« Me and Earl and the Dying Girl » fait l’unanimité à Sundance

Posté par vincy, le 1 février 2015

me earl and the dying girl
Me and Earl and the Dying Girl d'Alfonso Gomez-Rejon a remporté tous les suffrages avec le Grand prix du jury et le Prix du public au Festival de Sundance 2015, dont le palmarès était révélé samedi.

La comédie dramatique, qui raconte l'histoire d'une amitié insolite entre un adolescent, Greg, assez associal, son seul ami Earl avec qui il partage ses rêves de cinéaste etune camarade de classe atteinte de leucémie, a ému tous les festivaliers. Le film est l'adaptation du livre de Jesse Andrews (Journal d'un loser en français), avec Thomas Mann (Projet X), Olivia Cooke (la série Bates Motel), RJ Cyler (premier film) et Jon Bernthal (Fury) dans les rôles principaux. Il a d'ailleurs été l'un des plus gros contrats de distribution lors du Festival et a finalement été acquis par Fox Searchlight.

C'est la troisième année consécutive qu'un film obtient les deux prix, après Fruitvale Station en 2013 et Whiplash en 2014. Le millésime 2015, de l'avis des critiques, était de haute tenue avec de nombreux films de qualité et surtout une variété de style rarement autant appréciée à ce Festival (ce qui explique sans doute le saupoudrage du palmarès). Et beaucoup de sexe, sous toutes ses formes.

Côté films étrangers, le Grand prix a été décerné à Slow West de l'écossais John Maclean (premier long métrage), avec Michael Fassbender en star et Kodi Smit-McPhee dans le rôle d'un jeune adolescent qui traverse une Amérique du XIXe siècle en quête de la femme qu'il aime. Le prix du public a distingué Umrika, le film du réalisateur Prashant Nair retraçant l'itinéraire d'un jeune paysan indien qui cherche à aller dans la métropole de Mumbai (Bombay) pour retrouver son frère. L'occasion de revoir Suraj Sharma, héros de L'Odyssée de Pi, dans le rôle principal.

Compétition US (fiction)

Grand prix du jury: Me and Earl and the Dying Girl

Prix du public: Me and Earl and the Dying Girl

Réalisation: Robert Eggers (The Witch)

Scénario: Tim Talbott (The Stanford Prison Experiment)

Image: Brandon Trost (The Diary of a Teenage Girl)

Montage: Lee Haughen (Dope)

Prix spécial du jury: for Collaborative Vision: Jacqueline Kim et Jennifer Phang (Advantageous)

Compétition US (documentaire)

Grand prix du jury: The Wolfpack

Prix du public: Meru

Réalisation: Matthew Heineman (Cartel Land)

Prix spécial pour l'impact social: 3 1/2 Minutes

Prix spécial pour l'authenticité: Western

Prix spcial de la meilleure première oeuvre: (T)error

Image: Matthew Heineman et Matt Porwoll, (Cartel Land)

Compétition internationale (fiction)

Grand prix du jury: Slow West

Prix du public: Umrika

Réalisation: Alante Kavaite (The Summer of Sangaile)

Image: Germain McMicking (Partisan)

Interprétation: Jack Reynor (Glassland) ; Regina Case et Camila Mardila (The Second Mother)

Compétition internationale (documentaire)

Grand prix du jury: The Russian Woodpecker

Prix du public: Dark Horse

Réalisation: Kim Longinotto (Dreamcatcher)

Prix spécial pour un accès inégalé: The Chinese Mayor

Prix spécial du jury pour l'impact: Pervert Park

Montage: Jim Scott (How to Change the World)

Autres prix

Prix du public de la sélection Next: James White

Prix Alfred P. Sloan Feature du meilleur film: The Stanford Prison Experiment

Charlie Hebdo: Robert Redford défend la liberté d’expression à Sundance

Posté par vincy, le 23 janvier 2015

Lors de l'ouverture du festival du film indépendant de Sundance hier soir, son créateur, l'acteur et réalisateur Robert Redford a réagit à l'attentat contre Charlie Hebdo en axant son discours sur la liberté d'expression. Pour lui, l'attentat du 7 janvier, "un événement triste, choquant" est un "signal d'alarme" pour la liberté d'expression."Très clairement, je pense qu'il y a une attaque à la liberté d'expression dans plusieurs endroits, ce n'est pas l'exclusivité de Paris" a-t-il déclaré.

"Nous croyons en la diversité, la liberté d'expression est fondamentale pour nous. Vous allez voir ici beaucoup de films qui vont contrarier d'autres gens, mais ça n'est pas grave, c'est ça la diversité", a-t-il ajoté.

Sundance présente plus de 200 films cette année, dont A Walk in the Woods de Ken Kwapis, avec Redford lui-même.. Le Festival a ouvert avec What happened, miss Simone?, documentaire sur la légende du jazz Nina Simone, et How to change the world sur la naissance de l'association internationale de protection de l'environnement Greenpeace. Plusieurs films mettent en scène des vedettes hollywoodiennes ou internationales, parmi lesquelles Guy Pearce, Chiwetel Ejiofor, Chris Pine, Vincent Cassel (dans Partisan de Ariel Kleiman), Nicole Kidman, Kevin Bacon, Keanu Reeves, Emma Thompson, Saoirse Roan, Orlando Bloom, Anna Kendrick, Sam Rockwell, Winona Ryder, Michael Fassbender, James Franco, Zachary Quinto, Emma Roberts, Ewan McGregor, Jennifer Lopez, Ryan Reynolds, Ethan Hawke, Jesse Eisenberg, Jonah Hill, Felicity Jones. Parmi les événements sont attendus les nouveaux films de Noah Baumbach, Paul Weitz, Rodrigo Garcia, Eli Roth... Bande de filles et Eden seront projetés dans la section Spotlight.

Le 1er Marais Film festival dévoile son programme

Posté par vincy, le 29 octobre 2014

Des focus (Bavo Defurne, Patricia Rozema, Dominique Cardona et Laurie Colbert, Amos Guttman), des documentaires, des courts métrages: le premier Marais Film festival affiche sa couleur "arc-en-ciel".

Le festival ouvrira le 11 novembre avec Something Must Break, film suédois sélectionné à Rotterdam et Tribeca.
La clôture se fera le 17 novembre avec le téléfilm The Normal Heart, diffusé au printemps sur HBO, avec un casting prestigieux au génériques - Mark Ruffalo, Matt Bomer et Julia Roberts. Le film est l'adaptation d'une pièce de théâtre qui retrace la montée en puissance du sida dans les années 80.

Entre ces deux films, le MFF projettera le film allemand À demi-mots, les films néerlandais Boys et Zomer, les films américains Kill Your Darlings (sélectionné à Sundance, avec Daniel Radcliff et Michael C. Hall) et Last Summer, le film suisse Le Cercle (Prix du public dans la section Panorama à Berlin cette année et Teddy Award du meilleur film documentaire) et le film italien Mezzanotte.

Côté bonus, on notera la projection de Lilies, le très beau film canadien de John Greyson, les soirées spéciales consacrées au film suédois Snö de Simon Kaijser et au film culte de Jacques Demy, Les demoiselles de Rochefort (suivie d'une soirée dans la boîte historique du Marais, Le Tango).

Plus hot, et interdit aux moins de 16 ans, la soirée du 16 novembre sera entièrement dédiée au Porn Film Fest de Berlin.

Le Festival a été créé par Thibaut Fougères et Michaël Martin, directeurs de l'éditeur et distributeur Outplay, et se positionne frontalement en concurrent du festival LGBT historique de Paris, Chéries-chéris (lire lire notre actualité du 25 septembre dernier). Le festival se déroulera intégralement au Nouveau Latina, en plein Marais.

Sundance 2014 : Whiplash, Grand prix du jury et prix du public

Posté par vincy, le 26 janvier 2014

whiplash

Incontestable : en remportant le doublé Grand prix du jury et prix du public, Whiplash est le grand vainqueur de la sélection du Festival de Sundance cette année. Ce drame propulse l'acteur Miles Teller (Rabbit Hole, The Spectacular Now) dans la cour des grands, de ces jeunes acteurs à suivre dans les prochaines années. Il est devenu en quelques mois la coqueluche de la critique américaine. Dans Whiplash, il incarne un jeune batteur de jazz prometteur qui doit conjurer ses démons (un père qui a échoué dans l'écriture, la peur de la médiocrité). Lui rêve d'être génial. Aussi se lance-t-il dans un apprentissage quasiment militaire de son métier avec un professeur cruel et autoritaire, brutal et déterminé. Ce jeu masochiste entre le maître et l'élève pour que celui-ci atteigne la perfection à n'importe quel prix, au mépris de toute humanité, dans un climat de plus en plus en tendu, a donc envouté le Festival.

C'est la deuxième année consécutive qu'un film américain gagne ce doublé prestigieux Jury/Public, un an après Fruitvale Station. Le réalisateur Damien Chazelle avait récolté le prix spécial du jury du court métrage l'an dernier à Sundance avec Whiplash, dont il a fait le long métrage primé cette année. Sony Classics a acquis les droits de distribution du film pour le monde entier.

Du côté des autres catégories, très peu de films repartent avec plus d'un prix. Parmi les films étrangers, le jury et le public n'ont pas fait consensus. Le jury a préféré récompenser un thriller chilien et un documentaire sur la guerre civile en Syrie tandis que le public a choisi un films sur la condition des femmes en Ethiopie et un documentaire sur un agent des services secrets israéliens.

Palmarès du 30e Festival de Sundance

- Grand prix du Jury - fiction américaine: Whiplash de Damien Chazelle
- Grand prix du Jury - documentaire américain: Rich Hill, de Tracy Droz Tragos et Andrew Droz Palermo
- Grand prix du Jury - fiction étrangère: To Kill a Man de Alejandro Fernandez Almendras
- Grand prix du Jury - documentaire étranger: Return to Homs de Talal Derki

- Prix du public - fiction américaine: Whiplash de Damien Chazelle
- Prix du public - documentaire américain: Alive Inside: A Story of Music & Memory, de Michael Rossato-Bennett
- Prix du public - fiction étrangère : Difret de Zeresenay Berhane Mehari
- Prix du public - documentaire étranger: The Green Prince, de Nadav Schirman
- Prix du public - nouveau talent : Imperial Dreams

- Réalisation - fiction américaine : Cutter Hodierne, Fishing Without Nets
- Réalisation - documentaire américain : Ben Cotner et Ryan White, The Case Against 8
- Scénario - fiction américaine : Craig Johnson, The Skeleton Twins
- Image - fiction américaine : Christopher Blauvelt, Low Down
- Image - documentaire : Rachel Beth Anderson et Ross Kauffman, E-Team
- Montage - documentaire : Jenny Golden et Karen Sim, Watchers of the Sky

- Prix spécial du jury - fiction étrangère : God Help the Girl
- Prix spécial du jury - documentaire étranger : We Come as Friends
- Prix spécial du jury de la révélation : Justin Simien, Dear White People
- Prix spécial du jury de la musique : The Octopus Project, Kumiko the Treasure Hunter
- Prix spécial du jury - documentaire : The Overnighters
- Prix spécial du jury pour l'usage de l'animation - documentaire : Watchers of the Sky

- Réalisation - fiction étrangère : Sophie Hyde, 52 Tuesdays
- Réalisation - documentaire étranger : Iain Forsyth et Jane Pollard, 20000 Days on Earth

- Scénario - fiction étrangère : Eskil Vogt, Blind
- Image - fiction étrangère : Ula Pontikos, Lilting
- Image - documentaire étranger : Thomas Balmes et Nina Bernfeld, Happiness
- Montage - documentaire étranger : Jonathan Amos, 20000 Days on Earth

- Prix Alfred P. Sloan (pour un film valorisant les Sciences et la technologie) : Mike Cahill, I Origins

Sundance 2014 : Kristen Stewart, une renaissance après Twilight

Posté par vincy, le 24 janvier 2014

camp x ray kristen stewart sundance

Kristen Stewart ne se résigne pas à être simplement Bella Swan. Elle a été connue avant Twilight, elle veut être reconnue après Twilight.

Très vite plongée dans le système des studios hollywoodiens, Stewart n'a pas été révélée à Sundance. Mais l'actrice choisit de plus en plus de films destinés aux grands festivals. Ceci dit, la comédienne a fait ses premiers pas dans la neige de Park City, Utah, assez tôt, en 2004, avec le film Speak de Jessica Sharzer.

Stewart ne revient pas à Sundance avant quelques années. Ses films vont plutôt à Tribeca en avril ou Telluride en septembre. La jeune comédienne revient dans le Festival de Robert Redford en 2008 avec The Yellow Handkerchief, de Udayan Prasad, et Panique à Hollywood, de Barry Levinson, avec Robert de Niro (le film ira ensuite au Festival de Cannes).

En 2009, elle arpente les rues enneigées du festival avec Adventureland - Job d'été à éviter, de Greg Mottola, avec Jesse Eisenberg et Ryan Reynolds. Les choses ont changé : elle est devenue une star, l'une des mieux payées du monde avec le premier opus de la saga Twilight sorti quelques mois auparavant. C'est Sundance qui profite de sa notoriété. Et elle en devient même une abonnée puisque l'année suivante, elle y retourne avec Welcome to the Rileys, de Jake Scott, avec James Gandolfini (le film est en compétition) et avec Les Runaways, de Floria Sigismondi.

Depuis Stewart n'a pas tourné grand chose hormis les deux épisodes finaux de Twilight et Blanche Neige et le chasseur. Elle rapporte gros (2 milliards de $ au box office nord-américain depuis le début de sa carrière) mais les espoirs artistiques placés en elle se sont dilués dans des choix trop prévisibles.

Alors elle prend un risque. Cette année Kristen Stewart est de retour avec un premier film. Et elle le fait à Sundance, comme pour bien montrer qu'elle veut être respectée dans une industrie schizophrénique, entre dollars et 7e art. On l'attend chez Assayas (à Cannes?) et chez Tim Blake Nelson. Mais pour l'instant, elle est la vedette de Camp X-Ray, de Peter Sattler. Elle a tourné le film en trois semaines. Le rôle était initialement écrit pour un homme. Elle incarne une jeune femme qui s'engage dans l'armée et est envoyée sur la base de Guantanamo, où elle se lie d'amitié avec un détenu. Le genre de rôle qui pourrait la faire grandir, lui permettant de faire évoluer sa carrière vers des films plus signifiants, prouvant qu'elle peut-être une bonne comédienne. Sundance sert aussi à cela : des renaissances artistiques.

Sundance 2014 : Ryan Reynolds, un Boss chez les « indies »

Posté par vincy, le 23 janvier 2014

ryan reynolds sundance 2014 the voice

On ne présente plus Ryan Reynolds. Egérie du parfum Boss d'Hugo Boss, le beau mâle est déjà bien installé à Hollywood. Même s'il s'égare dans des fiascos au box office, il reste l'une des têtes d'affiche de sa génération.

Cela fait 20 ans qu'il tourne. Après quelques années à faire ses armes sur le petit écran, des petits rôles dans des films oubliés qui ne passent même pas sur les chaînes de la TNT, il a commencé à jouer les jeunes premiers, dans le registre comédie et action. Mais pas de quoi le distinguer de ses confrères.

Il faut attendre 2007 pour que Reynolds commence à se faire un nom. The Nines est alors sélectionné à Sundance. Vedette de ce film de John August, il fait sensation en séances spéciales. Il commence à devenir crédible et alterne alors des films "formatés" par les studios et d'autres un peu plus aventureux, qui sont programmés dans des festivals comme Berlin ou Locarno.

En 2009, il revient à Sundance avec Adventureland - Job d'été à éviter, aux côtés de Jesse Eisenberg et Kristen Stewart. Le film est remarqué pour son scénario et son casting. Il enchaîne avec un hit romantiques (avec Sandra Bullock) et surtout Buried.

Grâce à Buried, c'est encore une fois à Sundance, en 2010, que le comédien fait ses preuves. Avec ce huis-clos sous terre imaginé par Rodrigo Cortés, il emballe les critiques et récolte ses premiers lauriers dans les festivals, et même une nomination de meilleur acteur aux Goyas espagnols. Lui qui n'a pas de chance avec ses blockbusters, voit sa bonne étoile briller régulièrement dans le temple du cinéma indépendant qu'est Sundance.

Cette année, il est de nouveau là avec The Voices, le premier film américain de Marjane Satrapi, entre comédie et thriller :ù Ryan Reynolds y découvres que son chien et son chat parlent.

Et on pourrait le retrouver à Cannes cette année avec The Captive, le nouveau film d'Atom Egoyan. Pas de doute : Reynolds est bien meilleur hors des sentiers battus...

Sundance 2014 : Zach Braff, de Scrubs au cinéma indépendant

Posté par vincy, le 20 janvier 2014

zach braff wish i was here

On connaît Zach Braff pour son rôle de médecin dans la série déjantée Scrubs, qui tenu 9 saisons, soit 182 épisodes. A peine 39 ans, cette figure populaire du petit écran n'a pas forcément brillé sur le grand écran. Un petit rôle chez Woody Allen (Le jouissif Meurtre mystérieux à Manhattan) alors qu'il est encore boutonneux.

En 1999, il fait ses véritables premiers pas dans Getting to Know de Lisanne Skyler, en compétition à Sundance. Il y revient l'année suivante avec Le club des coeurs brisés de Greg Berlanti. Il décroche alors son rôle de loser dans Scrubs.

Il profite de sa notoriété pour passer derrière la caméra, faute de propositions. Il écrit, réalise et interprète le rôle principal de son film Garden State, en 2004. Le film est compétition à Sundance (et il récoltera de nombreux prix par la suite en tant que nouveau talent). On devine son humour un peu amer, un peu grinçant, toujours décalé, jamais vain. Le film fourmille d'astuces et de trouvailles.

Malheureusement, trop occupé par Scrubs, Zach Graff ne transforme pas l'essai aussitôt. Et sa carrière cinéma est plutôt dilettante. En 2010, la série s'arrête. On le croise notamment dans Le monde fantastique d'Oz. Mais c'est à Sundance, cette année, qu'il revient en force avec Wish I Was Here. Zach Braff a co-scénarisé l'histoire avec son grand frère, Adam. Il retourne à la réalisation, 10 ans après Garden State. Le film a été en partie financé par du crowdfunding (Kickstarter). Une fois de plus, il se penche sur une crise existentielle. Aux côtés de Kate Hudson, il interprète un trentenaire qui doit faire face aux figures paternelles et divines pour assumer ses responsabilités de jeune adulte, qui refuse la fatalité de ses racines religieuses.

Le résultat a conduit à la première standing ovation de cette 30e édition du Festival. Le film a été immédiatement acquis par Focus Features.

A noter enfin qu'au printemps, Braff va lancer une comédie musicale adaptée de Coups de feu sur Broadway, le film de Woody Allen. Son héritier?

Sundance 2014 : Kristen Wiig, du Saturday Night Live aux films d’auteurs

Posté par vincy, le 19 janvier 2014

kristen wiig the skeleton twins

Kristen Wiig n'était pas celle qu'on attendait forcément sur les pentes neigeuses de Park City, qui accueille pour la 30e fois cette année le Festival de Sundance. L'ex star du Saturday Night Live est plus connue pour ses exercices de transformations parodiques que pour sa présence dans les films d'auteur. Au cinéma, elle a souvent joué les seconds-rôles dans des comédies parfois brillantes, souvent médiocres. Finalement, les cinéphiles ont découvert Wiig avec Mes meilleures amies, où elle était la star mais aussi la co-scénariste (scénario qui lui valu une nomination à l'Oscar).

Et pourtant, Kristen Wiig, bien avant le Saturday Night Live, était venue dans les environs de Sundance en 2003 pour présenter Melvin goes to Dinner, de Bob Odenkirk, dans le festival parallèle Slamdance. Elle viendra à Sundance cinq ans plus tard, déjà connue des téléspectateurs riant de ses facéties en Lady Target ou en Aunt Linda, critique de cinéma exigeante, avec Pretty Bird de Paul Schneider.

Cette année, Wiig, désormais bien présente dans le star-système hollywoodien avec deux films en haut de l'affiche durant les fêtes - Anchorman 2 avec Will Ferrell et La vie secrète de Walter Mitty de et avec Ben Stiller - arrive en conquérante à Sundance.

Elle est la vedette de The Skeleton Twins, deuxième long métrage de Craig Johnson. Le film varie entre comédie et mélancolie. Il s'agit d'une des oeuvres les plus attendues du Festival. Wiig et Bill Hader sont deux jumeaux qui vont affronter ensemble une période cruciale de leur existence, et tenter de délimiter le cadre d'une relation fusionnelle qui ne les aide pas à avancer... Un rôle qui va sans doute révéler une facette méconnue de l'actrice, qui cherche absolument à se débarrasser de son image d'amuseuse publique.

Sundance 2014 : Maggie Gyllenhaal, de Donnie Darko à Frank

Posté par vincy, le 18 janvier 2014

maggie gyllenhaal michael fassbender Domhnall Gleeson dans frank

Maggie Gyllenhaal est typiquement une comédienne qui doit beaucoup au Festival de Sundance. Avant la présentation de Donnie Darko en compétition le 19 janvier 2001, l'actrice avait surtout tourné pour son père Stephen Gyllenhaal. Quand Richard Kelly l'enrôle, avec son frère, dans son film fantastique, elle n'est qu'une jeune comédienne inconnue.

Donnie Darko ne sera pas un succès au box office et ne sera présenté dans aucun festival majeur. Mais le film devient rapidement culte : et Maggie est repérée par les studios et les critiques. Elle enchaînera les tournages dans l'année qui suit : Confessions d'un homme dangereux de George Clooney , Adaptation de Spike Jonze, 40 jours et 40 nuits de Michael Lehmann et surtout La Secrétaire de Steven Shainberg, présenté en avant-première mondiale à Sundance en 2002, et qui lui vaudra une nomination aux Golden Globes.

Depuis Gyllenhaal est devenue l'une des vedettes récurrentes du Festival. Elle y est venue pour Happy Endings de Don Roos en 2005 et SherryBaby de Laurie Collyer en 2006. Elle a même été la vedette de Honourable Woman, une minisérie coproduite par Sundance Channel avec la BBC et écrite par Hugo Blick.

Elle revient cette année avec Frank, film irlandais de Lenny Abrahamson, avec Michael Fassbender et Domhnall Gleeson. Frank est une comedie à propos d'un jeune homme qui veut devenir musicien et qui rejoint un groupe pop excentrique dirigé par le mystérieux et énigmatique Frank et sa partenaire terrifiante Clara.

Sundance 2014 : le cinéma indépendant à la croisée des chemins

Posté par vincy, le 16 janvier 2014

robert redford au festival de sundance

Il y a deux ans, Sundance présentait Margin Call de J.C. Chandor en avant-première mondiale. Chandor a ensuite enrôlé Robert Redford pour être l'unique acteur de All is Lost. Robert Redford, 77 ans, va savoir cet après midi s'il reçoit une deuxième nomination à l'Oscar du meilleur acteur pour ce film, 40 ans après celle qu'il a obtenu pour L'Arnaque. Mais aujourd'hui, son esprit est ailleurs. Son festival, Sundance, ouvre sa 30e édition. En fanfare : 121 films présentés, et un statut de manifestation majeure dans l'agenda de l'industrie cinématographique.

Robert Redford est devenu au fil du temps le grand défenseur du cinéma indépendant, même si ce genre a varié avec les années. Les studios hollywoodiens s'en sont mêlés, investissant dans des productions "art et essai" à travers des filiales spécifiques, puisant dans la liste des cinéastes révélés à Sundance pour leur confier des projets plus "ambitieux".

Au fil des entretiens donnés ces jours-ci, l'acteur-réalisateur affirme que cette trentième édition revient à ses origines. "On revient un petit peu à nos racines, puisqu'on retrouve des films indépendants très différents, et même encore plus différents que ce que nous avons pu voir ces dernières années." Mais c'est aussi l'une des rares éditions où de nombreux cinéastes déjà sélectionnés les années précédentes vont revenir, tels de fidèles abonnés à l'événement. Leur intérêt n'est pas de se retrouver au palmarès (ils sont souvent hors-compétition) : il est beaucoup plus pragmatique.

De Sundance aux Oscars

Sundance, festival reconnu, est avant tout un marché. Redford ne l'ignore pas : il faut séduire les acheteurs (distributeurs). La crise de 2008-2011 semble passée. Dans un contexte où les blockbusters et autres tentpoles sont de plus en plus risqués financièrement, les studios n'hésitent plus à financer des films moins coûteux mais souvent plus rentables. Et le label Sundance est un atout : un film primé au Festival accentue son buzz en passant par les cases Berlin ou Cannes. Le box office de films comme Precious, Les bêtes du sud sauvage ou Fruitvale Station confirment les choix du Festival. Les nominations aux Oscars consacrent définitivement, un an plus tard, ces productions tournées à l'écart du système.

Cette année, les professionnels sont optimistes : avec beaucoup de films de genre, la programmation de Sundance affiche un profil plus grand public, de ceux qui séduisaient les Miramax (années 90) ou Focus (années 2000).

Mais là aussi le jeu a changé. Un Lionsgate a désormais les moyens de produire une franchise comme Hunger Games ou un hit comme Insaisissables et s'invite ainsi dans le Top 5 des distributeurs américains en répliquant le modèle des studios. Weinstein Company, Fox Searchlight, Focus Features, le nouveau venus CBS Films et Sony Classics, leaders du cinéma indépendant, pèsent autant que la Paramount au box office nord-américain. Et leur poids pourrait encore croître avec leurs stratégies de plus en plus axées sur des films fédérateurs.

House of Cards

Mauvaise nouvelle pour les cinéastes qui s'aventurent hors des sentiers battus? Pas forcément. Le jeu a changé. Désormais les "deals" se négocient pour des sorties en salles mais aussi pour des diffusion sur des plateformes numériques. De nouveaux acquéreurs comme Amazon ou Netflix sont aux aguets, ce qui stimule le marché, de plus en plus fragmenté, pour ne pas dire segmenté. Certains films de Sundance ne seront jamais dans les cinémas, uniquement visibles en vidéo à la demande, avec l'accord des cinéastes. La forte croissance du secteur (télévision connectée inclue), la place prépondérante des réseaux sociaux leur permettent d'atteindre une notoriété, qui aurait été illusoire avec le circuit traditionnel.

La recette idéale n'est pas encore connue. Sundance se transforme en laboratoire où chacun essaie une formule magique : sortie en salles, en VàD, mix des deux... C'est ici que se joue sans doute le modèle économique du cinéma. Cette année sera déterminante pour comprendre comment les "décideurs" choisissent leurs projets, et la manière dont ils vont le diffuser.

La pépinière Sundance était un festival, puis un institut (accompagnement dans l'écriture, la production), et même une télévision. Retour aux sources artistique peut-être, mais économiquement, Sundance devenu davantage un lieu de prospective.