Room 237 : un hommage gonflé à The Shining

Posté par geoffroy, le 18 juin 2013

room 237 the shiningL'histoire : En 1980, Stanley Kubrick signe Shining, qui deviendra un classique du cinéma d'horreur. A la fois admiré et vilipendé, le film est considéré comme une oeuvre marquante du genre par de nombreux experts, tandis que d'autres estiment qu'il est le résultat du travail bâclé d'un cinéaste de légende se fourvoyant totalement. Entre ces deux extrêmes, on trouve cependant les théories du complot de fans acharnés du film, convaincus d'avoir décrypté les messages secrets de Shining.
Room 237 mêle les faits et la fiction à travers les interviews des fans et des experts qui adhèrent à ce type de théories, et propose sa relecture du film grâce à un montage très personnel. Room 237 ne parle pas seulement de fans d'un film mythique – il évoque les intentions de départ du réalisateur, l'analyse et la critique du film.

Notre avis : Le principe inhérent à Room 237 est remarquable mais dangereux. Unique, même, dans le monde balisé du documentaire. Car il ne s’agit pas pour Rodney Ascher, réalisateur du film, de décortiquer les raisons qui font de Shining un film culte, référence du genre (épouvante), souvent copié, presque jamais égalé. Tout part d’une trituration excessive, mais amoureuse, pour le film et son univers, ses multiples interprétations et réinterprétations, entre réalité et fantasme. Le tout au détour d’angles d’analyse variés, souvent farfelus, un brin exagérés, parfois saisissants. La forme, osée, restructure l’œuvre de Kubrick dans une suite de superposition d’images issues du film, d’autres films du cinéaste américain ou encore de quelques films étrangers à l’univers du réalisateur.

Rodney Ascher, qu’il ait raison ou pas, enchaîne dans un flot continu parfois harassant, les hypothèses sur le/les sens à donner au film quitte à le désacraliser. Mais rien, jamais, n’est tranché. Tout juste suggéré sous la forme d’une analyse proche de l’hypotético-déduction. Chaque intervenant, au nombre de cinq – et que l’on ne verra jamais –, avance une hypothèse afin d’expliquer, non pas le film lui-même, mais la démarche intellectuelle de Kubrick qui n'aurait pas hésiter à truffer son film de références autour du génocide des Indiens, de la Shoah ou encore de la mission Apollo 11… Tout y passe, et plus encore, sans hiérarchisation précise faisant de Room 237 un documentaire patchwork aussi gonflé que ridicule, aussi visionnaire que surfait, aussi dérangeant que longuet.

S’il est vrai qu’il existera toujours des thèmes sous-jacents aux grandes œuvres cinématographiques, échappant ainsi au contrôle des cinéastes eux-mêmes, les avis de nos commentateurs, que l’on soit d’accord ou pas sur ce qu’ils développent, ne traitent que d’une seule chose : la puissance implicite de l’image dans ce qu’elle révèle en dehors de ce qu’elle tend à montrer initialement. Sauf qu'ici on y "plaque" ses fantasmes et autres lubies pour peu que cela tienne.

Les différentes approches abordées, parfois de façon hasardeuse comme ces problèmes de raccords se transformant en actes conscients ou messages subliminaux, sont égales dans leur démonstration. Ce qui discrédite la démarche visant à rendre un hommage au génie visuel qu’était Kubrick dans sa véritable complexité. Si rien n’est vraiment étayé à la manière d’un journaliste d’investigation recoupant ses sources, l’exemple par l’image s’affiche devant nous au cours d’un montage original, immersif mais aussi assez répétitif, véritable soutien aux propos tenus. La hardiesse du cinéaste est notable, jamais tape à l’œil, toujours concentré sur le leitmotiv de départ et qui consiste à laisser parler quelques « spécialistes » sur les intentions d’un cinéaste trop talentueux pour s’arrêter au livre de Stephen King.

Accéléré, ralenti, superposition… Tout est réuni pour nous faire découvrir les supposés desseins d’un film qui n’en a pas besoin puisqu’il aura su redéfinir, sous la forme d’un diamant brut, l’essence même du fantastique moderne. Là réside sans doute l’inutilité d’une démarche que l'on considèrera honnête, n’hésitant pas à s’aventurer au-delà du cadre purement informatif qu’impose, normalement, le format du documentaire.

Si, en fin de compte, Room 237 n’apporte pas grand-chose à Shining, il donne indiscutablement envie de le revoir. Et d’y découvrir, on ne sait jamais, un degré d’interprétation encore insoupçonné.

Steven Spielberg reprend le Napoléon de Stanley Kubrick

Posté par vincy, le 4 mars 2013

stanley kubrick napoléon taschenLes visiteurs de l'exposition Stanley Kubrick à la Cinémathèque française avait pu apprécier tout le travail de préparation du film autour de Napoléon que rêvait de réaliser le cinéaste de Barry Lindon.

Sur Canal +, le futur président du jury du Festival de Cannes Steven Spielberg a confirmé qu'il développait une mini-série télévisée à partir du scénario laissé par Kubrick.

Le script, écrit en 1969 (vous pouvez lire la version complète ici), a été abandonné dans les années 70, faute de pouvoir financer le projet, et ce, malgré l'accord tacite d'Oskar Werner et d'Audrey Hepburn pour tenir les rôles principaux.

Spielberg a déjà collaboré avec Kubrick : le scénario d'A.I. : Intelligence artificielle, rédigé par Kubrick dans les années 70, a été repris et adapté par Spielberg en 2001.

A noter : Tachen a édité un beau livre de 1 112 pages, "Stanley Kubrick's Napoleon : The Greatest Movie Never Made", regroupant des années de recherches et de préparation autour de ce Napoléon.

Tomi Ungerer : un esprit frappeur et un conteur légendaire

Posté par vincy, le 19 décembre 2012

tomi ungerer

Demain sort dans les salles françaises un documentaire, Tomi Ungerer - l'esprit frappeur, réalisé par Brad Brenstein, et un film d'animation, Jean de la lune, réalisé par Stephan Schesch, d'après une histoire d'Ungerer. Un 2 en 1 que Le Pacte distribue d'un côté sur 10 copies, de l'autre sur 250.

L'occasion de se pencher sur l'incroyable destin de Tomi Ungerer, strasbourgeois de 82 ans, dessinateur et auteur connu mondialement depuis maintenant 55 ans. Schesch avait déjà produit l'adaptation de son livre pour enfant, Les Trois Brigands ; avec Jean de la Lune, il achève son hommage en passant directement à la réalisation.

Crayon tous terrains

black power white power tomi ungererMais Ungerer est bien plus qu'un génial conteur. On lui doit aussi l'affiche contre la ségrégation raciale Black Power/White Power ou celles contre la guerre du Vietnam.

Issu d'une famille d'horloger, fils d'un ingénieur par ailleurs artiste et historien, il a d'abord vécu la guerre. Sa maison, où aujourd'hui une plaque indique la présence du créateur, a été réquisitionnée par les Allemands et, sous la domination des voisins germains, Tomi Ungerer a subit un endoctrinement nazi qui laissera quelques traces. Il ne reviendra jamais à la vie "normale". En échec scolaire, indiscipliné (il se fera même renvoyé de l'Ecole des Arts décoratifs) il commence alors son tour du monde. Laponie, Algérie, Grèce, Islande, New York. C'est là que l'aventure commence avec un carton de dessins, quelques billets. Il collabore alors avec les plus grands journaux et Harper & Row va publier des dizaines de livres pour enfants.

Un musée à Strasbourg

Dans les années 70, il s'installe au Canada et commence son entreprise de transmission : il fait une première donation de son œuvre et de sa collection de jouets à la ville de Strasbourg. Depuis 2007, un Musée Tomi Ungerer - Centre international de l'illustration a été ouvert à la Villa Greiner dans la métropole alsacienne. On y trouve, en plus de milliers de jouets, 8 000 dessins originaux, parfois grivois, souvent satiriques. Car on le sait moins, il ne dessinait pas que pour les petits.

tomi ungerer jean de la lune

Très investit dans la politique strasbourgeoise et les liens pacifiques entre la France et l'Allemagne, il n'en oublie pas son métier d'illustrateur. Il y a 14 ans, il a reçu le prestigieux Prix Hans Christian Andersen, le Nobel des auteurs de livres pour enfants.

Nul n'est prophète en son pays

Tomi Ungerer - l’esprit frappeur est le premier long métrage à lui être consacré. Ce documentaire revient sur son histoire chaotique mais aussi sur son point de vue souvent peu conventionnel. Cet homme aura connu les Nazis, l'utopie européenne, les beatniks de New York, l'isolement en Nouvelle-Ecosse... Considéré comme un génie du XXe siècle, dénonçant ses absurdités, le citoyen du monde Ungerer semble pourtant avoir été oublié dans son propre pays... Brad Bernstein, le réalisateur du documentaire, a eu l'idée de son film en 2008. Il lisait le New York Times qui annonçait le retour de l'artiste aux USA. Echange épistolaire rapide : le projet est lancé.

Tomi Ungerer a publié près d’une centaine de livres pour enfants. Aujourd'hui, le cinéma lui permet de prolonger son art. Les Trois brigands fut un succès surprise en 2007. Jean de la Lune est la suite logique des événements, cinq ans plus tard. Dans les deux films, Ungerer assure la voix du narrateur.

Kubrick s'invite dans Jean de la Lune

poster docteur folamour doctor strangelove kubrick ungererFilm pour les petits, en concurrence avec Ernest et Célestine et Nikko le petit renne 2, le poétique Jean de la Lune est l'adaptation du conte le plus célèbre d'Ungerer. L'histoire est simple : Jean s’ennuie tout seul sur la Lune. Il décide de visiter la Terre. En s’accrochant à la queue d’une comète, il atterrit sur la Planète bleue. Le Président du Monde, persuadé qu’il s’agit d’un envahisseur, le pourchasse.

L'Allemand Stephan Schesch, très francophile, a présenté son film aux festivals de Munich et d'Annecy : "Je dirais du film qu’il est élégiaque. Il a son propre rythme, il laisse de l’espace au public, jeunes et grands, qui peut à loisir observer, imaginer, en étant en plus captivé".

A noter que l'on peut voir le personnage du président sur une fusée. Cette référence appuyée au film Docteur Folamour n'est pas innocente : Tomi Ungerer avait réalisé l'illustration des affiches du film de Kubrick.

Un 11e MK2 élitiste au Grand Palais

Posté par vincy, le 16 septembre 2012

MK2 au Grand Palais. Après sa salle privée en plein Saint-Germain-des-Prés (avec énormes fauteuils, bar et ambiance "lounge"), le réseau étend son circuit avec une salle de cinéma privée en semaine et publique le vendredi soir et le week-end, dans l'enceinte du Grand Palais, à deux pas des Champs-Elysées.

L'ouverture au public est prévue courant octobre. Ce sera la 11e salle du réseau.

Ce nouveau lieu sera accessible par la rotonde Alexandre III et nichée au premier étage du monument. Elle est équipée de 104 places. Cette salle de projection existait déjà mais était très peu utilisée.

Le MK2 Grand Palais pourrait servir pour des avant-premières de prestige, des projections pour la presse et les exploitants ou des projections à la demande.

Par ailleurs, elle ne concurrencera pas les salles art-et-essai des Champs, qui souffrent financièrement, quand elles ne ferment pas.

En effet, pendant les week-ends, MK2 diffusera pendant la journée de grands documentaires et des courts métrages. Le soir, le groupe prévoit de programmer des rétrospectives intégrales de grands réalisateurs pouvant s'étaler sur deux mois. Un cycle Stanley Kubrick pourrait lancer cette initiative.

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Présentation de la salle sur le site du Grand Palais

518 000 visiteurs à la Cinémathèque française en 2011

Posté par cynthia, le 26 juin 2012

L'Assemblée générale de la Cinémathèque française s'est réunit le 18 juin dernier et a rédigé un rapport d'activités des plus fructueux concernant la fréquentation de celle-ci durant l'année dernière.

518 000 spectateurs en 2011, soit une augmentation de 35% par rapport à l'année 2010, ont été enregistrés. Les cinéphiles ont été nombreux à visiter les expositions majeures comme celle autour du cinéaste Stanley Kubrick (140 000 entrées) ou celle autour du chef d'oeuvre de Fritz Lang, Metropolis (51 000 entrées).

Grâce à ces deux évènements, les activités régulières présentes dans la cinémathèque ont connu une affluence importante, en particulier les rétrospectives dédiées à Alfred Hithcock, Blake Edwards, Roberto Gavaldòn, Nanni Moretti ou Hong Sang-soo.

Même la librairie de la Cinémathèque voit son chiffre d'affaire en progression et devient par là "un lieu de référence pour les cinéphiles".

L'Assemblée générale a aussi changé une partie de son conseil d'administration.

Cette année le mandat de neuf administrateurs arrivaient à échéance. Ont été élus : le cinéaste Olivier Assayas, l'actrice Nathalie Baye, l'exploitant Bruno Blanckaert (le Grand Rex), le scénariste Jacques Fieschi, les réalisateurs Laurent Heynemann et Jean-Paul Rappeneau, l'actrice-réalisatrice Tonie Marshall, le documentariste Nicolas Philibert et enfin l'acteur et metteur en scène Denis Podalydès. Ils rejoignent les 9 autres administrateurs (dont le manda s'achèvera en 2014) : Jean-Michel Arnold, Laurence Braunberger, Serge Bromberg, Denis Freyd, Costa-Gavras, Pierre Grunstein, Martine Offroy, Sophie Seydoux et Alain Sussfeld.

2011 – août : un record pour l’exposition Kubrick à la Cinémathèque

Posté par vincy, le 30 décembre 2011

31 juillet 2011. La Cinémathèque a exposé durant plus de 4 mois l'oeuvre du géant Stanley Kubrick. 140 000 visiteurs se sont déplacés pour admirer extraits, objets, photos de ses débuts, affiches, critiques (parfois dures), storyboards de films inaboutis, ... du cinéaste. Un record depuis que la Cinémathèque a emménagé à Bercy.

Car, si les salles de cinéma se remplissent de nouveau à partir de cet été 2011, les Musées attirent aussi de plus en plus de monde. Cette exposition unique, accompagnée de conférences, de livres et d'une rétrospective, étalée sur deux étages et 1000 m2, permettait de s'immerger dans les univers aussi variés que ceux de Shining, Lolita, Barry Lindon, Napoléon ou encore 2001.

En 2011, HAL a plutôt l'allure d'un réseau qui nous relire et nous asservit. En sortant de notre ordinateur pour aller au Musée, on se dit que l'Homme n'est pas perdu. Mais quelle fossé entre l'époque de Kubrick et la notre...

Tout le bilan 2011

Cannes 2011 : Deneuve, De Niro, Belmondo, Corman, Kubrick et Méliès au menu de Cannes Classics

Posté par kristofy, le 27 avril 2011

La sélection Cannes Classics, créé en 2004, permet au Festival de Cannes de valoriser les films de répertoire retrouvés et des copies restaurées, ainsi que des ressorties en salles ou en DVD des grandes œuvres du passé. Par exemple le célèbre de Georges Méliès Le Voyage dans la lune sera à nouveau visible 109 ans après sa sortie dans une version couleur restaurée avec une bande-son originale du groupe AIR.

Cannes Classics 2011 présentera quatorze films et cinq documentaires, et quelques surprises. Le président du jury Robert De Niro accompagnera une séance de son film Il était une fois le Bronx; il y aura une leçon de cinéma par l'acteur Malcolm McDowell après la présentation du film Orange Mécanique de Stanley Kubrick (voir actualité du 21 mars); Bernardo Bertolucci, qui recevra une Palme d’Or d’honneur (voir actualité du 11 avril), viendra présenter Le Conformiste; Jerry Schatzberg présentera son premier film Portrait d’une enfant déchue avec son actrice Faye Dunaway, icône de l'affiche cannoise de cette édition (voir actualité du 4 avril; Jean-Paul Rappeneau et Catherine Deneuve seront là pour Le Sauvage, comédie adulée par Gilles Jacob; Charlotte Rampling est le sujet du documentaire The Look d’Angelica Maccarone; Roger Corman sera fêté pour Le Monde de Corman: Exploits d’un rebelle hollywoodien; Rue Case-Nègres sera projeté en compagnie de sa réalisatrice Euzhan Palcy à l'occasion de l'Année des Outre-Mer (voir actualité du 6 avril); enfin, Jean-Paul Belmondo recevra un hommage particulier avec la projection d'un documentaire sur l'ensemble de sa carrière (voir actualité du 30 mars).

Classiques à revoir ou raretés à découvrir, de 1902 à 1993, de la Turquie à l'Allemagne, voici la sélection Cannes Classics 2011 :

Films :

Le Voyage dans la lune de Georges Mélies (France, 1902, 16’)
Orange Mécanique de Stanley Kubrick (USA, 1971, 137’)
La Machine à tuer les méchants (La Macchina Ammazzacattivi) de Roberto Rossellini (Italie, 1952, 80’)
Il était une fois le Bronx (A Bronx Tale) de Robert De Niro (USA, 1993, 121’)
Le Conformiste (Il Conformista) de Bernardo Bertolucci (Italie, 1970, 118’)
Rue Cases-Nègres d’Euzhan Palcy (France, 1983, 106’)
Portrait d’une enfant déchue (Puzzle of a Donwfall Child) de Jerry Schatzberg (USA, 1970, 105’)
La Loi de la frontière (Hudutlarin Kanunu) de Lufti O. Akad (Turquie, 1966, 74’)
La Zone de la mort (Niemandsland) de Victor Trivas (Allemagne, 1931, 81’)
Les Enfants du paradis de Marcel Carné (France, 1945, 190’)
Despair de Rainer-Werner Fassbinder (Allemagne, 1978, 115’)
Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau (France, 1975, 106’)
Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin (France, 1960, 91’)
L’Assassin (L’Assassino) d’Elio Petri (Italie, 1961, 100’)


Documentaires :

The Look d’Angelica Maccarone (Allemagne / France, 2011, 95’)
Le Monde de Corman: Exploits d’un rebelle hollywoodien (Corman’s World: Exploits of a Hollywood Rebel d’Alex Stapleton) (USA, 2011, 125’)
Belmondo... Itineraire de Vincent Perrot et Jeff Domenech (France, 2011, 86’)
Kurosawa, la Voie de Catherine Cadou (France, 2011, 52’)
Il était une fois… Orange Mécanique d’Antoine de Gaudemar et Michel Ciment (France, 2011, 52’)

Cannes 2011 : Orange mécanique en copie restaurée et Malcom MacDowell en Master Class

Posté par vincy, le 21 mars 2011

Alors que Stanley Kubrick est la star d'une exposition impressionnante à la Cinémathèque française à partir de mercredi prochain, le Festival de Cannes s'offre une projection exceptionnelle de la copie restaurée d'Orange mécanique.

Film culte. Succès populaire (7,6 millions de spectateurs en France en 1972, le plus gros hit de cette année là). Sujet toujours d'actualité.

Malcom MacDowell sera présent pour la projection, qui devrait avoir lieu en deuxième partie de festival, et donnera une Master Class.

Le film fantôme de Stanley Kubrick

Posté par vincy, le 23 août 2009

aryanpapers.jpgOù l'on reparle d'un projet avorté de feu Stanley Kubrick, dix ans après la mort et le dernier film du Maître.
Ce film s'appelait Aryan Papers. Adaptation du roman en partie autobiographique de Louis Begley, Wartime Lies (en français Une éducation polonaise). On doit à l'écrivain le roman Monsieur Schmidt qui avait donné le film éponyme d'Alexander Payne.

Le cinéaste prend contact avec la République Tchèque pour tourner le film. Un premier scénario est écrit, l'histoire d'une jeune femme juive sa nièce et son neveu qui se font passer pour ces chrétiens dans une Pologne nazifiée.

Kubrick avait tourné un gros quart d'heure de films et avait fait des séances d'essai en costume avec l'actrice Johanna ter Steege dans le rôle principal de Tania. Néerlandaise, on l'a vue dans des films comme L'homme qui voulait savoir, Vincent & Theo, Immortal Beloved... La jeune Uma Thurman devait jouer la nièce et Joseph Mazzello le garçon, qui incarne l'auteur Louis Begley. Le livre est raconté à travers ses yeux.
Il abandonna ce projet, parmi d'autres, quand il a vu le succès de La liste de Schindler de Steven Spielberg. Kubrick le vécu comme un échec, tant il s'était impliqué dans l'histoire, et entra alors en dépression. Il avait commencé à travaillé sur ce thème dessus en 1976, envisageant même de faire un film sur l'industrie de propagande du cinéma nazi. C'est lors de ses recherches qu'il est tombé sur le roman de Louis Begley.
Le producteur de Kubrick, par ailleurs son beau-frère, Jan Harlan espère convaincre la Warner de concrétiser ce projet. Le studio voudrait confier le film à Ang Lee. Mais le cinéaste a déjà deux gros projets en route... Tout cela explique pourquoi on a dévoilé plus tôt dans l'année les archives de Kubrick concernant ce film, et relançant ainsi les espoirs de mise en production. Harlan explique que le script est plutôt risqué, avec de nombeux passages silencieux et dramatiques.

Ce ne sera pas le premier concept de Kubrick a être réalisé de manière posthume puisque c'était déjà le cas de A.I. Intelligence artificielle, de Steven Spielberg. De même le scénario longtemps perdu de Lunatic at Large, écrit dans les années 50 et retrouvé en 2006, devrait être adapté prochainement. Quatre autres scripts existent dans les Archives.

Un autre regard sur Star Trek

Posté par christophe, le 31 mai 2009

Christophe Train fut l'un des collaborateurs les plus importants de l'histoire d'Ecran Noir. Il participa au site de 1997 à 2000, couvrant le festival de Cannes en 1997 et 1998 avec Vincy Thomas. Christophe est aussi un grand fan de la série "Star Trek", un pur "trekky". Cela explique pourquoi nous diffusons sa vision du dernier film de J.J. Abrams. Star Trek, avec plus de 200 millions de $ au compteur au mois de mai, fut aussi le film le plus vu en Amérique du Nord durant les cinq premiers mois de l'année.

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Onzième épisode sur grand écran du feuilleton culte éponyme (créé en 1966), Star Trek relance un intérêt évident pour cette saga avec la caméra de J.J. Abrams, le créateur de la série Lost. Star Trek était accusé d'être ringard, trop littéraire (voire Shakespearien), sans action, pour ne pas dire ennuyeux : ceux-là peuvent revoir leur copie.

Le metteur en scène réussit l'exploit (incroyable) de séduire les plus ardents admirateurs de la saga (dont je suis) comme ceux qui n'en ont jamais été vraiment fans, tout en réinventant le mythe. Une véritable Odyssée spatiale ! Ce récit - en forme de "prequel" à tout ce qui suivra - adopte néanmoins le principe de la "revisitation" thématique de la franchise (TV et cinéma) dans sa totalité. Est-ce à dire que J.J. Abrams en profite pour tout chambouler de A à Z ? Non, absolument pas ! Ilconstruit un autre univers dans lequel sa vision de Star Trek s'émancipe, à la manière d'un Batman par Christopher Nolan qui n'avait rien en commun avec celui de Burton.

Star Trek 11 ou 1bis (selon) évoque la jeunesse et la rencontre de Kirk et Spock, qui apprennent à dépasser leur rivalité, pour contrecarrer les noirs desseins de Nero, un Romulien animé par un désir de vengeance. L'intrigue réserve quelques surprises malicieuses. Ainsi, l'acteur Leonard Nimoy, l'historique Monsieur Spock de la série, est invité à endosser une nouvelle fois, à 78 ans, sa panoplie de Vulcain aux oreilles pointues.

J.J. Abrams a fait un film fabuleux qui excelle en tout point, de mon point de vue. Le plus grand soin a été pris pour être respectueux de la franchise et des personnages créés par Gene Roddenberry au cours des années 60. Techniquement, tout est bon. Le son et les images sont superbes. Les (jeunes) acteurs, plus ou moins connus du grand public, interprètent leur personnage avec justesse. Bref un blockbuster calibré et formaté pour séduire une nouvelle génération de spectateurs. Car, au-delà du respect pour la franchise "Star Trek" dont fait preuve J.J. Abrams dans chaque plan, la troupe (Zachary Quinto, Simon Pegg, Eric Bana, Karl Urban, et le mésestimé Bruce Greenwood) solidifie l'ensemble.

Evidemment ce Star Trek et son classicisme formel nous renvoient à la Science-Fiction cinématographique des années soixante, balayée en son temps par le chef d'oeuvre de Kubrick (2001, L'Odyssée de l'Espace). En cela, on remonte le temps aussi bien dans l'histoire que dans la forme. J.J. Abrams a dépoussiéré les machines mais n'a pas eu la vision nécessaire pour faire de Star Trek un film de SF de référence pour la décennie qui suit. Prudence de l'auteur ou exigences des studios?

Pourtant, malgré cela, et contrairement à mes amis d'Ecran Noir, ce nouveau chapitre de la moribonde franchise "Star Trek" se révèle une authentique réussite. Car grâce à cette régénérescence, Star Trek est de nouveau "tendance" même les Inrocks en ont fait leur couverture!) et ne connaît pas la crise de la quarantaine.

Il ne vous reste plus qu'à vous téléporter dans une salle de cinéma pour essayer de comprendre le culte mondial autour de cette série, à la fois "vintage" et indémodable.