Le cinéaste iranien Bahman Ghobadi arrêté, incarcéré puis libéré

Posté par vincy, le 11 juin 2009

ghobadi.jpgLe cinéaste iranien Bahman Ghobadi avait ouvert la sélection Un Certain Regard avec son film Les Chats persans. Le film raconte les absurdités d'un système répressif et le désir d'évasion de musiciens underground (et non autorisés) téhéranais. Il avait reçu deux prix, le prix spécial Un certain regard et le prix François Chalais.

Ghobadi a été arrêté pui incarcéré pendant une semaine à son retour en Iran. Il a finalement été libéré mardi 9 juin. Parti de Berlin pour le Kurdistan irakien le lundi 1er juin, le réalisateur, qui devait se rendre en Iran pour quelques jours, avait pris la route le mardi et n'avait depuis plus donné de nouvelles à ses proches. Bahman Ghobadi avait été arrêté à son entrée dans le pays par la police des frontières iranienne, qui l'a ensuite maintenu en détention pendant une semaine.

Grâce à une importante caution versée par son oncle et son avocat, il a pu être libéré. A cannes il avait prévenu : "si je rentre en Iran, je suis sûr qu'on ne m'autorisera plus à tourner. On on va me contrôler, on ne me laissera plus jamais faire un film underground comme celui-là". "J'ai 39 ans, j'ai besoin d'aller quelque part où je pourrai faire des films. C'est si dur, tout est sombre pour moi aujourd'hui", avait déclaré le récipiendaire de la Caméra d'or (Un temps pour l'ivresse des chevaux, 2000).

Ghobadi a co-écrit Les chats persans avec sa compagne, la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, accusée d'espionnage par Téhéran et condamnée à huit ans de prison avant d'être libérée elle-même lundi, après avoir vu sa peine ramenée à deux ans avec sursis. Espérée à Cannes, la jeune femme n'était finalement pas venue. Elle était emprisonnée depuis le 31 janvier.

Ils semblent décider à s'exiler. "Je suis triste, si triste, à propos de ma vie, mon travail, ma situation, je ne sais plus quel est mon pays. Je ne peux pas retourner en Iran, mais où vais-je aller ... en Grande-Bretagne ? aux Etats-Unis ?". Etrangement mélancolique, pour ne pas dire déprimé lors de son passage sur la Croisette, le cinéaste espère sans doute que les élections iraniennes, qui auront lieu demain, changent la donne et offre plus de liberté aux citoyens iraniens.

Les deux jeunes acteurs du film, Ashkan Koshanejad et Negar Shaghaghi, ont affirmé ne pas avoir non plus l'intention de rentrer en Iran. "90% du film est la réalité. Il y a un an et demi, j'ai été emprisonné pendant trois semaines pour avoir donné un concert de rock" a avoué Ashkan Koshanejad.

Tourné dans l'urgence en 17 jours, sans autorisation, Les chats persans devrait sortir début décembre en France.