Dinard 2018: la crème de la crème anglaise

Posté par kristofy, le 28 septembre 2018

Le Dinard Film Festival est lancé, depuis le 26 septembre jusqu'au 30. C'est la 29e édition de ce festival du film britannique : toute la ville s'est mise à l'heure anglaise avec drapeaux et cabine téléphonique d'outre-Manche. C'est l'occasion de découvrir en avant-première sur grand-écran un large panorama de films inédits avec, au générique, Emily Mortimer, Bill Nighy, Andrew Garfield, Claire Foy, Glenn Close, Gillian Anderson, Terence Stamp, Tom Wilkinson, Colin Firth, Paddy Considine, Jodie Whitaker, Billy Zane, Sam Claflin, Toby Jones, Paul Bettany, Judi Dench, Maggie Smith, Eileen Atkins, Kelly Reilly... La crème de la crème anglaise...

Des hommes cassés

Dinard c'est aussi le festival qui révèle au public français les jeunes talents en devenir de demain : par exemple l'acteur Andrew Garfield a vu son premier film Boy A recevoir il y a 10 ans le Grand prix du jury Hitchcock d’or et le Prix du public en 2008. Cette année, le film d'ouverture est justement le premier film en tant que réalisateur de Andy Serkis (Gollum, César et autres performances numériques), Breathe avec en vedette ce même Andrew Garfield et Claire Foy. Il s'agit du biopic bouleversant de Robin Cavendish qui, à peine marié, avec son épouse (enceinte) est atteint par la polio, qui va le paralyser de tout ses membres. Il se retrouve allongé relié à une machine respiratoire, emprisonné dans une existence qu'on pense de courte durée, mais l'amour de sa femme lui redonne goût à la vie : une chaise roulante équipée du respirateur va lui permettre de rentrer à la maison et même de voyager! Cette renaissance aventureuse et romantique va au fil des années poser des questions comme l'intégration du handicap dans la société ou le choix de l'euthanasie... Le film a été initié et produit par leur fils.

Par ailleurs le premier film de Paddy Considine Tyrannosaur avait remporté en 2011 le Grand prix du jury Hitchcock d’or et le Prix du scénario. C'est comme une évidence de voir ici son nouveau long métrage Journeyman dans lequel il se donne le premier rôle avec Jodie Whittaker (venue plusieurs fois à Dinard). La thématique de guérison quand on a tout perdu traverse là aussi cette histoire : un champion du monde de boxe s'effondre victime d'un grave traumatisme crânien, il a besoin de rééducation des membres mais surtout il a perdu la mémoire et ne reconnait plus sa femme, son bébé ni même ses amis...

Brexin

Cette année la présidente du jury est Monica Bellucci. Une italienne. Elle avait fait succomber l'agent secret britannique James Bond dans Spectre.Mais, après tout, la nationalité des cinéastes ou des comédiens, importent peu. Il suffit de voir The Bookshop, typiquement britannique dans son ADN (intrigue, décors, acteurs, ...), qui est réalisé par la catalane Isabel Coixet. Là aussi d'ailleurs on y voit un homme brisé (Bill Nighy, formidable) par les hypocrisies et les méchancetés des gens, et qui se réfugie dans les livres, tout en renouant avec le goût de la vie grâce à une libraire.

Autour d'elle, il y a Rupert Grint (de la sage Harry Potter), très entouré de jolies filles aux soirées, Emmanuelle Bercot, Kate Dickie, fidèle et adorée du festival, Sabrina Ouazani, Thierry Lacaze, de Studiocanal, Alex Lutz, et l'acteur Ian Hart  (auquel Dinard va rendre hommage). Pour la récompense du Hitchcock d'or, ils verront, comme le nouveau jury de la presse qui décernera le premier Hitchcock d'or de la critique:

- Funny Cow d'Adrian Shergold (Prix du public à Dinard en 2006), avec Maxine Peake, Paddy Considine et Stephen Graham.
- The Happy Prince de Rupert Everett, avec Rupert Everett, Colin Firth et Emily Watson. Premier film de l'acteur, présenté à Sundance et Berlin.
- Jellyfish de James Gardner, avec Liv Hill, Sinead Matthews et Cyril Nri. Double prix d'interprétation à Edimbourgh cet été, après avoir été présenté au Festival de Tribeca.
- Old Boys de Toby MacDonald, avec Alex Lawther, Pauline Etienne et Denis Ménochet. Le film a fait son avant-première à Edimbourgh.
- Pin Cushion de Deborah Haywood, avec Lily Newmark et Joanna Scanlan. Prix du public à Créteil, trois fois nommé aux British Independent Film Awards et en sélection à Venise l'an dernier.
- Winterlong de David Jackson, avec Francis Magee, Carole Meyers et Doon Mackichan. Premier film présenté en avant-première à Edimbourgh.

Malgré le soleil radieux de la Bretagne, les salles obscures sont pleines. A quelques mois du Brexit qui menace la Culture au Royaume-Uni, notamment dans ses liens avec les coproducteurs européens, le cinéma britannique montre encore sa vitalité et sa diversité.

Cannes 2013 : Qui est Sabrina Ouazani ?

Posté par vincy, le 17 mai 2013

Sabrina Ouazani25 ans. 10 ans de carrière. Et une montée des marches à Cannes avec l'équipe du film d'Asghar Farhadi, Le passé. Sabrina Ouazani n'a pas chômé ces dernières années. Repérée par Abdellatif Kechiche qui l'enrôle pour faire partie de L'Esquive (pour lequel elle est nommée dans la catégorie meilleur espoir féminin aux Césars), aux côtés de Sara Forestier, cette jeune et belle franco-algérienne essaie progressivement de sortir des rôles étiquetés "beurette de banlieue". Elle est, avec Leïla Bekhti et Hafsia Herzi, l'une des comédiennes les plus demandées dans cette "catégorie" dont elles veulent toutes, à juste titre, échapper.

Franche et émotive, Ouazani jouera pourtant souvent, au cinéma comme à la télévision, des Fadela, Radhija, Yamina, Assia, Farida et autres Rachida (dans Fauteuils d'orchestre, comédie "chorale" bling-bling des beaux quartiers). Mais c'est une fois de plus Kechiche qui la remet sur les bons rails avec La graine et le mulet en 2007. Christophe Honoré embraye en lui proposant un personnage lumineux pour Dans Paris, présenté à la Quinzaine des réalisateurs. Elle continuera dans cette veine avec Adieu Gary, sélectionné à la Semaine de la Critique, face à Jean-Pierre Bacri.

Sabrina Ouazani vante le dialogue fluide et sans préjugés entre les cultures méditerranéennes. Française affirmée, algérienne par ses parents, fiers de sa réussite, la fracture n'est pas un problème. La blessure est ailleurs : dans la perte accidentelle et brutale de son fiancé. Un deuil dont elle ne s'est pas vraiment remise...

Alors elle bosse, comme pour compenser le vide, avec Jérôme Bonnell comme avec Jean-Loup Hubert. On la voit dans le succès Tout ce qui brille, elle est la femme dans un monde d'hommes dans Des hommes et des Dieux, primé de Cannes aux Césars, elle tourne pour le petit écran la série Les Vivants et les Morts, elle s'aventure dans La source des femmes, en compétition à Cannes... Sabrina Ouazani se fait sa place. Avec le carton de la comédie policière rafraîchissante De l'autre côté du périph', où elle incarne une flic pas commode se rebellant contre le racisme ordinaire, elle séduit un peu plus. Elle gagne même un prix Jutra (les Césars québécois) pour son second-rôle dans Inch'Allah, prix de la critique internationale à Berlin. Actuellement à l'affiche de Mohamed Dubois, comédie populaire avec Eric Judor, elle n'en finit pas d'intriguer les médias qui y voient une gloire montante du cinéma de demain.

De Farhadi à Kechiche, d'Honoré à Beauvois, elle ferait presque oublier qu'elle est drôle, et sait répliquer à des monstres du rire comme Omar Sy. Elle triomphe d'ailleurs sur scène avec la comédie romantique Amour sur place ou à emporter. Nous on veut bien l'emporter...