[We miss Cannes] 15 longs métrages d’animation qui ont marqué l’histoire du Festival

Posté par MpM, le 22 mai 2020

Ce qui frappe dans les relations que Cannes entretient avec le cinéma d'animation, ce n’est pas de constater que celui-ci est omniprésent depuis les premières années, mais bien de remarquer que toutes les formes d’animation ont trouvé leur place sur la Croisette : pas seulement les plus populaires, ou à contrario pas seulement les plus « nobles » et/ou auteurisantes, mais bien un mélange rigoureux des deux.

Sont ainsi passés sur la croisette, en vrac, Norman Mc Laren, Walt Disney, Jan Svankmajer, Michel Ocelot, Bill Plympton, Pete Docter, Jean-François Laguionie, Peter Foldes, Florence Miaihle, Bretislav Pojar, Garry Bardine, Walerian Borowczyk... ou encore Georges Schwizgebel, Mamoru Oshii, Chris Landreth, Rosto, Gitanjali Rao, Isao Takahata, Vincent Patar et Stéphane Aubier, Jérémy Clapin, Boris Labbé, Mamoru Hosada, Virgil Widrich... sans oublier, via les programmations de cinéma "underground" des années 70 (telles que s'en souvient le spécialiste de cinéma expérimental Raphaël Bassan dans cet article de 2017), Robert Breer, Jordan Belson ou James Whitney.

Cannes, d'une manière globale et au fil des années, ne semble donc pas avoir eu de préjugés particuliers concernant l'animation - plus ponctuellement, et au gré des délégués généraux des différentes sections, c'est une autre question.

Du Prix du dessin animé à la Palme d'or


Dès 1939, il est d'ailleurs prévu dans le règlement du Festival la possibilité de décerner (s'il y a lieu) un Grand prix international du Dessin animé, à la fois dans la catégorie longs et courts métrages. Comme on le sait, cette édition n'aura pas lieu. Mais en 1946, le long métrage La boîte à musique (produit par Disney, et composé en réalité de dix courts métrages musicaux) remporte ce Grand Prix. L'année suivante, ce sera au tour de Dumbo, puis, en 1949, du court métrage Sea Island. La récompense réapparaîtra sporadiquement, au gré des aléas des appellations officielles du palmarès.

Ainsi, en 1952, Animated Genesis de Joan et Peter Foldes reçoit le prix de la couleur, tandis qu'en 1953, le prix du film d'animation court métrage refait son apparition, et récompense The romance of transportation in Canada de Colin Law. Mais il faut dire que cette année-là, sont aussi remis un "prix international du film de la bonne humeur" ou encore un "prix international du film légendaire", sans oublier le "prix international du film le mieux raconté par l'image", ce qui en dit long sur la fantaisie du réglement de l'époque.

En 1954, on en revient à une certaine sobriété sur le nom des prix : une multitude de prix internationaux ex-aequo. Malgré tout, un prix du film de marionnettes est remis à Un Verre de plus de Bretislav Pojar. La création de la Palme d'or l'année suivante amorce heureusement la normalisation des intitulés, et le retour à la raison concernant le cinéma d'animation qui ne sera dès lors plus considéré (officiellement) comme un genre. C'est d'ailleurs Blinkity Blank de Norman Mc Laren qui remporte cette première Palme d'or du court métrage. Il sera suivi en 1957 de Scurta istorie de Ion popescu-Gopo et de La petite cuillère de Carlos Vilardebo en 1961. A noter qu'entre les deux, en 1959, Le songe d'une nuit d'été de Jiri Trnka remporte le prix de la meilleure sélection à la Tchécoslovaquie (ex-aequo). Quoi que cela veuille dire, il n'est pas fait de la mention de la technique utilisée pour réaliser le film, et cela restera ainsi. On savoure les victoires que l'on peut, histoire de voir le verre à moitié plein.

Nouvelle dynamique ?

On peut aussi regarder le verre à moitié vide : aucun long métrage d'animation n'a gagné la Palme d'or et il faut même remonter à 2008 pour trouver un film d'animation en compétition (Valse avec Bashir de Ari Folman). Les sections parallèles font plus d'effort, surtout ces dix dernières années, mais les réticences envers l'animation au sein des différents comités de sélection sont palpables. Le cinéma image par image n'y est jamais vraiment traité comme du cinéma à part entière. Au mieux, c'est une case à remplir. Au pire, cela ne choque personne qu'il soit totalement absent d'une sélection.

Heureusement, le court métrage est là pour assurer une place à l'animation. Qu'on ne pense surtout pas qu'il s'agisse d'un lot de consolation. En animation, depuis toujours, c'est le format court qui est le format noble et prisé, et souvent le plus riche, innovant et inspirant. Pour des raisons de temps de fabrication, bien sûr, mais aussi parce que l'animation entretient depuis ses origines une relation privilégiée avec le cinéma expérimental et d'avant-garde, qui se moque du sacro-saint format long métrage, imposé avant tout pour les facilités de l'exploitation en salles. L'animation a compris depuis longtemps que la valeur n'attend point la durée du métrage. Ce qui ne l'empêche pas de s'essayer avec bonheur à d'autres formats.

En effet, depuis un peu plus d'une décennie, une nouvelle dynamique semble s'être mise en place pour la production de longs métrages d'animation. De nombreux auteurs de courts tentent l'aventure (à l'image de Jérémy Clapin, Florence Miaihle, Benoit Chieux, Franck Dion, Chloé Mazlo...) et insufflent peu à peu l'envie à d'autres. Mécaniquement, le long animé a de plus en plus souvent les honneurs de Cannes, que ce soit en ouverture de la sélection officielle, en compétition et bien sûr à Cannes Classics et dans les sections parallèles. Les films présentés l'année passée étaient d'ailleurs au nombre de quatre, comme l'année précédente. On ne saura jamais ce qu'il aurait pu en être de cette édition, les annonces à venir ayant probablement été faussées par les circonstances, mais on avait l'impression avec ce chiffre d'avoir passé un cap. N'oublions pas qu'une journée dédiée à l'animation a désormais lieu chaque année pendant le festival : l'Animation Day, dans laquelle s'intègre également l'événement "Annecy goes to Cannes" lancé en 2016. Difficile de ne pas y voir un signe du temps.

L'avenir nous dira si le mouvement amorcé se confirme, ce que rendrait possible le dynamisme actuel du long métrage animé, ou s'il s'essouffle malgré cet essor. En attendant, histoire de se souvenir de ce que l'animation a fait pour l'aura de Cannes (et réciproquement), retour sur 15 longs métrages qui ont durablement marqué l'histoire du Festival. Il faudra, un jour, établir la même liste pour le court métrage. Bien plus de quinze entrées seront alors nécessaires.

Peter Pan de Clyde Geronimi, Hamilton Luske et Wilfried Jackson


Walt Disney lui-même accompagna Peter Pan sur la Croisette en 1953. Présenté en compétition, le film est le 18e long métrage d'animation des studios Disney. Adapté de la pièce de J. M. Barrie créée en 1904, il raconte le voyage au Pays imaginaire de Wendy, Michel et Jean, trois enfants guidés dans cet univers fantastique par Peter Pan et la fée Clochette. Ils y rencontrent le terrible Capitaine Crochet, mais aussi les garçons perdus, et vivent toutes sortes d'aventures extraordinaires. Considéré par beaucoup comme l'un des chefs d'oeuvre des studios, c'est incontestablement l'un des grands classiques du cinéma d'animation familial.

La planète sauvage de René Laloux

Présenté en compétition en 1973, La planète sauvage est le premier long métrage de René Laloux, adaptation (libre) du roman Oms en série de Stefan Wul, co-écrit avec Roland Topor, dont les dessins ont servi de bases pour la fabrication des images. Sur la planète Ygam, les Draags, une espèce d'humanoïdes bleus aux yeux rouges mesurant douze mètres de haut, pourchassent et exterminent une autre espèce, les Oms, perçus au mieux comme des animaux de compagnie, au pire comme des créatures nuisibles. Dans un univers surréaliste, tantôt onirique, tantôt cauchemardesque, cette planète pleine de surprises nous tend un miroir souvent dérangeant, et nous interroge sur nos propres pratiques face aux espèces que nous ne jugeons pas aussi évoluées que nous. Le film, envoûtant et curieux, fut l'un des tout premiers longs métrages d'animation destiné à un public adulte. Malicieuse fable écologique avant l'heure, il fit grande impression à Cannes et repartit auréolé d'un prix spécial du jury présidé par Ingrid Bergman.

Shrek d'Andrew Adamson et Vicky Jenson

On l'oublie parfois, mais Shrek, l'ogre vert et bougon de Dreamworks a été en compétition à Cannes. Deux fois, même, en 2001 et avec son deuxième volet en 2004. On ne présente plus ce personnage misanthrope qui voit son beau marais boueux envahi par des créatures de conte de fées qui ont été expulsées de leur royaume par le tyrannique Lord Farquaad. Irrévérencieux, hilarant et irrésistible, le film se moque de Disney, dynamite les contes de notre enfance, et détourne tous les codes du genre. Un pur divertissement qui a enchanté par deux fois les spectateurs du Théâtre Lumière.

Innocence : Ghost in the shell de Mamoru Oshii


Suite du film culte Ghost in the shell sorti en 1995 (et adapté du manga du même nom de Shirow Masamune), Innocence a eu les honneurs de la compétition en 2004, soit en même temps que le 2e volet de Shrek. Une situation qui ne s'est pas reproduite depuis, et dont on se demande parfois si elle est encore possible. Toujours est-il qu'inviter le cinéma complexe et visuellement éblouissant de Mamoru Oshii dans la course à la palme d'or fut à l'époque une manière élégante de mettre sur un pied d'égalité prise de vue réelle et animation, et surtout de rendre hommage à la beauté de l'animation japonaise d'anticipation. Innocence, véritable réflexion sur l'Humanité et son avenir, est l'une des incursions les plus marquantes du Cyberpunk sur le tapis rouge cannois.

Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud

Adapté des romans graphiques de Marjane Satrapi, Persépolis est une plongée dans l'Iran de la fin des années 70. Avec humour et justesse, la dessinatrice-réalisatrice y raconte son enfance puis son adolescence à Téhéran, avant, pendant et après la Révolution. Dans un style graphique très dépouillé, tout en noir et blanc, fort d'un casting voix impressionnant (Catherine Deneuve, Danielle Darrieux, Chiara Mastroianni), le film repartira de la compétition cannoise 2007 avec un prix du jury, et rencontrera un énorme succès critique et public. Douze ans plus tard, il reste un exemple à suivre, voire un eldorado inatteignable, pour le long métrage d'animation pour adultes.

Valse avec Bashir de Ari Folman

En 2008, les festivaliers médusés découvrent un film mi-documentaire, mi-fiction, qui s'inspire de témoignages réels et d'un montage de 90 minutes d'images tournées en vidéo. Il aborde l'histoire personnelle du réalisateur qui a participé à l'opération israélienne au Liban "Paix en Galilée" pendant son service militaire. Peu à peu, des souvenirs de son implication dans le massacre de Sabra et Chatila remontent à la surface... Valse avec Bashir marque ainsi un jalon dans l'histoire du cinéma d'animation, à la fois parce qu'il est l'un des premiers documentaires animés découverts par le grand public, mais aussi par son sujet, et par son retentissement.

Panique au village de Vincent Patar et Stéphane Aubier

Hors compétition en 2009, certains festivaliers découvrent abasourdis l'univers burlesque et délirant de Panique au village. Les autres avaient déjà eu l'occasion de voir la série diffusée sur Canal + et mettant en scène les principaux personnages du long métrage : CowBoy, Indien, Cheval, Gendarme ou encore Steven. Avalanche de gags, de dialogues cinglants et de situations cocasses, le long métrage est un régal pour ceux qui aiment l'humour plus que décalé, le nonsense, et l'absurde dans tous ses états. Son style particulier (animation en stop motion de figurines rigides) ajoute un côté artisanal et ludique qui renforce l'auto-dérision débridée du récit.

Le Conte de la Princesse Kaguya de Isao Takahata

Joli coup de la Quinzaine en 2014 qui sélectionne le dernier film du réalisateur japonais culte Isao Takahata. On n'a toujours pas compris comment l'officielle a pu dédaigner une telle prise, mais rappelons qu'aucun autre film de Takahata n'a été sélectionné en compétition (idem pour Miyazaki, seulement sélectionné à Cannes Classic en 2006 avec Nausicaa, mais aussi Satoshi Kon, et tant d'autres). Oui, l'Officielle a commis un nombre important d'impairs concernant le cinéma d'animation, cela ne fait aucun doute. Revenons en au Conte de la Princesse Kaguya qui est une fable délicate et poétique inspirée d’un conte populaire datant du Xe siècle, considéré comme l'un des textes fondateurs de la littérature japonaise. L'héroïne, enfant libre littéralement née de la nature, se retrouve brutalement confrontée au carcan douloureux des apparences et du jeu social. Comme prisonnière de son existence, et même de sa propre enveloppe corporelle, elle n'aura de cesse que de retrouver l'osmose avec l'univers, non sans éprouver une forme de nostalgie pour les fugaces bonheurs terrestres.

La tortue rouge de Michael Dudok de Wit

Première collaboration des studios Ghibli avec une production européenne animée, La Tortue rouge est un conte minimaliste sans dialogue, au dessin épuré, qui raconte l'existence d'un naufragé sur une île déserte. Ce premier long métrage du réalisateur Michael Dudok de Wit (connu pour ses courts Le Moine et Le Poisson et Père et Fille) s'affranchit d'une écriture traditionnelle pour aller vers une forme de parabole poétique qui interroge les rapports de l'homme à la nature. Présenté à Un Certain regard en 2016, il s'avère parfois un peu trop "mignon" et "charmant", mais séduit par ses couleurs pastels chaudes et la simplicité épurée de son récit. Le public, peu habitué à ce type de fresques animées, plébiscite le film qui remporte le prix spécial du jury Un Certain Regard et connaît ensuite un beau succès en salles.

Ma vie de courgette de Claude Barras

Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2016, Ma vie de courgette est l'adaptation en stop-motion, avec des marionnettes, du roman Autobiographie d’une courgette de Gilles Paris. Un drôle de film tendre et joyeux malgré son sujet, la vie d'un petit garçon qui se retrouve placé dans un foyer pour enfants après la mort accidentelle de sa mère. Entre complicité et mélancolie, amitié et résilience, le récit parvient à nous émouvoir tout en nous faisant rire, quand ce n'est pas l'inverse. Toujours avec une forme de simplicité qui permet d'aborder les sujets les plus graves sans jamais perdre le jeune public.

La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach

2016 fut définitivement une grande année d'animation sur la Croisette, puisqu'on y découvrait aussi le premier long métrage de Sébastien Laudenbach, connu pour ses courts. Réalisé dans une grande économie de moyens, avec une animation esquissée qui assume d'être inachevée, le film qui fit l'ouverture de l'ACID est adapté d'un conte de Grimm, dans lequel un meunier vend son plus bel arbre ainsi que sa fille au diable en échange d'une richesse éternelle. Vendue et mutilée, la jeune fille s'enfuit, s'émancipe des hommes, et commence ainsi un parcours initiatique destiné à la libérer de toutes ses entraves. Un conte à la fois édifiant, poétique et follement libre, dans son propos, sa tonalité et son esthétique.

Là-haut de Pete Docter et Bob Peterson

En 2009, c'est un film d'animation en 3D qui faisait l'ouverture du festival. Là-haut, issu des studios Pixar, est un merveilleux récit d'aventures et de transmission qui nous emmène de la tristesse d'un maison de retraite à la jungle amazonienne en Amérique du Sud. On y suit Karl, un vieil homme de 78 ans bougon et solitaire, s'envoler littéralement pour le voyage de sa vie, emmenant sans le savoir Russell, un scout de neuf ans. Evidemment, ces deux-là devront apprendre à se connaître et à s'apprécier, tout en déjouant les plans machiavéliques d'un autre explorateur. Gai, irrévérencieux et profondément humain, c'est probablement l'un des rares films d'ouverture cannois à avoir allié aussi brillamment le pur divertissement et le cinéma d'auteur.

Vice-versa de Pete Docter, Ronaldo Del Carmen

En 2015, Cannes présente Vice-Versa en séance hors compétition... et s'entend dire par certains journalistes facétieux qu'il s'agit du meilleur film du festival et qu'il méritait la Palme. Et pourquoi le dernier-né des studios Pixar n'aurait-il pas mérité une place en compétition ? Drôle et malin, divertissant et fantasque, et surtout singulier et audacieux, il met en effet en scène un "quartier général" qui régit les humeurs et les réactions de la petite Riley, 11 ans. Formé par cinq émotions complémentaires (la colère, la peur, la joie, le dégoût et la tristesse), ce centre de contrôle aide la fillette à mener une vie heureuse et paisible, jusqu'au jour où Joie et Tristesse se perdent accidentellement dans les recoins les plus éloignés de sa mémoire... plongeant le spectateur dans une longue suite d'aventures cocasses, entre pur divertissement et tentation psychologique d'analyser nos comportements par le biais d'un trop plein d'émotions.

Teheran tabou d'Ali Soozandeh


En compétition à la Semaine de la Critique en 2017, ce premier long métrage du réalisateur d'origine iranienne Ali Soozandeh confirme la propension du cinéma d'animation à s'emparer de questions politiques ou sociales sensibles, voire taboues, en mettant en scène trois femmes et un jeune musicien dans la ville de Téhéran. Tous les quatre cherchent à leur manière un moyen de s'émanciper d'une société iranienne corsetée par la morale et gangrenée par l'hypocrisie. Utilisant le procédé de la rotoscopie, qui consiste à filmer des acteurs, puis à les redessiner et à les intégrer dans des décors peints, le réalisateur propose un pamphlet politique virulent et d'une extrême noirceur, qui trouve parfois ses limites, mais n'en demeure pas moins un portrait saisissant et singulier de l'Iran contemporain.

J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin

C'est l'un des films dont on a le plus parlé l'an passé sur la Croisette : même avant son Grand Prix à la Semaine de la Critique (ce qui fait de lui le premier long métrage d'animation à remporter cette récompense), J'ai perdu mon corps était incontestablement l'un des événements de Cannes 2019. On connaît la suite : achat par Netflix, course aux Oscar, 2 César, et un succès en salles loin d'être négligeable (même si l'on espère toujours mieux pour les films que l'on aime). Avec son sens époustouflant de la mise en scène, son intrigue intimiste et  ténue et sa narration alternée jouant à la fois sur le registre du film sentimental, du cinéma de genre et du récit initiatique, le premier long métrage de Jérémy Clapin réconcilie toutes les cinéphilies, et prouve la nécessité de décloisonner une bonne fois pour toutes animation et prise de vue continue.

Shrek 5 pour relancer DreamWorks Animations, vraiment?

Posté par vincy, le 28 août 2016

Un cinquième épisode de l'ogre vert Shrek a été confirmé pour une sortie en 2019. Est-ce bien utile tant le quatrième était décevant? Il faut croire que oui. Shrek reste l'une des franchises les plus profitables de l'animation. Il a permis à DreamWorks de dominer Disney certaines années. 3 milliards de dollars de recettes plus tard, Shrek, disparu des écrans en 2010, veut de nouveau être le sauveur du studio.

Quatre ans de déclin

Car, voilà, DreamWorks Animation ne va pas très bien. Les chiffres d'ailleurs le montrent bien. Les quatre plus gros succès du studio sont les quatre films de la série Shrek. Jamais DreamWorks n'a fait mieux. Bien sûr, Madagascar, Dragons et autres Kung-Fu Panda ont assuré de copieuses recettes. Mais hormis Dragons et sa suite, aucun film n'a convaincu critiques et publics au point de devenir des références. Madagascar 3 (pourtant pas terrible) est le dernier film à avoir rapporté plus de 200M$ au box office nord-américain et plus de 700M$ au niveau mondial. C'était en 2012.

Entre temps Universal/Illumination a placé trois méga-hits, Disney/Pixar a repris le leadership avec 4 méga-cartons et Warner a eu ses Legos.

C'est aussi à cause de cette perte d'influence de DreamWorks Animation, qui s'est banalisé avec des productions manquant de buzz, que le studio a été vendu en avril à NBCUniversal (pour 3,8 milliards de $). Autrement dit, le studio des Minions et du récent Comme des bêtes.

Le producteur des Minions

NBCUniversal veut désormais sortir quatre films d'animation par an, et Shrek est une pépite à lustrer. Ironiquement c'est le producteur de Moi, Moche et méchant et des Minions, Chris Meledandri, qui va diriger l'opération. A la manière d'un John Lasseter, grand gourou de Pixar, qui a lifté les films animés de Disney.

Derrière cette relance, il y a des objectifs avant tout mercantiles: des licences partout, des spin-off, des attractions pour des parcs Universal, des produits dérivés, des séries, etc... Le Chat potté, spin-off de Shrek déjà, pourrait avoir sa suite. Un autre film d'animation, original, Shadows, est toujours en développement. Et d'ici au retour de Shrek, on verra en 2018 un troisième Dragons un deuxième Croods, et Trolls cet automne.

Shrek, le musical arrive à Paris en 2012

Posté par vincy, le 4 août 2011

Shrek, le musical débarque à Paris le 8 février 2012. La comédie musicale sera francisée. Le Casino de Paris a déjà mis en vente les billets (à partir de 35€).

Shrek, le musical, créé à Broadway en 2008, fait actuellement sa deuxième tournée aux USA (au moins jusqu'en avril 2012) et en résidence, dans une version corrigée, à Londres depuis mai. Outre Paris, Shrek va aussi tourner en Espagne en septembre 2011 et en Australie en 2012. Il a déjà été joué en Israël en 2010.

Le spectacle, coproduit par DreamWorks Theatricals, a été joué à New York de novembre 2008 à janvier 2010, soit 478 représentations, un honnête succès. Il avait reçu 8 nominations aux Tony Awards, et avait gagné le prix des meilleurs costumes. Le disque avait été nommé aux Grammy Awards.

La comédie musicale a cependant déçu les attentes de DreamWorks avec un box office de 37,7 millions de $ à Broadway, soit un taux de remplissage moyen aux alentours de 60%. Le budget de la production est estimé à 24 millions de $. Les marchés internationaux étaient donc indispensables pour améliorer la rentabilité de ce show. A titre de comparaison, Le Roi Lion, joué depuis 5677 fois sur Broadway est en passe de devenir la plus grosse recette historique avec près de 730 millions de $ cumulés.

D'ici là, les amateurs pourront revoir l'inusable et culte Cabaret (Marigny), revivre les soirées de mariage avec Mamma Mia (Mogador), ou se laisser tenter par Dracula (Palais des Sports).

Cannes 2011 : Le Chat Potté présenté par Antonio Banderas et Salma Hayek

Posté par kristofy, le 12 mai 2011

Souvenez-vous du petit chat qui était apparu dans la saga de Shrek, au 2e épisode, présenté hors-compétition à Cannes en 2004 : c’était un hors la loi à l’accent hispanique, sa fougue à l’épée et ses yeux rusés en ont fait un des personnages secondaires les plus appréciés. Si l’ogre vert est laissé à son bonheur avec ses amis des contes, un nouveau film d’animation arrive avec comme héros principal ce chat latino-lover. Ce nouveau film d’animation n’est pas vraiment un spin-off dérivé de Shrek, il s’agit plutôt d’une autre aventure centrée sur un autre personnage. Tout comme Kung-Fu Panda que l’on a pu voir en avant-première à Cannes mardi soir, Le Chat Potté (Puss in Boots) est en 3D.

C’est le dirigeant de Dreamworks Animation, Jeffrey Katzenberg, qui nous a présenté le début de leur nouveau film d’animation : « C’est une tradition pour nous de venir au Festival de Cannes, Shrek a été le premier film d’animation en compétition. » Ce film est réalisé par Chris Miller qui avait déjà travaillé sur la franchise Shrek. Il indique que le chat était bien entendu son personnage préféré à cause de son costume mais aussi parce qu’il avait un grand cœur malgré les apparences frimeuses.

Voici un avant-goût du début de ce nouveau film d’animation dont on a pu apprécier les 20 premières minutes. Une ombre se profile (sur une musique présente dans le Kill Bill de Tarantino), c’est le chat potté qui rentre dans un bar pour y boire un verre de lait. Tout les autres personnages sont des humains qui dialoguent avec lui, ils se moquent d’abord de lui avant de le reconnaître et d’avoir peur : le chat potté est un bandit recherché. On apprend qu’il est en quête de haricots magiques qui ont une grande valeur, mais c’est le couple de bandits Jack et Jill qui en ont pris possession. Alors que le chat potté s’introduit par une fenêtre pour les voler, il tombe sur un autre chat venu en quête des mêmes fèves : ils se poursuivent à travers la ville. Les félins vont se mesurer à un duel de danse flamenco, et le chat potté découvre qui est son adversaire : en fait c’est une chatte…

Après la projection les voix des personnages principaux ont pris corps avec la venue de Antonio Banderas, toujours marié à Mélanie Griffith, et de Salma Hayek, alias Mme Pinault, propriétaire du groupe PPR (la Fnac et quelques grosses marques de luxe, ce qui peut expliquer le chic de ses tenues).

- Salma Hayek : C’est la première fois que je fais le doublage d’un personnage de film d’animation. Je réalise que là avec Antonio Banderas à côté c’est comme un come-back de nous deux à Cannes, on était déjà réunis ensemble il y a douze ans pour Desperado.

- Antonio Banderas : Cette fois c’est pour de l’animation en 3D. Et quand je regarde Salma avec ces lunettes 3D et bien je suis encore plus heureux de la retrouver !

- Salma Hayek : Ce qui n’a pas beaucoup changé ce sont les rôles hispaniques, c’est toujours un peu limité dans le cinéma. Ici on est des chats dans un film animé qui n’est pas un univers 100 % américain, on y voit des choses de notre culture, c’est génial.

- Antonio Banderas : On m’avait montré l’allure du personnage au tout début, il est différent des autres car il est beaucoup plus petit, ma voix grave lui donne de la grandeur et en même temps ça provoque aussi un décalage qui est un élément de comédie.

Le Chat Potté devrait sortir en 3D en France courant novembre 2011. Au même moment, Banderas sera à l'affiche du nouvel Almodovar, La Piel que Habito, présenté dans une semaine en compétition à Cannes.

Conférence de presse de Shrek 4 : le Chat Potté pourrait être le héros d’un prochain film!

Posté par Morgane, le 8 juin 2010

alain chabat jeffrey katzenberg shrek 410 ans après le premier volet des aventures de l’ogre vert le plus célèbre au monde, alias Shrek, messieurs Mike Mitchell (réalisateur), Alain Chabat (voix française de Shrek), Jeffrey Katzenberg (directeur de DreamWorks Animation) et Walt Dohrn (directeur de l’écriture et voix originale de Tracassin) étaient présents hier à Paris pour répondre aux questions de la presse.

…il était une fin?! 

«?Il y a eu dès le départ cette idée de faire quatre ou cinq chapitres et finalement, le seul pilier que l’on n’a pas abordé, c’est la mort… mais ça, ce n’est pas pour les enfants?» (Jeffrey Katzenberg).

La première question fut WHY?? et oui, pourquoi tuer la poule aux oeufs d’or?? Tout simplement parce-que la boucle a été bouclée. Dans le premier, Shrek apprend à s’aimer. Dans le deuxième, il apprend à aimer quelqu’un d’autre avec qui il fonde une famille dans le troisième. Puis, dans le dernier opus, Shrek réalise combien sa vie est belle et comme selon Alain Chabat «?les gens heureux n’ont pas d’histoires?», il était donc temps de laisser Shrek tranquille.

Y’a-t-il une vie après la fin??

C’est donc certain, Shrek 4 sera bel et bien l’utime aventure ogresque de la saga. Mais Shrek et tous ses amis se dirigeraient-ils vers un nouvel avenir??

Le générique final fait réapparaître tous (ou presque) les personnages de la grande aventure laissant présager de nombreux spin-off ou laissant penser que leur retour dans le 4 fut envisagé mais «?l’essentiel de ce film étant le point de vue de Shrek lui-même, il a donc fallu laisser de côté d’autres personnages?» (Walt Dohrn).

Quant au personnage de Shrek, Jeffrey Katzenberg rappelle que sa vie continue via une comédie musicale qui se joue actuellement à Broadway et qui partira très prochainement en tournée (et sera peut-être en Europe l’année prochaine) et des projets pour la télévision (Noël, Halloween…).

Concernant d’éventuels spin-off, le plus attendu est celui du Chat Potté. Jeffrey Katzenberg annonce alors que celui-ci se penchera sur les origines du Chat Potté et lèvera le voile sur les raisons pour lesquelles il est devenu ce tueur à gages sanguinaire que l’on rencontre pour la première fois dans Shrek 2. «?Ça va beaucoup ressembler à un film de Sergio Leone?». Ça promet?!

Liens acteurs/personnages

10 ans, quatre volets, cela crée forcément des liens et pour Alain Chabat, qui avoue que la scène la plus dure à doubler a été de donner la même énergie au terme «?l’âne?» que le mot «?donkey?» en a en anglais, «?ce fut un voyage incroyable?».

Une journaliste laisse même échapper qu’au fil des épisodes les personnages ressemblent de plus en plus aux acteurs. Reste à savoir si Alain Chabat doit le prendre bien ou mal et, comme à son habitude il le prend surtout à la rigolade. Et Jeffrey Katzenberg d’ajouter qu’il connait Alain Chabat depuis maintenant 12 ans et que pour ce dernier opus il a découvert un nouvel aspect de lui, ses jambes. Ils auraient donc donner les jambes de Chabat à Shrek?! Une rumeur court même selon laquelle ils auraient fait un scan de ses jambes grâce à un laser… Reste plus qu’à démêler le vrai du faux.

Les inspirations de la fin

Dans ce dernier volet des aventures shrekiennes, on découvre de nouveaux personnages dont notamment le Nain Tracassin et son armée de sorcières. Et tout cela n’est pas sans nous rappeler différents contes de fée.

En effet, Tracassin est la figure du diable des contes qui se fait prendre à son propre piège. Mike Mitchell avoue d’ailleurs?: «?le meilleur méchant est le diable et on s’en est inspiré?». Quant à l’armée de sorcières qui l’accompagnent et qui peuvent être tuer avec de l’eau, l’idée vient effectivement du Magicien d’Oz.

Une histoire technique

Shrek 4 est le premier (et donc le dernier) de la série a être réalisé entièrement en 3D. C’est également le premier film en 3D pour le réalisateur Mike Mitchell qui avoue être devenu «?a 3D snob?». N’y connaissant pas grand chose à la 3D au départ, il a pu poser de nombreuses questions à James Cameron ainsi qu’aux différentes personnes avec qui il travaillait. Et il a alors réalisé que «?la 3D n’est pas juste bonne pour les scènes type motagnes russes mais également pour les scènes d’émotion?».

Pour Jeffrey Katzenberg, «?la 3D est le début d’une nouvelle création artistique. On en est juste au début et ce n’est pas une tendance?». Et Mike Mitchell d’ajouter que «?la 3D c’est comme le dolby surround. Il faut apprendre à l’utiliser correctement pour plonger complètement le spectateur au cœur du film?». Reste que lorsqu’on aborde les projets gonflés pour la 3D, Jeffrey Katzenberg do th Grrrrrr car il considère qu’il faut avant tout «?respecter le public?».

Et pour Shrek 4 alors, quels ont donc été les plus gros défis en terme d’animation 3D?? Le premier fut la transformation de Fiona en véritable guerrière et qui pour la première fois lâche ses cheveux. Jeffrey Katzenberg nous annonce alors qu’il a fallu pas moins de 20 à 30 artistes juste pour animer la chevelure de Fiona.

Le deuxième défi fut la transformation du Chat Potté en Chat Potelé. «?Comme Robert De Niro dans Raging Bull, le chat prend de nombreux kilos. Et c’est également la première fois de la saga que ce dernier marche à quatre pattes?».

Après quatre volets l’ogre et ses amis nous manqueront peut-être un peu mais il est souvent plus sage de s’arrêter à temps et de repartir sur de nouveaux projets… Bye bye Shrek…

2000-2009 : Les 10 films les plus populaires en Amérique du nord

Posté par vincy, le 27 décembre 2009

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L'emprise des franchises, des super-héros, de l'heroic-fantasy, et finalement du spectacle, qu'il soit péplum ou animé. C'est dans les vieux pots... Mais où sont les grands auteurs, les drames universels, les comédies (romantiques ou pas)? Car ce qui frappe, hormis l'émergence des Christopher Nolan, Peter Jackson et Sam Raimi au rayon des blockbusters mondiaux, c'est bien l'absence des grands cinéastes venus des années 60/70. Mais aussi l'absence des stars. Les dix plus gros succès de la décennie ont, certes, été porté par des comédiens brillants (Maguire, Bale, Ledger, Mortensen, Neeson ...) mais, hormis Johnny Depp et les voix de Shrek (leader incontesté de l'animation), aucune vedette de catégorie  A n'est présente dans le classement.

Il faut dire que les coûts inflationnistes (notamment en marketing) et la demande abondante d'effets spéciaux ont fait exploser les budgets et ont contraint les studios à choisir des acteurs réputés mais pas trop chers. Bien sûr, une fois la franchise installée, leur cachet explose avec les recettes potentielles de ces mastodontes industriels.

Les Américains ont donc plébiscité des "héros malgré eux", des personnages qui se sacrifient pour le bien commun (ou l'intérêt général). Et ce, même pour le très individualiste Jack Sparrow. C'est d'ailleurs le plus sombre d'entre eux, le plus riche aussi (la redistribution des richesses comme ultime utopie des américains?), qui a triomphé cette décennie et se place, avec Shrek 2, parmi les trente films les plus populaires depuis 1939.

1. Batman The Dark Night (2008) - 533 millions de $
2. Shrek 2 (2004) - 510 millions de $
3. Spider-Man -(2002) - 499 millions de $
4. Pirates des Caraibes 2 (2006) - 464 millions de $
5. Le Seigneur des Anneaux : Le retour du Roi (2003) - 442 millions de $
6. Spider-Man 2 (2004) - 432 millions de $
7. La Passion du Christ (2004) - 429 millions de $
8. Star Wars Episode III (2005) - 426 millions de $
9. Le Seigneur des Anneaux : Les deux tours (2002) - 414 millions de $
10. Le monde de Némo (2003) - 405 millions de $

* recettes en dollars ajustés au niveau du prix du billet de cinéma en 2009.

2000-2009 : Les 10 plus grosses recettes mondiales

Posté par vincy, le 25 décembre 2009

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La décennie où le marché international a dépassé le marché nord américain. malgré le pirtage, la rivalité des autres écrans (jeux vidéos, ordinateurs, téléphones...), le cinéma reste l'un des loisirs les plus consommés du monde. Et désormais les producteurs américains, européens, asiatiques... misent sur les marchés étrangers. Des films comme Tigre et Dragon (en mandarin), La cité de Dieu (en portugais), Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (en français) ou Le voyage de Chihiro (en japonais) envahissent les cinémas de toute la planète, doublés ou sous-titré. Le"marché" d'origine n'est plus le seul critère de succès.

Evidemment, Hollywood domine encore le secteur (aucun film venu d'ailleurs n'est classé parmi les 100 plus grosses recettes mondiales) : mélange de savoir-faire et de gros capitaux. Ainsi les franchises sont devenues des poules aux oeufs d'or. Et, hormis Batman The Dark Knight, tous les champions de ce box office mondial ont rapporté davantage à l'étrange (69% même pour Harry Potter et l'Ordre du Phoenix) qu'en Amérique du nord. Les dessins animés restent un genre privilégié, plus bas dans le classement, et Shrek continue de rayonner dans le domaine. Titanic reste au dessus de la mêlée.

1. Le Seigneur des anneaux 3 (1,12 milliard de $) - 2003
2. Pirates des Caraibes 2 (1,07 milliard de $) - 2006
3. Batman The Dark Knight (1 milliard de $) - 2008
4. Harry Potter 1 (975 millions de $) - 2001
5. Pirate des Caraibes 3 (961 millions de $) - 2007
6. Harry Potter 5 (938 millions de $) - 2007
7. Harry Potter 6 (929 millions de $) - 2009
8. Le Seigneur des anneaux 2 (925 millions de $) - 2002
9. Shrek 2 (920 millions de $) - 2004
10. Harry Potter 4 (896 millions de $) - 2005

Box office 2008 (5) : un bilan en demi-teinte en France comme aux Etats-Unis

Posté par vincy, le 9 janvier 2009

Pour conclure notre bilan en chiffres de l'année 2008, concentrons-nous sur les deux marchés qui nous importent : la France et les Etats-Unis.

En France, on se félicitera des 188,8 millions d'entrées. Dopée par les Ch'tis, la fréquentation a augmenté de 6,7% par rapport à 2007, ce qui ne fait que rattraper le niveau de 2006. On reste loin du niveau de 2004 (196 millions d'entrées). La aute au seul piratage (450 000 téléchargements quotidiens estimés) ou à une offre décevante et mal régulée?

Car seuls trois films dépassent les 5 millions d'entrées (contre six l'an dernier) et une pléthore de productions, en passant le cap du million de spectateurs, ne rentrent pas forcément dans leurs frais. Retirons les Ch'tis, et l'on constate que l'année était en fait médiocre. Globalement, 2008 ressemble à 2007, avec moins de films phénomènes et plus de "succès" éphémères (18 français millionnaires contre 11 l'an dernier).

La part de marché des films français s'établit ainsi à 45%, son score le plus elevé depuis 1984 et un record en Europe. Mais là encore les Ch'tis déforment la réalité. Sans le film de Dany Boon, la part de marché n'aurait été que de 38%, un socre plus en phase avec les années précédentes.

Aux Etats-Unis, le box office est officiellement stable, grâce à la hausse des tarifs des billets de cinéma : 9, 59 milliards de dollars contre le record de 9,66 milliards en 2007. En fait, il y a bien une baisse de la fréquentation avec 1,35 milliards de spectateurs contre 1,4 milliards l'année précédente. On est ainsi très loin des 1,57 milliards de tickets vendus en 2002. Le marché s'est contracté autour de nombreux films. En 2008, 3 films ont passé le cap des 300 millions de $ et 6 celui des 200 millions de $, contre, respectivement, en 2007, 4 films et 11 films. Le succès de Batman, là aussi, déforme la réalité, en devenant le film le plus populaire de la décennie, devant Shrek 2.

Aux USA, les frères Coen et leur Burn After reading sont en tête du Box office des films indépendants (50e du classement). Aucun film français n'est dans le Top 150. En France, tous les films du Top 75 sont français ou américains. Entre les murs (21e) domine les petites productions dans le box office annuel.

Hollywood, entre foi et pessimisme pour la fin de l’année

Posté par vincy, le 3 décembre 2008

curiouscase.jpgLa crise a atteint le moral des cadres de l’industrie cinématographique. Certains se rassurent avec les bons signes conjoncturels. Noël et le Jour de l’an tombent un jeudi, prolongeant ainsi le jour férié en grand week end de quatre jours. Le box office, pour le moment, et ce malgré un premier trimestre catastrophique et un début d’automne médiocre, atteint peu ou prou les mêmes niveaux que l’an dernier. Et Noël reste la période la plus prisée pour aller en salles. L’an dernier, le seul jour de Noël avait enregistré 63 millions de $ de recettes dans les caisses des cinémas. En 2006, le chiffre d’affaires avait été de 58,5 millions de $. La tendance est à la hausse.

Inflation de sorties
L’offre aussi d’ailleurs. De sept sorties majeures (nationales) en 2005, les distributeurs ont dû composer avec dix sorties majeures en 2007 et onze cette année. Auxquelles il faut ajouter des films art et essai.
Si bien que la saison débute désormais mi-décembre. A l’instar de l’été, qui commence dorénavant début mai, la multiplication des sorties a imposé aux studios un calendrier de plus en plus précoce. Les films ont à peine deux semaines pour faire 80/90 % de leurs recettes totales. En janvier, les films oscarisables prennent le dessus.
Cette année, Hollywood mise sur des stars (Will Smith, Jim Carrey, Meryl Streep, Adam Sandler, Keanu Reeves, Tom Cruise, Clint Eastwood, Leonardo di Caprio, Jennifer Aniston…), des films en tous genres (thrillers, comédies, science fiction, cartoon, drames, …) et paradoxalement aucune suite , contrairement à l'invasion de "sequels" en été.

Au total seize films ont une chance de tout gagner ou tout perdre. Parmi les plus exposés, des films ambitieux à très gros budgets comme Valkyrie (Brian Synger - Tom Cruise) et The Curious Case of Benjamin Button (David Fincher - Brad Pitt, photo). On regardera aussi de près ce que valent les cotes de Adam Sandler, Jim Carrey, Vince Vaughn et Jennifer Aniston dans le registre de la comédie, après, pour chacun, de gros passages à vide. Certains se neutraliseront peut-être. Il est certain que les films les plus ciblés auront plus de chance dans un contexte aussi concurrentiel que des films trop généralistes.
L’autre donnée qui concentrera tous les regards sera bien entendu la réception critique et publique de films comme Gran Torino, Doubt, Defiance, Revolution Road ou Australia, qui peuvent envisager des nominations aux Oscars et, par conséquent, une durée de vie plus longue en salles…

Récession économique
Hélas, il y a aussi le problème du contexte structurel qui rend tout le monde pessimiste : l’économie, avec sa récession, une chute brutale du pouvoir d’achat, une volonté instinctive d’épargner ses dollars… D’autant que les budgets de production ont augmenté. Mais surtout, avec autant de compétition dans les salles, les studios vont devoir surenchérir dans les dépenses marketing ; de quoi mettre en péril une rentabilité immédiate des films.
Cependant, le cinéma devrait être moins touché que les spectacles de Broadway - quatre (dont "Hairspray" de John Waters, "Kamelot" des Monthy Python et "Frankenstein Jr" de Mel Brooks) ont déjà annoncé qu’ils s’arrêtaient après les Fêtes, alors que "Shrek" vient de se lancer dans l’aventure de la comédie musicale cette semaine. Les ventes de DVD et de Blu-ray pourraient plonger au profit des jeux vidéos et des consoles. Des promos incroyables sont mises en place pour vendre des blockbusters comme Batman The Dark Knight et Kung Fu Panda. La musique et les livres connaissent aussi un fort déclin.
Si Noël soulagera les producteurs de cinéma et de comédies musicales, tout le monde s’accorde à dire que l’hiver devrait être atroce…

Antonio Banderas recompensé par les siens

Posté par vincy, le 21 septembre 2008

banderas_ssebastian.jpgAntonio Banderas a reçu un prix honorifique “Donostia” pour l’ensemble de sa carrière au Festival de San Sebastian (Espagne), l’un des plus importants en Europe. Sans doute parce qu’il est la première star mondiale espagnole, il méritait d’être honoré, malgré une carrière chaotique d’un point de vue artistique.
C’est Pedro Almodovar qui lui a remis le prix. Son mentor. Banderas trouva son premier rôle en 1982 dans Le labyrinthe des passions. Suivront Matador, La loi du désir, Femmes au bord de la crise de nerfs, qui le fera connaître internationalement, et Attache-moi !... Banderas sera l’acteur fétiche masculin de Almodovar dans sa période “Movida”. Et tandis que le cinéaste commence à assombrir ses films, à leur donner une tonalité moins délirante, le bel Antonio s’envole vers Hollywood, où il deviendra El Mariachi dans Desperado, Zorro, le père des Spy Kids, ou encore l’amant de Tom Hanks dans Philadelphia. Il tournera avec Alan Parker, Brian de Palma, Renny Harlin… Mais, Banderas, ironiquement, trouvera son plus grand rôle hollywoodien dans le personnage d’un chat botté capable d’amadouer n’importe quel dur à cuir d’un simple regard : il devient l’un des quatre acteurs principaux de Shrek. On parle même d’un film dédié à ce personnage de chat botté…
Il y a donc un fossé entre sa carrière espagnole, où il fut incontournable dans les années 80. Puis une filmographie plus diluée, mais sans doute plus enrichissante en dollars, aux Etats-Unis. Banderas devient réalisateur, producteur, couple glamour avec la liftée Melanie Griffith... le temps est loin où il était considéré comme un grand comédien…
Almodovar rappelle pourtant certains de ses atouts : “Depuis le début j'ai eu la certitude que ce jeune homme de Malaga était fait pour la camera. Il était et il est beau, l'une des paires de fesses préférées des femmes du monde entier".
Il restera avant tout comme le premier espagnol à avoir conquis Hollywood, ouvrant la voie à toute une génération de comédiens (Javier Bardem et Penelope Cruz).