Cannes 2017: Qui est Robin Campillo ?

Posté par vincy, le 20 mai 2017

Avec 120 battements par minute, Robin Campillo entre dans la cour des grands en étant l'un des cinéastes français en lice pour la Palme d'or. A bientôt 55 ans, il était presque temps pour ce  réalisateur-scénariste-monteur , césarisé pour son adaptation d'Entre les murs (la Palme d'or de Laurent Cantet) et nommé aux César comme meilleur réalisateur et meilleur film en 2015 pour son excellent film Eastern Boys, plusieurs fois primé dans les Festivals (dont Venise avec le prix du meilleur film dans la section Horizons).

Deux films à Cannes cette année

120 battements par minute n'est que son troisième film. Le premier long métrage, Les revenants, remonte à 2004. Le film sera ensuite décliné avec succès en série pour Canal +. Formé à l'IDHEC au début des années 1980, où il rencontre son "partner in crime" Laurent Cantet, il a coécrit et monté trois des films du cinéaste: L'Emploi du temps (2001), Vers le sud (2005), Entre les murs (2008) et Foxfire, confessions d'un gang de filles (2012). Il a aussi monté Retour à Ithaque (2014) toujours de Cantet, et Qui a tué Bambi? de Gilles Marchand. L'an dernier, il a également co-écrit Planétarium, de Rebecca Zlotowski. En plus de son film, Robin Campillo est présent cette année à Un certain regard, en tant que co-scénariste du nouveau film de Laurent Cantet, L'Atelier. Double actualité qui mérite qu'on s'attarde sur cette personnalité discrète du cinéma français.

Eastern Boys racontait l'histoire d'un plan cul qui tourne mal pour un bobo de Montreuil, mélangeant avec brio la quête du bonheur, l'homosexualité, le rapport à l'étranger, la clandestinité. Avec 120 battements par minute, le cinéaste veut évoquer la création du mouvement Act Up à la fin des années 80.

Sans frontières

Robin Campillo, à travers ses trois films, montre qu'il aime tracer, traverser puis effacer les frontières: ces limites intimes qu'on porte en nous comme ces bordures et ses murs que la société, la politique, la culture construisent pour nous enfermer. Il aime les espaces urbains comme les huis-clos isolants. Peut-être que ce rapport au monde, ce besoin d'ouverture, lui vient de son enfance. Né au Maroc en 1962, il a vécu ensuite à Madagascar. Son père était dans l'armée de l'air. C'est sur une base militaire qu'il découvre le cinéma: un endroit finalement coupé, protégé du monde, d'où il pouvait s'évader par le son et l'image grâce à Eddie Constantine, qui plaisait aux soldats, comme à Jean-Luc Godard, qui les faisaient hurler. Aujourd'hui, il vit à Montreuil.

Son cinéma, maîtrisé, est influencé par des références multiples, de Jacques Demy (la scène de cambriolage festive avec la musique électronique signée Arnaud Rebotini dans Eastern Boys) à L'Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel (Les Revenants) en passant par Truffaut, Resnais, etc. A travers ses films, il décode la domination (sociale, sexuelle, sentimentale, matérielle, politique) et le retour à la vie, cette renaissance après la mort, la maladie, ou la dépossession. Il aime installer un climat inquiet, une atmosphère singulière où ses personnages errent dans un monde étranger. Robin Campillo, en trois films, a su s'imposer comme un réalisateur prometteur et différent, en mettant en lumière les marginaux ou les mis à l'écart.

Cannes 2017 : André Téchiné et Robin Campillo sélectionnés pour la Queer Palm

Posté par wyzman, le 4 mai 2017

Une semaine pile poil après avoir présenté l'affiche de la 8ème édition, les organisateurs de la Queer Palm viennent de dévoiler la liste des 7 longs-métrages et 6 courts qu'ils ont sélectionnés sur le site de TÊTU, magazine partenaire de l'événement. Créée par le journaliste Franck Finance-Madureira en 2010, la Queer Palm récompense depuis les films célébrant l'altersexualité. Et à en juger par cette nouvelle sélection, Les Vies de Thérèse de Sébastien Lifshitz (lauréat 2016) et Carol de Todd Haynes (lauréat 2015) n'ont qu'à bien se tenir.

Au programme de cette nouvelle édition, on trouvera donc : Coby de Christian Sonderegger, film documentaire proposé par l'ACID sur le changement de sexe de Suzanna, 23 ans ; They en séance spéciale sur un ado qui se cherche ; Marlina the murderer in four acts sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs sur une jeune veuve plus que déterminée à s'émanciper ; Nothingwood, documentaire également présenté à la Quinzaine des réalisateurs sur un cinéaste afghan. Mais ce n'est pas tout ! Il faudra aussi compter sur 120 battements par minute de Robin Campillo en compétition officielle et qui traite de la rencontre entre deux militants d'Act-Up Paris ; Nos années folles d'André Téchiné, en séance spéciale, sur un vrai déserteur (campé par Pierre Deladonchamps) qui a dû se travestir pour survivre ; How to talk to girls at parties de John Cameron Mitchell (hors-compétition), qui raconte les péripéties de trois jeunes Anglais à la fin des années 1970.

Côté courts-métrages, la sélection parrainée par le réseau gay Hornet compte un film français (Les Iles), un israélien (Heritage), un croate (Cherries), un franco-portugais (Mauvais Lapin), un polonais (The best fireworks ever) et un nord-américain (Möbius).

Cette année, le jury de la Queer Palm sera présidé par Travis Mathews et comptera en son sein le journaliste Didier Roth-Bettoni, la réalisatrice Lidia Leber Terki, le directeur du festival de cinéma LGBT de Tel Aviv Yair Hochner et la responsable de programmation de la section Panorama du Festival de Berlin Paz Lazaro.