Cannes 2013 : le cinéma de Taiwan se sent pousser des ailes

Posté par MpM, le 16 mai 2013

taipei factoryChaque année, le cinéma taïwanais est à l'honneur dans les plus grands festivals internationaux. Cannes ne fait pas exception. Rarement en compétition, mais souvent dans les sections parallèles, et toujours dans les allées des marchés du film. Si la cinématographie de l'île a le vent en poupe, ce n'est pas seulement grâce à la notoriété de ses grands chefs de file comme Hou Hsiao-Hsien ou Tsai Ming-Liang. Il y a derrière cette visibilité croissante la volonté affirmée de valoriser Taïwan, et notamment sa capitale Taipei, à la fois en tant que centre artistique névralgique d'Asie et comme lieu incontournable dans l'industrie cinématographique mondiale.

La Taipei Film Commission (qui réunit le Maire de Taipei et les professionnels du secteur cinématographique) se consacre ainsi depuis 2008 à la tâche (ardue) de "relier l’industrie du film taïwanais au monde". Pour ce faire, elle assiste et facilite tous les projets se tenant à Taipei, de la recherche des décors aux demandes de subventions, en passant par la gestion des tournages sur la voie publique et la promotion des films. L'idée est avant tout de remettre à flot une industrie en perte de vitesse... et de financements. Et ça marche : en moins de quatre ans, la commission avait déjà aidé 645 films tournés à Taipei, dont 70 en partie financés par des fonds étrangers. Justement, les coproductions avec l'international sont implicitement l'objectif premier de la commission, qui va chercher l'argent là où il se trouve.

Nouvelle étape dans cette redynamisation du cinéma local, la mise en place cette année de la Taipei Factory, une résidence réunissant 8 jeunes cinéastes (4 Taïwanais, 4 venant du reste du monde) invités à écrire, tourner et finaliser (en binôme) un court métrage de 15 minutes. Cette initiative, qui cherche à "déclencher des idées originales à travers les différences culturelles, de langue, de passé et d’expériences" des 8 réalisateurs, a été menée en partenariat avec la Quinzaine des Réalisateurs qui présente le 16 mai en avant-première mondiale les 4 films réalisés.

Edouard Waintrop, le délégué général de la Quinzaine, y voit l'opportunité de vanter sa sélection comme "le coeur artistique du Festival de Cannes et l’événement qui s’engage vraiment à soutenir les nouveaux talents" comme il le déclarait lors de la conférence de presse inaugurale de l'événement en février 2013, soulignant un peu malicieusement : "La Quinzaine cherche toujours des moyens pour permettre aux cinéastes d’échanger, de faire face aux problèmes ensemble et de ne pas seulement fouler le tapis rouge pour regarder des films".

La Commission du Film de Taipei, quant à elle, trouve dans cette expérience l'occasion de renforcer les liens entre cinéastes taïwanais et européens. Mais aussi de faire connaître de nouveaux talents à l'international tout en mettant en valeur les infrastructures de production de la région. Histoire d'attirer des tournages du monde entier, le modèle affiché étant clairement celui de L'odyssée de Pi, d'Ang Lee, membre du jury de la compétition cannoise cette année, en partie tourné au zoo de Taipei, et devenu depuis un succès planétaire (et oscarisé). L'île s'offre ainsi une jolie visibilité sur la Croisette... et se pose dans le même temps en chevalier blanc (asiatique) de la création cinématographique.

Cannes 2013 : une Quinzaine des Réalisateurs qui joue la carte du genre

Posté par MpM, le 23 avril 2013

quinzaine des réalisateurs 2013Édouard Waintrop déborde d'enthousiasme lorsqu'il évoque le cru 2013 de la Quinzaine des réalisateurs, sa deuxième sélection en tant que Délégué. Il avoue même avoir versé "des larmes de joie" en découvrant certains des films sélectionnés. Voilà qui donne le ton pour une édition 2013 qui s'annonce (sur la papier) de très haute tenue.

Au programme, 21 longs métrages dont quelques comédies, mais aussi des polars, des documentaires et même deux films d'horreur, qui mêlent nouveaux venus (sept premiers films) et grands vétérans (Marcel Ophuls et Alejandro Jodorowsky qui reviennent tous deux à leur manière sur leur propre vie).

Le cinéma français est une fois encore bien représenté (c'est une constante dans toutes les sections du Festival de Cannes 2013) avec des propositions aussi variés que celles de Guillaume Gallienne, Serge Bozon et Thierry de Peretti. L'Asie s'invite également dans le jeu avec des films de Singapour (Ilo ilo), des Philippines (On the job) et d'Inde (Ugly, par le réalisateur de Gangs of Wasseypur). Enfin, les pays anglophones (Grande Bretagne, Etats-Unis) sont eux aussi bien représentés avec le polar Blue ruin, le film d'anticipation Last days on Mars ou encore le film d'horreur We are what we are.

Du côté des courts métrages, on notera la sélection de cinéastes comme Lynne Ramsay (We need to talk about Kevin) avec Swimmer, Oscar Ruiz Navia (La barra) avec Solecito, Yann Le Quellec (Je sens le beat qui monte en moi) avec Le quepa sur la vilni ! ou encore Edouardo Williams (Pude ver un puma) avec Que je tombe tout le temps ?

On découvrira également les films réalisés dans le cadre de la Taipei factory, qui ont permis à huit réalisateurs (4 Taïwanais, 4 venus d'ailleurs) de tourner ensemble quatre courts métrages en 17 jours.

Enfin, la Quinzaine des Réalisateurs poursuit l'expérience lancée en 2012 et instaure "l'Assemblée des cinéastes", une tribune pour les réalisateurs du monde entier, invités à échanger entre eux, mais aussi avec les professionnels et le grand public. Deux séances sont d'ores et déjà prévues pendant le Festival de Cannes : Expériences de cinéastes indépendants à travers le monde et La crise européenne et ses conséquences sur les politiques culturelles des pays de l'Union européenne.

La sélection de longs métrages

Above the Hill de Raphaël Nadjari

Les Apaches de Thierry De Peretti

Ate ver a luz de Basil Da Cunha

Blue Ruin de Jeremy Saulnier

Le Congrès de Ari Folman (film d'ouverture)

La Danza de la realidad d'Alejandro Jodorowsky

L'Escale de Kaveh Bakhtiari

La Fille du 14 Juillet de Antonin Peretjako

Henri de Yolande Moreau (film de clôture)

Ilo Ilo d'Anthony Chen

Jodorowsky's Dune de Franck Pavich

Last Days on Mars de Ruairi Robinson

Les Garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne

Magic Magic de Sebastian Silva

On the Job de Erik Matti

The Selfish Giant de Clio Barnard

Tip Top de Serge Bozon

Ugly de Anurag Kashyap

Un voyageur de Marcel Ophuls

El verano de los peces voladores de Marcela Said

We Are What We Are de Jim Mickle

La sélection de courts métrages

Gambozinos de João Nicolau

Lágy Es? de Dénes Nagy

LE QUEPA SUR LA VILNI ! de Yann Le Quellec

Man kann nicht alles auf einmal tun, aber man kann alles auf einmal lassen de Marie-Elsa Sgualdo

O umbra de nor de Radu Jude

Pouco mais de um mês de André Novais Oliveira

Que je tombe tout le temps ? de Eduardo Williams

Solecito de Oscar Ruiz Navia

Swimmer de Lynne Ramsay

La Taipei Factory

The pig de Singing Chen (Taïwan) et Jero Yun (Corée du Sud)

Silent asylum de Midi Z (Taïwan) et Joana Preiss (France)

A nice travel de Shen Ko-shang (Taïwan) et Luis Cifuentes (Chili)

Mr Chang's new adress de Chang Jung-chi (Taïwan) et Alireza Khatami (Iran)

Berlin 2013 : le cinéma taïwanais bien représenté, en attendant les lauréats de la Taipei factory à Cannes

Posté par MpM, le 11 février 2013

La fête battait son plein dimanche soir lors de la traditionnelle Taïwan party de Berlin (en présence de plusieurs stars dont le réalisateur Arvin Chen, voir notre photo), et tous les professionnels taïwanais présents avaient l'air content. Il faut dire qu'il y a de quoi. La Taipei Film Commission, créée en 2008, promeut le cinéma taïwanais à travers le monde, mais soutient également les productions internationales soucieuses de tourner à Taïwan ainsi que les coproductions locales. Résultat, en moins de quatre ans, la commission a aidé 645 films tournés à Taipei, dont 70 en partie financés par des fonds étrangers.

Avec une politique aussi incitative, il n'est guère étonnant de retrouver le cinéma taïwanais dans les plus grands festivals internationaux. Cette année, quatre films taïwanais sont ainsi présents dans la sélection berlinoise : Cutaways of Jiang Chun Gen - Forward and Back Again de James T. Hong (court métrage présenté dans la section Forum expanded) ; Together de Hsu Chao-jen (Forum) ; Touch of the light de Chang Jung-Chi (Generation 14plus) et Will you still love me tomorrow d'Arvin Chen (Panorama special).

Et ce n'est pas fini. Il y a peu, la Commisison annonçait la création d'une "Taipei Factory" permettant à de jeunes cinéastes taïwanais et internationaux de travailler ensemble. Cette résidence, qui se tient à Taïwan du 25 février au 15 mars, réunit quatre binômes de réalisateurs invités à écrire, tourner et finaliser un court métrage de 15 min. Ils auront également l'occasion de rencontrer des représentants de l’industrie cinématographique du monde entier (producteurs, distributeurs, représentants de festival…) susceptibles de les aider dans le développement de leurs projets de longs-métrages.

L'actrice et cinéaste français Joanna Preiss (Sibérie) fait partie des participants au programme. Elle travaillera en tandem avec le Taïwanais Midi Zhao. Les autres duos sont Chang Jung-Chi (Taïwan) et Alireza Khatami (Iran) ; Shen Ko-Shang (Taïwan) et Luis Cifuentes (Chili) ; Singing Chen (Taïwan) et Jero Yun (Corée du Sud).

La première projection mondiale des films ainsi réalisés aura lieu le 16 mai prochain à Cannes. En effet, la Quinzaine des Réalisateurs s'est associée à cette première édition de la "Taipei Factory" et invite les 8 réalisateurs à venir rencontrer public et professionnels présents pendant le Festival. Une initiative passionnante qu'il sera donc facile de suivre de près, et qui pourrait bien faire des émules parmi les pays les plus cinéphiles de la planète.