Vesoul : le cinéma Taiwanais d’après la Nouvelle Vague

Posté par kristofy, le 3 février 2010

cité des douleursPour poursuivre son regard sur le cinéma taïwanais, Vesoul propose de revoir certains films des pionniers de la Nouvelle Vague taiwanaise (qui s’est arrêtée en 1987)  et même d’en découvrir certains qui n'ont jamais été diffusés en France.

Ainsi sont programmés deux films d'Edward Yang (Yi Yi et Ce jour-là sur la plage, film de 1983 resté inédit en France) ainsi que La cité des douleurs de Hou Hsiao Hsien qui revient sur la période entre le départ des japonais de Taïwan et le début de la loi martiale chinoise. Ce dernier,  malgré son Lion d’Or à Venise en 1989, avait disparu de la circulation. Une nouvelle copie a donc dû être refaite pour que le film puisse être projeté à Vesoul.

Les festivaliers ont également pu (re)voir Betelnut Beauty (Ours d’argent à Berlin en 2001) et Murmures de la jeunesse (à Cannes en 1997) de Lin Cheng-Sheng, Blue gate crossing de Yee Chih-Yen, Goodbye Dragon Inn de Tsai Ming-Liang et Lust Caution (Lion d’Or à Venise en 2007) de Ang Lee. Deux autres films tirés de la sélection ont retenu notre attention : Hidden whisper et God man dog.

Portrait de femmes et film choral

Hidden Whisper est le premier long-métrage de Vivian Chang en 2000, il était resté inédit en France. On y remarque déjà le joli visage d’une actrice qui allait être reconnue plus tard en occident : la belle Shu Qi. Une petite fille mendie la charité avec son père sur les marchés et au retour à la maison elle observe ses parents qui se disputent. La fillette supporte ce quotidien gris en le colorant  en fêtes dans des rêvasseries imaginaires. Une adolescente utilise les cartes d’identité de clientes de la boutique où elle travaille pour voler des vhs de films en location ou entrer dans des clubs où l’on sert de l’alcool, mais un jour elle rencontre un homme muet qui lui n’a plus d’identité après un accident de scooter. Une femme qui fuyait sa mère se rend compte deGod man dog son importance quand celle-ci risque de mourir dans un lit d’hôpital. Hidden Whisper montre différentes relations mère-fille avec trois portraits féminins à différents âges où on fait comme si on était quelqu’un d’autre.

God man dog est plus inégal, un film-choral avec aussi un récit éclaté entre différents personnages. On y croise un homme qui veut arrêter de boire après avoir fait souffert sa famille, un couple en crise va essayer de surmonter le décès de leur bébé, un conducteur de camion qui prend soin de divinités en statuettes doit trouver de l’argent pour une nouvelle jambe artificielle, deux jeunes filles profitent de leur corps (en faisant de la boxe, en posant pour des photos) pour gagner leur indépendance… La réalisatrice Singing Chen explique que "nous vivons dans un monde matérialiste où l’on donne un prix à toute chose. Ce ne sont pas les biens matériels ni la dévotion religieuse qui peuvent aider les protagonistes du film à trouver la paix intérieure".