19 films d’Almodovar en rétrospective

Posté par vincy, le 19 juin 2019

Alors que Douleur et Gloire est tours dans le Top 10 du box office français un mois après sa sortie et cumule plus de 700 000 entrées, Tamasa distribution sort cette semaine une rétrospective du maître espagnol Pedro Almodovar.

Cette rétrospective de 19 films - de Pepi Luci Bom et autres filles du quartier à Julieta - .sera nationale avec 3 salles à Paris, notamment le Gaumont Les Fauvettes, et dans les grandes villes (Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, ...) comme dans les moyennes (Angers, Dijon, Grenoble, Metz...).

Ce sera l'occasion de (re) découvrir ses premiers films ou de (re) voir ses moins populaires. Il a fallu attendre 1986 pour découvrir un film d'Almodovar en France (Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça?, 86000 entrées) et 1989 avec Femmes au bord de la crise de nerfs pour qu'il connaisse son premier succès (600000 entrées). Cinq de ses films ont attiré plus d'un million de spectateurs: Talons Aiguilles (1992, 1,5M d'entrées), Tout sur ma mère (1999, 2M d'entrées), Parle avec elle (2002, 2,2M d'entrées), La mauvaise éducation (2004, 1,1M d'entrées), Volver (2006, son plus grand succès avec 2,3M d'entrées).

Pedro Almodovar va recevoir un Lion d'or d'honneur au prochain Festival de Venise.

Hiroshima, mon amour ressort en salles : le jeu de l’amour et de la mort

Posté par jules, le 16 juillet 2013

hiroshima mon amour emmanuelle riva

Cela retentit comme une déclaration passionnée. Pourtant en réalité ni le livre de Duras, ni le film de Resnais en découlant ne sont des déclarations d’amour. Ce sont des témoignages hybrides où les extases temporelles se mêlent et s’entre-répondent, où tendresse et désir riment avec douleur du souvenir.

C’est une plongée dans les déchirures intimes d’une femme qui raconte son aventure avec un soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale et assimile la souffrance des étreintes brisées à la catastrophe d’Hiroshima et en parle comme si elle portait ce drame.

Alain Resnais, pour son talent intimiste et sa subtilité en matière sentimentale paraissait tout indiqué pour le scénario qui deviendra en 1960 l’oeuvre-cicatrice de Marguerite Duras. Ironiquement, Resnais souhaitait, à l'origine que Sagan lui écrive son film...

L’action se situe en 1957, soit quatorze ans après l’explosion de la bombe atomique, tout y est : la souffrance, la mort, l’amour et leur explosif mélange dans la folle mélancolie d’une femme (la prodigieuse Emmanuelle Riva).

Les sentiments se trouvent dès lors confondus : la femme a aujourd’hui pour amant un homme japonais et c’est à lui qu’elle raconte son histoire avec ce soldat allemand, aujourd’hui décédé. Le temps est ainsi dédoublé, passé et présent se rencontrent dans cette intime idylle qui nous est donnée à voir à l’écran et qu’elle revit au travers de sa relation avec ce second amant. Elle aime Hiroshima, car, dit-elle «la douleur est son Eros».

Avec ce premier long métrage de fiction, Alain Resnais réussit un véritable exercice de style avec cette adaptation littéraire en réussissant à composer une mise en scène à la fois charnelle et sensuelle, à retranscrire une ambivalence qui parcoure l’oeuvre de Duras dans son entièreté. «Morte d’amour à Nevers, je n’arrive pas à trouver la différence entre ce corps mort et le mien».

Emmanuelle Riva, diction envoûtante, incarne le texte de Duras aussi bien dans la parole que dans la chair. De 1959 à 2012, de la maladie d’amour chez Resnais en 1959 à la maladie mortelle chez Haneke en 2012 dans le bien nommé Amour, elle est toujours bien vivante.

Héroïne cinématographique en crypte, semblant elle-même habitée par un cadavre vivant.

Il y a trois ans, Emmanuelle rassembla les photographies qu'elle avait prises lors du tournage du film en 1958 : images de la ville d'Hiroshima, de ses rues, de ses enfants, accompagnées d'une correspondance d'Alain Resnais à Marguerite Duras écrite à l'époque : Tu n'as rien vu à Hiroshima est publié chez Gallimard.

Le film ressort en salles le 17 juillet 2013 en version restaurée 4K (grâce au concours de L'Imagine Ritrovata à Bologne). Présenté hors compétition (pour ne pas déplaire aux Américains) à Cannes en 1959, modeste succès, il a traversé le temps. Il a été projeté à Cannes Classics en mai dernier.

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site internet du film