Cannes fiction: L’invasion des profanateurs…

Posté par vincy, le 22 mai 2017

En cette fin des années 2020, la France a bien changé. Avec la victoire du parti des Patriotes aux régionales en 2021 puis celles du parti des Révoltés aux législatives en 2022, le financement de la culture a été bouleversé. Le premier a décidé de couper les vivres au Festival de Cannes trop cosmopolite à son goût, tout en laçant un Festival du film national à Saint-Tropez. Le second a appliqué son programme en demandant aux organisateurs de faire le choix entre financement privé et financement public. Après un conseil d'administration houleux, l'Association du Festival de Cannes a choisi le financement privé et l'Etat a cessé de financer l'événement, préférant répartir ces millions d'euros sur des manifestations cinématographiques plus fragiles.

Cannes a donc ouvert les portes aux sponsoring en grand. Pas trop le choix. D'autant que les distributeurs sont un peu plus pauvres depuis la baisse de la fréquentation mondiale en salles pour les films art et essai, les spectateurs préférant les voir sur les plateformes de SVàD qui emportent les plus beaux contrats au marché du film.

Ce qui était déjà visible dans les années 2000, avec Nespresso, Magnum, L'Oréal, Chopard, Renault, est décuplé. Ainsi, en arrivant par le train, la nouvelle gare de Cannes est aux couleurs de Perrier, fournisseur officielle d'eau minérale, avec des bouteilles à grandeur humaine qui rafraichissent l'air en ces printemps caniculaires. A cause de la montée des eaux, le Festival doit construire des digues éphémères pour continuer d'utiliser ses plages, toutes construites par Bec Frères, qui a fait des miracles à Monaco. Google sponsorise aussi les traductions en 8 langues de tous les films présentés à Cannes. Facebook diffuse en live toutes les conférences de presse.

Le placement produit est devenu roi, avec un tapis rouge orné d'un losange d'une marque de voiture, un écran géant brandé par une marque de téléphone chinoise, un générique du Festival, toujours avec la musique de Camille Saint-Saens (ouf!) introduit par une pub pour le leader des cosmétiques. L'agenda d'une égérie de marque de luxe, par ailleurs actrice, détermine le jour de la projection, permettant de réduire les frais de déplacement pour le producteur et le distributeur. La voix off et la maîtresse de cérémonie citent désormais le nom du styliste et du bijoutier, choisis parmi des signatures "labellisées" partenaires du Festival.

Le plus marquant est sans doute l'arrivée des baskets sur les marches. LVMH, partenaire de La Fabrique du monde et fournisseur officiel de champagne, et Kering, partenaire du Women in Motion, ayant le monopole des vêtements et chaussures pour les invités officiels et les talents en sélection officielle ont su étendre leur contrat pour pouvoir imposer toutes leurs marques, y compris de sportswear. Ainsi on a pu voir Justin Bieber débarquer sur le tapis en exhibant son sous-vêtement Calvin Klein et provoquer une grosse colère de la part des "sponsors officiels".

Le plus délicat fut sans doute pour le Festival de refuser le sponsoring des marches. A moitié réussi, puisque désormais sur chacune d'entre elles des jeunes filles et jeunes hommes à demi-nus forment une haie d'honneur, vêtus de tee-shirts siglés Air France-KLM avec une couleur et une illustration par destination.

Tout cela a finalement permis au Festival d'augmenter son budget et même de créer son Musée du Festival, situé sur le Port. Un Musée mécéné par la Fondation Luma, extension de celui d'Arles.

Cannes 2017: Elle Fanning est la nouvelle ambassadrice L’Oréal Paris

Posté par cynthia, le 16 mai 2017

Comme l'ancienne chronique "L'instant Glam" le montrait tous les ans, le festival de Cannes n'est pas seulement une compétition de films des quatre coins du monde, mais aussi une compétition glamour sur le red carpet.

A l'occasion du 70e anniversaire du festival de Cannes et les 20 ans de partenariat avec la marque L'Oréal Paris en tant que maquilleur officiel, la Croisette ouvre son tout premier cinéma en plein air, sur la plage.

Grande première cette année, la douce et extrêmement talentueuse Elle Fanning (présente en compétition également pour Les proies de Sofia Coppola) devient nouvelle ambassadrice de L'Oréal Paris et pour cette occasion présentera le film Ginger & Rosa, de Sally Potter, le 19 mai.

Du 17 au 22 mai les actrices et ambassadrice de la marque, Julianne Moore, Susan Sarandon, Aishwarya Rai, Eva Longoria et Andie Macdowell annonceront en personne leur film préféré aux cinéphiles.

Julianne Moore a choisi Maps to the Stars, pour lequel elle a reçu un Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes (17 mai), Susan Sarandon présente Thelma et Louise (18 mai), Aishwarya Rai propose Devdas (20 mai), Andie MacDowell a sélectionné Sexe, mensonges et vidéo, Palme d'or qui l'a révélée (21 mai), et Eva Longoria clôturera cette programmation avec Lowriders, son dernier film.

Cannes 2011 – le chiffre du jour : 20 000 000 d’euros

Posté par vincy, le 11 mai 2011

Environ 20 millions d'euros, c'est le budget du festival, assez stable depuis quelques années, malgré la crise. La moitié provient des 14 partenaires officiels (Canal +, L'Oréal, Air France, Chopard, Europcar, Hewlett-Packard, LG, Nestlé, Orange, Renault, Société Générale, Continental Media Assurances, Jacques Dessange et Electrolux). On peut aussi rajouter Kodak pour la Caméra d'or. Beaucoup ont quand même réduit leur train de vie : annulation de fêtes, réduction du nombre d'invités, diminution de la publicité....

L'autre moitié vient des pouvoirs publics : 30% pour la ville de Cannes, 15% du ministère de la Culture, 2,5% de la région et 2,5% du département. La ville répartit ses aides entre une subvention coquette (2,1 millions d'euros) et des aides directes : sécurité, achats d'espace, mise à disposition de la Villa Domergue, ornements publics ... Il faut dire que la ville triple sa population durant le festival. Au total, 250 millions d'euros de chiffre d'affaires sont générés par le Festival (soit près d'un tiers des recettes annuelles de la ville de Cannes dans le secteur Tourisme d'affaires). C'est aussi 2 600 emplois créés durant cette période et 15% du chiffre d'affaires annuels des Hôtels. Cannes rapporte...

Et pourtant le Ministère des Affaires étrangères a cessé son apport régulier.

Spike Jonze dans un container

Posté par kristofy, le 25 mars 2010

spike jonze beaubourgQuand Spike Jonze n’est pas Dans la peau de John Malkovich ou avec Max et les Maximonstres, il redevient le bricoleur original de petits films. Il a réalisé certains des clips les plus réussis pour des artistes comme Weezer, Daft Punk, Fat Boy Slim, The Beastie Boys, Bjork... Il s’est d’ailleurs récemment illustré avec un clip en forme de court-métrage d’une dizaine de minutes avec le rappeur Kanye West en filmant une soirée de débauche.

Spike Jonze a réalisé I’m Here, un curieux court-métrage avec une romance entre robots vraiment réussi. Diffusé sur Internet, vous pouvez aussi le voir gratuitement dans une salle de cinéma. Il est régulièrement projeté dans un container en métal qui voyage de ville en ville, aménagé en mini-salle de cinéma de 14 places. Il s’agit d’une installation éphémère qui est en fait une opération publicitaire pour une marque de spiritueux (Absolut Vodka, à boire avec modération), qui figure seulement dans le générique : bien que cet alcool soit le producteur rien ne l’évoque dans le film. Spike Jonze avait carte blanche pour sa création, et il en a profité. Il en résulte un petit bijou de cinéma d’environ 30 minutes présenté au dernier festival de Sundance.
I’m Here (a robot love story) est donc un court-métrage avec des robots dans un monde d’humains. Le robot Sheldon rentre chez lui se recharger, il va à la bibliothèque, c’est un solitaire avec son pantalon un peu trop court. Après avoir été embarqué dans une virée en voiture il rencontre une jolie robote, et le courant passe. Une scène de séduction dans un parking avec la musique de l’autoradio est d’ailleurs très réussie, tout comme d’autres moments de tendresse. Ils vont aller ensemble à un concert rock où la robote va perdre un bras, et…
On voit que I’m Here se déroule dans une quelconque ville contemporaine et que l’allure des robots est à la limite du déguisement artisanal mais les expressions des visages sont très humaines. C’est une histoire d’amour pas comme les autres entre deux êtres pas comme les autres.
Ce court-métrage de Spike Jonze est à découvrir en ce moment à Paris place Beaubourg (sur le parvis du centre Pompidou), il suffit juste de se présenter devant le container pour être invité à la projection. Il y a des séances toutes les 45 minutes chaque jour de midi jusqu’à 20h15, jusqu’au lundi 29 mars. D’autres projections auront lieu ensuite (du 4 au 16 mai au 104 à Paris) à partir de juillet dans d’autres villes.

Fashion and the movie

Posté par vincy, le 19 mars 2008

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Pressenti en séance spéciale au Festival de Cannes, Sex & the City : The Movie (en salles le 30 mai) essaie de faire monter le buzz pour ne pas se faire marcher sur les sandales par Indiana Jones. Le héros au Stetson sera en effet projeté sur la Croisette le dimanche 18 mai; de quoi faire l'événement.

Mais Sarah Jessica Parker et sa bande vont pouvoir bénéficer d'un marketing digne des championnats de Formule 1 : Mercedes-Benz (grosses caisses allemandes), Coty (Pprfums français), Skyy (vodka américaine d'un groupe italien), H Stern (joaillier brésilien), Glacéau Vitamin Water (filiale de Coca Cola, un empire en soi), Bag Borrow or Steal (location d'accessoires de designers (qui a déjà sa rubrique et ses produits liés au film sur son site).

Il y a quand même quelques limites. New Line, filiale de Warner, ne veut pas en faire un Star Wars  avec Fast food bio en toile de fond. Il s'agit plutôt de construire un plan média digne d'un Super Bowl féminin. Mercedes ne vantera que sa classe S et sa GLK de luxe. La marque de boisson en profitera pour promouvoir sa boisson à base de thé vert et celle contenant des antioxydants. Mieux, les boissons seront disponibles dans tous les multiplexes de AMC lors de la sortie.

Le sponsoring est global : placement produit dans les scènes ou les dialogues, mention du film sur les campagnes de publicités ou les opérations marketing... Chaque marque pourra organiser des événements autour du film (concours, avant-premières, affiches dans les boutiques, produits dérivés...)  Il y a du James Bond dans la méthode. On va vanter les vertus d'un produit plutôt que de citer la marque de façons obscène. Insidieux. La série télévisée n'hésitait pas à citer Apple, Dior, Chanel, Jimmy Choo ou même le Plaza Athénée lors de ses épisodes parisiens. L'antidote à Naomi Klein?