7 films pour survivre au confinement (partie 2)

Posté par wyzman, le 13 avril 2020

Pour ne pas sombrer dans l’ennui pendant ce confinement, la rédaction d’Ecran Noir vous propose toutes les semaines une sélection de 7 films disponibles en VOD. L’occasion de redécouvrir des pépites oubliées ou de prendre de belles claques !

Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock (La Cinetek)

Vous vous plaignez d’être enfermés ? Ça pourrait être pire avec une jambe dans le plâtre. Mais bon vous n’avez peut-être pas Grace Kelly comme aide soignante. Profitez en pour faire marcher votre imagination en regardant à la fenêtre (ça fait du bien de rendre le soleil). Voyeur, ce n’est pas interdit. Et Hitchcock en fait d’ailleurs un brillant suspens.

Le médecin de famille de Lucia Puenzo (Universciné)

Raoult ou pas Raoult, peu importe. Au moins lui tente de sauver des vies. Alors qu’ici Josef Mengele, médecin diabolique nazi réfugié en Argentine, s’adonne à des expériences thérapeutiques autrement plus effroyables. Il ne fait pas bon d’être malade et de le fréquenter. De quoi vous faire frissonner sur les manipulations génétiques.

L’impossible monsieur bébé de Howard Hawks (La Cinetek)

Qui dit confinement dit besoin de rire, et si ce n'est pas l'une des meilleures comédies au monde, on ne sait pas ce qu'il vous faut ! Cary Grant, Katherine Hepburn, un léopard : tous les ingrédients pour une succession de scènes virevoltantes et légères comme des bulles de champagne.

Pris au piège d'Alex de la Iglesia (Netflix)

Rentrer dans un bar pour s'y réfugier quand y'a des gens qui se font tirer dessus alors c'est un bon abri, il y a à boire et aussi d'autres gens pour comprendre ce qui se passe dehors. Rester confiné dans ce bar trop longtemps n'est pourtant peut-être pas une bonne stratégie, car il faut bien choisir avec qui sympathiser…

Solaris d'Andreï Tarkovski (La Cinetek)

Une station orbitale quasi déserte, un scientifique veuf et inconsolable, des apparitions d'êtres venus du passé... la science-fiction selon Tarkovski, qui adapte le formidable roman de Stanislas Lem, est dépouillée, contemplative et métaphysique. Ici, le confinement est aussi bien mental que physique, et nous ferait presque oublier notre propre condition.

The Revenant d’Alejandro Gonzalez Inarritu (Netflix)

Envie d’un grand western et d’un film avec Leonardo DiCaprio ? The Revenant est fait pour vous ! En 1823, le trappeur Hugh Glass est laissé pour mort par ses coéquipiers après avoir été attaqué par un ours. Plus coriace que prévu, il se lance à la recherche de l’homme qu’il a trahi. Un survival movie comme on en voit rarement porté par la grâce d’un acteur enfin oscarisé.

The Silence de John R. Leonetti (Netflix)

Les fans de Bird Box aimeront The Silence… Alors que d’horribles créatures envahissent la Terre pour chasser les hommes au bruit, une famille se réfugie dans un lieu isolé avant d’être confronté à un culte fasciné par les sens développés de leur fille sourde Ally. Consistant et flippant, The Silence peut compter sur son casting : Stanley Tucci du Diable s’habille en Prada et Kiernan Shipka et Miranda Otto des Nouvelles Aventures de Sabrina.

BONUS : Triangle de Christopher Smith (Prime Video)

Si vous êtes confiné entre amis sur un petit bateau secoué par une grosse tempête, la seule chose à espérer est d'être secouru par un gros navire : mais pas celui-ci. Le paquebot est gigantesque et pourtant bizarre il semble n'y avoir personne à bord, sauf peut-être quelqu'un qui vous ressemble beaucoup et qui cherche à vous tuer ! On peut perdre la tête à se retrouver isolé…

Cannes 2018 : Cannes en orbite avec « Solaris »

Posté par MpM, le 10 mai 2018

Puisque cette 71e édition nous emmène dans les étoiles avec l’avant-première mondiale de Solo: A Star Wars Story, nouvel épisode de l'univers étendu de la saga Star Wars, présenté hors compétition, et la projection de 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick dans une nouvelle copie 70 mm restaurée (sans modification numérique de l'oeuvre de 1968) à Cannes Classics, profitons-en pour un petit tour d’horizon des « Space opéras » qui ont eu les honneurs de la sélection officielle.

Cannes ce n'est à priori pas le lieu où on s'imagine voir un film de vaisseau spatial et de bataille intergalactique, et pourtant certains gros films de science-fiction ont bel et bien décollé depuis la croisette. Retour sur le moins spectaculaire, mais le plus intrigant, d'entre eux.

Solaris, troisième long métrage d'Andreï Tarkovski, est en compétition à Cannes en 1972, soit trois ans après la sélection d'André Roublev. Il a beaucoup été dit qu'il s'agissait de la réponse de l'URSS à 2001 Odyssée de l'espace sorti 4 ans auparavant, et donc celle de Tarkovski à Kubrik, mais le réalisateur russe lui-même rejetait cette vision des choses. Lui qui jugeait le film de Kubrik "froid et stérile", "misant trop sur la technologie", affirme, au contraire, s’être attaché à faire de Solaris son opposé.

En 1972, le cinéaste est dans un période compliqué de sa carrière. Depuis André Roublev, tous ses scénarios personnels ont été refusés, et le projet qui lui tient le plus à cœur, et qui deviendra Le Miroir, est toujours en attente. Les autorités soviétiques, elles, sont soucieuses de rivaliser avec les Etats-unis dans le domaine du film spatial. Tarkovski adapte donc (plutôt fidèlement) le roman Solaris de Stanislaw Lem et obtient enfin une autorisation de filmer.

Ici, les amateurs de space opera spectaculaires en sont pour leur frais : après 45 minutes de préparatifs, sur terre, de la mission spatiale amenant le héros dans la base d'observation de Solaris, une ellipse le montre arrivé à son bord. Tout ce que l'on verra de l'espace est le fameux océan vivant et intelligent qui recouvre la surface de la planète. Pour le voyage dans les étoiles, on repassera. Mais pour le parcours intérieur métaphysique, on a définitivement frappé à la bonne porte !

Dans la station, les scientifiques restants ont à moitié perdu la raison, et Kris Kelvin, le personnage principal, est avant-tout envoyé pour évaluer la situation. Les Hommes ont enfin trouvé une autre forme de vie que la leur, mais échouent à établir un contact avec elle. Pire, ils sont effrayés par les messages que leur envoie cette entité sous la forme d'êtres issus de leur passé ou de leurs souvenirs.

Kelvin croit ainsi devenir fou en voyant apparaître sa propre femme, qui s'est suicidée dix ans plus tôt. Dans le huis clos de la station se bousculent alors les questions existentielles et métaphysiques sur la nature des créatures et de l'Océan. Maléfiques ? Divines ? Bien sûr le film ne livre pas de réponses, mais sa fin laisse peu de place à l'espoir : les hommes sont bien seuls devant l’immensité de l'espace, incapables de ne serait-ce que toucher du doigt le mystère de la vie et de la création.

D'une beauté douloureuse et austère, assez éloigné de ce que les autorités soviétiques attendaient de lui, Solaris fait une forte impression et repart de Cannes avec un grand prix spécial du jury (le grand prix international va à La classe ouvrière va au Paradis de Elio Petri ex-aequo avec L'Affaire Mattei de Francesco Rosi). Bien qu'il soit le plus minimaliste des films de science fiction présentés à Cannes (et probablement de toute l'histoire du space opera), il n'en est pas moins l'un des plus célèbres, envoûtant et mystérieux, qui apporte à chaque vision son nouveau lot de questions... et si peu de réponses définitives.