Bilan 2011 : les films les plus consultés sur Ecran Noir

Posté par redaction, le 1 janvier 2012

Chers lecteurs, vous avez des goûts éclectiques. Des succès du box office, des films d'auteurs, des comédies, une Palme d'or, un Ours d'or et un Lion d'or. Et même le film oscarisé de l'année en tête. Du Québec à l'Iran, les films que vous avez le plus consulté ne sont pas forcément nos choix en tant que critiques. Comme souvent les films sortis au début de l'année, et déjà en DVD/Blu-Ray prennent l'avantage.

1 - Le discours d'un roi. 3 *. Oscar du meilleur film.
2 - Rien à déclarer. 2*. 2e au box office français.
3 - Somewhere. 3*. Lion d'or 2010 à Venise.
4 - Incendies. 4*. Meilleur film canadien.
5 - Black Swan. 4*. Meilleur film indépendant américain.
6 - 127 heures. 4*.
7 - Les femmes du 6e étage. 3*.
8 - Crazy, Stupid, love. 2*.
9 - The Tree of Life. 2*. Palme d'or à Cannes.
10 - Une séparation. 5*. Ours d'or à Berlin.

L’instant Court : Electrobank réalisé par Spike Jonze, avec Sofia Coppola

Posté par kristofy, le 7 janvier 2011

ElectrobankComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Music For One Apartment And Six Drummers réalisé par Ola Simonsson et Johannes Stjarne Nilsson, voici l’instant Court n° 14.

C’est le tout début de l’année 2011 et enfin le moment de découvrir en salles le film Somewhere de Sofia Coppola qui était parvenu à remporter le Lion d’or du festival de Venise. C’est son 4ème long-métrage, mais Sofia Coppola a réalisé encore plus de formats courts : le court-métrage Lick the star, deux publicitéx pour un  parfum, une poignée de clips musicaux (notamment pour the White Stripes, the Flamming Lips…). Sofia Coppola est passée aussi parfois devant la caméra (des apparitions dans les films de son père Francis Ford Coppola) pour faire l’actrice dans quelques clips-vidéos, dont on retiendra Sometimes Salvation de the Black Crowes mis en images par Stéphane Sednaoui.

A l’aube des années 90, Sofia Coppola devient amie avec Spike Jonze en passe de devenir un des réalisateurs de clips les plus remarqués du moment, ils se marieront en 1999 avant de divorcer en 2003. Cette séparation va être abordée par Sofia dans son premier scénario original (qui lui fera gagner un Oscar) Lost in translation : une jeune femme s’ennuie dans un hôtel pendant que son amoureux qui réalise des clips s’amuse de son côté…

Voila donc le court-métrage Electrobank réalisé par Spike Jonze, un clip pour le groupe the Chemical Brothers (dont on voit la photo à la fin), avec en actrice principale Sofia Coppola. On la découvre dans un rôle de gymnaste qui n’est pas très éloignée de ce que la jeune Sofia Coppola de 1997 va devenir ensuite : elle veut à la fois être la meilleure possible dans son art et en même temps briller aux yeux de ses amis et parents. A noter que dans son dernier film Somewhere Sofia Coppola intègre une scène qui fait un peu écho à ce clip : à la patinoire la fillette voudrait que son père remarque ce qu’elle sait faire…

Le réalisateur Spike Jonze s’est depuis illustré au cinéma avec Dans la peau de John Malkovitch, Adaptation et Max et les maximontres. Il continue de réaliser des clips de musique et autres courts-métrages comme I’m here.

Black Swan de Darren Aronofsky en avant-première

Posté par MpM, le 9 décembre 2010

Est-ce pour nous réchauffer au coeur de l'hiver ? Les films américains les plus attendus du premier trimestre 2011 s'invitent à Paris le temps d'avant-premières prestigieuses et exceptionnelles. Ainsi, après Somewhere de Sofia Coppola il y a quelques jours, c'est au tour de Black Swan de Darren Aronosky (The wrestler, The fountain) de passer par la capitale.

Vous n'en pouvez plus d'attendre ce film qui réunit Natalie Portman,Vincent Cassel, Mila Kunis et Winona Ryder dans un thriller troublant et sublime sur fond de danse classique, et qui fut l'un des moments forts du festival de Venise?

Alors rendez-vous à l'UGC ciné-cité de Bercy vendredi 10 décembre à 20h pour assister à cette projection unique qui aura lieu en présence du réalisateur. Les réservations ne semblent d'ores et déjà plus possible sur le site d'UGC... mais peut-être restera-t-il quelques places à prendre le soir-même ? Sinon, la première séance de rattrapage est... le 9 février 2011.

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Black Swan de Darren Aronofsky
Avec Natalie Portman,Vincent Cassel, Mila Kunis, Winona Ryder, Barbara Hershey...
Avant-première le 10 décembre 2010
Sortie le 9 février 2011

The Social Network, grand vainqueur des prix du National Board of Review

Posté par vincy, le 3 décembre 2010

En attendant la super-semaine des prix (Critiques de Los Angeles, New York et nominations aux Golden Globes les 12,13 et 14 décembre), le National Board of Review (110 critiques et historiens) a décerné les siens et fait ses listes des meilleurs films de l'année.

David Fincher est le grand vainqueur de ce premier palmarès de l'année. Cela ne signifie en rien qu'il obtiendra l'Oscar, mais ses nominations semblent assurées. The Social Network emporte avec lui quatre prix, les plus importants : film, réalisateur, scénario et acteur (Jesse Eisenberg).

Le cinéma indépendant américain est aussi l'un des gagnants de cette sélection avec six prix pour des films issus de Sundance pour la plupart. Mais on note aussi de sérieux absents : Black Swan, en premier lieu.

Le cinéma français n'est pas en reste : Des hommes et des Dieux obtient le prix du meilleur film étranger, L'illusionniste reçoit un prix Spotlight (un coup de coeur) et White Material est choisi parmi les cinq meilleurs films en langue étrangère de l'année, où on croise aussi le québécois Incendies.

Les prix :

Film: The Social Network
Réalisateur : David Fincher (The Social Network)
Acteur: Jesse Eisenberg (The Social Network)
Actrice: Lesley Manville (Another Year)
Second rôle masculin : Christian Bale (The Fighter)
Second rôle féminin : Jacki Weaver (Animal Kingdom)
Film en langue étrangère : Des hommes et des Dieux
Documentaire : Waiting for Superman
Animation : Toy Story 3
Casting d'ensemble : The Town
Révélation : Jennifer Lawrence (Winter's Bone)
Nouveau talent (cinéaste) : Sebastian Junger et Tim Hetherington (Restrepo)
Prix Spotlight : Sylvain Chomet et Jacques Tati (L'Illusioniste)
Scénario original : Buried
Scénario / adaptation : The Social Network
Direction artistique : Dante Ferretti (Shutter Island)
Prix spécial pour l'ensemble de son travail : Sofia Coppola (scénario, réalisation, production de Somewhere)
Prix William K. Everson (Histoire du cinéma) : Leonard Maltin
Prix NBR de la liberté d'expression : Fair Game, Conviction, Howl

Les listes :

Top 10 films : Another Year ; The Fighter ; Hereafter ; Inception ; The King's Speech ; Shutter Island ; The Town ; Toy Story 3 ; True Grit ; Winter's Bone

Top 5 films en langue étrangère : Amore ; Incendies ; Soul Kitchen ; White Material

Top 5 documentaires : A Film Unfinished ; Inside Job ; Joan Rivers: A Piece of Work ; Restrepo ; The Tillman Story

Top 10 films indépendants : Animal Kingdom ; Buried ; Fish Tank ; The Ghost Writer ; Greenberg ; Let Me In ; Monsters ; Please Give ; Somewhere ; Youth in Revolt

Venise 2010 : Lion d’or pour Sofia Coppola et palmarès controversé

Posté par MpM, le 12 septembre 2010

Les possibilités étaient nombreuses et les pronostics relativement ouverts, mais c'est assurément un palmarès inattendu et surprenant qu'ont rendu Quentin Tarantino et les membres du jury de la 67e Mostra. S'il est toujours possible de gloser sans fin (et sans réel intérêt) sur un choix forcément subjectif, tenant plus du compromis entre 7 personnes très différentes que de l'étude scientifique, on est tout de même en droit dans ce cas précis d'être déçu par le résultat des délibérations car il ne reflète absolument pas la diversité et la qualité d'une sélection unanimement saluée.

Admettons que le Lion d'or décerné à Somewhere de Sofia Soppola n'ait rien à voir avec le copinage : Tarantino et elle ont eu une liaison par le passé, mais on peut laisser au réalisateur le bénéfice du doute. Après tout, c'est un très joli film, touchant, presque plus réussi dans sa fragilité que ses précédents longs métrages. D'autant que les oeuvres favorites de la critique, qui ont plus la "carrure" d'un Lion d'or, comme The ditch de Wang Bing ou Post Mortem de Pablo Larrain, semblaient peut-être des choix trop évidents. Mais de là à les évacuer totalement du palmarès final...

Peu de films dignes d'être récompensés ?!

Même chose pour le double prix accordé à Alex de la Iglesia. Mise en scène, pourquoi pas. Il y avait pas mal d'autres possibilités (Darren Aronofsky, Abdellatif Kechiche, Takashi Miike...), mais on peut aimer ce style visuel excentrique et radical. Par contre, impossible de cautionner le prix du scénario quand justement le film semble n'en avoir aucun, se résumant à une banale histoire de rivalité amoureuse dérivant en règlement de comptes sanglant. Pourquoi, dans ce cas, ne pas choisir de récompenser l'un des autres bons films de la sélection ? Black swan, Post mortem, Silent souls... les candidats ne manquaient pas. L'autre double prix récompensant Essential killing de Jerzy Skolimowski (prix du jury et prix d'interprétation masculine) a également de quoi faire grincer des dents, parce qu'il donne vraiment l'impression que le jury a trouvé peu de films dignes d'être récompensés.

Enfin, les deux prix d'interprétation féminines semblent presque une blague : tout le monde attendait (à raison) Natalie Portman dans Black Swan, et c'est finalement celle qui interprète son amie dans le film, Mila Kunis, qui est récompensée, pour un second rôle somme toute sans éclat, par un prix de la "jeune actrice"... prix que l'on espérait voir revenir à Yahima Torrès dans Vénus noire d'Abellatif Kechiche.

Ce qui est relativement dommage, et  injuste, c'est qu'avec un tel palmarès, cette 67e édition de la Mostra de Venise risque de rester en mémoire comme un festival plutôt moyen. Exactement le contraire de Cannes qui a été sauvé par un palmarès ayant réussi à mettre en avant le meilleur d'une compétition pourtant en demi-teinte.

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Le palmarès 2010

Lion d'or
Somewhere de Sofia Coppola

Lion d'argent (prix de la mise en scène)
Alex de la Iglesia pour Balada triste de trompeta

Prix du jury
Essential killing de Jerzy Skolimowski

Prix du meilleur acteur
Vincent Gallo pour Essential killing

Prix de la meilleure actrice
Ariane Labed pour Attenberg

Prix de la meilleure jeune actrice
Mila Kunis dans Black swan

Prix de la meilleure photo
Le Dernier voyage de Tanya de Aleksei Fedorchenko

Prix du meilleur scénario
Alex de la Iglesia pour Balada triste de trompeta

Lion spécial pour l'ensemble de sa carrière
Monte Hellman

Venise 2010 (vidéo) : jour 9 – Pronostics et premières récompenses

Posté par kristofy, le 11 septembre 2010

Venise 2010 : retour sur la compétition

Posté par MpM, le 11 septembre 2010

De manière générale, tout le monde est d'accord pour reconnaître la bonne tenue de la sélection 2010, presque plus captivante que celle de Cannes ou de Berlin. En effet, les réalisateurs attendus au tournant ont peu déçus tandis que les autres ont réussi à créer de belles surprises. On se retrouve donc en fin de festival avec des pronostics très ouverts sur l'identité des lauréats.

Dans le détail, il est frappant de constater que plusieurs thématiques très fortes se dégagent de ces 24 films venus pourtant de tous les horizons.

Le poids de l'Histoire

Tout d'abord, l'Histoire avait cette année une importance toute particulière, qu'elle soit au centre des intrigues comme dans Noi credevamo de Mario Martone, fresque épique sur la révolution italienne, ou plus en toile de fond comme dans les deux actioners asiatiques Detective Dee and the mystery of phantom flame de Tsui Hark et 13 assassins de Takashi Miike. Julian Schnabel, lui, aborde dans Miral les différentes étapes du conflit israélo-palestinien à travers la vie de plusieurs personnages qui se croisent. Dans Ballade triste de trompeta d'Alex de la Iglesia, la grande Histoire sert elle-aussi de prétexte à la petite, puisque son personnage principal est traumatisé par les horreurs de la guerre civile.

Enfin, trois films mêlent intimement témoignage historique et destins particuliers, puisant dans les faits réels qu'ils exposent une force dramatique supplémentaire : Venus noire d'Abdellatif Kechiche retrace les dernières années de la vie de Sarah Baartman, dite la "Venus Hottentote", Post mortem de Pablo Larrain se déroule au moment du coup d'état contre Salvador Allende au Chili, période troublée de massacres et de peur, et The ditch de Wang Bing raconte le quotidien miséreux de prisonniers politiques chinois croupissant dans un camp de travail insalubre pendant les années 60. Les journalistes chinois ont d'ores et déjà été prévenus, il est interdit de parler du film. Et si c'est lui qui gagne, il faudra tout simplement prétendre qu'aucun lion d'or n'a été décerné cette année. Preuve que le passé n'a pas fini d'être sensible, en plus d'être une excellente source d'inspiration.

Identité sexuelle 2.0

Dans un genre très différent, de nombreux films se sont intéressés aux questions d'identité sexuelle. Dans Potiche de François Ozon, les enjeux de la fin des années 70 font clairement écho à notre époque : émancipation, indépendance financière, libération sexuelle... Le film interroge ce qu'est être une femme et se moque des dernières barrières sexistes. Dans Black Swan de Darren Aronofky et La solitude des nombres premiers de Saverio Costanzo, les deux héroïnes fantasment sur une autre femme, et vont jusqu'au passage à l'acte plus ou moins fantasmé.

De plus, à travers la question de l'identité sexuelle, c'est la notion même de couple qui vole en éclats pour mieux donner naissance à quelque chose de meilleur. Happy few d'Antony Cordier explore différentes combinaisons échangistes entre deux couples qui se rendent compte qu'ils fonctionnent mieux à 4 qu'à 2. Drei de Tom Tykwer réinvente le trio classique de la femme, le mari et l'amant, en jetant les deux hommes dans les bras l'un de l'autre, et en appelant à abandonner les "idées préconçues de détermination biologique". A bas les étiquettes, en somme.

Vous avez dit abstraction ?

Enfin, il y a presque de quoi relancer le vieux débat sur l'abstraction au cinéma, tant certains films essayent de s'affranchir de toute narration, voire de toute intrigue. Cela donne des oeuvres arides et épurées, parfois radicales, qui ne cherchent pas à séduire a priori. C'est le cas d'Essential killing de Jerzy Skolimowski, où Vincent Gallo est seul dans la neige pendant plus de la moitié du film. Ou encore de Promises written in winter, de et avec Vincent Gallo, sorte d'essai destructuré où l'acte de création a lieu en direct, encore et encore, jusqu'à trouver le ton juste.

Somewhere
de Sofia Coppola tend lui-aussi vers cette sorte d'abstraction en se contentant de capter la vie dans ce qu'elle a de plus quotidien. Au début et à la fin du film, on voit ainsi le personnage dormir, manger, marcher, en un mot vivre. Le reste est une succession de saynètes et de petits moments privilégiés. Silent Souls d'Aleksei Fedorchenko est un road-movie poétique et contemplatif sur les rites funéraires d'une éthnie russe imaginaire. Les gestes et les rituels y comptent bien plus que l'histoire-prétexte. Enfin, Meek's cutoff de Kelly Richardt se déroule dans les vastes plaines désertiques et désolées de l'Ouest américain. On y suit une poignée de pionniers à la recherche d'un point d'eau. L'intrigue et les dialogues tiennent sur un timbre poste, et là aussi tout est dans les gestes accomplis et l'écoulement du temps.

S'il est possible de considérer cette sélection comme un instantané de la production cinématographique à un instant "t", alors les réalisateurs contemporains semblent avant tout obnubilés par la question du temps qui passe. A la fois dans la nécessité d'interroger le passé pour mieux comprendre le présent, que dans celle de capter le flot de la vie et son irrésistible bouillonnement. Dans tous les cas, ils se projettent dans un avenir proche ou lointain qu'ils espèrent tous plus harmonieux, car ayant tiré les leçons de l'Histoire, et plus satisfaisant, car ayant redéfini les différents rapports sociaux entre les êtres. Le cinéma comme synthèse et utopie politiques, en quelque sorte.

Venise 2010 (vidéo) : jour 2 – Sofia Coppola et Clotilde Hesme

Posté par kristofy, le 4 septembre 2010