Une perle, une résolution et une déception au FEFF de Strasbourg

Posté par matthieu, le 23 septembre 2012

Sound of My Voice est le film le plus passionnant (mais aussi frustrant) du festival. Il renferme quelque chose d'absolument captivant dès ses premières minutes. On est happé par l'ambiance de cette secte, cette jeune et jolie blonde qui nous raconte son histoire. L'actrice Brit Marling est excellente et interprète un personnage qui l'est tout autant, laissant planer le doute sur ses réelles intentions. À la fois féroce et douce, elle navigue dans le récit avec aisance : une perle rare que nous serons triste de quitter. À chaque message délivré, force est de constater qu'elle transforme les spectateurs en adeptes et le son de sa voix impose le silence.

Outre cette force de caractère, Brit Marling réussit également à livrer un récit très bien ficelé dont elle est la co-scénariste. Dans cette secte dans laquelle elle agit avec des épreuves tant psychologiques que physiques pour les autres ("Stop thinking, start breathing"), elle se révèle fascinante et porte tout l'attrait du scénario sur ses épaules. Le réalisateur, Zal Batmanglij parvient alors à former autour d'elle un univers cohérent dont on attend le dénouement avec impatience ; et d'ailleurs, le long-métrage réussit parfaitement sa virée dans le thriller dramatique.

On disait donc frustrant... Pourquoi ? Car le film se conclut d'une manière absolument machiavélique et qu'il passe à une vitesse folle. On aurait souhaité qu'il dure plus longtemps. Au final, Sound of My Voice, s'il énerve par son obsession du "climax", prouve justement par là l'attachement que l'on portait à un récit vigoureux assez bluffant. Une petite perle en somme, et une scénariste/actrice à suivre de près.

Resolution est le premier long-métrage de deux coéquipiers - Justin Benson et Aaron Moorhead -, qui mettent en scène deux amis dont l'un tente d'aider l'autre à se désintoxiquer en l'attachant à une poutre pendant près d'une semaine. Cette amitié plutôt bancale, bien jouée, est suivie par une caméra-épaule qui se met à leur niveau. Hélas, le film va dériver petit à petit. Avec cette résolution de sortir du milieu de la drogue comme point de départ, le long-métrage progresse avec surprises, de sorte à ce que l'on ne puisse à aucun moment deviner la fin. Quand bien même le dénouement peut paraître peu subtil, proposant une énième mise en abîme définitivement très en vogue, le film se balade dans son concept et fait sortir les personnages de leur récit, tentant ainsi d'échapper à leur propre destinée d'américains moyens. Les réalisateurs distillent ainsi un certain suspense et et une dose de mystère, certes feint puisque les personnages s'échappent hors du cadre, mais le long-métrage se laisse agréablement suivre avec curiosité.

Ce n'est pas le cas avec Victimes , de Robin Entreinger. Le cinéaste voudrait dépeindre le portrait d'un homme tourmenté évoquant ses problèmes avec son psy et dont on attend un futur passage à l'acte meurtrier. L'exercice répété de verbiages inintéressants entre les deux protagonistes rend difficile la tâche de tenir jusqu'au bout - d'autant plus quand les phrases sont balancées avec une conviction ne dépassant pas le stade du script mais on peut ajouter que le personnage principal, monotone et antipathique, ne captive pas. À l'écran, le résultat est indigeste et provoque une certaine gêne devant nombre de maladresses, quand bien même il s'agit d'un tout premier film. D'un sérieux improbable, le long-métrage se vautre et fait glousser sans le vouloir, dissipant au moins la platitude de l'ensemble. Incompréhension donc devant ce premier film peu dynamique et sans réelles surprises, même s'il demeure un certain intérêt dans le scénario, notamment dans la relation psychiatre/patient.