Steve Jobs (1955-2011) : iDeath

Posté par vincy, le 6 octobre 2011

Steve Jobs, cofondateur d'Apple, est mort à l'âge de 56 ans mercredi soir. Il avait simplifié l'ordinateur individuel pour le rendre accessible à tous. Jusqu'en 1985, 9 ans après la création de la marque à la pomme, il quittait Apple (démis de ses fonctions) pour y revenir en 1997 quand la firme était au sixième sous-sol des ventes. Là il a imposé un nouveau modèle (des produits attrayants avec un design novateur, se différenciant ainsi de l'esthétique froide de l'informatique) puis réorienté la société pour en faire non seulement un producteur d'outils de communication nomades mais aussi un diffuseur de produits culturels, et notamment de films téléchargeables.

Après son premier départ d'Apple, Steve Jobs, sollicité par deux ingénieurs de Lucasfilm, rachète pour 10 millions de $ The Graphics Group, filiale cédée par George Lucas. Jobs créé les Studios Pixar, et détient la majorité des parts. A l'époque, Jobs ne rêve pas d'Hollywood. Il espère juste que les ingénieurs développent des logiciels défiant l'infographie.

John Lasseter, malin, en profite pour l'obliger à produire des courts métrages animés qui servent de vitrine aux technologies développées. Les films d'animation ébahissent les festivals. Mais la structure de développement informatique est un gouffre financier. Le prestige ne suffit pas. Même si, en 1988, Tin Toy remporte l'Oscar... Steve Jobs comprend qu'il se trompe de "business". L'informatique n'est pas l'avenir, mais les contenus en sont un. Il accepte d'investir dans un long métrage, Toy Story, négocie un contrat de distribution et de coproduction avec Walt Disney. Sorti en 1995, le film est un carton mondial.

Pixar se vendra à Disney en 2006 pour 7,4 milliards de $. Entre temps, les longs métrages ont triomphé au box office, récolté des Oscars, volé la vedette aux films d'animation classiques de Disney, en déclin. Walt Disney acquiert un savoir-faire. Steve Jobs devient ainsi le premier actionnaire individuel du groupe Disney (environ 7% du capital). On imagine le pactole. Il entre aussi au conseil d'administration d'un des plus grands studios du monde.

Pendant ce temps Apple, qu'il redirige depuis 1997, se mue en vedette montante de Wall Street : iPods, iPhones, nouveaux MacBooks, iPads, et surtout iTunes et autres boutiques en ligne. La convergence supports-contenus est désormais intégrée dans la stratégie de la société. Quand l'iPad sort, il se publicise avec une image de Là-haut. La boucle est bouclée. Tout son parcours devient cohérent.

Ses vieux complices John Lasseter, directeur artistique de Disney, et Ed Catmull, président de Disney Feature Animation, lui ont rendu hommage : "Il a vu le potentiel de Pixar bien avant le reste d'entre nous et au-delà de ce que quiconque aurait pu imaginer. Steve a parié sur nous et a profondément cru en notre rêve un peu fou de créer des dessins animés par ordinateur. La seule chose qu'il nous disait toujours était simplement : "Faites ça bien.""