Et si on binge-watchait… Hollywood

Posté par vincy, le 11 mai 2020

En attendant le retour des films en salles, la rédaction d’Ecran Noir vous recommande régulièrement un programme à visionner en streaming. Aujourd’hui, on vous emmène à Hollywood, dans les années 1950, à l'âge d'or des studios, avec la nouvelle série de Ryan Murphy diffusée sur Netflix.

Le pitch: À Los Angeles, quelque temps après la Seconde Guerre mondiale, des aspirants acteurs, scénariste et réalisateur sont prêts à tout pour démarrer une carrière dans l'industrie cinématographique. En plein âge d'or hollywoodien, ils vont découvrir les coulisses d'une industrie remplie d'inégalités notamment envers les personnes de couleur, les femmes ou les homosexuels… Ils vont donc devoir se battre pour réaliser leurs rêves.

Ryan Murphy, prince de Bel-Air. Il est sans aucun doute l'un des showrunners les plus en vogue de ces vingt dernoires années avec les séries Nip/Tuck, Glee, American Horror Story, Pose et, l'an dernier The Politician. Hollywood est de loin la plus classieuse de tous. Et une fois de plus ses thèmes de prédilection - la tolérance, l'antiracisme, l'homosexualité - se retrouvent dans cette série de 8 épisodes d'un peu moins d'une heure. Critique de la norme et ode à la diversité, Hollywood met en lumière des femmes, afro-américains, asiatiques, seniors, gays (refoulés ou assumés), gigolos, métis, face à un patriarcat assez réac et peu reluisant. Nus ou en slip, imitant Isadora Duncan ou s'envoyant en l'air avec une ex-vedette des twenties, les autres mâles exposent pourtant davantage leurs failles que leur corps. Murphy continue d'explorer la vulnérabilité des victimes de la norme et en fait un défilé de carnaval où il donne le beau rôle à ceux qu'on conspue ou qu'on juge, surtout à l'époque.

Une utopie antihistorique. Car l'intérêt d'Hollywood est ailleurs. Si Murphy cible explicitement le public LGBT et féminin, il universalise son propos avec une histoire de pouvoir dans l'industrie cinématographique. Certes, dans ces fifties, ce n'est pas Dreamland pour ces personnages marginaux et ces lieux interlopes pour invertis (c'est une forme d'histoire du Los Angeles gay qu'il esquisse ici). Même si tout finit bien (trop bien, mais c'est le propre d'Hollywood: on change les tragédies en love story, les échecs en succès, les illusions en mirages). Il y a du coup un double utopie: la première, sous couvert de ses bonnes intentions, est de faire croire que des minorités méprisées durant un siècle et des poussières peuvent rétroactivement et par cette fiction retrouver une part de gloire, redevenir visible, prendre leur revanche sur la réalité historique en transformant cette même réalité. C'est le principe d'Inglourious Basterds et de Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino: on refait le match.

Voyage dans l'âge d'or des studios. La deuxième utopie est plus cynique. Dans une belle esthétique à la fois art-déco et baroque des années 1950, la série montre comment fonctionnait Hollywood à l'époque, avec ses acteurs et techniciens sous contrats, le racisme ordinaire, la misogynie, l'homophobie, mais aussi le formatage et le contrôle des comédiens. Ryan Murphy s'en prend pourtant davantage au système hollywoodien contemporain. Ironique de la part d'un "talent" qui doit tout à Hollywood (enfin à Netflix surtout). Il ne critique pas le processus de création d'Hollywood, d'ailleurs. Il assume même parfaitement le "soft power" de l'industrie, l'impérialisme des patrons de studios, la puissance des agents, le nombre de produits de divertissements balancés pour faire du cash. Tout juste dégomme-t-il l'ingérence des avocats.

Au total, ces deux utopies forgent l'intérêt d'Hollywood. "Et si...?" Et si on avait produit un film avec une actrice noire, une actrice d'origine asiatique, un scénariste noir et gay, un réalisateur métis, une actrice un peu ridée... Et si les studios avaient fait ce qu'ils font depuis quelques années, c'est-à-dire, lancer des films écrits, réalisés, interprétés par tous les visages de l'Amérique et pas seulement des blancs. Selon la théorie de Murphy, Hollywood en aurait été changé. Et la société américaine, de facto, aussi. Mais, l'Histoire n'est pas vraiment celle-là.

Inexactitudes mais inégalités réelles. Certes, il y a eu un précédent:  l'Oscar pour Hattie McDaniel (la mama dans Autant en emporte le vent, qu'on voit ici raconter la cérémonie de 1940), qui fut la première interprète noire à être nommée (et à avoir gagné). Sinon il faudra attendre 1958 pour avoir un acteur noir en tête d'affiche et nommé à l'Oscar (Sidney Poitier) et 1954 pour une actrice nommée à l'Oscar d'interprétation féminine (Dorothy Dandridge), avant un grand vide jusqu'aux années 1970. Et pour les autres catégories, il n'y aura aucun noir avant les années 1960. L'immense star Yul Brynner, en 1956, fut le premier interprète d'origine asiatique oscarisé. Côté LGBT, même si certains se cachaient, les interprètes, scénaristes ou cinéastes furent plus chanceux, et ce dans toutes les catégories, y compris Rock Hudson, George Cukor et Noel Coward, tous présents dans la série.

Aussi, ce qu'Hollywood raconte est un peu exagéré historiquement. Le système avait déjà intégré les minorités dans ses productions. En fait, Ryan Murphy a imaginé avant tout un plaidoyer où celles-ci, victimes de la haine comme du harcèlement sexuel, prendraient le pouvoir: des femmes d'un certain âge aux homos. En cela c'est bien queer. La série est un combat contre la haine, ses injustices et ses inégalités, avec une élégance séduisante et un scénario de sitcom/soap opéra jubilatoire.

Un casting entre fiction et personnages réels. On peut toujours hurler aux stéréotypes, il n'empêche: on a découvert en voyant la série des acteurs formidables, beaux et attachants (par l'écriture de leur rôle). David Corenswet en acteur qui monte, Darren Criss en réalisateur déterminé, Laura Harrier en comédienne ambitieuse, Jeremy Pope en scénariste doué, Samara Weaving en héritière qui cherche sa place sont de belles révélations. A leurs côtés, il y a des vétérans, excellents, comme Joe Mantello en sublime directeur de production incorruptible et malheureux, Holland Taylor en fabuleuse directrice d'acteurs et d'actrices, Dylan McDermott en génial maquereau au grand cœur, Mira Sorvino, ex-oscarisée dans les années 1990, et ici en actrice vieillissante sur le retour, Maude Apatow (fille de Judd), en épouse pas comblée, le réalisateur Rob Reiner en patron de studio, et son épouse dans la fiction, Patti LuPone, star de Broadway et volant toutes les scènes où elle passe.

Mais le plus drôle est évidemment de ressortir des cadavres exquis, des personnages ayant vraiment existé: Vivien Leigh (Katie McGuinness), Anna May Wong (Michelle Krusiec), Tallulah Bankhead (Paget Brewster), George Cukor (Daniel London), Noel Coward (Billy Boyd), Hattie McDaniel (Queen Latifah) et Eleanor Roosevelt (Harriet Sansom Harris). Ceux qui fontt le lien entre la fiction - la troupe de jeunes talents en devenir - et le réel, c'est Rock Hudson, incarné par Jake Picking et Jim Parsons, en Harry Willson, son agent manipulateur et réel agent artistique de Hudson. Once upon a Time in Queer Hollywood.

Sharon Stone rejoint le casting du prequel de « Vol au-dessus d’un nid de coucou »

Posté par vincy, le 15 janvier 2019

sharon stone sur le tournage de il ragazzo d'oroRyan Murphy a complété son casting pour Ratched, sa nouvelle série, qui sera diffusée sur Netflix. Rached est présenté comme un prequel du film Vol au dessus d'un nid de coucou. Sorti en 1975, cette adaptation du roman éponyme de Ken Kesey (1962) et de la pièce de théâtre à Broadway (1963), avait reçu les cinq principaux Oscars: Meilleur film pour Michael Douglas et Saul Zaentz, Meilleur réalisateur pour Milos Forman, décédé l'an dernier, Meilleur acteur pour Jack Nicholson, Meilleure actrice pour Louise Fletcher et Meilleur scénario adapté pour Bo Goldman et Lawrence Hauben.

Ryan Murphy, créateur des séries Nip/Tuck, Glee, American Horror Story, Feud et Pose, et réalisateur du film Mange, prie, aime et du téléfilm The Normal Heart, va tourner cette nouvelle série dès février. Deux saisons (au total 18 épisodes) ont été commandés. Ce prequel mettra en vedette Sarah Paulson dans le rôle autrefois tenu par Louise Fletcher, l'infirmière en chef Mildred Ratched.

Le générique comprend Jon Jon Briones (Sons of Anarchy, American Horror Story: Apocalypse), Charlie Carver (Desperate Housewives, Teen Wolf), une fidèle de Woody Allen, Judy Davis (vue aussi dans Marie-Antoinette et Feud), Harriet Samsom Harris (Phantom Thread, Desperate Housewives), Cynthia Nixon (Sex and the City), Hunter Parrish (Weeds, The Good Wife), Amanda Plummer (Pulp Fiction, Battlestar Galactica), Corey Stoll (First Man, House of Cards, Los Angeles police judiciaire), et Finn Wittrock (American Horror Story, Si Beale Street pouvait parler).

Sharon Stone, récemment à l'affiche de The Disaster Artist de James Franco, a été la vedette l'an dernier de la mini-série Mosaic de Steven Soderbergh.

La série remontera le temps en commençant après la seconde guerre mondiale, où on suivra Mildred Ratched, infirmière normale, devenir le monstre que l'on connaît.

Julia Roberts mange, prie, aime… avec Richard Jenkins

Posté par vincy, le 15 avril 2009

richard jenkinsIl a manqué l'Oscar. Mais il a gagné le droit de jouer avec Julia Roberts. Richard Jenkins, admirable dans The Visitor, en vieux professeur fumiste dont la vie bascule grâce à son amour pour le djembé, a été choisi pour donner la réplique à la star dans Eat, Pray, Love. Le film est l'adaptation du best-seller autobiographique de Elizabeth Gilbert, Mange, prie, aime : changer de vie, on en a tous rêvé... elle a osé ! (édité en France l'an dernier et qui sort en poche dans deux semaines).

Le projet, produit par la société de Brad Pitt et Deede Gardner, Plan B, avait été gelé il y a quelques semaines quand Paramount l'avait abandonné. Columbia le reprend et confirme qu'il sera réalisé par Ryan Murphy, plus connu pour ses talents télévisuels (Nip/Tuck entre autres). Le tournage débute cet été entre New York, Rome, l'Inde et Bali, pour une sortie en 2010.

Julia Roberts interprétera une femme heureuse en mariage qui essaie d'être enceinte et qui réalise que sa vie a besoin d'une autre direction. Elle divorce et s'embarque dans un tour du monde initiatique. Jenkins sera l'ami texan.