Edito: A la recherche du romantisme perdu

Posté par redaction, le 14 juin 2017

Etre romantique aujourd'hui, c'est presque honteux. Reconnaissons qu'un dîner aux chandelles ou un bouquet de fleur livré par coursier, ça renvoie une image un peu cliché, kitsch, cul-cul. A tort. Mais on voit mal où se trouve le romantisme aujourd'hui quand on peut se choisir un plan cul avec son smartphone (il y en a pour chaque fantasme) ou des vacances festives au soleil entre célibataires chauds comme un cul exposé sur la plage. Inconsciemment, nombreux sont ceux qui rêvent du grand amour, du beau mariage, etc. Chacun a son image en tête: la déclaration sur le pas de la porte dans Love Actually, le baiser fougueux sous la pluie dans 4 mariages et un enterrement, le restaurant vide où l'on danse comme dans Dirty Dancing, le "prince charmant" qui surmonte son vertige pour aller vous embrasser sur votre balcon, etc...

Le romantisme, grâce au cinéma, est un dopant qui envahit nos rêves. Une sorte de pilule chimique qui influe sur nos hormones. A cause du cinéma, il a été réduit à des scènes (parfois cultes) où le monde ressemblerait à un conte de Disney. Soyons triviaux: à quelques rares exceptions, on ne "baise" pas sauvagement quand on est romantique mais on va mystérieusement à la salle de bain avant de coucher, on ne pète pas au lit et l'haleine est toujours fraîche, on ne tombe jamais sur un micro-pénis et le partenaire est toujours au top de sa forme, on ne se trouve jamais dans un studio de 16 m2 et en plus tout est souvent très bien rangé et nettoyé. On remercie du coup Bridget Jones pour avoir décomplexé les femmes côté lingerie. On salue aussi Joseph Gordon-Levitt d'avoir prouver que l'abstinence n'était pas saine. On félicite toutes ces actrices qui ont su imposer un amant plus jeune qu'elle. On congratule les acteurs hétéros d'avoir accepter de jouer les amoureux homos.

Mais une chose est certaine: le romantisme semble perdu, dissout dans les pixels et les puces électroniques, mixé par les images stéréotypées du 7e art, galvaudée par une forme de sirop trop sucré qui anesthésie la définition même du terme.

Car il y a différentes formes de romantisme. Au cinéma, cela peut aller du drame amoureux à la tragédie sacrificielle. En littérature il prend sa racine dans le romanesque et l'imaginaire. C'était une forme de rébellion contre le classicisme et la pensée dominante. Il s'agissait de vouer un culte au sentiment, de le mêler aux mythes de la nature, de se laisser porter par l'irrationnel, la création, l'intuition, et de briser ainsi les conventions. C'est la passion qui prend le pas sur la raison. Qu'il soit allemand, italien, anglais ou français, le romantisme est un art du mouvement. Il se veut lyrique, fou, libre. Il conduit plus souvent à la mort qu'au bonheur. Il peut-être fantastique ou poétique. L'affectif, la démesure des émotions, la symbiose avec la nature, l'attirance de l'exotisme font le reste.

En ces temps où l'on cherche son équilibre dans des chemins très balisés, il faudrait peut-être retrouver ce romantisme pour nous bousculer. Plutôt que de vivre par procuration à travers des images, plutôt que d'aimer des "people", ces demi-Dieux mortels, plutôt que de s'évader dans des histoires inventées, même si tout cela permet de ne pas déprimer face aux réalités, peut-être faut-il mieux s'élancer dans sa propre quête romantique. Cela nécessite de l'audace et de l'imagination, cela signifie surmonter ses peurs et accepter les échecs. Tout n'est pas perdu. Il suffit de retrouver l'âme romantique.

En attendant, alors que le Festival du film romantique de Cabourg présente ce week-end des films romantiques, drames ou comédies, vous pouvez aussi revoir de grands films du genre pour vous inspirer, de Casablanca à Elle & Lui, de Clair de Lune à Nos plus belles années, de Harold et Maude à Raisons et sentiments. Pas la peine d'envoyer une photo un peu coquine à votre crush par snap. Un sms en vers fera largement l'affaire. Assumez d'être un peu cul-cul, kitsch, fleur bleue, de préférer une promenade avec son/sa chéri/e, d'être Lady Chatterley faisant l'amour en forêt, d'écrire des jolies phrases sur messenger, ou de pleurer à deux en regardant Sur la route de Madison.

Dans Love Story, on entendait cette phrase: "être amoureux signifie de ne jamais être forcé de s'excuser". En effet, il ne faut pas avoir honte d'être romantique, comme on ne doit pas se cacher d'être amoureux. Au moins, le cinéma nous le rappelle régulièrement: il n'y a pas plus beau sentiment que l'amour.

Retour sur Cabourg : les films de l’été s’invitent avec un peu d’avance

Posté par kristofy, le 18 juin 2010

Sara ForestierAprès la frénésie de Cannes, les quelques jours de Cabourg représentent pour certains professionnels l’occasion idéale de se retrouver une dernière fois avant les vacances d’été. La convivialité de ce festival romantique est propice aux rencontres et à la détente. Ainsi, Frédérique Bel en plus d’être une jurée vraiment cinéphile (elle a défendue le film Air Doll de Kore-Eda Hirokazu) n’hésite pas à danser la samba ou à pousser la chansonnette, tandis qu'au piano-bar de l’hôtel Julie Ferrier se souvient qu’elle a été danseuse pour improviser une chorégraphie autour de Virginie Elfira qui chante mieux qu’une nouvelle star.

Les acteurs débattent également en toute décontraction avec le public ravi de les rencontrer à l'occasion de ces avant-premières prestigieuses pour certaines tout droit venues de Cannes :  Lio était là pour soutenir Un poison violent (4 août), Sara Forestier Le nom des gens (notre photo), Ludivine Sagnier Pieds nus sur les limaces. Mais aussi Vahina Giocante avec le réalisateur Manuel Pradal pour la première projection publique de La blonde aux seins nus (21 juillet) ou encore le film italien Encore un baiser de Gabriele Muccino (la suite du succès Juste un baiser avec Stefano Accorsi), d'ailleurs l'un des préférés des festivaliers.

Le public de Cabourg représente alors une sorte de baromètre de l’accueil que recevra un film au moment de sa sortie. Par exemple le réalisateur Gabriel Le Bomin est venu équipeavec l’acteur Marc-André Grondin pour Insoupçonnable (4 août), un film de suspense ambitieux avec au générique également Laura Smet, Charles Berling et Grégori Derangère. Or la salle n’est pas vraiment conquise : "ça fait comme un mauvais Chabrol", entend-on. Au contraire, la comédie pour ado Je vous aime très beaucoup avec Firmine Richard (notre photo) a été vraiment appréciée pour sa bonne humeur communicative. Peut-être un succès potentiel à partir du 7 juillet ?

Mais le vrai coup de cœur a été pour D’amour et d’eau fraîche de la réalisatrice Isabelle Czajka venue avec Anaïs Demoustier (qu’elle retrouve après L’année suivante) et Pio Marmaï. Après la projection, le trio est resté un long moment pour les réactions du public, qu’il s’agisse de détails ou des questions soulevées par l’histoire.

Isabelle Czajka : "la jeune fille prend le temps de tomber amoureuse et de faire un écart de jeunesse. Ces moments en dehors de la loi c’est peut-être ça la vraie jeunesse, quel que soit l’âge qu’on a d’ailleurs".

Pio Marmaï : "je suis pour ce côté hors la loi, ce qui m’a intéressé dans le scénario c’est des jeunes qui prennent le contre-pied d’une sorte de chemin tracé obligé. Cette tentative d’un autre type de vie c’est peut-être un peu désespéré, mais on peut en parler dans le cinéma".

La discussion a été un vrai partage : l’équipe s’est rendu compte que le film a bien été compris et a fait forte impression auprès de ses premiers spectateurs. Cette fois, l’actrice Anaïs Demoustier devient plus qu’une révélation (et Pio Marmaï a été sollicité par toutes les dames pour une photo). Rendez-vous en salles pour vérifier la tendance le 18 août.

Crédit photo : Christophe Maulavé