Orpailleur?: Une ruée ver l’or qui manque d’éclat

Posté par Morgane, le 15 juin 2010

orpailleur« -?il n’y a plus rien ici, seulement les fantômes?»

L’Histoire?: 18 ans après avoir quitté sa terre natale, Rod, jeune Parisien d´origine guyanaise, rentre au pays suite à la disparition de son frère aîné. Gonz, son ami d´enfance des cités, fait partie du voyage. À Cayenne, la révélation d´un douloureux secret de famille pousse Rod dans une quête effrénée de vérité. Il fait la connaissance de Yann, une jeune guide de tourisme écologique très remontée contre les méfaits de l’orpaillage clandestin. Tous les trois seront dès lors pris dans un engrenage, entraînés au bout du fleuve, au coeur de la forêt amazonienne, dans le milieu hostile et archaïque des orpailleurs clandestins...

Notre avis?: Marc Barrat se penche sur la fascination de l’or, son pouvoir sur les êtres agissant alors comme une drogue. Chacun en veut toujours plus et ce, à n’importe quel prix. Au-delà de cette folie humaine, le réalisateur dépeint les conditions inhumaines de l’orpaillage dont la plupart des camps sont clandestins, entraînant un véritable esclavage moderne. En plus de ces conditions de vie inacceptables que les chefs font subir à leurs ouvriers, Marc Barrat pointe du doigt le désastre écologique engrangé par cette extraction sauvage tout le long du fleuve Amazone.

Le message est alors fort mais on regrettera un certain manichéisme utilisé par le réalisateur. En effet, dans L’Orpailleur, il y a ceux qui détruisent et saccagent et ceux qui cherchent à protéger. Les méchants ont de véritables têtes de méchants, visages patibulaires auxquels personne ne se fierait. Quant aux gentils, ils sont beaux et photogéniques, Tony Mpoudja et Sara Martins en tête. Marc Barrat joue ici la carte de la facilité et on aurait souhaité un peu plus de subtilité. Néanmoins, ce qui dérange peut-être aussi, c’est que son utilisation des clichés n’est probablement pas si éloignée de la vérité et de l’horreur qu’entraîne l’orpaillage en Guyane, et ailleurs.

Car avec certains plans, le spectateur a parfois le sentiment d’être au coeur d’un documentaire (paysages sublimes de la Guyane, du fleuve Amazone et de la jungle qui l’enserre). Le film surfe sur la vague des films écolos dont l’imagerie et le parler politiquement corrects séduisent. Mais le message aussi, et il ne faut surtout pas le rejeter en bloc sous prétexte d’un effet de mode.

Mais, pour son premier long métrage, Marc Barrat a choisi la fiction et non le documentaire. En plus de son message écologique et de sa dénonciation d’une grande misère sociale, le réalisateur nous livre un film d’aventure, une histoire d’amour (entre deux êtres mais aussi entre l’homme et la nature), d’amitié et de famille qui se retrouve, se découvre et se comprend. Malheureusement, un discours trop direct manquant de nuances et un jeu parfois surfait de la part des acteurs donnent au film une sorte de déséquilibre lui faisant défaut. Le fond est certes très intéressant mais la forme n’est, elle, pas à la hauteur.

Après l’océan… ou le rêve avorté

Posté par Morgane, le 6 juillet 2009

apreslocean.jpg« - Toi, tu penses qu’on peut être Marilyn Monroe et Carl Lewis en bas et que ça passe »

L’Histoire : Shad et Otho, deux amis venus d’Abidjan, sont en Espagne où ils « se cherchent ». Ils rêvent de revenir en bienfaiteurs, en héros chez eux. Mais une descente de police musclée les sépare. Otho, reconduit à la frontière, rentre dans son pays sans rien. Pour son entourage déçu, c’est un maudit. Shad échappe à la police. Il poursuit son aventure « en cascadeur » à travers l’Europe.

Ce qu’on en pense : Silhouettes noires sur désert orangé, le film s’ouvre sur une scène à l’image d’un film animé de Michel Ocelot. Les deux silhouettes sont celles d’Otho et Shad, ivoiriens venus en Espagne chercher la fortune et se chercher eux-mêmes. Mais la police les sépare. L’un retourne à Abidjan tandis que l’autre continue son périple à travers l’Europe.

Les deux destins s’éloignent mais se ressemblent. Otho, de retour au pays, est considéré comme un maudit auquel l’Europe n’a pas ouvert les bras. Shad, lui, continue sa conquête du vieux continent mais celle-ci n’est pas aussi rose que dans les contes et son imaginaire ne lui traçait pas le chemin qu’il sera forcé d’emprunter.

Dans Après l’océan, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent, deux cultures qui essaient de (co)exister. Le film soulève de nombreuses questions intéressantes (immigration, homosexualité, mariage blanc etc.) s’attardant principalement sur la notion d’Eldorado que représente l’Europe. Le discours d’Otho donne alors à réfléchir. De retour en Côte d’Ivoire, il souhaite vivement que les habitants de son village créent et arrêtent d’importer et d’imiter ce qui vient d’ailleurs. Il désire éviter les pièges de la grande machinerie du Nord et a toujours, comme il le dit, « une petite anticipation sur la globalité des choses ». Même si le film ne donne pas véritablement de réponse, et finalement tant mieux, la question est posée et le débat lancé.

La caméra fait de nombreux allers-retours, passant d’un continent à l’autre. S’en ressent alors quelques longueurs. Néanmoins, la musique (Tiken Jah Fakoly, la chorale Ste Catherine, les Go de Koteba etc.) qui berce le film séduit le spectateur. Ce dernier se laisse porter ne sachant pas toujours quoi penser de ce film qui, mélangeant clichés et réalité(s), bute sur une fin des plus paradoxales.