Une édition inédite pour le Festival international du film de La Rochelle

Posté par redaction, le 29 juin 2020

Comme beaucoup d’autres manifestations culturelles, le Festival international du film de La Rochelle subit les conséquences du Covid-19 et de la crise sanitaire. Il n’a donc pas lieu dans les conditions habituelles, mais les organisateurs lui ont donné une forme nouvelle pour l’occasion, avec notamment une première partie en ligne, et un week-end de projections devant un public, en présence de réalisateurs en chair et en os.

Ainsi, seize films (neuf longs et sept courts-métrages) sont disponibles en ligne jusqu’au 5 juillet sur la plate-forme Cinetek, créée par les réalisateurs Cédric Klapisch, Pascale Ferran et Laurent Cantet. Au programme de cette 48e édition du Festival La Rochelle Cinéma (FEMA) : des rétrospectives consacrées à Roberto Rossellini (avec La prise du pouvoir par Louis XIV, Le psychodrame, Le Général della Rovere) et à René Clément (La bataille du rail, Jeux interdits), des courts-métrages d’animation réalisés en stop motion, ou encore une séance « Retour de flamme ». Des films de Mathieu Amalric (Mange ta soupe, Barbara Hannigan...), parrain de cette édition virtuelle, seront également proposés aux internautes cinéphiles. Un pass festival, vendu cinq euros, permet d’accéder à l’ensemble de ces films.

En plus de cette édition virtuelle, sept films seront projetés en avant-première les 3, 4 et 5 juillet dans les salles de La Coursive, en présence des réalisateurs François Ozon (pour Eté 85), Michel Leclerc (pour Pingouin & goéland et leurs 500 petits) et Guillaume Brac (pour A l’abordage). Un hommage sera également rendu à Michel Piccoli, décédé le 12 mai dernier, avec la projection de Milou en mai de Louis Malle.

Enfin, du 1er au 4 octobre, le festival, un peu particulier cette année en raison des circonstances, s’achèvera par de nouvelles projections devant un public, avec des films restaurés, des ciné-concerts, des films pour les enfants, et d’autres films présentés en avant-première.

Pierre-Yves Roger

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48e édition du Festival La Rochelle Cinéma
Jusqu'au 5 juillet
Plus d'informations sur le site de la manifestation

Suzy Delair prend l’air (1917-2020)

Posté par vincy, le 16 mars 2020

Suzanne Pierrette Delaire dite Suzy Delair, née le 31 décembre 1917, est morte le 15 mars 2020 à l'âge de 102 ans.

Actrice, danseuse et chanteuse, encanailleuse aussi, elle avait tourné durant les années 1930 dans La Dame de chez Maxim's d'Alexander Korda, Poliche d'Abel Gance, L'assassin habite au 21 d'Henri-Georges Clouzot (qui fut son compagnon), puis après la seconde guerre mondiale dans La Vie de bohème de Marcel L'Herbier, Quai des Orfèvres d'Henri-Georges Clouzot , Lady Paname d'Henri Jeanson, Le Fil à la patte de Guy Lefranc, Gervaise et Paris brûle-t-il de René Clément, Rocco et ses frères (Rocco e i suoi fratelli) de Luchino Visconti, Les Régates de San Francisco de Claude Autant-Lara...

Sa carrière s'interrompt assez brusquement au milieu des années 1960, même si on l'aperçoit encore dans Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury en 1973.

Suzy Delair a surtout brillé dans les comédies musicales et les opérettes comme La Vie parisienne de Jacques Offenbach, qu'elle aura joué quatre fois entre 1959 et 1969. Elle passait ainsi, comme pour le cinéma, de la légèreté à la gravité, avec L'Ours d'Anton Tchekhov, Tricoche et Cacolet d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy, Le Tube de Françoise Dorin. Parlant de tubes, on lui doit "C'est si bon" ou encore "Frou-frou".

Car c'est par le music-hall que cette fille d'une couturière et d'un sellier-carrossier qu'elle a connu le succès très jeune. Pouvant jouer les délurées comme les mélancoliques, les gaffeuses et les enquiquineuses, les séductrices comme les prolétaires, elle a aussi traversé l'Occupation avec une amitié, voire une admiration, très dérangeante pour les Nazis. À la Libération, elle est suspendue de tournage pour trois mois par les comités d'épuration.

De Bourvil à Laurel et Hardy, elle a été une formidable partenaire du cinéma classique français et européen. Mais rejetée par la Nouvelle vague, à l'écart des chapelles, préférant ses amours à ses rôles, elle se plaignait de ne pas assez travailler. Si la télévision lui a offert trois rôles dans les années 1980, elle avait complètement disparue des écrans et de la scène par la suite.

Ses parents espéraient qu'elle devienne une sage-femme. L'ancienne apprentie modiste n'en a toujours fait qu'à sa tête. Elle a connu de grands succès, croisé de très beaux rôles, elle savait aussi amuser et faire pleurer. Une comédienne à l'ancienne, avec du tempérament, qui alertait déjà sur le harcèlement sexuel dès 1982: "Sans doute me fait-on payer (...) mon refus de flirter quand il aurait fallu le faire."

Cannes rendra hommage à Alain Delon

Posté par vincy, le 7 mai 2013

alain delon à cannesIl n'a jamais été président du jury mais il fut l'un des hôtes d'honneur du 60e Festival de Cannes. Il n'a reçu aucun prix mais il a su faire le buzz (avec un badge "STAR" accroché sur la veste) à chacune de ses montées des marches. Il est l'un des comédiens français les plus connus dans le monde. Il était logique qu'après Deneuve et Belmondo, Alain Delon soit honoré à son tour sur la Croisette, malgré des hauts et des bas entre le Festival et l'acteur (qui se brouille pour un rien).

Le 25 mai, à l'occasion de la projection de Plein Soleil (de René Clément) en version restaurée dans le cadre de Cannes Classics, Delon fera le déplacement sur la Côte d'Azur. Nul ne doute que le lendemain il fera aussi parti des remettants invités lors de la soirée du palmarès.

Le président du Festival, Gilles Jacob, a confirmé l'information du quotidien Le Parisien à l'AFP. "Le Festival de Cannes rendra officiellement hommage à l'ensemble de la carrière cinématographique de l'acteur qui aura 78 ans en novembre, dans le cadre de Cannes Classics".

La restauration du film de Clément, financée par Studio Canal, a été réalisée au  laboratoire italien Immagine Ritrovata. Les spectateurs pourront la voir en salles en France le 10 juillet. Adapté du roman Mr. Ripley de Patricia Highsmith, le film met aussi en vedette Marie Laforêt, Maurice Ronet et Elvire Popesco. Gros succès public (2,5 millions de spectateurs), l'oeuvre avait fait décoller la carrière de Delon. Un remake a été réalisé par Anthony Minghella en 1999 (avec Matt Damon, Jude Law, Gwyneth Paltrow, Cate Blanchett et Philip Seymour Hoffman).

alain delon et romy schneider à cannes en 1962Delon est venu à Cannes avec 8 films en sélection officielle : Quelle joie de vivre (1961), L'éclipse, Le Guépard (Palme d'or), La motocyclette, William Wilson (hors compétition), Monsieur Klein, Nouvelle Vague et Le Retour de Casanova (en 1992). Il était venu en 2010 présenter Le Guépard en version restaurée, avec Claudia Cardinale.

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Bonus : retrouvez la galerie photos "Delon à Cannes" sur notre tumblr.

Cannes 2013 : Demy, Cocteau, Resnais, Clément parmi les chefs d’oeuvres de Cannes Classics

Posté par vincy, le 29 avril 2013

affiche cannes 2013 © agence bronxCannes Classics c'est l'occasion de revoir des chefs d'oeuvre du 7e art, en version restaurées, sauvées de l'usure des anciennes pellicules par le numérique. Les films sélectionnés seront projetés en présence de ceux qui les ont restaurés et, quand ils sont encore vivantsde ceux qui les ont réalisés ou interprétés.

Cette année, 20 longs métrages et 3 documentaires, en 35mm, DCP 2K ou DCP 4K, sont à l'honneur.

Invitée d'honneur, la blondissime  Kim Novak présentera la copie restaurée de Vertigo (Sueurs froides) d’Alfred Hitchcock. De même, "pour rendre hommage à Joanne Woodward (dont la présence reste à confirmer)" selon le communiqué du Festival, co-égérie en compagnie de son mari Paul Newman sur l’affiche de la 66e édition, Shepard & Dark, de Treva Wurmfeld (2013), sera intégré à la sélection. Woodward a produit le film documentaire, auquel participe Sam Shepard.

Par ailleurs, pour célébrer les cinquante ans de la mort de Jean Cocteau, président des jurys cannois de 1953 et 1954, une soirée spéciale sera dédiée à l'artiste avec la projection de La Belle et la Bête. Opium, comédie musicale réalisé par Arielle Dombasle sera présentée dans ce cadre.

Sans oublier, pour fêter le centenaire du poète de "la négritude", Aimé Césaire, Cannes projettera Simeon, d'Euzhan Phalcy.

Outre ces célébrations, le Festival se rendra surtout hommage à lui-même avec des films primés par une Palme d'or ou d'autres prix, un film indien (centennaire du cinéma indien oblige), des oeuvres qui ont fait sensation sur la Croisette...

La dernière corvée d'Hal Ashby ; Goha de Jacques Baratier ; Le dernier empereur 3D de Bernardo Bertolucci ; Manille de Lino Brocka ; La Reine Margot de Patrice Chéreau ; Plein Soleil de René Clément ; Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy ; La Grande Bouffe de Marco Ferreri ; L'apprentissage de Duddy Kravitz de Ted Kotcheff ; Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz ; Le Joli Mai de Chris Marker et Pierre Lhomme ; Le goût du Sake d'Yasujiro Ozu ; Charulata de Satyajit Ray ; Hiroshima, mon amour d'Alain Resnais ; Lucky Luciano de Francesco Rosi ; Borom Sarret de Ousmane Sembène ; Fedora de Billy Wilder ; Le désert des tartares de Valerio Zurleni ; et le film collectif Visions of Eight d'Youri Ozerov, Milos Forman, Mai Zetterling, Claude Lelouch, Arthur Penn, Michael Pfleghar, John Schlesinger, Kon Ichikawa.

On peut ajouter deux documentaires produits cette année : Con la pata quebrada de Diego Galan et A story of Children and Film de Mark Cousins.

Enfin, Cannes Classics s'invite au Cinéma de la plage avec les copies restaurées de films populaires (et pour la plupart excellents) : Jour de fête de Jacques Tati ; Le mécano de la General de Buster Keaton ; Les Oiseaux d'Alfred Hitchcock ; Le grand bleu de Luc Besson ; Le tombeur de ces dames de Jerry Lewis (qui sera honoré dans la sélection officielle) ; L'homme de Rio de Philippe de Broca ; Monte là-dessus de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor.

Gore Vidal (1925-2012) : Soudain il était le dernier

Posté par vincy, le 1 août 2012

Le romancier et scénariste Gore Vidal est mort mardi à l'âge de 86 ans hier, 31 juillet 2012. Il était l'un des plus grands romanciers américains du XXe siècle, une institution en lui-même à l'instar de Norman Mailer ou Truman Capote. Irrévérencieux, provocateur, érudit, travailleur, Gore Vidal, petit-fils de sénateur et cousin de l'ex-vice-président américain Al Gore est né au sein même de la prestigieuse Académie militaire de West Point. Il fut, par la suite, connu pour sa participation à des débats télévisés musclés et a été candidat malheureux à des mandats politiques sous les couleurs du Parti démocrate en 1960 et 1982.

Côté vie privée, Vidal était le compagnon de Tennessee Williams ; il fut également l'amant de Jack Kerouac (Sur la route). Il vivra en Italie et à Paris, passera une grande partie de son existence sur la côte amalfitaine (à Ravello). Anti-conservateur, anti-impérialiste de gauche, proche des Kennedy, ami de Cocteau et Gide, cet éclectique aura écrit des romans, des essais, des pièces de théâtre et des scénarii de films (et davantage encore pour la télévision).

Comme scénariste, on lui doit Le repas de noces de Richard Brooks (1956), L'affaire Dreyfus de José Ferrer (1958), Le bouc émissaire de Robert Hamer (1959), d'après le livre de Daphne du Maurier, Soudain l'été dernier de Joseph L. Mankiewicz (1959), d'après la pièce de Tennessee Williams, Que le meilleur l'emporte de Franklin J. Schaffner (1964), Paris brûle-t-il? de René Clément (1966), coécrit avec Francis Ford Coppola, Last of the Mobile Hot Shots de Sidney Lumet (1970), Caligula de Tinto Brass (1979), Oublier Palerme de Francesco Rosi (1989).

Ses oeuvres ont également été adaptées comme Mince de planète (de Norman Taurog, 1960), Myra Breckinridge (de Michael Sarne, 1970) et surtout Le gaucher, pièce de Vidal transposée par Arthur Penn et qui construisit la légende Paul newman en 1958.

Il collabora aussi en coulisses aux scénarii de Ben Hur et du Sicilien.

Filmé par Fellini dans Fellini Roma, on le croise à l'écran en tant que témoin de son époque dans de nombreux documentaires et dans des films comme  Soudain l'été dernier, Bob Roberts (en Sénateur), Haute Trahison (en député), Avec les félicitations du jury (professeur d'extrême droite), Bienvenue à Gattaca (en directeur)... Même les Simpsons ont fait appel à lui. Dans Amélia et Infamous, il fut interprété par William Cuddy et Michael Panes respectivement.

Gore Vidal, séduisant jeune homme homosexuel et polémiste, clôt une époque où l'Amérique contestataire pouvait encore critiquer ouvertement son pays. Cependant, il choquait l'Amérique. Ses paroles parfois insensées et ses controverses médiatiques ont souvent minoré son immense talent.

Dernier tango pour la belle indomptable Maria Schneider (1952-2011)

Posté par geoffroy, le 6 février 2011

Au-delà de l’hommage unanime rendu à Maria Schneider, décédée jeudi 3 février à l’âge de 58 ans des suites d’un cancer, Ecran Noir voulait revenir sur le rôle emblématique qu’elle aura tenu très jeune (19 ans) dans le chef-d’œuvre de Bertolucci, Le Dernier tango à Paris (1972). Si l’ensemble de la presse n’aura quasiment parlé que de son interprétation au détour d’une scène (celle de la sodomie), il ne faudrait pas réduire l’actrice à ce seul rôle. Malgré quelques errances, elle tourna avec Michelangelo Antonioni dans Profession : Reporter (1975, le seul film qui lui ressemble, selon elle), René Clément dans La baby-sitter (1975), Philippe Garrel dans Voyage au jardin  des morts (1978, une invitation au rêve), Daniel Duval dans La dérobade (1979), Werner Schroeter dans Weisse Reise (1980), Jacques Rivette dans Merry Go-Round (1983), Luigi Comencini dans L’Imposteur (1983), Cyril Collard dans Les Nuits fauves (1992),  Bertrand Blier dans Les Acteurs (2000, où elle y joue son propre rôle), ou plus récemment Cliente (2009) de Josiane Balasko. Cette liste, bien trop courte pour une telle actrice, aura démontré avec brio son goût pour la liberté et les expériences cinématographiques intenses."Mes rôles sont des psychanalyses" avouait-elle.

Sa vie privée a certes compliqué son parcours. Fille du mannequin Marie-Christine Schneider et de l'acteur Daniel Gélin (qui ne l'a pas reconnue) qu'elle ne rencontra qu'à l'âge de 16 ans, cette femme révoltée, avide de rencontres, elle avait souffert de ce manque de père. Elle se dispersa vite vers une liberté artistique : dessins (vendus sur les terrasses de cafés), mannequinat (sans passion) et surtout cette attirance viscérale vers le jeu, cette deuxième vie où l'on peut vite se perdre. Admiratrice de Brigitte Bardot (qui l'a hébergée durant deux ans, lui offrant son réseau en guise d'amitié), elle n'en avait pas la beauté, mais possédait le même goût de l'indépendance. Après le Tango sulfureux, elle débutera sa liaison destructrice avec la drogue, s'enfuira en Californie et au Mexique. Se perdra. Ses relations avec les cinéastes n'étaient pas moins simples. Elle accepte La ronde d'Otto Shenk par cupidité (une fortune pour dix jours de tournage), retarde la production en cours du René Clément parce qu'elle se fait internée par solidarité avec une copine, se fait licencier au bout de deux jours de Cet obscur objet du désir de Luis Bunuel (elle sera remplacée par Angelina Molina et Carole Bouquet), envoie sur les roses Joseph Losey pour Les routes du sud (elle fume des cigarettes illicites tandis que lui boit comme un trou).

Une jeunesse volée, une actrice violée

Mais l’art est ainsi fait que tout ramène Maria vers ce fameux tango, ode à l'ivresse des corps et le tourbillon des sensations émotives. En effet, comment ne pas parler de Jeanne – l’héroïne au visage angélique du Dernier tango à Paris – lorsque l’on veut témoigner son amour du 7e art. Il est des rôles magnifiques à l’aura vénéneuse qui, non content de marquer une carrière, la réduisent également à néant. Jeanne est de ceux-là. Indubitablement. Sauf que le rôle est arrivé trop tôt sur les frêles épaules d’une Maria Schneider qui, dix ans plus tard, confiais : "J'étais jeune, innocente, je ne comprenais pas ce que je faisais. Aujourd'hui, je refuserais. Tout ce tapage autour de moi m'a déboussolée". Le cadeau d’une carrière prometteuse fut donc empoisonné. Lettres vengeresses, appels téléphoniques menaçants, plaisanteries sans tacts. Sans avoir eu la volonté de lui nuire, le cinéaste italien reconnu, quelques années plus tard, l’avoir piégé lors de cette fameuse scène de sodomie, devenue culte, avec sa motte de beurre faisant office de lubrifiant improvisé (ceci dit, c'est un ingrédient classique quand on manque de gel). Bertolucci raconta au New York Magazine que Maria « criait, en partie parce qu’elle se sentait révoltée par moi et Marlon (Marlon Brando), qui faisait office de figure paternelle et la protégeait souvent. Je crois qu’elle s’est sentie trahie par nous, mais je ne vois pas comment j’aurais pu tourner la scène différemment. Je crois que si je lui avais dit, il aurait été très difficile d’obtenir ce genre de violence dans cette scène. En fait, si je lui avais dit, je ne vois pas comment elle aurait accepté ». Schneider se "sentait violentée". "Mes larmes dans le film étaient vraies." Aujourd'hui, le cinéaste a des remordes. "Sa mort est survenue trop vite, avant que j'aie pu l'embrasser tendrement, lui dire que je me sentais lié à elle comme au premier jour et, au moins une fois, lui demander pardon."

L’incroyable succès du Dernier tango à Paris (5,15 millions d'entrées en France, 3e sur le podium de l'année) fit de Maria Schneider une icône de la révolution sexuelle. Celle d’une époque, d’un film, d’un rôle, d’une scène. Entre scandale et interdiction, la tourmente emporta la belle jusqu’à oublier qu’elle tenait tête, farouchement, au légendaire Brando post-Parrain. Ce n’est pas rien et surtout loin de la bimbo torride que certains producteurs véreux voulaient nous vendre. Avec le recul nous nous disons que le long-métrage de Bertolucci fut une opportunité, certes douloureuse et chaotique, vers un ailleurs remplit de rencontres passionnantes. De ce cinéma exigeant à la hauteur d’un talent rare, figure fugace, belle, aérienne, touchante. Et chacune de ses interprétations l’éloignait un peu plus chaque jour du vacarme d’un film à scandale lui ayant volée sa jeunesse d’actrice à la naïveté douce.

Elle s'était éloignée de la drogue, avait trouvé l'amour (au féminin), n'avait jamais pu tourner le film dont elle rêvait. Une grande actrice s’est éteinte. L’esprit d’un cinéma transfrontalier, et de transgression, aussi.