Deauville way of life, jour 5 : la vérité est plus facile à dire au cinéma

Posté par cynthia, le 10 septembre 2014

good lieCinquième jour sur Deauville : l'ambiance est à son comble ! Les journalistes agressent leurs confrères en salle de presse (« J'étais assis là hier, c'est MA place »), le soleil brûle nos corps de cinéphiles et les films se suivent mais ne se ressemblent pas... c'est parti pour un petit retour sur la journée d'hier.

Un film qui pourrait faire son chemin jusqu'aux Oscars a été présenté : The Good Lie de Philippe Falardeau avec Reese Whiterspoon, ou l'incroyable histoire vraie de 4 orphelins du Soudan qui, par un curieux tirage au sort, se retrouvent immigrés aux États-Unis. Entre découverte et émotion, ce petit bijou pourrait faire parler de lui encore longtemps... très longtemps puisque nombreux sont les spectateurs qui prononçaient le mot magique : "Oscar". Concernant la prestation de Reese, elle est comme d'habitude naturelle et sculpturale. La belle blonde (brune pour l'occasion) pourrait une nouvelle fois repartir avec la statuette dorée (elle avait eu l'Oscar en 2006 pour le biopic sur Johnny Cash).

On continue en cette après-midi bien chaude (le soleil tape si fort qu'il me tarde de goûter à la climatisation des salles) par un documentaire sportif, Red Army de Gabe Polsky qui retrace le destin croisé de l’Union Soviétique et de l’équipe de hockey sur glace surnommée «l’Armée Rouge». Assez prenant pour un documentaire mais pas de quoi fouetter un loukoum.

La journée se termine aux côtés de Ray Liotta (Les affranchis, Cogan...) qui nous a fait une révélation lors de son hommage. L'homme aux yeux bleus de feu pourrait rejoindre une série tv produite par HBO. Ce dernier a avoué que les séries HBO était encore mieux que certains films. Alors Ray Liotta va-t-il rejoindre Jon Snow dans Game of Thrones ? Emma Roberts dans American Horror Story ? Ou va-t-il avoir sa propre série? Affaire à suivre...

Deauville 2014 : Hommage à Ray Liotta

Posté par kristofy, le 10 septembre 2014

Ray LiottaIl a les yeux bleus revolver et souvent le regard qui tue dans ses films, mais à Deauville il est arrivé avec une gentillesse désarmante et une classe folle : l'acteur Ray Liotta a reçu un hommage de la part du Festival.

A la fin des années 80, trois films installent durablement sa présence animale dans le cinéma américain :  Dangereuse sous tous rapports de Jonathan Demme (hors compétition au festival de Cannes en 1987), Jusqu'au bout du rêve de Phil Alden Robinson en 1989, et Les Affranchis de Martin Scorsese en 1990. Dès lors, il sera souvent un gangster violent ou un flic violent mais pas seulement : Copland, Beautées empoisonnées, Narc, Identity, Revolver, Droit de passage, The place beyond the pine, The iceman, et bientôt en salles Sin City-j’ai tué pour elle...

Ray Liotta a profité de son passage à Deauville pour revenir sur sa carrière devant les journalistes :

Est-ce qu’il y a des cinéastes avec qui vous aimeriez travailler ?
Plusieurs noms me viennent à l’esprit, quel que soit le scénario d’ailleurs, comme Woody Allen, Francis Ford Coppola s'il refait un film, Paul Thomas Anderson, chez vous Luc Besson aussi…

Quel a été le rôle qui a été votre challenge le plus difficile ?
Ce n’est pas un rôle en particulier, mais plutôt le film Les Affranchis pour des raisons personnelles. A l'époque, ma mère était souffrante et elle est décédée au milieu de ce tournage. Je me dis heureusement qu’il y a eu ce tournage-là pour m’accompagner durant cette période difficile.

Quelles ont été vos références où vos modèles ?
Quand j’étais étudiant en art dramatique, je regardais beaucoup les nouveaux acteurs qui étaient sur les écrans, comme Gene Hackman, Robert Duval, Robert De Niro, Al Pacino, Anthony Hopkins. Ça a été un bonheur plus tard de travailler avec certains d’entre eux qui ont été un peu mes mentors sans qu’ils le sachent.

Seriez-vous intéressé par jouer dans une série télévisée ?
Le cinéma américain est, disons-le, moins bon aujourd’hui qu'avant, et il y a quelques séries très intéressantes, j’ai déjà participé à des projets pour la télé. L’avantage d’un rôle dans une longue série, c’est que ça enlève l’anxiété de se demander quel sera la prochain film auquel on pourrait participer. Mais le plus important pour moi est plutôt qu’on me propose des rôles très différents les uns des autres, comme par exemple cette suite de Sin City-j’ai tué pour elle. Récemment j’ai eu un rôle où je suis un prêcheur évangéliste et où le méchant ce n’est pas moi, mais Dieu, dans un film qui vient juste de sortir aux USA (The Identical ), et un autre film où je danse avec des marionnettes (Muppets Most Wanted), et c’était amusant.

Deauville 2014 : pas de crise de la quarantaine!

Posté par kristofy, le 21 août 2014

Cette année, le Festival Américain de Deauville va fêter son 40ème anniversaire. Le rendez-vous normand saura une nouvelle fois encore réunir sur les planches à la fois les films des grands studios d’Hollywood et aussi le cinéma indépendant américain. Une continuité qui est d’ailleurs racontée dans un livre qui évoque autant 40 ans de festival que 40 ans de cinéma américain avec de nombreux témoignages en souvenirs des moments les plus émouvants (Deauville, 40 ans de cinéma américain, 176 pages, éditions Michel Lafon). De plus, les séances nocturnes ‘Nuits Américaines’ projetteront les films primés depuis 1995 (création de la compétition avec un jury).

Hommages

Enfin, le Festival proposera cette année de (re)voir des films avec Yul Brynner, et deux icônes récemment disparues Lauren Bacall, et Robin Williams.

Ce 40ème anniversaire de Deauville va proposer une affiche très éclectique avec plusieurs hommages : le réalisateur John McTiernan, Jessica Chastain et The Disappearance of Eleanor Rigby (them), Will Ferrell et ses Légendes Vivantes, Ray Liotta, le producteur Brian Grazer. En revanche, James Cameron a annulé sa venue pour la présentation de son documentaire Deepsea Challenge 3D.

Avant-premières

Le film d’ouverture sera le très attendu nouveau Woody Allen Magic in the Moonlight avec Colin Firth et Emma Stone et celui de clôture, le très attendu Sin City 2. Parmi les avant-premières on y verra notamment Camp X-Ray avec Kristen Stewart (Sundance), Get On Up le biopic sur James Brown, Les Recettes du Bonheur de Lasse Hallström avec Helen Mirren (et aussi Charlotte Le Bon), Alex Of Venice avec Mary Elizabeth Winstead et Don Johnson, Infinitely Polar Bear avec Mark Ruffalo et Zoe Saldana, Avant d’aller dormir de Rowan Joffe avec Nicole Kidman et Colin Firth, Pasolini de Abel Ferrara (sélectionné également à Venise)…
On regrettera l’absence de The smell of us de Larry Clark et de Coherence de James Ward Byrkit.

Jury

Cette année le jury sera composé uniquement de personnalités ayant déjà été président du jury dans le passé : le président Costa Gavras sera entouré de Pierre Lescure (2002), Claude Lelouch (2004), André Téchiné (2007), Jean-Pierre Jeunet (2009), Emmanuelle Béart (2010) et Vincent Lindon (2013). S'y ajoute bizarrement la chorégraphe et danseuse Marie-Claude Pietragalla, sans doute pour ajouter une touche féminine un peu plus marquante à ce jury très peu paritaire.
L’autre jury, celui attaché à récompensé un film Révélation, sera lui plus féminin avec la présidente Audrey Dana entourée de Clémence Poesy, Lola Bessis, Anne Berest, la chanteuse Christine (‘& the Queens) et de Freddie Highmore (Charlie et la Chocolaterie).

Compétition

En compétition beaucoup de premiers et seconds films qui devraient étonner, mais cette année, on retrouve aussi, plus que d’habitude, des cinéastes déjà confirmés qui vont surprendre comme Gregg Araki et White Bird avec Shailene Woodley, Eva Green ou Anton Corbijn et Un Homme très recherché avec Philip Seymour Hoffman (un de ses derniers films) et Rachel McAdams.
Le film de genre sanglant sera bien représenté avec It Follows de David Robert Mitchell, Juillet De Sang de Jim Mickle (tous deux étaient à Cannes) ou A Girl Walks Home Alone At Night de Ana Lily Amirpour.
Déjà des bons échos de Berlin pour Love is Strange avec John Lithgow et Alfred Molina, de Sundance avec l’actrice Brit Marling qui fera doublement sensation dans les films I Origins de Mike Cahill (avec Astrid Bergès-Frisbey et Michael Pitt) et The Better Angels de A.J. Edwards (avec Jason Clarke, Diane Kruger et Wes Bentley). Le plus attendu est sans aucun doute celui qui a fait sensation à Sundance comme à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes: Whiplash de Damien Chazelle. Parmi les 14 films de la compétition on reverra aussi Reese Witherspoon dans The Good Lie de Philippe Falardeau, Catherine Keener et Hafsia Herzi dans War Story de Mark Jackson.

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40e Festival du Cinéma Américain de Deauville
Du 5 au 14 septembre.
Renseignements sur le site de la manifestation

Compétition

A girl walks home alonte at night, d‘Ana Lily Amirpour
I Origins, de Mike Cahill
It Follows, de David Robert Mitchell
Jamie Marks est mort (Jamie Marks Is Dead), de Carter Smith
Juillet de sang (Cold in July), de Jim Mickle
Love is strange, d’Ira Sachs
The Better Angels, de A.J. Edwards
The Good Lie, de Philippe Falardeau
Things people do, de Saar Klein
Un homme très recherché (A Most Wanted Man), d’Anton Corbijn
Uncertains Terms, de Nathan Silver
War Story, de Mark Jackson
Whiplash, de Damien Chazelle
White Bird (White Bird in a Blizzard), de Gregg Araki

Avant-Première

Alex of Venice, de Chris Messina
Avant d’aller dormir (Before I Go to Sleep), de Rowan Joffe
Camp X-ray, de Peter Sattler
Chef, de Jon Favreau
Deepsea Challenge 3D : l’aventure d’une vie (Deepsea Challenge), de John Bruno, Ray Quint & Andrew Wight
Get on up, de Tate Taylor
Infinitely polar bear, de Maya Forbes
Land Ho !, de Martha Stephens & Aaron Katz
Légendes vivantes (Anchorman 2: The Legend Continues), d’Adam McKay
Les Boxtrolls (The Boxtrolls) d’Anthony Stacchi & Graham Annable
Les Recettes du bonheur (The Hundred-Foot Journey), de Lasse Hallström
Magic in the moonlight, de Woody Allen
The disappearance of Eleanor Rigby : them, de Ned Benson
Sin City 2 : j'ai tué pour elle, de Frank Miller et Robert Rodriguez

Le secret de Charlie : l’homme qui ne peut pas vivre sa vie

Posté par Claire Fayau, le 9 novembre 2010

L'histoire : "Charlie St. Cloud est le héros de son lycée, l'idole de sa mère, Claire, et de son petit frère, Sam. Navigateur accompli, il a obtenu une bourse de l'université de Stanford et s'apprête à quitter la bourgade côtière de son enfance. C'est alors qu'un drame remet brutalement en cause son brillant avenir…"

Notre avis : Attention, spoilers. Une fois n'est pas coutume, éventons une partie du secret de Charlie (Zac Efron, le bellâtre de High School Musical): de toute façon,  on comprend tout avec la bande- annonce. Et puis il  y a le livre de Ben Sherwood (The Death  and Life  of Charlie St. Cloud , titre nettement plus réussi que le titre en français ). De plus, l'histoire ne tourne pas seulement autour de ce fameux secret : il voit des morts, et en particulier son petit frère Sam, décédé dans un accident de voiture qui a failli lui coûter la vie. Fantôme ou fantasme dû  à un traumatisme? Chacun y verra une explication.En tout cas, tous les soirs , il joue au baseball avec lui.

Cette histoire d'un amour fraternel a sa limite : le petit frère un brin énervant. Et pourtant Saint Charlie est drôlement sympa avec lui : il  lui apprend  à jouer au baseball, lui promet d'être toujours là, contrairement  à leur père qui les a quittés.

Toute cette culpabilité et ce deuil pèsent sur l'histoire. Sentiment de culpabilité  du survivant (Pourquoi Charlie  a -t-il été sauvé, et pas Sam?), de l'ainé qui a échoué à protéger son cadet. Le désir de ne pas oublier le mort, de ne pas le quitter, l'impossibilité de vivre au-delà de ce cap au  point de renoncer  à son propre avenir, et de ne pas vivre sa vie. Charlie a renoncé à  ses études pour garder le cimetière où  git son frère...

Arrive Tess. Elle est belle, sympa, attirée par Charlie et vice versa. C'est encore mieux. Et cerise sur le gâteau : elle est douée en voile,  le sport de prédilection de Charlie, mais aussi source du trauma. Le dilemme nous laisse de marbre, tout comme leur câlin au milieu des tombes.

Le secret de Charlie est donc un film  changeant: d'abord très mélo américain, puis un brin  de thriller surnaturel  pour boucler la boucle avec un mélo initiatique et l'inévitable happy end formaté autant qu'anticipé.

Dommage qu'il y ait autant de facilités et de pathos. À croire qu'on ne sait pas écrire pour les ados : "il faut vivre sa vie",  "tu n'es pas mort" ... Sans parler des rôles Kim Basinger (la mère)  et  Ray Liotta (l'infirmier qui a sauvé Charlie) qui auraient pu être plus développés et leur talent  mieux exploités.  Le réalisateur semble hésiter entre plusieurs angles, et du coup le spectateur  hésite entre plusieurs réactions.

Et Zac Efron ? Il est comment ... Ce film  va -t-il  lui ouvrir les portes d'un cinéma" adulte"?

Message  important : Zac ne danse  pas ou ne chante pas dans ce film. Cependant les fans vont se régaler  : il est très en beauté avec ses mèches et son torse musclé (il  y a une scène où  il semble faire un concours de t -shirt  mouillé ). Le réalisateur Burr Steers  qui l'avait déjà dirigé dans 17  ans encore l'a bien mis en valeur. Mais avec ses mèches blondes et son côté propre sur lui , on a du mal à croire à un anti-héros torturé et asocial (ou même  "fou" selon certains personnages).

Quant à son jeu, il n'atteint pas la performance de  Jamie Bell dans My name  is Hallam Foe. Certes, My name is Hallam Foe était un film britannique avec un jeune homme très torturé par la mort de sa mère. Mais Le secret de Charlie nous fait penser davantage à un soap de l'après midi . Le scénario à la fois alambiqué et plein de bons sentiments est tout juste sauvé par sa beauté plastique pour réussir son pari : séduire les fans.