Le plus dandy des James Bond, Roger Moore, tire sa révérence (1927-2017)

Posté par vincy, le 23 mai 2017

Sept fois 007, Sir Roger Moore est décédé ce mardi 23 mai à l'âge de 89 ans, en suite, des suites d'un cancer. Le James Bond le plus nonchalant et gentleman, n'a pas pu échappé à la mort cette fois-ci. A 5 ans, une pneumonie avait failli l'emporter. Dans les années 1990, il avait du soigner un cancer de la prostate. En 2003, il s'était écroulé sur une scène new-yorkaise, victime d'un arrêt cardiaque. "Il me semble que je me suis évanoui" avait-il expliqué par la suite.

De tous les acteurs ayant incarné l'espion de Ian Fleming, Roger Moore avait été le plus prolifique, en tournant sept films de la franchise. Ce qui avait passablement bousillé sa carrière. De 1973 à 1985, 007 avait eu une emprise sur lui bien trop importante pour que d'autres cinéastes lui proposent d'autres rôles consistants. Contrairement à Sean Connery, Moore s'est laissé emprisonner par le cachet mirobolant et un certain confort. Trop beau en 1962 et recalé pour Dr. No, il est devenu trop vieux sur la fin pour jouer les héros. Il avait déjà 45 ans quand il a succédé à Sean Connery. Nabab, il rechignait à faire le moindre effort sportif, abusant des doublures même pour des courses à pieds.

Il a su insuffler un charme très british, une forme de dandysme au personnage. Cet humour distillé dans des 007 inégaux, du Moonraker voguant sur la vague Star Wars au burlesque Octopussy en passant par le très sobre Homme au pistolet d'or, aura malgré tout permis à 007 de résister aux blockbusters américains qui commençaient à envahir les salles.

Roger Moore a surtout été une star du petit écran: éternel The Saint qui l'a rendu mondialement célèbre dans les années 60, puis compère de Tony Curtis dans Amicalement Vôtre au début des années 70, il était la quintessence du beau mâle aristocratique britannique, désinvolte et dragueur. Playboy, il l'était aussi dans la vie. Il avait aussi essayer la réalisation en tournant des épisodes des deux séries.

Une carrière de remplaçant

Outre James Bond et la télévision, la carrière de Roger Moore au cinéma n'a pas beaucoup croisé de grands cinéastes. Plutôt abonné aux comédies, films de guerre ou thrillers de deuxième catégorie, signalons pour la postérité: La Seconde Mort d'Harold Pelham (The Man who Haunted Himself) de Basil Dearden, Les Oies sauvages (The wild geese) d'Andrew V. McLaglen, Bons baisers d'Athènes (Escape to Athena) de George Pan Cosmatos, L'Équipée du Cannonball (The Cannonball Run) de Hal Needham, ou encore L'Héritier de la panthère rose (Curse of the Pink Panther) de Blake Edwards. Il se souciait peu de de la qualité des scénarios et dépréciait souvent ses personnages, considérant même des situations de 007 comme ridicules.

Star mondiale maniant l'humour anglais avec brio, conservateur dans l'âme, évadé fiscal notoire, il était philosophe: "Si je conservais toutes les mauvaises critiques sur moi, il me faudrait deux maisons" confiait-il. Mais il était assez fier d'être une star, et pour lui une star c'était un acteur dont on pouvait épeler le nom à Vladivostok.

Né le 14 octobre 1927, d'un père policier et d'une mère au foyer, officier militaire, il a débuté en figurant en 1944 dans César et Cléopâtre, avec Vivien Leigh. Il s'inscrit ensuite à la Royal Academy of Dramatic Art et tient son premier succès avec la série Ivanhoé dans les années 1950.

Selon lui, son plus grand rôle était celui d'ambassadeur itinérant de l'Unicef pour le Fonds pour l'enfance des Nations unies, où il succéda à Audrey Hepburn. "Dresser le sourcil pour Bond était une chose mais sensibiliser l'opinion pour la cause des enfants est beaucoup plus important" disait-il en 2003.

Guy Hamilton, réalisateur de Goldfinger, est mort (1922-2016)

Posté par redaction, le 22 avril 2016

Le cinéaste Guy Hamilton est mort à l'âge de 93 ans, jeudi 21 avril 2016, à Majorque en Espagne. C'est l'acteur britannique Roger Moore qui a annoncé la nouvelle sur twitter. Guy Hamilton avait réalisé deux James Bond avec Roger Moore, Vivre et laisser mourir et L'homme au pistolet d'or. C'est pourtant avec Sean Connery qu'il a signé l'un des meilleurs films de la franchise, Goldfinger, ainsi que Les diamants sont éternels. C'est donc lui qui a assuré la transition entre Connery avec ses Diamants éternels et Moore avec Vivre et laisser mourir.

Né en 1922, à Paris, il aspire très tôt à devenir metteur en scène. La guerre retarde ses plans mais une fois le conflit mondial terminé, il parvient à ses fins en devenant assistant-réalisateur, notamment de Carol Reed sur les tournages de quelques uns de ses films dont Le Troisième homme, Grand prix au Festival de Cannes.

A 30 ans, il assiste John Huston sur The African Queen, un des plus grands films de l'époque puis décide de devenir réalisateur. Il débute sa carrière avec des polars typiquement britanniques avant de varier les genres avec un film de guerre et un musical. Avec Manuela, en 1957, il est sélectionné en compétition à Berlin. Touche-à-tout, il prouve un certain savoir faire sans avoir un style propre. Il ne s'en offusque pas. ce qui lui plaît c'est la direction d'acteurs, la valorisation de ses stars. Aussi, il se fait plaisir avec Burt Lancaster, Kirk Douglas et Laurence Olivier dans Au fil de l'épée, James Mason, George Sanders et Vera Miles dans Un brin d'escroquerie, David Niven et Alberto Sordi dans Le meilleur ennemi, Robert Mitchum et Trevor Howard dans L'affaire Winston.

Avec une réelle maîtrise, il manie l'humour et le spectacle, l'action et la romance. En réalisant Goldfinger en 1964, il prouve justement qu'il peut intégrer les codes pré-établis d'une franchise naissante tout en sublimant une séquence ou en plaçant sa caméra à l'endroit où il faut pour donner de la perspective à une scène. De là sa carrière va décoller.

Souvent considéré comme un faiseur, Guy Hamilton va pourtant mettre sa patte à des films comme les aventures d'Harry Palmer dans Mes funérailles à Berlin, avec Michael Caine, qu'il retrouve dans La bataille d'Angleterre, et L'ouragan vient de Navarone, avec un Harrison Ford pré-Star Wars. Sa carrière s'étiole dans les années 80 avec deux Agatha Christie médiocres.

Il n'a plus rien tourné depuis 1989. Mais il reste de lui cette femme nue peinte en or, allongée, morte sur un lit.

James Bond est devenu deux fois plus violent depuis Dr.No

Posté par vincy, le 11 décembre 2012

james bond sean connery dr no daniel craig quantum of solaceSelon une étude de l'université d'Otago (la plus ancienne Nouvelle Zélande), des chercheurs ont constaté que la violence des James Bond a plus que doublé entre Dr No (1962) et Quantum of Solace (2008).

Dans le premier film, 109 actes violents légers ou sérieux (voire mortels) ont été répertoriés. Dans l'avant-dernier film de la série, les chercheurs en ont comptabilisé 250. Entre temps, le système de censure n'a jamais varié : 007 est vu par des enfants comme des adolescents. Car il s'agissait bien de l'objectif des chercheurs : rendre James Bond moins accessibles aux mineurs, ou en tout cas, alerter les parents que 007 n'est pas un héros plus familial que les Rambo et autres Batman.

L'étude démontre d'ailleurs que les violences légères sont stables tandis que les violences sérieuses (attaques armées, coups et blessures, mors) ont triplé. Selon le graphique publié, le film le moins violent de la série est Live and let die (Vivre et laisser mourir), qui date de 1973. C'était le premier film avec Roger Moore dans le rôle de James Bond. Et le plus violent est Tomorrow never dies (Demain ne meurt jamais) en 1997, avec Pierce Brosnan. L'acteur n'a pas ménagé sa peine, puisque le 2e du classement est Die Another day (Meurs un autre jour).

Globalement, si l'on suit la courbe, la tendance est à la hausse. Sean Connery avait atteint un pic en 1969, qui fut la "norme" de 1974 à 1989. Avec Brosnan, ce fut l'inflation. Les films avec Craig se situent dans la moyenne mais les actes très violents continuent d'être en hausse.

graphique statistiques violence james bond

Peut-on être une star bankable quand on a été James Bond?

Posté par vincy, le 9 octobre 2012

Y a-t-il une vie après James Bond? Pour les cinq acteurs ayant incarné l'agent au service de sa majesté - on a mis Lazenby à part puisqu'il n'a tourné qu'un seul Bond - la réponse varie.

Pas si simple de se débarrasser du Martini et de l'image misogyne que l'agent secret impose. Beaucoup d'acteurs ont rêvé de l'interpréter, alors que 007 est plutôt un cadeau empoisonné. Certes, cela augmente la notoriété, mais de là à se rendre "bankable" et s'assurer une carrière, il y a du chemin.

Souvent les James Bond sont devenus les plus grands succès de chacun des acteurs, incapables de faire mieux dans d'autres films, à une exception.

Sean Connery

Dr No avait rapporté 16M$. Puis Bons baisers de Russie installa la série avec 25M$ de recettes en Amérique du nord. Goldfinger explosa le chiffre avec 51M$. Opération Tonnerre fit encore mieux avec 64M$. Les deux suivants firent moins bien : On ne vit que deux fois (43M$) et Les diamants sont éternels (44M$). Il faudra quand même attendre L'espion qui m'aimait pour retrouver ces niveaux. L'autre James Bond, non officiel, toujours avec Connery, Jamais plus jamais rapportera 55M$, soit un chiffre dans les eaux de ceux de Roger Moore à la même époque. Notons aussi qu'Opération Tonerre reste le plus gros succès de la franchise, toutes époques confondues (il rapporterait aujourd'hui l'équivalent de 600 M$). Goldfinger et On ne vit que deux fois sont également classés dans les 200 plus importantes recettes ajustées au prix de l'inflation (voir tableau en fin d'article).

Sean Connery a pourtant survécu à Bond. Après son départ, en 1971, il a aligné des grands films et des hits au B.O. comme Un pont trop loin (51M$), Les Incorruptibles (76M$), Indiana Jones et la dernière Croisade (197M$), A la poursuite d'Octobre rouge (122M$), The Rock (134M$). 40 ans de carrière au top pour le premier James Bond avant sa retraite en 2003.

Roger Moore

Roger Moore a bien profité de la franchise 007 : Vivre et laisser mourir (35M$), L'espion qui m'aimait (47M$), Moonraker (70M$, record qui ne sera pas battu avant Pierce Bosnan), Rien que pour vos yeux (55M$), Octopussy (68M$) et Dangeureusement votre (50M$) ont tous été des hits. Seule exception, L'homme au pistolet d'or (21M$). Hors Bond, Moore, tourna peu. Mais sa notoriété fut mise au service du film L'équipée du Cannonaball, en 81, qui fit un joli succès (57M$). Sinon, ses rares choix furent assez malheureux. Après une brillante carrière télévisuelle et un James Bond régulier, il fut rarement à l'écran.

Timothy Dalton

Outre sa participation vocale à Toy Story 3, l'acteur n'aura pas sauvé l'espion de son déclin et l'espion n'aura pas propulsé l'acteur dans les étoiles. The Living daylights a rapporté 51M$ et License to Kill 35M$. Il ne sera à l'affiche que de deux succès après 1989, The Rocketeer (47M$), jugé comme un fiasco à l'époque, et The Tourist (68M$), four relatif avec Depp et Jolie où il n'avait qu'un second rôle. Autant dire que James Bond l'a "tuer".

Pierce Brosnan

GoldenEye (106M$) avait permit de relancer la franchise ; depuis, grâce à Brosnan, les scores de James Bond sont au plus haut : Demain ne meurt jamais (125 M$), Le Monde ne suffit pas (127M$) et surtout Meurs un autre jour (161M$).  Mais, débarrassé de son arsenal d'espion invincible, Brosnan a alterné des bons films au succès d'estime (Le Tailleur de Panama, The Ghost Writer), des flops (Grey Owl, Remember Me, The Matador), des succès relatifs (Le pic de Dante, L'affaire Thomas Crown) et seulement deux hits, Percy Jackson et surtout Mamma Mia!, plus gros box office pour une comédie en 2008 (144M$ en Amérique du nord).

Daniel Craig

Casino Royale et Quantum of Solace restent ses deux plus gros succès en Amérique du nord, avec respectivement 167 M$ et 168M$. Reste que l'acteur a réussit l'exploit d'être à l'affiche de blockbusters depuis qu'il a enfilé le costard de 007, comme Millénium (102M$) et Cowboys & Envahisseurs (100M$). Mais il aussi encaissé quelques gros fours... Son ambition est sans doute ailleurs : être le premier agent 007 à dépasser la barre symbolique des 200 millions de $ au box office US.

Le box office US (ajusté avec l'inflation du prix des billets) de James Bond

1. Thunderball (1965, Connery) 600M$
2. Goldfinger (1964, Connery) 531M$
3. You Only Live Twice (1967, Connery) 288M$
4. Moonraker (1979, Moore) 225M$
5. Die Another Day (2002, Brosnan) 221M$

6. Tomorrow Never Dies (1997, Brosnan) 216M$
7. From Russia, with Love (1964, Connery) 214M$
8. Diamonds Are Forever (1971, Connery) 213M$
9. Casino Royale (2006, Craig) 204M$
10. The World Is Not Enough (1999, Brosnan) 199M$
11. GoldenEye (1995, Brosnan) 196M$
12. Quantum of Solace (2008, Craig) 188M$
13. Octopussy (1983, Moore) 173M$
14. The Spy Who Loved Me (1977, Moore) 168M$
15. Live and Let Die (1973, Moore) 160M$
16. For Your Eyes Only (1981, Moore) 158M$
17. Dr. No (1963, Connery) 152M$
18. Jamais plus jamais (1983, Connery) 141M$)
19. On Her Majesty's Secret Service (1969, Lazenby) 129M$
20. A View to a Kill (1985, Moore) 113M$
21. The Living Daylights (1987, Dalton) 105M$
22. The Man with the Golden Gun (1974, Moore) 90M$
23. License to Kill (1989, Dalton) 70M$

45% d’Américains sont pour le retour de James Bond

Posté par vincy, le 13 novembre 2008

Déjà 2,9 millions de Français n'ont pas pu résister aux charmes de Daniel Craig dans Quantum of Solace.  Aux Etats-Unis, où le film n'est pas encore sorti, un sondage de Rasmussen confirme l'intérêt perpétuel pour 007 puisque 45% des Américains interrogés sont ravis de son retour sur les écrans. Seulement 32% pensent que le héros est fatigué, et 22% ne se prononcent pas.

Les femmes semblent cependant plus réservées et considèrent même la franchise comme dépassée : James Bond reste une saga pour mâles. 57% des hommes interrogés avouent avoir vu la plupart des James Bond. Une série qui passionne principalement les 30-60 ans.

Et justement, dans la hiérarchie des acteurs, Sean Connery demeure le favori avec 49% des sondés qui le jugent comme le meilleur des espions britanniques, loin devant Roger Moore (17%), Pierce Brosnan (11%) et Craig (4%).