Poitiers Film Festival 2015 : l’Allemagne à l’honneur

Posté par MpM, le 23 août 2015

poitiers2015Pour sa 38e édition, le Poitiers Film Festival (ex "Rencontres Henri Langlois") poursuit son oeuvre de révélateur et de soutien du jeune cinéma, soucieux d'être toujours là où se construit le cinéma, où se confrontent les écritures, où les jeunes réalisateurs peuvent s’affranchir des règles et tout tenter.

Après l'immense succès de l'édition 2014 (qui a attiré près de 19000 spectateurs), la manifestation proposera du 27 novembre au 4 décembre une cinquantaine de films d'école venus de tous les horizons, qui auront préalablement été sélectionnés parmi plus de 1300 candidats. C'est dire la qualité, et le niveau exigence, dont témoignent les heureux compétiteurs.

Par ailleurs, le festival met cette année l'Allemagne à l'honneur à travers les courts métrages de jeunes réalisateurs venus de Berlin, Hambourg, Cologne, Postdam et Ludwigsburg invités à Poitiers et accompagnés de grands noms du cinéma allemand. Ce focus sera accompagné d'un regard sur les films cultes de cinéastes allemands confirmés comme Wim Wenders, Fatih Akin, Andreas Dresen ou encore Christian Petzold...

Comme chaque année, Poitiers se distinguera également par sa leçon de cinéma, ses événements professionnels, ses avant-premières en présence des équipes des films et bien sûr ses fêtes et ses rencontres qui en font un grand rendez-vous du jeune cinéma mondial.

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Poitiers Film Festival
Du 27 novembre au 4 décembre 2015
Plus d'informations sur le site de la manifestation

Rencontres Henri Langlois 2013 : retour sur le palmarès

Posté par MpM, le 11 décembre 2013

Deux histoires de fratrie et deux films d'animation ont séduit le jury de cette 36e édition des Rencontres Henri Langlois, composé de la productrice Hélène Cases (Lionceau films), la déléguée générale du festival de la Rochelle Prune Engler, la comédienne Nathalie Richard (Jeune et jolie, Les amoureux), l'écrivain et scénariste Philippe Di Folco (Tournée) et le réalisateur Eduardo Williams (Pude ver un puma, Que je tombe tout le temps ?).

las lagrimasLe grand prix, Las lagrimas, raconte la virée de deux frères en forêt au cours de laquelle la tristesse qui a envahi leur famille va finir par se dissiper.

Il s'agit d'un moyen métrage réalisé au Mexique par Pablo Delgado Sánchez et qui mêle de beaux moments de complicité fraternelle et quelques passages trop émotionnellement appuyés.

To Guard a Mountain de Izer Aliu (Prix spécial du jury) suit également deux frères partis à la recherche d'une brebis égarée et qui se retrouvent seul dans la montagne sous un violent orage.

Là encore, de jolies scènes pleines de spontanéité côtoient quelques maladresses pleines de bons sentiments.

bon voyageLes deux films d'animation, Bon voyage de Fabio Friedli (Prix du scénario) et Sleeping with the fishes de Yousif Al-Khalifa (Prix de la mise en scène), racontent respectivement le voyage d'émigrants entassés dans un camion à destination de l'Europe,et une histoire d'amour atypique entre une poissonnière buharet un livreur à tête de truite arc-en-ciel.

La critique française a quant à elle récompensé un film turc en noir et blanc, Buhar de Abdurrahman Öner, tandis que le jury étudiant a offert le doublé à To Guard a Mountain de Izer Aliu de la Norwegian Filmschool.

Tout le palmarès

Grand Prix du Jury
Las Lágrimas de Pablo Delgado Sánchez

Prix spécial du Jury
To Guard a Mountain de Izer Aliu

Prix de la Mise en scène
Sleeping With The Fishes de Yousif Al-Khalifa

Prix du Scénario
Bon voyage de Fabio Friedli

Prix Découverte de la Critique française
Buhar de Abdurrahman Öner

Prix du Public
Welkom de Pablo Munoz Gomez

Prix du Jury étudiant
To Guard a Mountain de Izer Aliu

Mention spéciale du Jury étudiant
A Fable of a Blood-Drained Girl de Alejandro Iglesias Mendizabal

Prix Amnesty International France (Prix transversal sections films d'écoles)
Le projet Water Films réalisés par des israéliens et des palestiniens autour du thème de l’eau

Prix du Côté courts français
Souffle court de Johann Dulat

Prix du Jury Lycéen
La Ville est calme d'Alexandre Labarussiat

Rencontres Henri Langlois 2013 : la relève française ?

Posté par MpM, le 7 décembre 2013

TRUCS DE GOSSESParmi les 45 films en compétition lors de la 36e édition des Rencontres Henri Langlois, sept viennent d'écoles françaises, ce qui donne un aperçu instructif de la production des jeunes étudiants de notre pays.

Première constatation, sur les 7 films, 6 sont des œuvres d'animation (au centre du cursus des écoles représentées comme La poudrière ou Supinfo Com). Les techniques les plus fréquemment utilisées sont le dessin et l'animation 3D.

Les sujets, eux, sont généralement légers, voire anecdotiques, comme prétextes à ce qui peut parfois s'apparenter à un exercice de style : la cour de Versailles représentée sous forme de gallinacés (A la française de Julien Hazebroucq, Emmanuelle Leleu, William Lorton, Morrigane Boyer et Ren Hsien Hsu), une escapade de vieilles maisons qui prennent leur indépendance (Home sweet home de Pierre Clenet, Alejandro Diaz, Romain Mazanet et Stéphane Paccolat), TROIS PETITS CHATSune histoire d'amour estivale (Soeur et frère de Marie Vieillevie)...

Le tragique est aussi au rendez-vous avec une famille de félins durement frappée par la maladie (Trois petits chats de Maïwen Leborgne, Albane Hertault, Alexia Provoost et Benoit belaunay).

Les petits chats sont mignons, les poules sont amusantes, les maisons ne manquent pas de souffle... mais pas facile, en à peine quelques minutes, de développer une histoire vraiment originale ou profonde.

Trois œuvres parviennent malgré tout à imposer leur singularité :

PIEDS VERTS- Trucs de gosse d'Emilie Noblet (la Fémis) parce qu'il s'agit d'un film réalisé en prises de vue réelles, situé dans les coulisses d'un multiplexe parisien, qui mélange film générationnel et comédie romantique décalée.

- Pieds verts d'Elsa Duhamel (La poudrière), un documentaire en teintes pastels qui raconte, en 4 minutes et avec une pudeur infinie, la nostalgie immense de Jeanine et Alain, Français d'origine algérienne, envers leur enfance en Algérie, pleine de senteurs, de couleurs et de saveurs.

- Ginette de Marine Laclotte et Benoît Allard (école des métiers du Cinéma d'animation) qui met en scène le témoignage de Ginette sur sa vie agricultrice et de femme, avec un trait naïf et une animation faussement artisanale. GINETTE

On sent, à la vue de ces œuvres, que la qualité française (technique, rigueur, écriture) est toujours au rendez-vous, même si les idées et les moyens restent plus modestes.

Et surtout, on vérifie une tendance passionnante du cinéma actuel : utiliser l'animation sous toutes ses formes non plus comme simple vecteur d'imaginaire, ou à destination d'un jeune public, mais comme support de témoignages ou de documentaires qui y gagnent en force d'évocation mais aussi en poésie et en qualité de narration. Après avoir découvert ces œuvres fragiles, on a hâte de voir ce que nous réservent ces jeunes cinéastes dans les années à venir.

Rencontres Henri Langlois 2013 : la Palestine, le Liban et Israël dans un focus commun

Posté par MpM, le 5 décembre 2013

rencontres henri langlois 2013En organisant un focus autour du cinéma de l'est du bassin méditerranéen, les organisateurs des Rencontres Henri Langlois ont pris le risque de voir politique et diplomatie s'inviter dans leur manifestation, puisque ce sont des écoles de Palestine, du Liban et d'Israël qui ont été invitées à présenter leurs travaux à Poitiers.

Hormis une réaction épidermique (et isolée) du Comité poitevin France-Palestine, qui a appelé au boycott des Rencontres, l'initiative a été extrêmement bien accueillie par les principaux intéressés, à savoir les écoles représentées et les réalisateurs invités comme Raed Andoni (Fix me), Hiam Abass (Héritage) ou encore Danielle Arbid (Dans les champs de bataille).

Pour le grand public, c'est surtout une perspective passionnante sur la manière dont l'Histoire et le contexte géopolitique influent directement sur les préoccupations des jeunes cinéastes de la région. Ainsi, comme le souligne Gassam Koteit, directeur adjoint de l’Académie libanaise des Beaux-arts (ALBA) : "les questionnements sont les mêmes des deux côtés".

L'occupation israélienne est ainsi lebanontape1aux centres des films présentés par l'ALBA : familles séparées, enfants ostracisés parce que leur père a coopéré avec l'armée israélienne, étrangers perçus comme de possibles espions israéliens...

Ce qui n'empêche pas un certain recul, voire une bonne dose d'humour. Ainsi, Lebanon: tape 1 qui raconte les étranges relations entre une journaliste française et son équipe technique libanaise. La jeune femme aligne les clichés sur le pays tandis que les deux hommes la traitent d'abord en touriste sexy, puis en ennemie potentielle. Volontairement décalé, le film caricature gentiment à la fois le regard que portent les autres nations sur le Liban, et les mécanismes de méfiance de ses habitants.

space the alleysLe ton est plus sérieux, voire tragique, dans les films des trois écoles palestiniennes Dar al-Kalima College de Bethlehem, Media Development Center de la Birzeit University et Institute of Modern media de l'Université Al Qods.

Il s'agit principalement de documentaires qui donnent la parole à des réfugiés palestiniens, à des familles qui ont été contraintes de détruire leur propre maison, ou encore à des jeunes qui s'opposent à l'occupation israélienne en pratiquant le "parkour", un sport d'acrobaties urbain. Ce dernier film, intitulé Space the alleys, et réalisé par Mohammed Al Fateh, mêle les vues spectaculaires des acrobaties aériennes des personnages à l'utopie d'un mouvement de résistance non violent susceptible d'attirer l'attention sur le sort réservé à ses pratiquants, souvent arrêtés arbitrairement, et parfois même assignés à résidence.

On est également extrêmement touché par le portrait sensible de Naser, jeune homme handicapé qui se démène pour gagner sa vie dignement. Le regard porté sur lui par le réalisateur Ma'moon Al-Herimi semble comme l'éclairer de l'intérieur, donnant à ce simple destin individuel une portée humaine universelle.

Enfin, impossible de ne pas être captivé women of refaiyapar le programme spécial "Water" proposé par le département film et télévision de l’Université de Tel Aviv. Ce projet, dont les neuf films (documentaires et fictions) seront projetés vendredi 6 décembre à Poitiers, regroupe des réalisateurs israéliens et palestiniens autour de la thématique commune de l'eau.

Il s'inscrit dans un ensemble plus vaste qui permet à des réalisateurs des deux pays de travailler sur des projets communs, au-delà de toute considération purement politique. Ce qui constitue au final la meilleure réponse à ceux qui s'accrochent à une vision volontairement manichéenne de la situation israélo-palestinienne.

Rencontres Henri Langlois 2013 : Anne-Dominique Toussaint, productrice proactive

Posté par MpM, le 4 décembre 2013

Anne Dominique ToussaintAnne-Dominique Toussaint, fondatrice des Film des Tournelles, et heureuse productrice de succès populaires comme Le coût de la vie de Philippe Le Guay, Les beaux gosses de Riad Sattouf ou Caramel de Nadine Labaki, a immédiatement répondu présente lorsque les Rencontres Henri Langlois lui ont demandé d'animer leur désormais très courue leçon de cinéma.

"J'ai été très flattée qu'on me choisisse", déclare-t-elle, "car les leçons de cinéma des Rencontres Henri Langlois sont très célèbres. Et surtout je suis toujours très contente qu'on me propose de parler de mon métier car c'est un métier que j'aime beaucoup, que je trouve passionnant, et qui est très méconnu, en tout cas très caricaturé. La production, en gros, c'est faire exister un film. Le rôle d'un producteur, c'est accompagner un artiste dans la réalisation d'une idée, jusqu'à un film qui est projeté à un public sur grand écran."

Presque seule en scène durant deux heures, celle qui a reçu en 2011 le prix "Veuve Cliquot" de la femme d'affaires de l'année, a ainsi donné devant une salle comble un véritable cours magistral sur les réalités de la production et notamment sur ses étapes, qui vont de la rencontre décisive avec un réalisateur et son projet à la collaboration avec le distributeur pour accompagner au mieux le film terminé, en passant par le soutien pendant l'écriture du scénario, le choix du casting, les recherches de financement, et bien sûr le tournage, le montage, la post-production...

Anne-Dominique Toussaint, passionnée Retour à Kotelnitchpar son métier, tranche avec la vision un peu poussiéreuse que l'on pourrait avoir de cette fonction. Ainsi, plutôt que d'attendre l'arrivée miraculeuse du scénario idéal sur son bureau, elle préfère prendre les devants, quitte à être à l'origine même des projets qu'elle produit. "Chaque producteur a sa propre méthode", explique-t-elle en revendiquant sa part de subjectivité. "Mais pour moi, la chose la plus importante, c'est la rencontre avec un réalisateur. Il faut avoir envie de passer deux ans avec quelqu'un."

C'est ainsi qu'elle est allée chercher Emmanuel Carrère avant même qu'il n'ait un projet en tête (ils tourneront ensemble Retour à Kotelnitch en 2003 et La moustache en 2005) mais aussi qu'elle a suggéré à Riad Sattouf d'écrire un scénario sur les adolescents, lui offrant l'opportunité dont il rêvait de passer derrière une caméra. Ce fut Les beaux gosses en 2009, suivi par Jacky au royaume des filles qui sortira le 29 janvier prochain.

Parfois, cela va encore plus loin. Lors de son premier séjour au Liban, où elle accompagnait Respiro d'Emanuele Crialese, Anne-Dominique Toussaint a croisé la route d'une jeune Libanaise qui ne pouvait pas concevoir sa vie sans faire de cinéma. "Elle m'a fait un effet très fort", se souvient-elle. "Touchée, je lui ai demandé ce qu'elle voulait raconter et elle m'a dit : "je veux parler des femmes de mon pays.""

"C'est comme en amour : il y a des hommes, peut-être que ce serait formidable de les avoir rencontrés, mais je ne les ai pas rencontrés, et ce n'est pas très grave non plus"

et maintenant on va oùLa productrice lui propose alors de lui envoyer son projet. "Elle m'avait tellement marquée que quand je suis rentrée, comme au bout de quinze jours, trois semaines, elle ne m'avait toujours rien envoyé, c'est moi qui l'ai relancée ! Je n'ai jamais refait ça de ma vie après, parce que j'en rencontre quand même beaucoup des gens qui veulent faire du cinéma, qui me proposent des choses..." La jeune Libanaise, c'était Nadine Labaki avec qui elle tournera Caramel et Et maintenant on va où. Deux très beaux succès public et critiques.

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Anne-Dominique Toussaint a un 6e sens pour découvrir et soutenir des talents en devenir. Peut-être parce que la production n'est pas qu'une question de gros sous, de copinage et de jeux de pouvoir. Bien sûr, il faut un certain réalisme, et l'art de garder la tête froide pour ne s'enthousiasmer que sur des projets susceptibles de rencontrer leur public. Mais il faut surtout une sensibilité artistique presque divinatoire, pour débusquer, dans l'esprit de ses interlocuteurs, les bons films en gestation.

Et tant pis si la perle rare reste à l'état de scénario qu'Anne-Dominique Toussaint n'a pas le temps de lire :  "Je n'ai pas de culpabilité par rapport à ça, je ne peux pas tout lire. C'est très impliquant de lire un scénario. C'est essayer de comprendre le film, de voir le film. Après, quand on a lu, la personne attend un retour... Donc c'est une vraie énergie intellectuelle. Je fais les choses à mon rythme, donc tous les scénarios que je choisis, je suis heureuse de les faire et de les choisir. Il y a des choses, je vais passer à côté, mais forcément ! C'est comme en amour : il y a des hommes, peut-être que ce serait formidable de les avoir rencontrés, mais je ne les ai pas rencontrés, et ce n'est pas très grave non plus. Je me suis auto-conditionnée pour n'avoir aucune culpabilité par rapport à ça, ni regret. J'assume."

Une posture qui, jusque-là, lui a plutôt bien réussi.

Copyright photo d'illustration : Sébastien Laval, Rencontres Henri Langlois, Poitiers.

Rencontres Henri Langlois 2013 : voyage à l’Est du bassin méditerranéen, compétition internationale et leçon de cinéma sur la production

Posté par MpM, le 11 octobre 2013

rencontres henri langlois 2013A l'Est, que du nouveau ! Pour sa 36e édition, le festival international des écoles de cinéma explore les cinématographies du Liban, d’Israël et de Palestine, en présence notamment de Hiam Abbas (Les Citronniers, Héritage...), Raed Andoni (Fix me), Khalil Joreige (The Lebanese Rocket Society, Perfect Day) et Nadav Lapid (Le Policier).

Côté compétition, 45 films (sur les 1424 reçus) venus de 21 pays et 34 écoles ont séduit cette année les membres du comité de sélection. Qu'ils viennent d'Estonie ou du Brésil, de Norvège ou de Turquie, on leur souhaite une carrière à la hauteur de certains de leurs illustres prédécesseurs !

L'an passé, on avait ainsi été bluffé par la mise en scène au cordeau de l'envoûtant Pude ver un puma d'Eduardo Williams ou encore par le ton étonnamment libre et décalé de La Sole, entre l'eau et le sable d'Angèle Chiodo, vrai faux documentaire mêlant animation et prises de vue réelle. Or les deux cinéastes ont à nouveau fait parler d'eux en 2013, le premier avec Que je tombe tout le temps, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, et la seconde avec son nouveau court métrage, Les chiens.

Tous ces jeunes cinéastes sont sur la voie d'auteurs aujourd'hui reconnus comme Andreas Dresen (Septième ciel), Joachim Trier (Oslo, 31 août), Na Hong-Jin (The Murderer) ou encore Pascale Ferran (Lady Chatterley), qui sont eux-aussi passés par les Rencontres Henri Langlois.

Pour compléter ce programme déjà bien rempli, la traditionnelle Leçon de cinéma sera consacrée aux rouages de la production, avec la complicité de la productrice Anne-Dominique Toussaint (Alceste à bicyclette, Le Hérisson, Les Beaux gosses, Respiro...). Plusieurs séances spéciales (dont une consacrée à la Comédie musicale), des avant-premières (dont Jacky au royaume des filles de Ryad Sattouf) et une carte blanche à La Mouette à 3 Queues (collectif d'artistes multidisciplinaires) sont également prévues, sans oublier les incontournables rencontres entre le public et les réalisateurs.

Comme tous les ans depuis 2007, Ecran Noir est fier d'être partenaire de ces Rencontres qui portent si bien leur nom, et vous en fera vivre les principaux temps forts du 29 novembre au 8 décembre.

Rencontres Henri Langlois 2012 : retour sur la compétition

Posté par MpM, le 11 décembre 2012

1343 prétendants, 41 retenus. Cette année encore, les chiffres sont sans appel : les réalisateurs qui ont accédé à la compétition des 35e Rencontres Henri Langlois peuvent déjà être fiers d'avoir passé les différentes étapes d'une sélection particulièrement drastique. Résultat, la qualité des concurrents est indéniable, voire surprenante. Loin des clichés sur les films d'étudiants mal fichus et nombrilistes, ils proposent des œuvres fortes, maîtrisées, souvent inventives, et parfois empreintes d'un talent qu'envieraient bien des professionnels plus aguerris.

Si l'on dresse une typologie rapide de ces œuvres, on constate que l'animation  (11 films) et le documentaire (6 films) sont bien représentés, même si la fiction "live" reste la norme. D'ailleurs, les genres et les techniques vont parfois jusqu'à se mélanger.  Géographiquement parlant, les régions du monde les plus dynamiques cette année sont incontestablement l'Amérique latine et l'Europe du Nord (notamment la Grande-Bretagne et le Danemark), l'Asie étant au contraire quasi absente (un seul film sélectionné). A noter également que si les formats courts oscillent entre 4 et 30 minutes, un long métrage de 79 minutes était également en lice.

Enfin, les grandes tendances thématiques sont compliquées à appréhender, tant les préoccupations divergent, à l'exception de la chronique adolescente qui est au centre d'une majorité de fictions. Les jeunes cinéastes parlent peut-être de ce qu'ils connaissent le mieux, à savoir une période de leur vie qui n'est pas si lointaine ? Ces chroniques peuvent se décliner sous forme de fiction sociale (Le fils du blanc : un jeune Belge va travailler dans l'usine où son père est contremaitre pour se rapprocher de lui) ou politique (Derrière moi les oliviers : une jeune Libanaise est ostracisée parce que son père a collaboré avec l'armée israélienne), mais restent le plus souvent une variation sur les difficultés de cette période complexe de la vie (Neige tardive : un jeune garçon un peu paumé brutalise son camarade épileptique tout en cherchant un sens à sa vie ; Toucher l'horizon : parcours parallèle d'un jeune homme d'origine algérienne qui se fait passer pour un Italien et de son père qui retourne au bled ; Early birds : une jeune fille de douze ans est amoureuse de son voisin quarantenaire ; et ainsi de suite.)

Assez curieusement, et de manière purement anecdotique, le lieu où ces ados souvent complexés et mélancoliques aiment se réfugier, c'est autour ou au fond d'une piscine (Volume : un jeune homme malentendant est amoureux d'une mystérieuse jeune fille dont il entretient la piscine ; Swimming pool : trois adolescents thaïlandais oublient leur quotidien au fond d'une piscine démesurée ; Non-swimmers : pendant l'été, une petite bande de jeunes désœuvrés se retrouve dans une piscine désaffectée pour boire et fumer).

Le niveau demeure bien sûr inégal, certains réalisateurs semblant embarrassés par le format du court métrage qui soit les contraint à simplifier à l'extrême des intrigues complexes que l'on souhaiterait voir s'épanouir sous forme de long métrage, soit au contraire les incite à étirer sur une durée excessive des récits minimalistes qui ne le méritent pas. Souvent, c'est ainsi le scénario qui laisse à désirer, oscillant entre une narration sur-explicative et une absence d'éléments narratifs qui ôte toute chair au film. Des défauts qui sont loin d'être l'apanage des jeunes réalisateurs, et qui n'empêchent nullement de percevoir derrière ces premières œuvres imparfaites, voire maladroites, de vrais regards de cinéastes. Il faut laisser le temps à ces tout jeunes auteurs de trouver leur style et leur voie, d'expérimenter tout le spectre de la création cinématographique, et de revenir un jour avec les œuvres enfin abouties, complétement personnelles et innovantes, qu'on les sent capables de réaliser.

Rencontres Henri Langlois 2012 : un palmarès qui fait la part belle à l’humour

Posté par MpM, le 10 décembre 2012

Il faut croire que le bon air pictave rend d'humeur légère, puisque les 35e rencontres Henri Langlois ont vu pour la 2e année consécutive le couronnement d'une pure comédie.

En chemin (Doroga na) de Taisia Igumentseva, sur un employé assez terne qui occupe ses soirées à insulter des inconnus dans la rue, a en effet remporté le grand prix du jury professionnel composé d'Alice Burdeau, Afarin Eghbal, Christine Gozlan, Samir Guesmi et Julien Sarfati.

Jury qui a par ailleurs distingué le scénario d'une comédie finlandaise à l'humour plus que noir, So it goes d'Anti Heikki Pesonen. Une anti-comédie romantique qui raconte l'amour à sens unique entre un adolescent mélancolique et la collègue cynique et vénale de son père.

Au contraire du film russe, inabouti et peu subtil, So it goes est un échantillon intéressant d'humour noir scandinave. Dommage qu'il n'aille pas plus loin dans la noirceur et souffre de quelques longueurs.

Dans un registre moins léger, le prix de la mise en scène est logiquement revenu à l'un des films le plus intéressant de la compétition, l'envoûtant Pude ver un puma d'Eduardo Williams (également mention spéciale du jury de la critique). Cet ovni cinématographique d'une très grande rigueur nous embarque dans l'univers personnel du cinéaste argentin, un monde apparemment dévasté, où des adolescents bondissants partent en quête d'une plante mystérieuse. Une œuvre formellement époustouflante qu'il est difficile de résumer en quelques phrases.

On notera, pour l'anecdote, que présenté à Cannes dans le cadre de la Cinéfondation, Pude ver un puma s'était déjà vu préférer En chemin de Taisia Igumentseva qui y avait remporté le premier prix.

Le jury professionnel a enfin décerné son prix spécial à une œuvre plus mineure, Meurtre à Junin d'Andrew Sala, pur exercice de style tourné en un seul plan, et une mention spéciale à Volume de Mahalia Belo, chronique adolescente sensible et maîtrisée dans une banlieue où tout est trop lisse et tranquille pour être parfaitement honnête.

Les autres jurys ont récompensé un documentaire sur des balayeurs de nuit à Kaboul (Dusty nights d'Ali Hazara, prix Amnesty international - photo de gauche), le seul long métrage de la compétition (Entre la noche y el día de Bernardo Arellano, conte inégal sur la libération d'un adulte autiste du joug autoritaire de sa famille, couronné du prix étudiant), une comédie allemande sur la fin du monde (Armadingen de Philipp Kässbohrer, prix du public), une comédie douce-amère sur trois amies réunies avant le mariage de l'une d'entre elles (Yeguas y cotorras de Natalia Garagiola, Prix Wallpaper Post) et un vrai-faux documentaire bourré de fantaisie et d'inventivité sur le seul poisson asymétrique, la sole (La Sole, entre l'eau et le sable d'Angèle Chiodo, Prix Découverte de la Critique Française).

C'est donc un triomphe pour le cinéma latino-américain (quatre prix et une mention, dont une écrasante majorité pour des œuvres argentines), doublé d'une nette préférence des jurés pour les films de fiction. L'animation reste la grande perdante avec un seul film récompensé, La Sole, entre l'eau et le sable d'Angèle Chiodo (photo de droite), qui mêle prises de vue réelle et animation simple.

Pour juger des choix des différents jurys, le grand public peut découvrir la plupart des films primés lors d'une séance exceptionnelle proposée à la Cinémathèque de Paris ce 10 décembre à 20h30.

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Tout le palmarès

Grand prix du jury
En chemin (Doroga na) de Taisia Igumentseva

Prix de la mise en scène
Pude ver un puma d'Eduardo Williams

Prix du scénario
So it goes d'Anti Heikki Pesonen

Prix spécial du jury
Meurtre à Junin d'Andrew Sala

Mention spéciale du jury
Volume de Mahalia Belo

Prix Amnesty international
Dusty nights d'Ali Hazara

Prix du jury étudiant
Entre la noche y el día de Bernardo Arellano

Prix du public
Armadingen de Philipp Kässbohrer

Prix Wallpaper Post
Yeguas y cotorras de Natalia Garagiola

Prix Découverte de la Critique Française
La Sole, entre l'eau et le sable d'Angèle Chiodo

Mention spéciale de la Critique Française
Pude ver un puma d'Eduardo Williams

Prix Côté courts français
Trois secondes et demie d'Édouard Beaucamp

Rencontres Henri Langlois 2012 : cinéma des Balkans, effets spéciaux, et premiers pas des cinéastes de demain

Posté par MpM, le 8 octobre 2012

Les grandes lignes des 35e Rencontres Henri Langlois sont désormais connues. Pour son édition 2012, qui se tiendra du 30 novembre au 9 décembre, le festival international des Ecoles de cinéma a ainsi choisi de mettre en lumière le cinéma "des Balkans à la mer noire", autrement dit des œuvres venues de Bulgarie, Croatie, Roumanie et Serbie, le tout sous le parrainage du cinéaste croate Rajko GRLIC.

Par ailleurs, la compétition de courts métrages demeure le cœur de la manifestation. Après avoir visionné 1343 films, le comité de sélection en a retenu 41, venant de 22 pays et représentant 34 écoles des cinq continents. Les cinéastes qui viendront défendre leur premier film à Poitiers marchent sur les traces d'auteurs aujourd'hui reconnus comme Andreas Dresen (Septième ciel), Joachim Trier (Oslo, 31 août), Na Hong-Jin (The Murderer) ou encore Pascale Ferran (Lady Chatterley), tous sélectionnés aux Rencontres Henri Langlois par le passé. On a vu pire filiation...

Pour compléter ce programme déjà très alléchant, la traditionnelle Leçon de cinéma (consacrée cette année aux effets spéciaux), plusieurs séances spéciales, des avant-premières, un fil rouge sur la musique de films et la célébration de l'anniversaire de l'INSAS (Institut national supérieur des Arts du spectacle et des techniques de diffusion) sont d'ores et déjà prévus, sans oublier les rencontres entre public et réalisateurs qui ont fait le succès de la manifestation.

Comme chaque année depuis 2007, Ecran Noir est partenaire du festival et vous fera vivre ses principaux temps forts dès le 30 novembre.

Rencontres Henri Langlois 2011 : retour sur les films primés

Posté par MpM, le 20 décembre 2011

rihl poitiers 2011On a beau être habitué à la qualité des films sélectionnés par les Rencontres Henri Langlois de Poitiers, c'est un plaisir toujours renouvelé de découvrir le dynamisme et l’inventivité des tout jeunes réalisateurs contemporains. Il faut dire que la sélection est drastique (cette année, 40 œuvres retenues sur les plus de 1300 reçus), et la concurrence rude. Dans les écoles de cinéma du monde entier, on se bat pour figurer parmi les heureux participants au festival.

Que dire, alors, de ceux qui ressortent vainqueurs de la compétition finale, remportant un (ou plusieurs) prix parmi la petite dizaine qui est décernée ? La première impression, c'est que les différents jurys ont probablement bien travaillés, tant les films primés sortent du lot. Sur les cinq que l'on a pu voir (parmi les 6 qui se partagent les récompenses 2011), pas une seule fausse note. C'est à peine si, parfois, on aurait inversé les niveaux de prix... question de sensibilité subjective plus qu'autre chose.

Chose amusante, sur les cinq films, quatre sont l’oeuvre de réalisatrices, preuve que la relève sera plus homogène que ne l'est l'offre actuelle ! Côté géographie, l'Europe est surreprésentée, avec deux films allemands, un britannique (tourné en Argentine, malgré tout), un polonais et... un russe. Pour sauver l'honneur, le 6e film, un long métrage qui n'était pas présenté lors de la reprise du palmarès à la cinémathèque française, est sud-coréen !

Animation, documentaire, comédie, tragédie... tous les styles ont séduits les jurys, qui ne boudent ni leur plaisir, ni leur conscience politique. Un bel équilibre qui donne un aperçu captivant des préoccupations des jeunes cinéastes. Si l'on devait malgré tout faire un reproche un peu général, ce serait sur la difficulté qu'ont les cinéastes de finir leurs histoires. Souvent, les "chutes" ne sont pas à la hauteur du reste, laissant clairement le spectateur sur sa faim. Mais trêve de généralités et retour sur les cinq films en question.

Reaching out to mama d'Olga Tomenko
Le monde, vu à travers le regard d'une petite fille boudeuse, se pare d'une étrange tonalité fantastique. La jeune réalisatrice distord le réel, rend inquiétant un simple tiroir, et capte la fantaisie cruelle de l'enfance. On est surtout séduit par l'ambiance inconfortable qu'elle parvient à créer, et par le naturalisme saisissant de son actrice.

L'échange de Maria Steinmetz
Un jeune couple se promène fièrement avec un nouveau né. Mais l'enfant est remplacé à leur insu par un bébé troll. De ce conte humaniste en forme d'hymne à la tolérance, la jeune réalisatrice allemande fait une nativité ironique et décalée, en mêlant icônes religieuses et personnages d'heroic fantasy. L'animation, épurée et fluide, apporte une véritable inventivité visuelle au récit, et en renforce l'universalité.

Silent River de Anca Miruna Lazarescu
Dans la Roumanie de Ceaucescu, deux hommes décident de risquer le tout pour le tout : traverser le Danube pour fuir à l'Ouest. Tandis que l'échéance se rapproche, la tension monte, et les obstacles surgissent. On est saisi par l'urgence du propos, qui emprisonne spectateurs et personnages dans un climat de plus en plus anxiogène. Au-delà du récit et de ses conséquences, on ne peut aussi s'empêcher de faire le parallèle avec Welcome de Philippe Lioret, où un jeune homme tentait de traverser la Manche à la nage pour rejoindre l'Angleterre-terre promise. Les époques et les circonstances changent, mais pour les êtres humains qui en sont victimes, le prix de la liberté est toujours aussi dur à payer.

Abuelas d'Afarin Eghbal
Il fallait oser aborder un sujet aussi grave (les enlèvements d'enfants pendant la dictature argentine) dans un film d'animation débridé et fantaisiste. Et pourtant, tout fonctionne à la perfection, des cadres photos qui prennent vie aux jouets qui reconstituent les enlèvements. En voix-off sur ces images presque joyeuses, les témoignages des grands-mères-courage apportent juste l'éclairage nécessaire, sans pathos ni émotions forcée. Malgré une durée réduite (9 minutes), tout est (admirablement) dit.

frozen storiesFrozen Stories de Grzegorz Jaroszuk
Les deux pires employés du mois d'un supermarché froid et anonyme se voient confier une mission étrange : trouver un but à leur existence. Le ton ultra-décalé de cette comédie ironique créée une ambiance à la fois surréaliste et désespérante. Mais surtout, les personnages qui semblent totalement désincarnés sont servis par des comédiens si convaincants (mention spéciale au patron neurasthénique) qu'ils rendent crédibles les situations les plus farfelues.