Après 6 mois de crise, de lobbying (voir actualité du 16 février dernier) et finalement de happy ending, le programme d'aide au cinéma de la Commission européenne, connu sous le nom de MEDIA, a pu fêter ses 20 ans au Festival de Cannes.
Ce programme a représenté en deux décennies l'équivalent de 1,5 milliard d’euros dans l’industrie du cine?ma europe?en.
Pour marquer l'événement, la Commissaire européenne à la Culture Androulla Vassiliou a monté les marches pour la projection dimanche soir de The Artist, accompagne?e du Ministre franc?ais de la Culture et de la Communication Fre?de?ric Mitterrand, et surtout de 20 cine?astes invite?s pour la célébration de cet anniversaire : Theo Angelopoulos (Gre?ce), Lucas Belvaux (Belgique), Le?a Binzer (Gre?ce), Jochem De Vries (Pays-Bas), Costa Gavras (France), Bent Hamer (Norve?ge), Laurent Heynemann(France), Kamen Kalev (Bulgarie), Ole Christian Madsen (Danemark), Arunas Matelis (Lituanie), Olivier Masset-Depasse (Belgique), Radu Mihaileanu (Roumanie-France), Catalin Mitulescu (Roumanie), Adela Peeva (Bulgarie), Michael Radford (Grande-Bretagne), Paolo Sorrentino (Italie), Petr Vaclav (Re?publique Tche?que) et Jaco Van Dormael (Belgique).
Un dîner les a réunis par la suite.
Ce même jour, Mme Vassiliou a remis exceptionnellement deux prix MEDIA du Talent europe?en 2011. Vira?g Zombora?cz (Hongrie) et Hanna Sko?ld (Sue?de) pour leurs films Afterlife et Granny’s Dancing on the Table. Vous pouvez voir les courts-métrages de la première sur son compte Vimeo. Elle a fait partie du Berlinale Talent Campus en 2010. A 27 ans, cette cinéaste en devenir est intéressée par la lutte des sexes, l'érotisme, la peur de la mort et l'angoisse existentielle. Afterlife, son projet ici primé, est une comédie "réaliste et magique" à propos d'un homme qui a toujours que son fils était un fantôme, jusqu'au jour où il en est vraiment un. La seconde, issue du collectif Nasty Old People, a imaginé un film transmédia, récompensé par le prix ARTE's Power to the The Pixel. A partir d'histoires sur le thème de l'identité, des origines, de la sexualité, du pouvoir, de la solitude, Granny’s Dancing on the Table va devenir un film et un jeu vidéo, en plus de performances réelles dans des lieux publiques. L'histoire commencera avec le tremblement de terre de Messine, en Sicile, en 1908. Elle reposera sur des contributions ouvertes à tous.
Lors de la remise des prix, la Commissaire a espérer voir ces deux films à Cannes très rapidement. MEDIA a aidé douze films ayant reçu la Palme d'or. Cette année, 20 films, dont sept réalisés par des français, sont présents toutes sélections confondues : Amodovar, Bonello, les Dardenne, Kaurismäki, Mihaileanu, Moretti, Sorrentino, Von Trier, Honoré, entres autres, ont bénéficié du programme.
Aujourd'hui, lundi 16 mai, la Commissaire et les 20 cine?astes europe?ens ont rendez-vous pour ba?tir ensemble l’avenir du programme à la veille de son renouvellement. Mme Vassiliou espère rassurer l'industrie : « Des inquie?tudes ont e?te? exprime?es ces derniers mois et je souhaite balayer ces craintes une fois pour toutes. Le programme MEDIA sera maintenu dans la dure?e. Nous sommes de?termine?s a? poursuivre sur cette lance?e afin d’e?tendre le champ des activite?s du Programme MEDIA tout en ame?liorant son efficacite?. »
Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Fuck You, clip de Lily Allen réalisé par les français AB/CD/CD, voici l’instant Court n° 27.
Depuis mercredi dernier, il est beaucoup question de meurtres dans les nouveaux films à l’affiche. Le flingueur : Jason Statham est en petite forme, un film qui se flingue lui-même... Essential Killing : Jerzy Skolimowski et Vincent Gallo portent jusqu'au bout ce film extrême où la survie d'un homme, entre errances et instinct, conduit à un minimalisme radical.
Tuer ou être tué, telle est la question. L’assassinat est tellement présent dans tous les genres de cinéma (thriller, drame, science-fiction, comédie…) que c’est bien entendu aussi le thème de nombreux films courts. Beaucoup de courts-métrages avec un meurtre ne sont guère crédibles faute de moyens (on voit que les armes sont des jouets en plastiques) ou de préparation (les tueurs sont joués par des comédiens trop amateurs). Ce qui serait remarquable, ce serait par exemple un film court sans aucun dialogue qui soit vu en même temps depuis n’importe quel pays sans problème de compréhension, ce qu'a justement réussi une équipe suédoise avec un vrai sens cinéma du cadrage et du montage.
Voila donc le court-métrage Tune for two réalisé par Gunnar Järvstad.En moins de trois minutes, on y voit en même temps la nature violente de l’acte de tuer, et en même temps son absurdité contre-nature. Une exécution sommaire va prendre une tournure aussi originale qu’inattendue…
Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Tune for two.
La police suédoise a confirmé ce mercredi ce qu'elle pressentait depuis samedi : la mort de l'acteur suédois Per Oscarsson, 83 ans, et de son épouse, Kia Oestling. Leur maison de Skara avait été victime d'un incendie dans la nuit du 30 au 31 décembre. Les cendres retrouvées ont bien été indentifiées comme les leurs par les médecins légistes grâce aux empreintes dentaires.
Prix d'interprétation à Cannes en 1966 pour le film danois d'Henning Carlsen, La Faim (adapté du roman autobiographique de Knut Hamsum, prix Nobel de littérature), cet immense comédien scandinave était aussi un provocateur : les téléspectateurs suédois ont en mémoire son srtip tease intégral dans un talk show populaire local et les "théâtrophiles" se souviennent qu'il avait disparu plusieurs jours après la première (encensée) d'Hamlet (avec une simple note : "si vous m'aimez, ne me cherchez pas"). Il avait rejoint Oslo (Norvège) à pieds, en mangeant des racines, des fruits rouges et des fleurs.
Outre son prix cannois, il avait aussi reçu le prix du meilleur acteur décerné par la National Society of Film Critics (USA) et le prix Guldbagge (César suédois) pour le même film.
On l'a aussi remarqué, parmi sa soixantaine de films, dans Le Nouveau monde (1972, avec Max Von Sydow et Lib Ullman), Ronia, la fille de Robber (1984) et Les folles aventures de Picasso (1978, avec Lena Olin), où il incarnait Apollinaire, tous deux de Tage Danielsson, ou encore La vallée perdue, de James Clavell (1971, avec Michael Caine et Omar Sharif), Le visiteur de la nuit, de Laslo Benedek (1971, avec Max Von Sydow, Liv Ullmann et Trevor Howard).
Récemment, on l'a vu dans le rôle de Holger Palmgren, l'ancien tuteur de Lisbeth Salander, dans les deuxième et troisième épisodes de la trilogie Millennium. Il avait été difficile à convaincre, et précis dans ses attentes, pensant que le cinéma était derrière lui. Il laisse pourtant un film posthume, Tysla Lekn (Jeu calme), de Görel Crona, dont la date de sortie n'est pas encore prévue.
Scénariste, monteur, musicien, il avait aussi réalisé deux films (la farce Battle of Sweden en 1980 et Ebon Lundin en 1973).
Qualifié de "légende du cinéma suédois", cette icône excentrique, originale a profité des années 60 et 70 pour occuper un espace vide dans le cinéma scandinave, très concentré sur les rôles les plus dramatiques. Modèle pour une nouvelle génération plus formatée, il aimait les personnages maladroits, et s'investissait complètement dans ses rôles. Pour La Faim, il s'était imposé un régime drastique.
Il avait aussi été capable de faire le pont entre les générations de (télé)spectateurs en devenant le populaire commissaire de la série Polisen i Strömstad dans les années 80 et 90 ou en jouant dans le succès culte suédois House of Angels du cinéaste britannique Colin Nutley (1992).
Son métier était sa vie. La destinée a joué avec une allumette et l'a une dernière fois enflammé.
Comme à Ecran Noir, on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Le jour d'avant réalisé par Denys Quélever, voici l’instant Court n° 13.
A partir d'aujourd'hui, on peut découvrir en salles un premier long métrage intelligent et jubilatoire, Sound of noise des Suédois Ola Simonsson et Johannes Stjarne Nilsson, qui a reçu le prix de la (toute) jeune critique ainsi que le Grand rail d'or lors du dernier festival de Cannes. On y suit un officier de police nommé Amadeus, né dans une famille de grands musiciens, mais lui-même allergique à la musique, qui croise le chemin d'un collectif de percussionnistes déjantés ayant décidé d'utiliser la ville comme instrument.
Or, en 2001, les deux réalisateurs étaient déjà venus à Cannes avec un court métrage intitulé Music for one apartment and six drummers, où six musiciens prennent possession d'un appartement inoccupé et jouent plusieurs morceaux de musique en utilisant le mobilier et les objets présents. Un petit bijou d'humour et de virtuosité qui a reçu plus de trente récompenses internationales, à (re)découvrir dès maintenant.
Les deux réalisateurs Ola Simonsson & Johannes Stjarne Nilsson reviennent sur cette expérience :
Ecran Noir : D’où est venue l’idée de ce court métrage ?
Johannes Stjarne Nilsson : Lorsque nous avons commencé à travailler sur ce court métrage, c’était plus ou moins basé sur une expérience dont nous nous demandions si elle était réalisable : obtenir de la bonne musique à partir d’objets de tous les jours. Nous nous demandions aussi s’il était possible que la musique et le son soient les personnages principaux d’une histoire. Que le son soit aussi important que l’image. Quand nous avons fait ce film, nous avons vraiment pensé que c’était un concept limité et qu’il n’intéresserait pas tellement de gens. Nous avons été surpris quand le film s’est révélé être un succès et que des gens de pays différents l’ont apprécié ! La musique est un vraiment un langage universel. Mais à l’époque, nous n’avions pas du tout l’ambition d’en faire un long métrage.
Ola Simonsson : Je me souviens que pendant le tournage du film, l’un des acteurs, Johannes, celui qui a une moustache, a demandé : "est-ce que le film va vraiment être montré quelque part ?" On lui a répondu : "oui, on espère…" Mais on ne peut jamais savoir à l’avance ! Lorsque nous avons fait ce film, nous avons fait quelque chose auquel nous croyions et que nous aimions, mais on ne sait jamais si quelqu’un d’autre va l’aimer… Nous avons fait d’autres courts métrages que nous aimions autant que celui-là et qui n’ont pas été diffusés autant que Music for an apartment. Nous avons trouvé quelque chose dans ce film qui parle aux gens.
EN: Avez-vous essayé de jouer dans les conditions du film ?
OS : Après le court-métrage, nous avons faits de nombreuses performances…
JSN : …mais pas à cette échelle !
OS : Non, le morceau le plus ambitieux était peut-être "Musique pour deux chariots élévateurs". C’était un gros morceau ! Mais ils ont aussi joué sur des journaux, des voitures, des saladiers en plastique, du matériel industriel… Pendant ces sessions, nous avons réuni plein de nouvelles idées et au final, il nous est apparu qu’il fallait les utiliser !
EN : Quel était le plus gros challenge en passant au long métrage ?
OS : Faire une histoire qui soit intéressante sur toute la longueur d’un long métrage et ne pas aligner des scènes musicales qui donnent l’impression de regarder un concert filmé ou d’être répétitives. Ce que nous avons transposé dans le long métrage, c’est bien sûr la musique, mais aussi la musique face à la criminalité. Nous avons eu envie d’approfondir ce thème de "batteurs criminels".
Elle incarne tellement Lisbeth salander dans la saga Millénium qu'on a du mal à la voir ailleurs. A 31 ans, l'actrice a porté une trilogie sur ses épaules, se révélant au monde. Le premier épisode a rapporté 100 millions de $ dans le monde. Après 13 ans de carrière, les projets s'emballent. Elle avait obtenu le rôle de Lisbeth grâce à sa prestation remarquée dans la tragédie danoise Daisy Diamond (2007), de Simon Staho.
On va la voir prochainement dans le suédois Svinalängorna de Pernilla August, le norvégien Babycall de Pal Sletaune et surtout dans le franco-suisse The Nazi's office's Wife de Barthélémy Grossman. Le film se tournera cet automne en Allemagne, avec Mads Mikkelsen (Coco Chanel & Igor Stravinsky, Casino Royale) dans le rôle masculin principal. Il s'agit de l'histoire d'une femme juive qui cache son identité pour survivre et épouse un officier nazi. Les premières projections pourraient avoir lieu au printemps 2011.
Le cinéaste suédois Roy Andersson n'a rien tourné depuis 2007. Soyons heureux, puisqu'entre Chansons du deuxième étage (2000, prix du jury à Cannes) et Nous, les vivants (2007, Un certain regard), sept ans s'étaient écoulés). L'attente sera donc un peu moins longue pour ce vétéran du cinéma suédois, dont le premier court métrage date de 1967. Andersson avait été découvert internationalement avec Une histoire d'amour séudoise en 1970, quatre fois primé à Berlin. Le mauvais accueil de Giliap en 1975 le conduit à créer sa propre société de production (Studio 24) et à se concentrer sur la publicité, ne revenant au cinéma qu'en 2000.
Son nouveau film s'intitulera Un pigeon assis sur une branche - Réflexion sur l'existence. Exploration de la vie d'un homme à travers deux personnages semblables au grands duos de la littérature. Le cinéaste s'essaiera pour la première fois au numérique HD, pour des raisons économiques. Andersson avait l'habitude d'utiliser des kilomètres de pellicule.Mais il continuera de prendre son temps puisqu'il annonce un tournage de plus de deux ans, dans les studios de sa société, à Stockholm.
La France n'a pas été le premier territoire où Avatar est tombé de sa haute marche du podium. Si le film de James Cameron continue d'être leader dans la plupart des pays du monde, il commence, en septième semaine, à monter des signes de faiblesse. En Suède, il a été délogé il y a deux semaines par un film local, Easy Money International (Snabba Cash), de Daniel Espinosa, adapté du roman de Jens lapidus (paru chez Plon en France). Il s'agit du premier épisode d'une trilogie. Il a déjà séduit 200 000 spectateurs en salles. En Turquie, c'est une production locale aussi qui a mis fin au triomphe du film 3D américain. Kutsal Damacana 2: Itmen, une comédie de Korhan Bozkurt emporte largement les suffrages des spectateurs. Au Vénézuela, c'est un autre film américain qui a supplanté les Navi's, Féé malgré lui (The Tooth Fairy). Et en France, cette semaine, La Princesse et la grenouille a pris le dessus, de peu, mais contraignant Avatar a passé pour la première fois en dessous du million de fans par semaine.
On notera aussi qu'au Japon, Avatar est collé par une nouveauté française. Océans, le "docuspectaculaire" de Jacques Perrin, est deuxième du box office avec 500 000 curieux. Le film devrait rapidement être le plus gros succès français à l'étranger depuis Coco avant Chanel (5,4 millions de spectateurs hors de France). Avatar a récolté, à date, 2 074 646 827$ dont 71% de ses recettes sont internationales.
Rien n'est simple. Au départ, les producteurs suédois, allemands et danois décident de produire la trilogie Millénium, adaptée des best-sellers de Stieg Larsson, de la manière suivante : un film, le premier tome, pour les salles de cinéma et trois fois deux épisodes pour la télévision, pour l'ensmble de la saga. UGC emporte les droits de diffusion du film pour une sortie le 13 mai 2009 en France et Canal +, il y a quelques semaines, acquiert les droits de diffusion de la série télévisée pour une programmation en octobre prochain.
UGC a ainsi grillé Pathé et EuropaCorp, sur les rangs. Surtout, la société française cherche à empêcher par tous les moyens que les producteurs scandinaves revendent les droits pour un remake américain. Car, d'une part, aucun distributeur américain ne s'est manifesté jusqu'à présent, attendant sans doute de voir si les romans allaient séduire le public états-unien ; d'autre part, le format imaginé au départ ne correspond pas à une manière d'exploiter un livre pour le cinéma. Le mélange grand écran-petit écran n'est pas dans leurs habitudes.
Il aurait pu en être autrement. Mais le grand manitou de la télévision suédoise, l'homme le plus puissant des médias scandinaves, s'est entêté avec son casting 100% suédois, son concept (1 film + 2 téléfilms) et ne s'attendait sûrement pas à un intérêt aussi vivace pour ce polar violent.
Or, le film cartonne en Suède et au Danemark et maintenant en Norvège, avec un total de 1,5 millions d'entrées. Et, surtout, refusé par Cannes - il ne correspondait pas aux critères d'exclusivité de plus en plus exigés par le Festival - il va devoir se lancer à l'assault de l'Europe, face à Anges & Démons, notamment, sans le coup de pouce marketing qu'aurait offert les marches du palais de la Croisette.
Yellow Bird et Swedish Television ont donc décidé aujourd'hui, de manière inattendue, de sortir les deux suites au cinéma. Ce qui va poser un problème pour ceux qui ont acheté les droits télévisés. Mais les producteurs assurent que les contrats ne seront pas retouchés. Le deuxième volet sortira en Suède en septembre et le troisième en novembre.
Les distributeurs étrangers vont donc désormais négociés pour les deux suites, mais surtout devront prévoir des sorties très "rapprochées". A moins que Canal + décale sa diffusion télévisée, UGC n'aura que cinq mois pour sortir les opus deux et trois. La télévision suédoise a préféré attendre mars 2010 pour diffuser la série de six épisodes (9 heures). Etrangement, elle sera disponible en DVD dans les pays scandinaves dès décembre.
A ce point d'improvisation et d'anarchie, on ne connaît qu'un équivalent : les chaînes de télé françaises capables de mélanger les saisons d'une série américaine en une soirée.
A savoir : Morse a reçu le Grand prix et le prix de la critique du festival de Gerardmer. Il avait déjà obtenu le prix de la critique aux festival de Toronto, au Nat Film festival et au festival du film fantastique de Puchon mais aussi le prix du meilleur film au festival du film nordique de Göteborg, au festival du film de Tribeca, au festival FantAsia. Un remake est déjà en préparation aux Etats-Unis. Matt Reeves (Cloverfield) en sera le réalisateur.
L'histoire : Oskar est un jeune adolescent de 12 ans, vivant près de Stokholm, au début des années 1980. Il est régulièrement martyrisé par ses camarades de classe, ne trouvant pas la force de répliquer il passe ses nuits à rêver de vengeance, répétant des attaques au couteau dans la cour de son immeuble. Un soir il rencontre la jeune Eli, qui est depuis peu sa voisine, habitant seule avec un homme. Eli semble être une jeune fille de 12 ans mais elle est étrangement pâle, ne sort que la nuit et ne semble pas être affectée par le froid de l'hiver Suédois. Très vite, Eli intrigue Oskar, de plus son arrivée dans le quartier coïncide avec une série de meurtres et de disparitions mystérieuses. Oskar ne tardera pas a découvrir la vérité : Eli est un vampire. Leur complicité n'en souffrira pas au contraire elle n'en sera que plus forte.
Notre avis : Petit film venu du froid, cette étrange histoire d’amour et de sang parvient magistralement à renouveler le mythe du vampire. Primé dans de nombreux festivals, Morse, de Tomas Alfredson, en effet mérite sa réputation et va bien au-delà de ce que l’on a l’habitude de voir au cinéma.
Sur fond d’amitié et d’enfance, ce drame humain est avant tout d’une parfaite maîtrise tant au niveau du cadre que de la photo. Bleutée et vacillante, l’image de Morse est à contre-pied de celles chaudes et sanguines des films habituels de vampires. Posée, voire lente, elle prend le temps d’installer ses personnages dans leurs tourments existentiels (même si la plupart des protagonistes ne sont que des enfants), et de les définir dans leurs fragilités. Tout le film semble d’ailleurs soutenu par une mince couche de glace pouvant se briser à tout instant. Reste à savoir sous les pieds de quel enfant : le gentil albinos, la mystérieuse petite fille, ou les bêtes et méchants camarades d’école.
Cette incertitude donne au film sa tonalité tragique et belle à la fois. Plus l’intrigue informe le spectateur et plus elle se distingue des clichés auxquels elle est rattachée. Morse en cela se permet même des scènes jusque là inédites dans la mythologie vampirique et que peu de pays oserait mettre en images.
Morse est un bijou délicat, à peine sculpté, un drame humain bouleversant confirmant après Les Prédateurs et Aux frontières de l’aube la porté universelle du mythe vampirique.