Sorrentino abandonne son film sur Berlusconi

Posté par redaction, le 7 décembre 2016

paolo sorrentino oscars 2014Paolo Sorrentino (La grande bellezza, "The Young Pope") abandonne Loro. Ce devait être son prochain film. Loro était consacré à Silvio Berlusconi, en évoquant son ascension vers le pouvoir.

Or, le réalisateur vient de révéler à Cinecitta News que "c'était une histoire compliquée et qu'il n'est pas toujours possible de faire le film que vous avez envie de faire."

Loro devait se tourner l'année prochaine. Le cinéma italien spéculait même sur l'acteur qui devait incarner Berlusconi: Massimo Boldi semblait bien parti. Sans s'attarder sur les raisons de cet abandon, le cinéaste a du se résigner face aux nombreux obstacles qui l'attendaient. P

Pour les Italiens, Berlusconi est une figure du passé, qui ne les intéressent plus. Par ailleurs, dans le climat politique actuel, le financement de films italiens devient de plus en plus compliqué. Malgré la notoriété du cinéaste et sa capacité à attirer des coproducteurs étrangers, Sorrentino, en s'attaquant à un sujet aussi politique, ne pouvait peut-être pas réunir le budget nécessaire.

Surtout, comme nous l'avions dit lors de l'annonce du projet, les films de Sorrentino ont été récemment co-financés et distribués par Medusa, une société de Berlusconi. Et à part la puissante Medusa, peu de sociétés en Italie peuvent produire les films de Sorrentino, parmi les plus chers du cinéma local (entre 10 et 13M d'euros).

Cependant, rassurons nous, enthousiasmé par son travail pour la télévision avec The Young Pope, Paolo Sorrentino a annoncé qu'il écrivait une deuxième saison.

Silvio Berlusconi au cœur du prochain film de Paolo Sorrentino

Posté par vincy, le 11 septembre 2016

paolo sorrentino oscars 2014Alors que Paolo Sorrentino vient de montrer les premiers épisodes de sa série TV The Young Pope, avec Jude Law, au festival de Venise, le cinéaste italien oscarisé pour La Grande Bellezza a annoncé que son prochain film sera consacré à Silvio Belusconi.

Ce sera évidemment à la manière de Sorrentino qui a toujours aimé travestir la biographie tragique et souvent corrompue en œuvre stylisée: L'homme en plus retraçait le destin du footballeur Agostino Di Bartolomei, Les conséquences de l'amour décryptait les méthodes de la Cosa Nostra et Il Divo suivait le parcours politique de Giulio Andreotti...

Cette fois-ci, Sorrentino, qui écrit actuellement le scénario, se concentrera sur les liens entre Berlusconi (déjà pastiché par Nanni Moretti dans Le Caïman en 2006, où Sorrentino avait d'ailleurs un rôle en tant qu'acteur) et son premier cercle, tout en décodant les liens entre l'homme politique, le patron des médias, et son emprise sur l'Italie durant deux décennies. Selon les producteurs, le film sera surtout une analyse du monde de Berlusconi plutôt qu'une satire ou une critique.

Le titre provisoire du film a un double sens : Loro peut vouloir dire "eux" comme il peut s'agir d'un jeu de mot avec L'oro ("L'or").

Le tournage est prévu pour l'été 2017 et la sortie programmée pour 2018.

Ironiquement, c'est une société de Berlusconi, Medusa, qui avait coproduit les derniers films du cinéaste. Cette fois-ci, on s'en doute, Medusa ne sera pas impliquée.

Ecran Rose : Rocco Siffredi souhaite tourner un porno avec Berlusconi

Posté par matthieu, le 29 avril 2012

Décidément, après l'annonce d'une adaptation des frasques sexuelles de notre Dominique Strauss-Kahn national (voir notre actualité du 6 février 2012), c'est maintenant les bunga bunga de l'ancien chef du gouvernement italien qui font rêver. Mais attention, point de Depardieu ou équivalent pour incarner "Il Cavaliere" puisque c'est l'étalon italien en personne, la star du porno, Rocco Siffredi qui s'y intéresse. Celui-ci aurait déclaré sur une radio italienne "Un beau film porno avec beaucoup, beaucoup de femmes et Silvio Berlusconi, ce serait le pied !"

Un projet en somme très professionnel pour ce hardeur qui semble prêter une attention toute particulière aux dérives sexuelles berlusconiennes. Il n'est d'ailleurs pas le seul puisqu'il y a quelques mois déjà, le rubygate (l'affaire dans laquelle l'ex-Président du Conseil s'est vautrée avec une jeune prostituée mineure) avait déjà fait l'objet d'une adaptation pornographique dans Bunga Bunga présidente avec en guest... Rocco Siffredi. La boucle est bouclée.

La star du porno souhaite donc maintenant aller plus loin et lance une offre à Berlusconi dont il ajoute qu'il est le seul homme politique à pouvoir faire son travail. Et puisque Rocco ne fait pas les choses à moitié (avec 25 cms entre les jambes il n'y a rien d'étonnant), le titre de ce futur duo est déjà tout trouvé : "Attenti a quei due" (Attention à ces deux-là). L'artiste conclut à la radio sur le nouveau chef de gouvernement Mario Monti en expliquant : "Je suis très perplexe. J’aurais aimé qu’il ait un visage un peu moins sérieux. J’aimais plus la tête du président Berlusconi." Pas sûr toutefois que celui-ci réponde à cet appel...

Venise menacé… Venise sauvé ?

Posté par vincy, le 2 avril 2011

Turbulences en Italie. Et pas seulement à cause des affaires de moeurs et de corruption mafieuse qui discréditent chaque jour un peu plus Silvio Berlusconi et sa clique. Le gouvernement italien, dans un premier temps avait décidé de baisser son aide au prestigieux festival de Venise, qui passait ainsi de 7,1 millions d'euros à 4 millions. Autant dire qu'il y a avait péril sur la Lagune... En dessous d'un certain montant, le Festival ne peut plus être organisé dans de bonnes conditions, alors que la concurrence est vive : Toronto (et son nouveau Palais) attire de plus en plus de professionnels et de journalistes, Cannes lifte son Bunker (voir notre actualité du 20 mars dernier), son proche (et récent) rival Festival de Rome prend de l'ampleur ... et Venise investit lourdement dans son nouveau complexe permettant de mieux accueillir les festivaliers.

Sans compter que le Ministre de la Culture, Sandro Bondi, était moqué, critiqué, insulté en Italie comme à l'étranger à cause de diverses provocations dignes du temps de Mussolini (il considérait que c'était au gouvernement italien d'avoir à choisir le palmarès du Festival). Il avait boycotté les festivals de Cannes (voir voir notre actualité) et de Locarno, et avait sous-entendu que les films devaient désormais obtenir l'aval de son Ministère pour obtenir des subventions : manière de rétablir une forme de censure politique. Le Ministre avait disparu des médias après le choc émotionnel qu'a causé le délabrement des ruines de Pompéï, qui tombaient ... en ruine. En fait, il a même décidé de faire grève, en ne venant plus à son Ministère, lassé par les critiques à son égard...

Berlusconi a donc tout remis à plat. Les coupes budgétaires (drastiques) prévues ont été annulées. C'était 568 millions d'euros par an en moins qu'il aurait fallu aller chercher. Le budget de la Culture sera à peu près équivalent à celui de l'an dernier. Et surtout le Ministre a été démis de ses fonctions. Sandro Bondi est remplacé par le ministre de l'agriculture, Giancarlo Galan, ancien gouverneur de la région du Véneto, et donc très proche du Festival de Venise, mais peu relié à la Culture. Tout cela a permis d'éviter une grave crise, et des grèves dans le secteur de l'industrie cinématographique et dans celle des spectacles.

Une partie du financement proviendra d'une nouvelle taxe sur l'essence. La mesure a été adoptée en urgence pour éviter une grève générale : environ 150 millions d'euros de fonds supplémentaires par an pour le secteur de la culture proviendront de la hausse de 1 à 2 centimes du prix de l'essence (20 euros par an et par véhicule). Cela permet de réapprovisionner les fonds à destination du spectacle vivant (428 millions d'euros) et de financer le crédit d'impôt culturel (cinéma et spectacle vivant).

A l'inverse, le gouvernement a aboli une taxe sur les billets de cinéma qui devaient permettre de financer les aides aux productions de films. Les exploitants avaient hurlé contre cette ponction, qui, pour le coup aurait été utile, à condition qu'elle soit coordonnée. Depuis des années, les professionnels réclament des aides plus stables provenant de tous les supports de diffusion, télévision et internet inclus. On comprend que Berlusconi, patron d'un groupe qui rassemble des chaînes de télévision comme des distributeurs de films, ne soit pas très favorable à cette mesure, qui réduirait ses marges bénéficiaires. Par conséquent, le cinéma italien dépend de chaînes publiques et privées, qui, indirectement, dépendent de Silvio Berlusconi.

Car, durant cette crise, c'est bien le cinéma italien qui était le plus concerné, le plus agressé par le gouvernement. Le Fonds unique pour le spectacle, l'équivalent de l'Avance sur recettes en France, devait voir sa dotation divisée par deux (soit 213 millions d'euros en moins!). L'Istituto Luce, en charge de la conservation et de la diffusion du cinéma national, doit se résoudre à une aide de 7,5 millions d'euros, soit un quart de ses budgets précédents. La fermeture de l'institut est à craindre. Les cinéastes les plus connus ont décidé de protester.

Pour l'instant, l'ensemble des artistes restent vigilants. La fragilité du secteur ne permet pas encore d'établir un diagnostic favorable sur le moyen terme.

Bellocchio censuré par Berlusconi ?

Posté par vincy, le 18 janvier 2011

La censure a de multiples visages. En Italie, elle peut être effectuée par de simples pressions financières ou politiques. Silvio Berlusconi n'en rate pas une : rachat d'un des derniers cinémas romains d'art et essai, pour en faire un magasin Benetton, baisse des crédits d'impôts pour la production cinématographique, retrait des livres des écrivains soutenant l'ancien activiste Cesare Battisti dans les bibliothèques vénitiennes...

Et on apprend dans le Corriere della Sera du 11 janvier que Marco Bellocchio a du abandonner son prochain film, faute de financement. L'article est intitulé ainsi :  "??Nessuno vuole produrre il mio film sull' Italia di oggi" (personne ne veut produire mon film sur l'Italie d'aujourd'hui). Bellocchio ce n'est pas rien : trois prix à Berlin, six sélections à Cannes, prix de la critique aux European Film Awards, un Donatello du meilleur réalisateur, deux prix à Locarno, six au Festival de Venise...

Italia Mia etait un projet qu'il devait enchaîner après son nouveau film, Lacrime (anciennement La Monaca di Bobbio), qui pourrait être à Cannes ou à Venise cette année. Il s'agissait d'une satire politique inspirée par les années Berlusconi. L'histoire suit une jeune fille mêlée à un certains nombre d'affaires publiques et médiatisées et s'achève dans une villa luxueuse et insulaire où des événements choquants ont laissé leur trace. Cela rappelle en effet l'actualité récente de Berlusconi.

Bellocchio s'est toujours intéressé à l'histoire de son pays, de Mussolini (Vincere) aux années de plomb (Buongiorno, Notte) en passant par le Vatican (Le sourire de ma mère).

Mais comment financer un tel film quand le Président du conseil des ministres italien est malmené dans les sondages, par son camp politique, et par la justice? Il risque en effet une mise en examen pour l'affaire Ruby en étant soupçonné d'incitation à la prostitution de mineure et abus de fonction. Son groupe Mediaset possède trois chaînes de télévision majeures, Medusa Cinema, Medusa Film, Cinecitta Digital Factroy, Ares Film, et les multiplexes The Space Cinemas... Sans oublier que les chaînes de télévision publiques sont assujetties à son pouvoir. Autant dire qu'il contrôle toute la chaîne.

Italia Mia a été refusé par une dizaine d'investisseurs, malgré son budget modeste (moins de 7 millions d'euros, soit un devis inférieur à celui de Vincere). Bellocchio n'avait jamais connu pareille situation. Il pourrait en faire un film, tant les dysfonctionnements de son pays l'inspirent.
"Bien sûr je ne voulais pas mettre en scène une comédie. Je voulais parler de l’Italie d’aujourd’hui, il n’y a donc pas de quoi rire. Je n’avais pas pour autant l’intention de suivre les journaux à la lettre, ou de donner dans le pamphlet."

Il ne reste plus qu'à des producteurs étrangers d'avoir le courage de le financer.

Venise 2009 : une histoire italienne

Posté par vincy, le 2 septembre 2009

baaria.jpgOuverture italienne pour la 66e Mostra de Venise qui va offrir 71 premières mondiales parmi les 75 films en sélections officielles. Le film de Giuseppe Tornatore (Cinema Paradiso, Oscar du meilleur film étranger), Baaria, est une fresque historique sur le destin d'une famille sicilienne. Financée par des sociétés de Silvio Berlusconi, elle dure 2 heures 30, avec la musique de Ennio Morricone en bonus. Consensuelle pour certains, indigeste selon beaucoup, divertissante pour d'autres, on y retrouve Michele Placido et Monica Bellucci, ainsi que les jeunes Francesco Scianna et Margareth Madè. Placido présentera par ailleurs Il grande sogno, film traitant de l'Italie soixante-huitarde.

Le cinéma italien n'a remporté que deux Lions d'or après son âge d'or des années 60, dont le dernier remonte à 1998. En 2009, on note la présence de 16 films italiens dans toutes les sélections, dont 4 en compétition.

Pourtant cette ouverture avec une production nationale, mélo et mélancolique, confirme la résurrection du cinéma italien dans les grands festivals internationaux, un an après le doublé Il Divo / Gomorra à Cannes. Il Divo a remporté sept prix David di Donatello (dont meilleur acteur et meilleure photo) en mai dernier, tandis que Gomorra récoltait les prestigieux Donatello du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur producteur.