve que les technologies d’aujourd’hui permettent de restaurer ce que tout le monde disait impossible à sauver ! Et enfin, il prouve qu’un film restauré peut, en 2011, faire l’ouverture du festival de Cannes, juste avant le film de Woody Allen, et être applaudi par des milliers de spectateurs à travers le monde.

___________________
Le voyage dans la lune est programmé dans les salles françaises à partir du 14 décembre en accompagnement du documentaire Le voyage extraordinaire, de Serge Bromberg, qui explique sa restauration.