Bilan 2011 : un marché vidéo qui a le blues mais qui croit au miracle du Blu-ray

Posté par vincy, le 1 février 2012

Le marché de la vidéo en France, a reculé de -2,7% en 2011, soit 1,49 milliard d'euros contre 1,53 milliard en 2010. La Vidéo à la demande freine la lourde chute des supports physiques (DVD et Blu-Ray), en baisse de 9% (pour s'établir à 1,25 milliard d'euros). La baisse du prix moyen du DVD explique en partie cette diminution du chiffre d'affaires.

Selon les éditeurs vidéo membres du SEVN (Syndicat de l'Edition Vidéo Numérique) et l'institut GFK, le Blu-Ray s'en tire largement mieux avec 10 millions d'unités vendues et une progression de 20%. Il représente désormais 16% du chiffre d'affaires du marché des supports physiques (contre 12% en 2010). Cela ne suffit pas, pour l'instant, à compenser la dégringolade du DVD.

De quoi espérer un avenir plus radieux. D'autant que la Vidéo à la demande, elle même, est en forte croissance. Avec une hausse de 50% par rapport à 2010, dépassant les attentes les plus optimistes, la VàD a encaissé 230 millions d'euros de revenus.

Ces deux outils devraient devenir les axes de développement des éditeurs en 2012.

Pour cela, il faut que l'offre se diversifie davantage. Si les éditeurs blâment le piratage, le véritable problème est ailleurs : prix  toujours trop élevés des supports physiques et sites de VOD mal conçus pour les oeuvres plus anciennes, entre autres. Il faudra surtout que les consommateurs s'équipent en lecteurs blu-ray, TV haut définition... Or , selon une autre étude de GFK, les biens techniques devraient continuer de baisser en France. En 2011, le marché de l'électronique de loisirs s'est réduit. 2012 devrait accentuer la tendance, sauf pour les ordinateurs portables, les tablettes et les smartphones.

Avec une fréquentation des salles de cinéma en hausse, les éditeurs espèrent aussi en profiter lors de la sortie des films à succès en DVD et Blu-Ray, notamment Intouchables, Tintin et Twilight 4, 1ere partie.

Le cinéma fait sa révolution française

Posté par vincy, le 14 juillet 2009

Tout a changé lundi 13 juillet au matin avec la publication au Journal Officiel de l'arrêté sur les délais d'exploitation des films.

Une semaine après avoir arraché l'accord professionnel signé par 28 organisations et entreprises pour raccourcir le délai d'exploitation des films, tout est mis en place pour que le cinéma français fasse sa petite révolution à la veille du 14 juillet.

Les films seront désormais disponibles en vidéo à la demande (Vod) et en DVD quatre mois après leur sortie en salles contre six à sept mois et demi au minimum jusqu'ici. Un délai qui pourra être ramené à trois mois, dans des conditions assez strictes. En effet seuls les films ayant réalisé moins de 200 entrées au cours de leur 4e semaine d'exploitation en salles pourront bénéficier d'une telle dérogation. Conclu pour une durée de deux ans tacitement reconductible par périodes d'un an, cet accord réaménage la fameuse chronologie des médias qui organise la diffusion des oeuvres sur différents supports et à la télévision. Cela veut dire qu'un film comme Harry Potter et le Prince de sang-mêlé qui sort demain en salles pourra être en vente en DVD dès la mi-novembre contre janvier auparavant. Idéal pour en faire un cadeau des fêtes.

Les services de télévision payants pourront montrer les films en première diffusion 10 à 12 mois après leur sortie en salles, contre 12 mois minimum aujourd'hui, puis 22 à 24 mois en 2e diffusion (24 mois aujourd'hui).

Les chaînes de télévision en clair pourront les programmer 22 mois (contre 24 mois) après leur sortie en salles lorsqu'elles sont coproductrices, 30 mois dans le cas contraire (contre 36 mois).

Avec un délai de 36 mois à compter de la sortie des films en salles, la VoD par abonnement arrive en fin de chaîne. Seule la VoD gratuite, interdite avant 48 mois, lui est postérieure.

Un bilan régulier de son application sera organisé sous l'égide du Centre national de la cinématographie (CNC) tous les six mois.

L'accord a réussi à être signé in extremis. La Fédération nationale des cinémas français (FNCF) a d'abord voulu obtenir des mesures de rééquilibrage en faveur du secteur de l’exploitation, notamment des mesures liées au prix d’achat des films, des mesures au soutien à l’exploitation, et des mesures fiscales susceptibles de bénéficier à l’ensemble de la filière. La FNCF jugeait en effet que les salles de cinémas sont les seules, parmi tous les diffuseurs, à voir réduire leur durée d’exclusivité d'un tiers de sa durée.

Mais dans un contexte où tout va de plus en plus vite, y compris la consommation des films, le gouvernement avait décidé de s'adapter aux usages déjà en cours dans des pays comme les Etats-Unis ou le Royaume Uni. Il va être de plus en plus difficile de rattraper un film au cinéma deux mois après sa sortie et cela va sans doute conduire à une rotation encore plus rapide. Cela peut aussi inciter de nombreux cinéphiles à attendre la diffusion en VoD pour des films moins marketés, plus risqués ou audacieux. Le genre de films qui a besoin de temps pour s'installer dans un marché saturé. Le public a de plus en plus tendance à choisir des films fédérateurs, et l'augmentation du prix du billet ne va pas inverser le phénomène.

Le Ministère en avait fait un pilier de sa lutte contre le piratage, persuadé qu'en améliorant l'offre légale de films sur internet le piratage allait se réduire. Cela impliquait de bouleverser toute la chronologie des médias. Un accord, le premier qui est aussi global, a été trouvé entre une vingtaine de signataires : organisations professionnelles du cinéma (exploitants, distributeurs, réalisateurs et producteurs), les chaînes (France Télévisions, TF1, Arte, Canal+, M6), les diffuseurs de films en VoD, ou encore Orange et SFR.

Et si la plupart des points sont rendus obligatoires, Ccrtains points de l'accord ne le sont pas. En particulier, celui affirmant la nécessité de règles en matière de rémunération minimale garantie des ayant droits, ou encore celui ayant trait aux pratiques en matière de promotion des oeuvres.

Du coup, tout le monde n'est pas satisfait. La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), la Société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs (ARP) et la Fédération Française des Télécoms ont stigmatisé le manque d'ambition d'un texte qu'ils n'ont pas signé. La SACD persiste à demander des "initiatives audacieuses pour mettre en place une offre légale, novatrice, générale et sécurisée". La Société souhaite une "réflexion réellement approfondie sur la construction de la nouvelle économie de la création et de son financement à l'ére numérique" et propose notamment de "favoriser, au-delà des périodes d'exclusivité, l'exploitation permanente et suivie des oeuvres audiovisuelles et cinématographiques". Le SEVN (éditeurs de DVD) s'est abstenu jugeant trop restrictives les règles instaurées sur la publicité pour les sorties de films en DVD.