La France championne de foot… au cinéma. La preuve en 10 films.

Posté par kristofy, le 11 juillet 2016

La finale de l'EURO 2016 est jouée : ce sont les joueurs de l'équipe du Portugal qui sont devenus les nouveaux champions d'Europe de football, et pas ceux de l'équipe de France.

Les médias vont enfin parler d'autre choses que de foot (La loi 'travail'? Les tensions au Soudan Sud? La crise institutionnelle en Europe? Camping 3?), et la télévision va de nouveau diffuser des films à 20h50. Il n'empêche que la victoire des bleus tant espérée par la France n'a pas eu lieu.

C'est l'occasion de s'interroger sur cette puissante et presque universelle force d'attraction qu'est le football, alors qu'après tout ce n'est qu'un sport.  On aime à dire que le football c'est beaucoup de cinéma (dans tout les sens du terme), et dans ce domaine-là oui les français sont devenus des champions (avant comme après 1998 et le titre de champion du monde des bleus), même si le ballon rond a fasciné de nombreux cinéastes (lire notre article sur ce sujet avant l'Euro de 2008). Notre cinéma sait s'interroger sur le football, sur les personnes qui sont dedans, autour, devant... Retour sur une dizaine de films de cinéma (donc on passe sur 3 zéros de Fabien Onteniente ou Les seigneurs de Olivier Dahan, plutôt hors-jeu...) où le football est roi.

10 films français avec du foot à (re)voir :

Coup de tête, 1979, réalisé par Jean-Jacques Annaud : Un joueur de foot qui bouscule l’attaquant vedette de son équipe est en disgrâce et se retrouve exclu, et même en prison pour tentative de viol suite à des faux témoignages. Plus tard l’équipe de foot a besoin de lui pour gagner, et il marque deux buts pour la victoire. Dès lors il va se venger… Avec un Patrick Dewaere enflammé, mais aussi Jean Bouise et Michel Aumont, ce second film de Annaud après avoir reçu un Oscar pour son précédent, a été écrit par Francis Veber qui à l’époque alternait script de comédie et drame policier. Ici le personnage de Patrick Dewaere s’appelle François Perrin comme les personnages de Pierre Richard (qui deviendront François Pignon par la suite…). Le foot c’était déjà magouille et compagnie ?

A mort l’arbitre, 1983, réalisé par Jean-Pierre Mocky : L'un des plus grands succès public et critique de Mocky. Après la défaite de leur équipe, des supporters poursuivent l’arbitre Eddy Mitchell par vengeance pour le lyncher. On y croise également Michel Serrault et Carole Laure. La bêtise de certains supporters-casseurs est ici particulièrement violente… Et, hélas, toujours d'actualité.

Delphine 1 Yvan 0, 1996, réalisé par Dominique Farrugia : Un film d’amour commenté par les commentateurs de foot Thierry Roland et Jean-Michel Larqué avec les différentes étapes d’un couple pendant un an : séduction, s’installer ensemble, rencontrer la famille de l’autre, être témoin des galères de couples des potes, la tentation de l’infidélité… Film culte autant que comédie romantique très drôle avec en vedette Serge Hazanavicius et Julie Gayet (qui devient populaire cette année-là avec plusieurs succès). Il s’agit du premier film de Dominique Farrugia (et premier film en solo d’un membre de Les Nuls) avec la participation évidente d'Alain Chabat et Chantal Lauby, mais aussi celles de Lionel Abelanski, Daniel Russo, Amelie Pick (malheureusement devenue invisible), Olivier Loustau (dont le premier film est produit par Julie Gayet)…  A noter que le film est co-écrit par Farrugia et Michel Hazanavicius (OSS 117, The Artist) qui lui aussi connaît ici son premier succès comme scénariste.

Didier, 1997, réalisé par Alain Chabat : Il a reçu un César du meilleur premier film avec cette idée farfelue d’un chien qui se transforme en être humain, par ailleurs prodige de football, ce qui va arranger les affaire de Jean-Pierre Bacri qui justement avait besoin d’un nouveau talent pour son équipe… La fin montre un match avec l’équipe du PSG dans le stade du Parc des Princes, à l’intérieur le personnage de Farrugia suit le match sur une petite télé portative en déplorant l’absence d’écran géant (après le film, le stade sera équipé de deux écrans géants dans les virages).

Deuxième Vie, 2000, réalisé par Patrick Braoudé : La France est battue en finale, dans cette histoire. Ça arrive déjà en 1982. Suite à un accident de voiture le héros Patrick Braoudé se retrouve après un bon dans le temps seize ans plus tard en 1998 lors d’une autre finale mais autour de lui ses proches ont bien changé et sont devenus du genre qu’il détestait, alors il voudrait revenir en arrière vers sa vie d’avant… On y voit deux versions - avant et après - de personnages joués par Maria de Medeiros, Thierry Lhermitte, Daniel Russo, Isabelle Candelier, Élie Semoun et Gad Elmaleh… On refait le match ?

Grégoire Moulin contre l’humanité, 2001, réalisé par Artus de Penguern : Quand il était enfant, sa famille voulait faire de lui un footballeur mais il détestait ça. Devenu adulte à 35 ans, il est un médiocre agent d’assurances et il déteste toujours le foot. Le soir d’un match de foot de Coupe de France la ville est perturbée par l’évènement et ses supporters tandis que lui va essayer de rejoindre tant bien que mal la femme qu’il aime… Artus de Penguern comédien se met en scène lui-même et surtout démontre un talent d’habile metteur en scène comique (avec d’ailleurs une épatante séquence de soirée costumée) avec ce premier film (le second sera réalisé en 2012 juste avant sa mort). Artus était un numéro 10…

Comme un lion, 2011, réalisé par Samuel Collardey : Deuxième film du réalisateur qui s’attache à montrer autant que possible une forme de narration proche du documentaire ou d’une certaine réalité. Le film commence au Sénégal où un jeune garçon est repéré pour son talent au football. On demande à sa grand-mère de payer et de s’endetter pour l’envoyer en France, mais c’est une manœuvre qui ne le mène à rien puisqu’il va se retrouver abandonné et placé dans un foyer. Avec toujours son rêve de devenir footballeur et le devoir d’envoyer de l’argent au pays pour sa grand-mère, il parvient à intégrer un petit club amateur où Marc Barbé et Anne Coesens vont peu à peu s’attacher à lui pour l’aider… Le foot, ce sport où des enfants déracinés sont victimes de marchandage, de racisme… et toujours une sorte de grand marché où les occidentaux jouent les colonialistes.

Les petits princes, 2013, réalisé par Viannet Lebasque : Le rêve du jeune ado Paul Bartel est de jouer au foot dans une équipe pro et justement il intègre un centre de formation, mais il cache à presque tout le monde qu’il est atteint d’une malformation cardiaque incompatible avec ce sport… Avec aussi Reda Kateb en entraineur, Olivier Rabourdin, Eddy Mitchell, Samu Seghir, et la belle révélation Margot Bancilhon. L’histoire est inspirée de cas réel de sportifs ayant caché leur état à risque de malformation cardiaque, plusieurs sont morts d’un arrêt cardiaque sur le terrain…

Les rayures du zèbre, 2013, réalisé par Benoît Mariage : Le réalisateur belge retrouve une nouvelle fois son acteur fétiche Benoît Poelvoorde. Il y est un agent de footballeurs en quête d’un nouveau prodige qu’il pourrait acheter et revendre (le point de vue opposé à Comme un lion). En Côte d’Ivoire il découvre le jeune Marc Zinga qu’il parvient à ramener avec lui en Europe, mais ensuite rien ne se passe pas comme prévu… Le duo Mariage/ Poelvoorde s’éloigne cette fois de la comédie pour évoquer le drame du commerce d’enfants d’Afrique en vue de spéculer sur leur côte de star potentielle… Le foot complice d’une nouvelle forme d’esclavage ?

Goal of the Dead, 2014, réalisé par Benjamin Rocher & Thierry Poiraud : Autant film de foot que film de zombies (d’enragés plutôt), en fait une œuvre de 2h20 en deux parties et deux films avec Goal of the dead :première mi-temps de Rocher et Goal of the dead :seconde mi-temps de Poiraud. A la fois amusant, féroce, inventif, sensationnel, original, la bonne surprise est totale et aussi de tout les instants : Goal of the Dead est un des meilleurs films de 2014. Le foot est un sport collectif, pas la survie ?

Après Venise, « Tempête » séduit le jury du Festival de Namur

Posté par vincy, le 10 octobre 2015

Le 30e Festival International du Film Francophone de Namur s’est clôturé par la cérémonie de remise des Bayards d’Or et la projection de Je suis à vous tout de suite, le premier long métrage de Baya Kasmi.

Le jury, présidé par Olivier Gourmet, a vu 15 films en compétition pour établir son palmarès.

Tempête de Samuel Collardey, qui avait déjà créé la surprise au Festival de Venise le mois dernier, a reçu le Bayard d'or du meilleur film (et le Bayard d'or du meilleur comédien).

Tempête est l'histoire de Dom, trentenaire, est matelot à bord du Petit Gaël II, un bateau de pêche du port des Sables d'Olonne qui fait des campagnes de trois semaines en haute mer. Depuis son divorce, il y a un an, sa fille Mailys et son fils Mattéo ont préféré habiter avec lui malgré ses absences. Quand Mailys tombe enceinte, Dom comprend qu'il doit choisir.

Passé par La Fémis, Samuel Collardey a travaillé pour la télévision et comme chef opérateur sur de nombreux courts métrages. En 2005, son film de fin d’études, Du soleil en hiver avait reçu le prix SACD à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, le prix spécial du jury à Clermont-Ferrand et le Bayard d’or du Meilleur court métrage à Namur. Trois ans plus tard, il réalise L’Apprenti qui remporte le Prix spécial du Jury ainsi que le Bayard d’or de la Meilleure première œuvre. Le film remporte également le Prix Louis-Delluc du premier film ainsi que le Prix de la Semaine de la critique à la 65ème Mostra de Venise. Tempête, son troisième film, a été présenté en première mondiale dans la section « Orizzonti » de la dernière Mostra de Venise. Il y a remporté le prix d'interprétation dans la section Orizzonti, pour Dominique Leborne, qui joue là son propre rôle pour sa première apparition au cinéma. Le film est prévu dans les salles en février 2016.

Palmarès

Prix spécial du jury: Our City de Maria Tarantino
Mention spéciale: Welcome Home de Philippe De Pierpont
Bayard d'or du meilleur scénario: Philippe Claudel (Une enfance)
Bayard d'or de la meilleure photographie: Marius Panduru (Aferim ! de Radu Jude)
Bayard d'or de la meilleure comédienne: Loubna Abidar (Much Loved de Nabil Ayouch)
Bayard d'or du meilleur comédien: Dominique Leborne (Tempête de Samuel Collardey)

Le Jury Emile Cantillon, composé de jeunes de 18 à 25 ans, est en charge du palmarès concernant les premières œuvres de fiction présentées dans le cadre du Festival.

Bayard d’Or de la Meilleure première œuvre de fiction: A peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid
Prix Découverte: Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore
Mention spéciale: Le Nouveau de Rudi Rosenberg

D'autres prix sont remis dans le cadre du festival. Notons que le Prix du Public Long Métrage Fiction – Ville de Namur est allé au film de Rudi Rosenberg, Le nouveau, deux semaines après son prix du meilleur nouveau réalisateur à San Sebastian.

Le palmarès intégral

Arras 2012 : retour en vidéo sur le jour 5 avec Idit Cébula et Samuel Collardey

Posté par MpM, le 16 novembre 2012

Invités : Idit Cébula pour Rue Mandar ; Samuel Collardey pour Comme un lion ; Jimmy Adjovi-Boco pour l'association Diambars...

L'équipe du quotidien vidéo du Arras Film Festival : Jessica Aveline, Nina Debail, Vincent Escriva, Pearl Hart, Olympe Le Touze et Alain Pétoux.
Propos recueillis par Marie-Pauline Mollaret et Jovani Vasseur.
Merci à David Lesage.

Le prix Louis-Delluc 2008 consacre le monde rural

Posté par vincy, le 12 décembre 2008

prix louis delluc (c) vincy thomas
Avec surprise, Gilles Jacob, président du jury du Prix Louis-Delluc, a annoncé calmement que le Prix Louis-Delluc du premier film était décerné à Samuel Collardey, pour son film sorti en salle la semaine dernière, L'apprenti. Le film n'était pas dans la liste des trois finalistes. Puis, sans tambours ni trompettes, au premier étage du Fouquet's, une partie du jury de ce Goncourt du cinéma sur l'estrade, les caméras en face, le nom du 66e prix Louis-Delluc est annoncé : Raymond Depardon (pour La vie paysanne, diffusé au dernier festival de Cannes). L'apprenti a séduit 19 446 curieux dans les salles, tandis que La vie moderne a attiré en six semaines 200 017 spectateurs. "Il y a un retour à la terre et un hommage au documentaire" explique Gilles Jacob. "Une forte majorité s'est dégagée en faveur de ce film, même si nous avons à un moment imaginé de donner le prix ex aequo aux Plages d'Agnès d'Agnès Varda."

gilles jacob raymond depardon (c) vincy thomasUne demi-heure plus tard, les primés arrivent. En tenue de week-end. Point trop de formalisme. Gilles Jacob revient, entouré des lauréats : "un grand metteur en scène, un grand docuemntariste, un homme d'image, un homme de son..." Il insiste même sur cette singularité. Car, hormis Être et avoir en 2002, le genre n'a jamais reçu ce prix. "On en avait assez d'entendre "C'est un photographe qui fait du cinéma", alors que cela fait 30 ans qu'il fait des films, et des films magnifiques."

gilles jacob et samuel collardey (c) vincy thomasDepardon prend la parole. "L'important c'est de faire du cinéma." Il semble heureux. "Cela fait longtemps que vous me suivez. C'est l'aboutissement d'un parcours, une nostalgie transformée. C'est une évolution qui remonte à l'enfance, un hommage à la cinéphilie, aux cinéastes qui m'ont appris "le bon angle"."

L'obsession d'avoir le juste regard sur les choses : "Je suis toujours un photographe qui recherche la bonne place, filmer ces paysans a été un exercice de conscience et de puissance cinématographique car je ne pouvais pas les faire répéter". Il s'explique, sans amertume, que "le documentaire n'est pas toujours facile, il y a beaucoup de solitude, il faut beaucoup d'énergie et une idée fixe."

raymond depardon (c) vincy thomas raymond depardon photographie (c) vincy thomasDepardon rebondit sur l'actualité en parlant de Werner Herzog et de son cinéma vérité, où l'on ne peut pas faire répéter les acteurs. Puis il laisse Samuel Collardey connaître son quart d'heure de gloire. "Les paysans sont à l'honneur et j'en suis très fier. Je suis aussi très fier d'être associé à Raymond Depardon". Il se place directement en héritier de Depardon, avoue que, depuis la Fémis il s'est laissé accompagner par sa vision cinéphilique. Profils paysans lui a "donné envie de filmer".

La filiation est respectée. Ce cinéma-vérité, cette caméra sans artifice, ce romanesque crû demeure le genre de films qui a le vent en poupe auprès du jury du prix Louis-Delluc ces dernières années. Raymond Deaprdon connaît une saison de tous les honneurs avec une pièce de théâtre adaptée de ses films et mise en scène par Zabou Breitman, une exposition à la Fondation Cartier. Après un César du meilleur film documentaire en 1995, le Delluc 2008 est le plus important prix de cinéma qui lui est décerné.