Stephen Frears à la poursuite du Bengali Detective

Posté par vincy, le 19 novembre 2011

A l'origine, il s'agit d'un documentaire, The Bengali Detective. Avec l'aide du scénariste D.V. DeVincentis, Stephen Frears l'adapte en long métrage de fiction. Le film de Frears sera produit par Ridley et Tony Scott. Il faudra cependant attendre 2014 pour le voir en salles.

Frears réalise actuellement Lay the favorite, une comédie biographique dans l'enfer du jeu de Vegas, d'après les mémoires de Beth Raymer, qui sera incarnée par Rebecca Hall. Bruce Willis, Vince Vaughn et Catherine Zeta-Jones complètent le casting. Là aussi, DeVincentis signe le scénario. Il avait déjà collaboré en 2000 avec Frears en écrivant le script d'High Fidelity.

The Bengali Detective, documentaire réalisé par Philip Cox, suivait l'intrépide détective privé, souffrant d'un peu de surpoids, Rajesh Ji explorant les bas fonds malfamés de Calcutta tout en rêvant de danser à la télévision indienne. C'est un regard sur l'Inde moderne, entre les empoisonnements, infidélités, fraudes, violences conjugales et meurtres et les mirages du show-biz. Le docu avait été présenté en avant-première au dernier festival de Sundance, puis à Berlin.

The Black Power Mixtape 1967-1975 : mémoires d’indignés

Posté par kristofy, le 16 novembre 2011

Le film The Black Power Mixtape 1967-1975 est un documentaire construit avec des images d’archives inédites qui ont été retrouvées dans les archives d’une télévision de Suède. Le réalisateur suédois Göran Hugo Olsson est à l’origine du montage de ce film, coproduit par Danny Glover et présenté aux Festivals de Sundance, Berlin et Deauville.

Le mouvement 'Black Power' aux Etats-Unis pourrait se résumer rapidement par la lutte des noirs américains contre le racisme (accès aux bus, au logement, à l'université, au travail...) porté par des leaders comme Martin Luther King et Malcolm X. Les principales images de l’époque des télévisions américaines sont plus orientées vers une dénonciation d’activistes provocateurs… Ici, ces images de journalistes suédois font découvrir les revendications 'Black Power' telles qu’elles étaient exprimées durant ces années 70, ce sont des témoignages de ces années troubles. Ces archives ont été compilées dans un montage en 9 chapitres (pour chaque année entre 1967 et 1975), avec, parfois, un commentaire contemporain par certains artistes afro-américains sensibles eux-aussi au 'Black Power' (Erykah Badu, Talib Kweli, Questlove, Melvin Van Peebles).

Le montage chronologique de The Black Power Mixtape 1967-1975 permet de saisir l’évolution d’un mouvement : La lutte pour les droits civiques des noirs est aussi liée à la contestation de la guerre américaine au Vietnam, et aux assassinats de Martin Luther King (et celui de Robert Kenndy) en 1968. Martin Luther King (appelé Dr King) préférait la non-violence d’un mouvement pacifique, Malcom X déplorait que le gouvernement ait trop attendus pour engager des réformes sociales en faveur des plus pauvres, Stokely Carmichael à lui écrit un manifeste du Black Power (il a popularisé l’expression) et le Black Power Party fut le plus radical en vantant le droit de se défendre (avec des armes) face à la violence du racisme…

Le documentaire est riche de plusieurs séquences mémorables qui font entendre les paroles de ces militants. Ainsi Angela Davis est interviewée en prison sur la légitimité d’une organisation armée, et sa réponse <i>« lorsque quelqu'un me demande mon avis sur la violence, je trouve cela incroyable car cela signifie que la personne qui pose cette question n'a aucune idée de ce que le peuple noir a subi »</i> lui fait raconter le quotidien de son quartier en Alabama où des blancs racistes tuaient avec des bombes des familles noires… The Black Power Mixtape 1967-1975 s’intéresse d’ailleurs surtout à Angela Davis et à Stokely Carmichael : ce sont les personnes qui ont été le plus rencontrées par les journalistes suédois. Stokely Carmichael a voyagé en Europe, en France et en Suède, pour propager de ses idées. On apprendra d’ailleurs que le gouvernement américain n’appréciait guère que ces reporters suédois donnent une image positive des activistes -  les médias américains conservateurs évoquaient davantage des troubles et des violences- au point de geler les relations diplomatiques entre les deux pays.

La force de ce documentaire est de réussir à cerner plusieurs années de luttes idéologiques pour la liberté et l’égalité. Les images et les propos sont bien évidement plutôt à charge contre les Etats-Unis (en particulier le gouvernement du Président Nixon).  The Black Power Mixtape 1967-1975 est avant tout un document historique.

Deux films de la Semaine de la Critique continuent de rafler les prix

Posté par vincy, le 2 octobre 2011

Depuis leurs présentations à la Semaine Internationale de la Critique 2011, Take Shelter et Les Acacias courent les festivals du monde entier et remportent à chaque fois un prix. Ce week-end le premier a été récompensé à Zurich, le second à Biarritz.

Take Shelter, le drame de Jeff Nichols qui devrait sortir en salles le 4 janvier prochain, vient de récolter l'Oeil d'or du Festival du Film de Zurich. Grand prix de la Semaine internationale de la Critique, en plus du prix SACD et du prix FIPRESCI de la SIC à Cannes, le film, en compétition à Sundance où il avait fait son avant-première mondiale, avait aussi gagné le Grand prix du jury du Festival du cinéma américain de Deauville. Comme nous l'écrivions à Cannes, ce succès est amplement mérité : "Jeff Nichols exploite la veine du thriller paranoïaque avec un film anxiogène qui place le spectateur dans la position de douter en permanence de ce qu'il voit à l'écran."

Les Acacias doit sortir lui aussi le 4 janvier 2012. On se permettra de conseiller à l'un des deux distributeurs de changer sa date de sortie. Le film vient de recevoir l'Abrazo du meilleur film lors de la 20e édition du festival Biarritz Amérique latine. A Cannes, il avait déjà fait sensations en étant récompensé de la Caméra d'or (meilleur premier film toutes sélections confondues), en plus du prix de la Jeune critique et du prix ACID. Le film argentin avait aussi été primé à San Sabestian il y a une semaine avec le prix Horizontes latinos et à Toronto avec le prix de la Critique internationale - "Découvertes".

27e Festival de Sundance : les films remarqués et le palmarès

Posté par vincy, le 30 janvier 2011

Le 27e Festival de Sundance vient de se conclure (voir aussi actualité du 2 décembre 2010). Premier coup d'envoi de la saison cinématographique 2011, la manifestation demeure la plus importante aux USA, attirant tous les studios hollywoodiens qui viennent y faire leur marché. Berlin et Cannes vont y chercher quelques unes des productions pour leurs sections parallèles. C'est assez paradoxal de voir le gratin de l'industrie cinématographique venir dans cette ville perdue de l'Utah alors que le festival était dédié à l'origine aux films qui ne parvenaient pas à exister dans le système.

Robert Redford, le créateur de Sundance, insiste sur les intentions du festival : "Garder un esprit modeste pour ce festival est fondamental. On peut devenir plus gros, plus grand, avoir toujours plus de succès, mais conserver cette idée (de modestie) est ancré en nous". "L'idée a toujours été, très simplement, de faire tout ce qui était en notre pouvoir pour offrir de nouvelles opportunités aux artistes. C'était notre engagement et ça le reste".

"Le nombre de films qui présentent leur candidature au festival reste très élevé: nous avons dépassé les 10 000 pour la première fois cette année" a déclaré John Cooper, directeur général du festival. "C'est une très bonne nouvelle pour la vitalité du cinéma indépendant", ajoute-t-il. Le festival a présenté cette année 118 longs métrages, dont 40 premiers films et 95 premières mondiales, venus de 29 pays.

Des stars du monde entier

Parmi eux les avant-première très étoilées de Cedar Rapids, avec  John C. Reilly, Anne Heche et Sigourney Weaver, The Details, avec Tobey Maguire, Elizabeth Banks, Laura Linney, Ray Liotta et Dennis Haysbert, The Devil's Double, de Lee Tamahori, avec Dominic Cooper et Ludivine Sagnier, Margin Call, avec Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons et Stanley Tucci, My Idiot Brother, avec Paul Rudd, Elizabeth Banks, Zooey Deschanel et Emily Mortimer, Perfect Sense, avec Ewan McGregor et Eva Green, Salvation Boulevard, avec Pierce Brosnan, Jennifer Connelly, Ed Harris, Greg Kinnear et Marisa Tomei, ou encore The Son of No One (en photo), avec Channing Tatum, Al Pacino, Katie Holmes, Tracy Morgan, Ray Liotta et Juliette Binoche, qui a clôturé le festival.

Toujours à Sundance, on a pu voir de nombreux films étrangers : Attenberg du grec Athina Rachel Tsangari, Troupe d'élite 2 du brésilien Jose Padilha, I Saw the Devil du coréen by Kim Jee-woon, le golden globe du meilleur film en langue étrangère In a Better World, de la danoise Susanne Bier, le magnifique Incendies du québécois Denis Villeneuve, le cannois Kaboom de Gregg Araki, Old Cats des chiliens Pedro Peirano et Sebastian Silva, ou encore Submarine du britannique Richard Ayoade.

"Pendant la programmation de cette édition, nous avons voyagé davantage, fortement renforcé nos relations internationales et amélioré la qualité des films étrangers sélectionnés", affirme John Cooper.

Mais Hollywood n'est jamais très loin, notamment dans les questions de la presse. Denis Villeneuve (Incendies, hors-compétition) y a réagit à sa nomination aux Oscars dans la catégorie meilleur film en langue étrangère : "Ce qui s'est passé pour moi ce matin, ça relève d'un accident de voiture. J'en ai des images, des souvenirs, mais je n'ai aucun recul. Je suis entre deux mondes, je n'arrive pas à y croire". Ludivine Sagnier (The Devil's Double, inspiré de faits réels) assure qu'elle "ne rêve pas de travailler dans une superprodction américaine, même si cela fait certainement partie des expériences à avoir dans la vie". "Mais il n'y a pas qu'Hollywood qui m'intéresse", ajoute-t-elle. "J'ai aussi envie de travailler en Corée, au Mexique, en Chine... L'idée d'être un électron libre me plaît. Je me sens bien dans la diversité, dans la liberté et l'indépendance". Ce que Sundance veut être.

Le business a pourtant été omniprésent. Les professionnels américains sont en proie au doute avec un box office assez terne, une baisse des entrées, une crise artistique. À Sundance, ils viennent chercher de nouveaux talents, de nouveaux styles. Année après année, les films remarqués au Festival glanent des nominations aux Oscars, séduisent des publics de cinéphiles, révèlent des artistes. Rien que cette année, The Kids are all right et Winter's Bone, deux surprises de Sundance 2010, sont parmi les films qui ont compté en se plaçant dans la plupart des palmarès américains.

La Palmarès de Sundance a donc valeur de critères :

- Grand Prix du Jury - Fiction américaine : Like Crazy de Drake Doremus (en photo)

- Grand Prix du Jury - Documentaire américain : How to die in Oregon de Peter Richardson

- Grand Prix du Jury - Fiction étrangère : Happy, happy de Anne Sewitsky (Norvège)

- Grand Prix du Jury - Documentaire étranger : Hell and back again de Danfung Dennis (USA-Grande-Bretagne)

- Prix Spécial du Jury - Fiction américaine : Another earth de Mike Cahill

- Prix spécial du Jury - Fiction étrangère : Tyrannosaur de Paddy Considine (Grande-Bretagne)

- Prix Spécial du Jury - Documentaire américain : Being Elmo: A Puppeteer’s Journey, de Constance Marks

- Prix Spécial du Jury - Documentaire étranger : Position among the stars de Leonard Retel Helmrich (Pays-Bas)

Like Crazy est l'histoire d'un amour fou entre un Américain et une Britannique, rudement mis à l'épreuve par la distance. How to die in Oregon est un plaidoyer en faveur de l'euthanasie et suit les pas de plusieurs malades en phase terminale ayant décidé de mettre fin à leurs jours dans l'Etat d'Oregon, où la loi les y autorise. Happy, Happy raconte la renaissance sexuelle d'une femme au foyer dans les bras de son voisin. Hell and back again retrace le difficile retour au foyer d'un Marine de 25 ans, Nathan Harris, grièvement blessé au combat en Afghanistan.

D'autres prix ont été remis avec le prix de la meilleure photographie pour une fiction étrangère remis au film colombien Todos tus muertos, les Prix du public pour le documentaire britannique Senna de Asif Kapadia, le film américano-rwandais Kinyarwanda d'Alrick Brown, le documentaire américain Buck de Cindy Meehl et la fiction américaine Circumstance de Maryam Keshavarz. Enfin l'Américaine Erica Dunton et son film To.get.her repartent avec le prix Next, destiné à récompenser un film à tout petit budget.

Sundance a aussi été ému par Family portrait in black and white, signé Julia Ivanova, une cinéaste russe installée au Canada où Olga l'Ukrainienne a recueilli seize enfants métis et créé une famille unique en son genre dans un pays où la population est presque totalement blanche et où le racisme est monnaie courante. L'actrice américaine Jennifer Siebel Newson, dans Miss Representation, a dénoncé la piètre représentation des femmes dans la société américaine, et appelle hommes et femmes à réagir. L'acteur Michael Rapaport suit la  trajectoire exceptionnelle du groupe "A Tribe Called Quest"  dans Beats, Rhymes and Life: The Travels of A Tribe Called Quest.

Business as usual

Et puis les studios, tous présents, ont sorti leur carnet de chèques. LionsGate distribuera cette année Margin Call, une fiction autour de la crise de 2008 dans un fonds d'investissement ; The Weinstein Company a promis 15 millions de $ de publicité en plus des 7 millions de $ de droits de distribution (USA, France, Royaume Uni, Allemagne, Japon) pour My Idiot Brother (photo) ; les Frères Weinstein ont aussi été généreux avec The Details, acquis pour 8 millions de $ et une promesse de 10 millions de $ en publicité ;  Malgré la concurrence de Summit, Magnolia Pictures et Samuel Goldwyn, Sony Classics a misé sur The Guard, histoire d'un policier irlandais et d'un agent du FBI dans une affaire de trafic de drogue ; Fox Searchlight a fait son marché avec Another Earth (pour un joli montant, et par ailleurs prix Alfred P. Sloan), Martha Marcy May Marlene, Homework, Win Win, Bengali Detective et Cedar Rapids ; Roadside a opté pour le film produit par HBO, Project Nim (du nom du chimpanzé élevé comme un enfant dans les années 70)...

Mais toute cette activité financière ne doit pas faire oublier que les studios ont été extrêmement prudents, et longs à négocier. Les modèles économiques (salles de cinéma, télévision, internet, VOD) perturbent les schémas. Certains préférant conserver des contrats à l'ancienne tandis que d'autres, moins nombreux, s'essaient à de nouveaux types de diffusion.

Sundance n'est encore qu'au début de la révolution du cinéma indépendant. À l'image de ce film de Kevin Macdonald, Life in a Day, produit avec YouTube et livrant un montage de 5 000 heures d'archives d'images provenant d'Internet.

Sundance 2011 se dévoile et affiche sa bonne santé

Posté par vincy, le 2 décembre 2010

3 812 films soumis. Une hausse de 88 oeuvres par rapport à 2010 (voir le palmarès 2010). Le Festival de Sundance ne connaît pas la crise. De l'aveu même de son nouveau directeur, pour qui c'est la deuxième édition, l'état du cinéma indépendant est même en "bonne santé".

115 fictions et documentaires ont été finalement sélectionnés pour être projetés du 20 au 30 janvier 2011. L'espoir est, désormais, de voir des pépites comme pour l'édition 2010 qui comprenait Winter's Bone, The Kids Are All Right, Blue Valentine ou encore Waiting for Superman (voir le palmarès 2010).

Compétition / Fiction

  • Another Earth - Mike Cahill, avec William Mapother, Marling, Jordan Baker, Robin Lord Taylor, Flint Beverage.
  • Benavides Born - Amy Wendel, avec Corina Calderon, Jeremy Ray Valdez, Joseph Julian Soria, Julia Vera, Julio Cesar Cedillo.
  • Circumstance - Maryam Keshavarz, avec Nikohl Boosheri, Sarah Kazemy, Reza Sixo Safai, Soheil Parsa, Nasrin Pakkho.
  • Gun Hill Road - Rashaad Ernesto Green, avec Esai Morales, Judy Reyes, Harmony Santana, Vanessa Aspillaga.
  • Here - Braden King, avec Ben Foster, Lubna Azabal, Narek Nersisyan, Yuri Kostanyan and Sofik Sarkisyan.
  • Higher Ground- Vera Farmiga, avec Farmiga, Joshua Leonard, John Hawkes, Dagmara Dominczyk, Norbert Leo Butz.
  • Homework - Gavin Wiesen, avec Freddie Highmore, Emma Roberts, Michael Angarano, Elizabeth Reaser, Rita Wilson, Blair Underwood.
  • The Ledge - Matthew Chapman, avec Charlie Hunnam, Liv Tyler, Patrick Wilson, Terrence Howard, Christopher Gorham.
  • Like Crazy - Drake Doremus, avec Anton Yelchin, Felicity Jones, Jennifer Lawrence, Charlie Bewley, Alex Kingston.
  • Little Birds - Elgin James, avec Juno Temple, Kay Panabaker, Leslie Mann, Kate Bosworth, Kyle Gallner.
  • Martha Marcy May Marlene - Sean Durkin, avec Elizabeth Olsen, Brady Corbet, Hugh Dancy, John Hawkes, Sarah Paulson.
  • On the Ice - Andrew Okpeaha MacLean, avec Josiah Patkotak, Frank Qutuq Irelan, Teddy Kyle Smith, Adamina Kerr, Sierra Jade Sampson.
  • Pariah - Dee Rees, avec Adepero Oduye, Pernell Walker, Kim Wayans, Charles Parnell, Aasha Davis.
  • Take Shelter - Jeff Nichols, avec Michael Shannon, Jessica Chastain, Shea Whigham, Katy Mixon, Kathy Baker.
  • Terri - Azazel Jacobs, avec Jacob Wysocki, John C. Reilly, Creed Bratton, Olivia Crocicchia, Bridger Zadina.
  • The Untitled Sam Levinson Project - Sam Levinson, avec Demi Moore, Kate Bosworth, Jeffrey DeMunn, Ellen Barkin, Ellen Burstyn, Thomas Haden Church.

Compétition / documentaire :

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